La spéculation.  - article ; n°3 ; vol.47, pg 409-424
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La spéculation. - article ; n°3 ; vol.47, pg 409-424

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1996 - Volume 47 - Numéro 3 - Pages 409-424
Nous passons en revue la littérature économique qui porte sur trois types dif­férents de spéculation, ce qui permet d'en illustrer les divers aspects : la spécula­tion défensive telle que celle qui conduit aux crises de balance des paiements ou à la protection du capital ; la spéculation déstabilisante, à l'inverse du modèle usuel où les spéculateurs stabilisent les prix ; la manipulation de marché où le spéculateur utilise à son profit l'information qu'il communique au marché et qui modifie les prix.
We survey the littérature on three kinds of speculative behaviour, which illus­trates the différents aspects of speculation : « defensive » speculation, such as the one which leads to balance of payments crisis ; destabilising speculation, where as in the usual basic model speculators stabilise prices ; market manipula­tion, speculators trying to use the information they communicate to the market to change prices. We finally analyse what the responses of the authorities can be, in the case of speculation on the foreign exchange market.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Patrick Artus
La spéculation.
In: Revue économique. Volume 47, n°3, 1996. pp. 409-424.
Résumé
Nous passons en revue la littérature économique qui porte sur trois types dif-férents de spéculation, ce qui permet d'en illustrer
les divers aspects : la spécula-tion défensive telle que celle qui conduit aux crises de balance des paiements ou à la protection
du capital ; la spéculation déstabilisante, à l'inverse du modèle usuel où les spéculateurs stabilisent les prix ; la manipulation de
marché où le spéculateur utilise à son profit l'information qu'il communique au marché et qui modifie les prix.
Abstract
We survey the littérature on three kinds of speculative behaviour, which illus-trates the différents aspects of speculation : «
defensive » speculation, such as the one which leads to balance of payments crisis ; destabilising speculation, where as in the
usual basic model speculators stabilise prices ; market manipula-tion, speculators trying to use the information they communicate
to the market to change prices. We finally analyse what the responses of the authorities can be, in the case of speculation on the
foreign exchange market.
Citer ce document / Cite this document :
Artus Patrick. La spéculation. In: Revue économique. Volume 47, n°3, 1996. pp. 409-424.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1996_num_47_3_409776La spéculation
Patrick Artus*
Nous passons en revue la littérature économique qui porte sur trois types dif
férents de spéculation, ce qui permet d'en illustrer les divers aspects : la spéculat
ion défensive telle que celle qui conduit aux crises de balance des paiements ou
à la protection du capital ; la spéculation déstabilisante, à l'inverse du modèle
usuel où les spéculateurs stabilisent les prix ; la manipulation de marché où le
spéculateur utilise à son profit l'information qu'il communique au et qui
modifie les prix.
SPECULATION
We survey the littérature on three kinds of speculative behaviour, which illus
trates the différents aspects of speculation : « defensive » speculation, such as
the one which leads to balance of payments crisis ; destabilising speculation,
where as in the usual basic model speculators stabilise prices ; market manipulat
ion, speculators trying to use the information they communicate to the market to
change prices. We finally analyse what the responses of the authorities can be, in
the case of speculation on the foreign exchange market.
Classification JEL : D84, G14
INTRODUCTION
La spéculation joue un grand rôle depuis quelques années, dans les évolut
ions des économies, au travers de son effet sur les taux d'intérêt, les taux de
change ; dans les discussions de politique économique, en particulier quant à la
définition d'organisations des marchés ou de règles présidentielles qui protègent
contre les abus de la spéculation. Les crises récentes (Mexique, dépréciation de
certaines monnaies européennes, pertes massives sur certains marchés dérivés),
ont renforcé cet intérêt pour l'analyse de la spéculation.
Dans la littérature économique traditionnelle depuis Keynes, le spéculateur
est pourtant considéré comme ayant une influence stabilisante sur les marchés.
En effet, si un aléa fait baisser le prix d'équilibre, la spéculation rationnelle
achète pour profiter du retour du prix à la normale, ce qui réduit l'effet de l'aléa
sur le cours. Cette approche traditionnelle implique que plus il y a de spéculat
eurs sur un marché, plus ce marché est stable (ce qui n'est pas l'opinion habi
tuellement émise aujourd'hui). Si on ouvre un nouveau marché, un marché à
terme par exemple, qui permet d'accroître le nombre de spéculateurs (sur un
* Caisse des dépôts et consignations, FMR, 56 rue de Lille, 75007 Paris.
409
Revue économique — N° 3, mai 1996, p. 409-424. Revue économique
marché à terme, la spéculation ne nécessite pas de disposer de fonds), on exerce
donc une influence stabilisante .
La littérature a pourtant évoqué rapidement deux cas où l'augmentation du
nombre de spéculateurs pouvait accroître la volatilité des prix : celui où les spé
culateurs sont irrationnels, celui où il apparaît des « bulles spéculatives ».
L'irrationalité2, par exemple l'existence d'anticipations naïves, l'imperfection
des arbitrages, peut évidemment impliquer que la spéculation est déstabilisante,
parce que les spéculateurs ne sont plus acheteurs quand le prix est « trop » bas.
C'est cependant un argument peu intéressant, puisque l'hypothèse d'irrationalité
permet d'obtenir n'importe quel résultat, allant dans n'importe quel sens. On a pu
par exemple montrer que des spéculateurs irrationnels pouvaient à court terme
gagner plus d'argent que des rationnels, donc que leur proportion
dans la population montait et que le prix d'équilibre devenait lui même de plus
en plus irrationnel3. Dans le même ordre d'idées, on sait que si des
« fondamentalistes » et des « chartistes » coexistent sur un marché, les proport
ions des deux groupes peuvent varier de façon assez erratique.
L'existence de bulles spéculatives est aussi une façon, assez macro-économiq
ue, de montrer que l'activité spéculative peut faire dévier les prix, puisque le
rendement exigé peut être obtenu aussi bien par une plus-value anticipée en
capital que par le revenu que procure l'actif. Des formes de bulles, des plus sim
ples4 aux plus complexes (liées au cours fondamental ), ont été proposées.
Cependant, d'une part il existe très peu de cas où des bulles peuvent apparaître
(il ne faut pas qu'elles s'annulent, il ne faut pas qu'il y ait un prix de rembourse
ment pour l'actif, on ne peut pas se situer dans un modèle à générations où la
valeur anticipée des actifs financiers excéderait l'épargne6) ; d'autre part, les
fondements micro-économiques du comportement d'achat d'un actif à bulle ne
sont pas clairs.
Il nous semble plus intéressant, et c'est ce que nous faisons dans cet article,
de nous pencher sur les comportements micro-économiques de spéculateurs
rationnels, c'est-à-dire de voir dans quelle mesure leur activité raisonnablement
fondée sur les marchés peut augmenter la volatilité, ou réduire le bien-être (ce
qui n'est pas équivalent du tout).
Cette analyse mettra en évidence plusieurs types de spéculations qui corre
spond aussi aux différentes sortes de spéculateurs. Nous verrons tout d'abord le
cas de spéculation défensive, c'est-à-dire d'une situation où ceux qui intervien
nent sur les marchés essaient essentiellement de se prémunir contre une perte en
capital. Nous verrons deux exemples (les crises de balance des paiements, les
méthodes de protection du capital par l'achat d'options) typiques des comporte
ments de grands investisseurs, ayant une forte aversion pour le risque. Ceci sera
1. Ce qui est l'argument retenu pour analyser l'effet de l'ouverture de marché à terme
par Artus [1987], French [1983], Gilbert [1985], Kawai [1983], Turnovsky [1983], Tur-
novsky-Campbell [1985].
2. Par exemple Artus [1988], Artus [1990], Figlewski [1988].
3. Artus [1990], Figlewski [1988].
4. Blanchard-Waston [1982].
5. Froot-Obstfeld [1991], Miller- Weiler [1990].
6. Diba-Grossman [1987], Obstfeld-Rogoff [1986], Tirole [1985].
410
Revue économique — N° 3, mai 1996, p. 409-424. Patrick Artus
aussi l'occasion d'examiner la possibilité de spéculation autoréalisatrice et les
effets des asymétries d'information. Nous verrons ensuite deux cas de spéculat
ion offensive, plus caractéristique de l'activité de petits fonds, des spécialistes
des marchés dérivés... Il s'agit d'abord des différentes possibilités de déstabili
sation des prix par l'intervention de spéculateurs rationnels, mais dans un envi
ronnement présentant une imperfection (informationnelle la plus souvent) ; puis
de la manipulation de marché, par l'utilisation stratégique d'une information pri
vée. La distinction de ces deux types de spéculation (défensive et offensive)
peut paraître artificielle, mais correspond bien aux deux types majeurs d'interve
nants sur les marchés financiers (inve

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents