La stèle de Napata : nouveau récit des campagnes de Thoutmès III contre les Mitanniens - article ; n°3 ; vol.77, pg 326-339
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La stèle de Napata : nouveau récit des campagnes de Thoutmès III contre les Mitanniens - article ; n°3 ; vol.77, pg 326-339

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1933 - Volume 77 - Numéro 3 - Pages 326-339
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Alexandre Moret
La stèle de Napata : nouveau récit des campagnes de
Thoutmès III contre les Mitanniens
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 77e année, N. 3, 1933. pp. 326-
339.
Citer ce document / Cite this document :
Moret Alexandre. La stèle de Napata : nouveau récit des campagnes de Thoutmès III contre les Mitanniens. In: Comptes-
rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 77e année, N. 3, 1933. pp. 326-339.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1933_num_77_3_76358COMMUNICATION
LA STÈLE DK NAPATA : NOUVEAU RÉCIT DES CAMPAGNES DE
THOUTMÈS lll CONTRE LES MITANNIENS PAR M. ALEXANDRE
MOKET, MEMBRE DE LACADÉM1E.
Les fouilles dirigées de 191 ο à 1920 par G. Reisner à
Napata, — ancienne ville nubienne en aval de la IV0 cata
racte sur le Haut-Nil, qui devint capitale de la XXVe dynast
ie éthiopienne, aux vme et vnc siècles av. J.-C. — , ont
exhumé dans le temple consacré à Amon-Rà des monu
ments antérieurs dédiés par les Thoutmès et les Améno-
|>his. Le plus significatif est une belle stèle de granit,
haute de 1 m. 73, portant un long texte dont il subsiste
M) lignes, qui fut gravé par Thoutmès III en l'an 47 de
son règne (vers 1 io9), sept ans avant sa mort, alors qu'il
avait triomphé, en Asie comme en Nubie, et fondé cette
Plus grande Egypte, du grand circuit de 1 Euphrate, en
Naharina, jusqu'à la Montagne Pure (Gebel Barqal).
Cette stèle vient d'être publiée par G. Reisner et Miss
M. B. Reisner avec une traduction très soignée 1 ; toutefois,
l'édition ne comporte aucun commentaire. Il m'a paru
opportun de mettre en lumière le grand intérêt historique
de ce monument qui révèle des faits nonveaux et surtout
permet de mieux définir les rapports des Mitanniens et des
Egyptiens.
Quelle était la situation de l'Egypte en l 459 ? Le
royaume des Pharaons était au maximum de sa puissance :
il s'étendait de Napata sur le Haut-Nil à Carchémish sur
l'Euphrate. Deux siècles auparavant, l'Egypteavait connu la
rude épreuve d'une invasion venue d'Asie, ce que Mané-
thon appelle l'invasion des Hyksôs, qui occupa Avaris,
Memphis, la Basse et Moyenne Egypte, environ pendant
I. Inucrihed Monuments froin (label liurqnl, II, par G. A. Keisner ci
M. 15. Iîeisner, ;t|>. Xeitschrifl 'fur ,ief/i//)<tsc/ie Sprnche, 69, (193.V, p. '2i-3!t
et 'Λ planches. LA SÎÏiLK IJE Ν A PAT A 327
vin siècle (1680-1580) et imposa sa suzeraineté aux rois
de Thèbes mêmes. En I08O, Ahmès Ier délivre l'Egypte,
reprend Avaris et poursuit les Hyksôs jusqu'en Palestine.
Vers 1530, Thoutmès Ier mène une contre-attaque brillante
contre les Asiatiques et pousse ses armées jusque sur l'Eu-
phrate, un Naharina . Succès éphémère, car bientôt se refor
ma une coalition de tous les princes de l'Asie contre
l'Egypte. Thoutmès III en 1483, l'an 23 de son règne, dut
reprendre la conquête à pied d'oeuvre ; il ne fallut pas moins
de 17 campagnes successives, de 1483 à 1464 (= de l'an
23 à l'an 42 du règne), pour consolider jusqu'à l'Euphrate
la conquête du couloir Jourdain-Oronte, c'est-à-dire de la
route d'invasion qu'il s'agissait d'enlever aux Asiatiques.
Je dis Asiatiques, car jusqu'ici nous ne connaissions pas
d'autre appellation des ennemis de l'Egypte : Arnou ou Set-
jou = et heqaou Khasout « cheikhs des Pays
étrangers », mots dont Manéthon a tiré : Hyksôs. C'est de
ces appellations vagues que se servent les Egyptiens pour
désigner aussi bien leurs envahisseurs, au temps des Hyks
ôs, que les peuples vaincus par eux. au des rois
Ahmès, Thoutmès Ier et Thoutmès III, dans les récits con
nus jusqu'ici, en particulier les Annales de Thoutmès III,
gravées dans le temple d'Amon, à Karnak ; là les 17 cam
pagnes sont racontées avec plus ou moins de détails, en
particulier la 1IC (1483), qui lui procura la prise de Mageddo
et la conquête de Canaan.
La stèle de Napata constitue un nouveau récit des cam
pagnes de Thoutmès III qui apporte des précisions d'un
grand intérêt historique : 1° l'adversaire principal des
Egyptiens est nommé par son nom ethnique : c'est le peuple
de Mitanni ; 2° la région habitée par les Mitanniens est
localisée avec une précision inhabituelle: c'est le Naharina
« pays des rivières » : on le situait, jusqu'ici, plutôt entre
Oronte et Euphrate ; selon notre texte, Xaharina désigne
principalement la rive gauche de l'Euphrate (la région COMPTES KKNDL'S DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 328
3° des détails circonstanciés entre Kuphrate et Khabour) ;
sont donnés sur la conquête du Naharina, pays des Mitan-
niens.
La rédaction offre des singularités qui intéressent gran
dement l'historien: Thoutmès III s'adresse aux populations
du Haut-Nil pour bien faire connaître non point ses vic
toires en Nubie, mais, exclusivement, ses conquêtes en
Asie. Pour rappeler ses campagnes en Canaan et au Nahar
ina, le roi ne s'astreint pas à l'ordre chronologique ; il déli-
nit tout de suite l'objectif essentiel de ses armées. Il com
mence par sa 8e campagne, celle de l'an 33 (1473), alors
que la 1ie, dirigée vers Mageddo et la Galilée, et remontant
à l'an 23 (1483), ne sera résumée que plus loin (1. 19-2;>).
Pourquoi cette mise en vedette des succès de l'an 33? Des
le préambule protocolaire le roi divulgue ses intentions :
parmi les peuples de l'Asie révoltés « qui s'étaient réunis et
dressés comme un seul, préparés à combattre. . . multi
tude sans limites d'hommes et de chevaux » (1. 3-4), Thout
mès III n'en désigne qu'un par son nom ethnique ; celui-là
même qu'il a vaincu en cette 8e campagne. Avant que de
commencer son récit, il s'écrie : « la grande armée de
Mitanni a été renversée dans l'espace d'une heure et com
plètement anéantie, comme si elle n'avait jamais existé ·»
(1.6).
Cette désignation précise des Mitanuiens prend toute sa
valeur si l'on se rappelle que, jusqu'ici, le nom Mitaniû
n'apparaît que très rarement aux textes officiels. Dans les
Annales, le roi passe sous silence ce nom exécré ; il use
de la périphrase dédaigneuse : « le vil vaincu de Nahar
ina » ; or, d'après la définition fort vague donnée, jusqu'ici,
du Naharina, cette épithète pouvait s appliquer aux
Cananéens ou aux Asianiques. Une seule fois, dans ce
que nous appelons la « Stèle triomphale » de Thoutmès IIP,
I. Breasted, Ancient Hecords of Iù/ypl, II,, §659. STKLK I)K Ν A l'ATA -129 LA
où Amon énumère les captifs amenés par lui au roi, on
lisait : « Je suis venu, je t'ai donné que tu foules aux pieds
ceux qui sont dans leurs marais (pehou) : les terres de Mi-
tanni tremblent sous ta crainte» (1. 1*7). Cette notation
se perd parmi une quinzaine d'autres noms d'Asie, d'Egée,
de Nubie ; elle n'attribue aucune importance spéciale aux
Mitanniens. Nous savions cependant que des Mitanniens se
trouvaient parmi les adversaires du roi à Mageddo et
Qadesh : puisque parmi les prisonniers de guerre, on cite
des merinaou, guerriers de l'aristocratie indo-européenne
(ou plutôt indienne)1 qui fournissait des chefs aux Cana
néens. D'autre part un fragment de stèle vient d'être
retrouvé en Galilée, qui mentionne la victoire d'un roi égypt
ien, vraisemblablement Thoutmès III, sur les Khasout de
Mitanni 2.
A part ces indications sur le Mitanni et les Merinaou,
indications rarissimes, réticentes, et dont on ne soup
çonnait la valeur que d'après les textes de Bogaz-Keuï, les
textes de Thoutmès III ne nous renseignaient donc pas sur
l'identité des ennemis de l'Egypte. Pour la première fois,
sur la stèle de Napata, Thoutmès III écrit en clair ri
désigne « la grande armée du Mitanni » comme son advers
aire principal du présent, et sans doute aussi du passé.
Ce sont vraisemblablement les anciens envahisseurs de
l'Egypte que les Pharaons retrouvent devant eux en Asie.
Le nom Miiann

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