La terminologie chrétienne en slave : le parrain, la marraine et le filleul - article ; n°3 ; vol.10, pg 186-204
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La terminologie chrétienne en slave : le parrain, la marraine et le filleul - article ; n°3 ; vol.10, pg 186-204

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue des études slaves - Année 1930 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 186-204
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 103
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Petar Skok
La terminologie chrétienne en slave : le parrain, la marraine et le
filleul
In: Revue des études slaves, Tome 10, fascicule 3-4, 1930. pp. 186-204.
Citer ce document / Cite this document :
Skok Petar. La terminologie chrétienne en slave : le parrain, la marraine et le filleul. In: Revue des études slaves, Tome 10,
fascicule 3-4, 1930. pp. 186-204.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1930_num_10_3_7467LA TERMINOLOGIE CHRÉTIENNE
EN SLAVE :
LE PARRAIN, LA MARRAINE
ET LE FILLEUL,
PAR
PETAR SKOK.
S'il était encore besoin d'une preuve plus décisive que celles que
j'ai apportées jusqu'ici pour établir qu'une partie de l'ancienne
terminologie chrétienne en slave remonte à la latinité balka
nique'1', la terminologie slave de la parenté spirituelle (cognaûo
spiritualis) pourrait à elle seule la fournir et écarter la possibilité
d'un doute.
La terminologie de l'Église grecque et celle de l'Eglise romaine ,
on le sait, ne concordent pas sous ce rapport. L'Eglise orientale
christianise un terme antique de langue courante : à (ti) âvaSo^os^ re-
leveur », fideiussor, sponsor «garant », c'est-à-dire celui ou celle qui
relève ľenfant des fonts baptismaux ou bien qui garantit pour lui
le maintien de la foi, le parrain ou la marraine, de àvaSé^O(j.at
« relever; devenir garant^ », d'où aussi o(v) àvotSexros « filleul ».
Ce terme n'a laissé aucune trace dans le slave commun. Seul le
russe le traduit par воспріемникт>, воспріемница. Ce fait négatif
est très significatif.
W Voir Revue de» Études »laves, V (1936), pp. 1Д-3З, et VII (1937), pp. 177-
198.
'*' Les auteurs chrétiens latins de la première époque traduisent ce terme grec
par fidei iussores (Gaesarius Arelatensis), »ponsores, offerentes et susceptore». La der
nière expression traduit le terme grec de la même façon que ie russe moderne
воспріемник-ь, воспріемница.
Revue des Étude» »laves, tome X, 19З0, fasc. 3-І*. TERMINOLOGIE CHRETIENNE EN SLAVE DE LA PARENTE SPIRITUELLE. 187
L'Église occidentale, au contraire, adopte pour cette notion les
expressions se rattachant à la famille. C'est parce qu'au point de
vue mystique le nouveau-né, entré par le fait du baptême dans la
grande famille chrétienne, reçoit, dans la personne de celui ou de
celle qui a renoncé au diable et fait la profession de la vraie foi
en son nom, à côté de ses père et mère naturels, un second père
et une seconde mère, et il devient à son tour, vis-à-vis d'eux, leur
fils. Dès le vu" siècle, И у a dans le latin chrétien des attestations
de l'existence des termes cómpäter, commater^ (a. 66З-680 et
a. 57З-60З), expressions calquées par les chrétiens sur compar,
cónsôcer, consobrinus, etc., de la langue païenne.
Nous avons des preuves suffisantes qui nous autorisent à pos
tuler ces expressions pour le lexique de la latinité balkanique. Les
voici :
1 a. cómpäter apparaît en albanais avec son accent nettement
latin (2) : kumptsr> kunder, tandis que dans la Romania occident
ale, du frioulan jusqu'au portugais, l'accent s'est déplacé sur
puler, innovation qui s'explique de la même façon que la transpos
ition de l'accent dans les verbes composés tels que revenis, revenu,
c'est-à-dire soit par le fait que la composition avec pater a été tou-
M L'Église occidentale connaît aussi d'autres termes pour «parrain-marraine»,
mais qui ne sont pas devenus populaires. Ce sont : i° la périphrase pater et mater
2° les composés : a. adpater, admater; b. propater, promater. A côté spirituelle»;
du composé cómpäter -commater, seul, le dérivé diminutif patrinus-matrinus , attesté
depuis le vin* siècle (voir Wetzer-Welte's Kirchenlexikon , IX, p. 1599), a eu une
grande fortune dans le monde roman (voir R. E. W., 6298). Toutes ces adapta
tions des termes de la famille aux conceptions chrétiennes devinrent néces
saires dès le moment où le Code Justinien (c. 26, De nupt. 5, h) défendit le
mariage entre le parrain et la mère du filleul et que le Trullanum (c. 53, Bruns,
I, p. 53) traita de prostitution toute copulalion charnelle entre les membres de Ln
parenté spirituelle. Pour conformer le langage à ces injonctions des lois chré
tiennes, les prêtres occidentaux fabriquèrent des termes appropriés qui, par eux-
mêmes, rendaient impossibles des pensées de relations sexuelles. Nous verrons
même que cette tendance fut renforcée par un terme comme sanctulus-tanctula
«parrain-marraine». La sainteté du parrainage est nettement soulignée dans le lan
gage officiel de l'Église occidentale. On dit par exemple que le parrain a fonte ou
de fonte êpiritualiter suscipit le filleul. Ce n'est que le protestantisme tardif qui
abandonna cette conception. Ce dernier fait est cependant resté sans effet sur la
terminologie chrétienne. Pour les références, voir le Thesaurus linguae latinae , III,
pp. 182a et 202 &•, Realencyclopàdie fůr protestantische Theologie und Kirche, XIX,
pp. 4^7 et suiv. Pour la terminologie romane, voir Ernst Tappolet, Die roma-
nischen VerwandUchaftsnamen , Strasbourg, 1896, pp. і lxi et suiv.
W Cf. le même accent dans le couple сопѕбсег-* сбпѕбсг a > alb. mase. kruik ,
fém. kruške, roumain commun cuscru-cuscrà. Il est curieux de noter la coïncidence
parfaite de l'accentuation entre les couples consocer-*consocra et compàter-commâter
dans les deux Romaniae , l'orientale et l'occidentale. En Occident , on ne trouve que
consôcer-* consacra , cf. R. E. W., a 166, et en Orient seulement cóniocer-*cónsocra. PETAR SKOK. 188
jours vivante dans l'esprit des sujets parlants, soit par l'action
analogique de commater, soit encore par les deux facteurs à la
fois.
і b. Deux inscriptions nous attestent l'emploi de ce mot dans le
latin des provinces romaines de Dalmatie et de Pannonie. Dans la
première (C /. L. , III, 2027), de Salone, une certaine Attigia
Ursacia élève un monument funéraire à un soldat vétéran dont le
nom est chrétien (1), Flavius Carosus veteranus, et qu'elle appelle
compalri benignissimo. L'épithète benignissimus au lieu de bene me
rem, pientissimus , etc., qui sont de beaucoup plus usuels, sied très
bien à un chrétien, bien que cette circonslance ^', à elle seule, ne
tranche pas la question de savoir si nous sommes en présence
d'une inscription chrétienne ou païenne.
Sur une autre inscription (C.7.L., III, З990), provenant de
Siscia, une autre femme, qui s'appelle Messiîla, nous assure
qu'elle avait passé 38 ans chez un certain Romanus, son parrain :
que vixit cum compatre suo Romano annis xxxviii. L'emploi du
cognomen seul nous indique qu'il s'agit d'une inscription tardive.
Ni l'ancien dalmate ni le roumain ne nous ont conservé le mot
cómpäter. Mais les preuves que j'apporte justifient à elles seules
pleinement la thèse qu'il s'agit d'un terme chrétien courant dans le
latin balkanique.
2. commater se trouve en roumain, où le mot a transporté
l'accent sur le préfixe сот-, évidemment sous l'influence de cóm
päter. Le vieux roumain ® nous l'indique par les formes cûme(y)tru,
cume{yjtrâ «parrain, marraine», formes dont le traitement a>e
ne s'explique que si l'on suppose déjà dans le latin balkanique
l'accent sur 0 et l'affaiblissement de a W dans la pénultième,
cf. canapa^ cînepa «chanvre»; le e se change ensuite en ë (a) à
cause de la labiale précédente, cf. foelus>/at. Cet e apparaît encore
dans les dérivés cumetrie = cumetrenie « parrainage » , a se (injcumetri.
M Cf. Thet. linguae lot., Onomasticon , II, p. ao4. Pour le suffixe -огш, ajouté
à un adjectif exprimant une vertu chrétienne, cf. Bonotus, également chrétien.
О L'inscription est introduite, il est vrai, parla formule païenne obligatoire
D. M. Mais il y a aussi des inscriptions chrétiennes qui la portent. C'est vraisem
blablement à cause de cette formule que Skutsch conjecture le sens coniunx pour
compater de ces deux inscriptions (voir The», linguae lat., loc. cit.).
<*' Voir Tiktin, Rum.-deuttchet Wórterbuch, I, soue ce mot.
W On trouve cet affaiblissement aussi dans l'ancien dalmate, cf. mes articles
dans la Zeitschrijt J&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents