Le capital humain, d une conception substantielle à un modèle représentationnel - article ; n°1 ; vol.52, pg 91-116
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Le capital humain, d'une conception substantielle à un modèle représentationnel - article ; n°1 ; vol.52, pg 91-116

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Description

Revue économique - Année 2001 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 91-116
En dépit des difficultés à le fonder théoriquement, le concept de capital humain s'impose à nous comme catégorie de la pratique. Les acteurs économiques, entrepreneurs ou salariés, l'emploient spontanément pour qualifier leurs actions. Il faut donc prendre acte du succès du concept et tenter de le refonder théoriquement. Il faudra pour cela abandonner les conceptions substantielles du capital humain, qu'elles soient walrasiennes ou marxiennes, pour en adopter un modèle représentationnel. Après avoir rappelé les principales critiques que rencontre la conception substantielle, on passera en revue les outils, encore sommaires, que la théorie économique fournit pour penser les représentations : théorie keynésienne, théorie marxienne de l'idéologie et théorie des conventions.
The human capital, from a substantive to a representational model
In spite of its well-known theoretical weaknesses nowadays, the concept of human capital has become unavoidable as a category of the practice. The economic actors, managers or employees do make use of it spontaneously to depict their actions. We must take account of the practical success of the concept and try to give it new foundations. This calls forgiving up the substantive conceptions of the human capital, be they Walrasian or Marxian, and consider it as a social construction. After a brief account of the critics of the substantive model we shall review the few tools provided by the economic theory to deal with representations: the Keynesian theory, the Marxian theory of ideology and the French Economics of Conventions.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Édouard Poulain
Le capital humain, d'une conception substantielle à un modèle
représentationnel
In: Revue économique. Volume 52, n°1, 2001. pp. 91-116.
Résumé
En dépit des difficultés à le fonder théoriquement, le concept de capital humain s'impose à nous comme catégorie de la pratique.
Les acteurs économiques, entrepreneurs ou salariés, l'emploient spontanément pour qualifier leurs actions. Il faut donc prendre
acte du succès du concept et tenter de le refonder théoriquement. Il faudra pour cela abandonner les conceptions substantielles
du capital humain, qu'elles soient walrasiennes ou marxiennes, pour en adopter un modèle représentationnel. Après avoir
rappelé les principales critiques que rencontre la conception substantielle, on passera en revue les outils, encore sommaires, que
la théorie économique fournit pour penser les représentations : théorie keynésienne, théorie marxienne de l'idéologie et théorie
des conventions.
Abstract
The human capital, from a substantive to a representational model
In spite of its well-known theoretical weaknesses nowadays, the concept of human capital has become unavoidable as a
category of the practice. The economic actors, managers or employees do make use of it spontaneously to depict their actions.
We must take account of the practical success of the concept and try to give it new foundations. This calls forgiving up the
substantive conceptions of the human capital, be they Walrasian or Marxian, and consider it as a social construction. After a brief
account of the critics of the substantive model we shall review the few tools provided by the economic theory to deal with
representations: the Keynesian theory, the Marxian theory of ideology and the French Economics of Conventions.
Citer ce document / Cite this document :
Poulain Édouard. Le capital humain, d'une conception substantielle à un modèle représentationnel. In: Revue économique.
Volume 52, n°1, 2001. pp. 91-116.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_2001_num_52_1_410302Le capital humain une conception
substantielle un modèle représentationnel
Edouard Poulain*
En dépit des difficultés le fonder théoriquement le concept de capital humain
impose nous comme catégorie de la pratique Les acteurs économiques en
trepreneurs ou salariés emploient spontanément pour qualifier leurs actions Il
faut donc prendre acte du succès du concept et tenter de le refonder théorique
ment Il faudra pour cela abandonner les conceptions substantielles du capital
humain elles soient walrasiennes ou marxiennes pour en adopter un modèle
représentationnel Après avoir rappelé les principales critiques que rencontre la
conception substantielle on passera en revue les outils encore sommaires que la
théorie économique fournit pour penser les représentations théorie keynésienne marxienne de idéologie et théorie des conventions
THE HUMAN CAPITAL FROM SUBSTANTIVE TO
REPRESENTATIONAL MODEL
In spite of its well-known theoretical weaknesses nowadays the concept of
human capital has become unavoidable as category of the practice The eco
nomic actors managers or employees do make use of it spontaneously to depict
their actions We must take account of the practical success of the concept and try
to give it new foundations This calls forgiving up the substantive conceptions of the
human capital be they Walrasian or Marxian and consider it as social construc
tion After brief account of the critics of the substantive model we shall review the
few tools provided by the economic theory to deal with representations the Key-
nesian theory the Marxian theory of ideology and the French Economics of Con
ventions
Classification JEL B15 J24 B25
Le sort du concept de capital humain est singulier Alors même il est selon
un avis assez général mal fondé il se révèle extrêmement fructueux et sert de
point appui un nombre considérable de travaux tant dans le domaine de la
théorie de la répartition les travaux sur les fonctions de gains que dans celui
de la théorie de la croissance théorie de la croissance endogène et économie du
développement)
GAINS Université du Maine 72085 Le Mans cedex France www.univ-
lemans fr/ecodroit/gains)
ai une dette considérable égard Olivier Favereau sans lequel les intuitions
premières origine de cet article auraient jamais pu prendre la forme une publi
cation Je remercie également les rapporteurs de la Revue économique
91
Revue économique vol 52 janvier 2001 91-116 Revue économique
Cependant il est connu de longue date et assez généralement admis par les
partisans de la théorie du capital humain eux-mêmes que celle-ci est selon
expression popperienne de Mark Blaug 1976] mal corroborée Nous pen
sons il faut néanmoins prendre acte du succès du concept tel il est et
plutôt que de mener une énième tentative de dévoilement des insuffisances et des
présupposés il véhicule et que nous ne rappellerons que brièvement nous
tenterons au contraire de le refonder faudra pour cela abandonner les pers
pectives positives elles soient walrasiennes ou marxiennes pour adopter un
point de vue phénoménologique dont nous pensons trouver les prémisses chez
Keynes les prolongements dans économie des conventions et des consonances
avec certaines approches régulationnistes mettant accent sur les représenta
tions en économie comme Guibert Theret ou Lordon)
Dans un tel cadre le capital humain sera considéré non abord comme une
construction conceptuelle mais comme une catégorie de la pratique une inter
prétation spontanée couramment admise du rapport de individu son travail
et sa rémunération On passera en revue les outils encore sommaires que la
théorie économique fournit pour penser un tel objet théorie keynésienne théo
rie des conventions et théorie marxienne de idéologie On tentera finalement de
montrer que analyse par le philosophe américain Searle de la genèse des
institutions peut fournir un cadre conceptuel renouvelé pour étude des repré
sentations en économie
LES TH ORIES SUBSTANTIELLES DU CAPITAL HUMAIN
Le capital humain dans la théorie néoclassique un concept flou
absence de définition rigoureuse du concept de capital humain dans la
théorie du même nom issue des travaux de Becker 1964 1975 souvent été
remarquée Ainsi entendue la théorie du capital humain consiste imputer les
différences des salaires versés par les entreprises des différences dans la pro
ductivité des salariés différences qui découlent elles-mêmes de différences dans
les quantités du facteur de production capital humain accumulées par les
salariés au moyen investissements en Mincer écrit très
explicitement interprétation économique des gains sur une durée de vie est
la suivante les salaires sont proportionnels la dimension du capital humain
De ce fait les différences de salaires entre les salariés sont dues principalement
des différences dans la dimension des stocks en capital humain et non un
taux de salaire différent par unité de stock de Mincer
1993] 189.
Le ur de la théorie néoclassique du capital humain est donc que éducation
est un investissement pour les individus et la société qui accroît la productivité
de ceux qui la re oivent et crée par là une élévation de leur rémunération Le
problème est que le chaînon intermédiaire la productivité et son articulation
avec en amont éducation et en aval la rémunération sont de pures conjectures
enchaînement causal repose tout entier sur les hypothèses du noyau néoclas
sique en situation concurrentielle les salariés sont nécessairement payés leur
productivité marginale les différences de salaire observées renvoient donc né
cessairement des différences de productivité inobservables qui elles-mêmes
découlent par hypothèse de dans accumulation du capital humain
92
Revue économique vol 52 janvier 2001 91-116 Edouard Poulain
Face aux doutes émis sur la liaison au niveau individuel entre éducation
et productivité les défenseurs de la théorie du capital humain font en général
un bond au niveau macroéconomique en arguant de corrélations observées
échelle des nations entre niveau de développement et niveau éducation Il
manque tout de même bien des passerelles entre le choix par un individu une
filière étude et la croissance du PIB..
Cependant la réalité du caractère causal de enchaînement éducati

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