Le conditionnel en vieux slave dans les propositions finales et complétives - article ; n°1 ; vol.39, pg 17-30
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Description

Revue des études slaves - Année 1961 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 17-30
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur le Professeur Paul
Garde
Le conditionnel en vieux slave dans les propositions finales et
complétives
In: Revue des études slaves, Tome 39, fascicule 1-4, 1961. pp. 17-30.
Citer ce document / Cite this document :
Garde Paul. Le conditionnel en vieux slave dans les propositions finales et complétives. In: Revue des études slaves, Tome 39,
fascicule 1-4, 1961. pp. 17-30.
doi : 10.3406/slave.1961.1769
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1961_num_39_1_1769CONDITIONNEL EN VIEUX SLAVE LE
DANS LES PROPOSITIONS
FINALES ET COMPLÉTIVES
PAR
PAUL GARDE
Dans les propositions finales et dans les propositions complétives dépendant
d'un verbe de volonté (vouloir, ordonner, prier, etc.) la plupart des langues
slaves actuelles ne connaissent pas de variations de mode. Le russe, le polo
nais, le tchèque y emploient systématiquement le mode appelé « conditionnel »
ou parfois « subjonctif » (avec r. čtoby, poi. żeby, pol. et tch. aby, etc.) : cet
usage est semblable à celui du grec, du latin, du français qui, dans ces pro
positions, ne connaissent que le subjonctif. A l'inverse, le bulgare emploie
toujours l'indicatif (avec la conjonction da). C'est donc un état tout à fait
exceptionnel que celui du vieux slave où, dans les propositions de ce genre
(introduites le plus souvent par da), peuvent se rencontrer les deux modes :
l'indicatif et le conditionnel. Cette situation ne se retrouve que dans une seule
langue slave vivante : le serbo-croate (avec da également).
Soit à cause du manque de correspondances avec les langues vivantes, soit
du fait du nombre restreint des exemples de conditionnel dans ces propos
itions, le problème de la répartition des deux modes en vieux slave n'a pas
encore reçu de solution définitive. Miklosich se contente de signaler la co
existence des deux modes, sans autres précisions ^. Vondrák n'indique
aucun principe de répartition, mais remarque seulement que le choix du mode
n'est pas influencé par l'original grec, et que par conséquent « le conditionnel
dans ces propositions était purement slave »(2). Meillet découvre, au moins
pour la traduction vieux-slave des Évangiles, une limitation à l'emploi du
í1' Miklosich, Vergleichende Grammatik der slavischen Sprachen, IV, Heidelberg, 1926,
p. 808 et suiv.
<2> Vondrák, Altkirchenslavische Grammatik, Berlin, 1912, p. 630. 18 PAUL GARDE
conditionnel : « La forme dite du conditionnel sert aussi dans les phrases qui
indiquent le but, l'intention; dans l'Évangile, ceci n'arrive en principe que si
le verbe de la phrase principale est au passé, exactement comme on a l'optatif
en attique en pareil cas » ^. Toutefois cette règle, même si l'on en admet la
validité approximative pour l'Évangile ^2\ ne prétend pas rendre compte de
l'emploi du conditionnel : la présence d'un verbe principal au passé en est
la condition à peu près nécessaire, mais certainement pas suffisante.
Pour serrer de plus près le problème, Meillet a donné de ces conditionnels
une interprétation psychologique : on l'emploie lorsqu'on « envisage non un
fait positif, mais une possibilité ou un désir » ^. Et c'est exactement aux
mêmes notions de et de désir que fait appel l'auteur de l'étude la
plus complète consacrée à cette question, H. Bräuer. Dans sa récente thèse,
Untersuchungen zum Konjunktiv im Altkirchenslavischen und im Alt-
russischen, I. Die Final- und Abhängigen Heischesätze ^, il écrit (p. 55) :
« Das gemeinsame Merkmal aller dieser Finalsätze (und Heischesätze) mit
aitkirchenslavischem Konditional besteht nun darin, dass die sonst sachliche
Feststellung des Zwecks einer Handlung in ihrem Wert als positive Tatsache
eingeschränkt wird durch ein recht fiihlbares Moment des Wunsches oder
der Môglichkeit ^5' : es wird mehr ein Bemuhen ausgedriickt, mit dem man
ein Ergebnis erreichen môchte, oder es wird eine Handlung bezeichnet, mit
der eine andere Handlung erzielt werden kônnte. »
Notre but n'est pas de contredire de telles définitions. Elles correspondent
en gros à la réalité. Il est évidemment impossible d'opposer un argument
valable à l'affirmation que tel emploi vieux-slave du conditionnel exprime le
souhait ou la possibilité. Mais ne peut-on en dire autant d'un emploi de l'indi
catif ? Soit les phrases suivantes, avec l'indicatif :
Čto siítvorimu, da dëlaemu děla božiě? (Jean 6, 28 ^).
i molěxQ i da tukmo prikosnçtu są vuskrilii rizy ego. (Matth. 14, 36).
Dira-t-on que les disciples qui prononcent la première phrase ne souhaitent
pas accomplir les œuvres de Dieu, ou que les gens de Génésareth, dont il est
question dans la seconde, n'ont pas le désir de toucher les vêtements du
Christ? Ce serait évidemment absurde. Même la comparaison de ces phrases
avec des propositions au conditionnel ne fait pas apparaître une différence
frappante dans le degré d'intensité du souhait. Et si l'on veut absolument en
chercher une, on s'engage dans un type de discussion insoluble, sans fonde
ments et stérile. En réalité, toute proposition finale et toute proposition comp
létive dépendant d'un verbe de volonté (Heischesatz) est par définition
W Meillet, Le slave commun, Paris, 1924, p. 225.
W II n'y a que deux exemples contraires : Matth. 6, 16 et Luc 22, 31. Le premier est signalé par
Meillet, Études sur ľ etymologie et le vocabulaire du vieux slave, Paris, 1902, p. 98.
'3' sur ľ etymologie..., p. 96.
(4) Wiesbaden, 1957.
W Souligné par nous.
<e> Les textes de l'Évangile sont cités d'après le Codex Marianus (éd. par Jagić, Berlin,
Spb., 1883) ; ceux du Suprasliensis d'après l'édition de Sever 'janov (Spb., 1904). LE CONDITIONNEL EN VIEUX SLAVE 19
l'expression d'un souhait; et c'est par cette même notion de souhait ou des
notions voisines que les grammairiens ont coutume de justifier l'emploi du
subjonctif dans toutes les propositions finales, s'ils traitent d'une langue où
tel est l'usage ^. C'est là l'inconvénient de l'intrusion de catégories sémant
iques aux frontières indécises.
La notion de « possibilité » n'est guère plus heureuse. « Possible » s'oppose
évidemment non pas à « impossible », mais à « réel ». Mais un but qu'on se
propose n'est jamais réel, il ne peut faire l'objet d'une « affirmation objective »
(sachliche Feststellung). Les disciples qui posent la question citée plus haut
ne sont pas encore en train « d'accomplir l'œuvre de Dieu », ils en ont seulement
le désir et en estiment (non sans incertitude) la réalisation possible... A pousser
la discussion sur un terrain aussi mouvant, on sent bientôt le sol se dérober.
Il est grand temps de chercher un point d'appui plus solide.
Cet appui ne saurait être trouvé que dans une analyse intrinsèque et objec
tive des textes. Si l'on voit apparaître, lors de la lecture d'une phrase finale ou
complétive au conditionnel, « un élément nettement sensible » (ein recht
fiihlbares Moment), cette impression est évidemment provoquée chez le
lecteur par le contexte, et le rôle du linguiste est de prendre conscience des
conditions de contexte qui l'ont créée.
Nous essaierons donc de déterminer quels contextes favorisent l'apparition
du conditionnel, ou au contraire celle de l'indicatif. Pour ce faire, nous nous
garderons de toute classification des exemples a priori en fonction d'un critère
étranger au problème qui nous occupe, celui des modes en vieux slave. Nous
ne partirons pas de l'original grec : le grec de l'Évangile, dans les propositions
finales ou complétives, n'a pas le choix entre plusieurs modes : liva., firj et
67ГШЅ sont toujours suivis du subjonctif, Жсттє presque toujours de l'infinitif (2) ;
le choix entre ces diverses conjonctions lui-même est sans influence sur le
choix du mode en slave. L'état du vieux slave doit donc être examiné en
lui-même. Une seule langue étrangère peut fournir des comparaisons utiles,
c'est celle qui connaît, elle aussi, deux modes possibles dans ces propositions :
le serbo-croate.
Étudiant la question du mode, nous ne nous occuperons pas de l'aspect.
Le problème de l'aspect a fait l'objet d'une littérature abondante, il se prête
à une comparaison étroite avec le grec ^; dans une perspe

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