Le développement culturel et les pays du Tiers Monde - article ; n°95 ; vol.24, pg 497-512
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Description

Tiers-Monde - Année 1983 - Volume 24 - Numéro 95 - Pages 497-512
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Pascallon
Le développement culturel et les pays du Tiers Monde
In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°95. pp. 497-512.
Citer ce document / Cite this document :
Pascallon Pierre. Le développement culturel et les pays du Tiers Monde. In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°95. pp. 497-512.
doi : 10.3406/tiers.1983.4304
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1983_num_24_95_4304LE DEVELOPPEMENT CULTUREL
ET LES PAYS DU TIERS MONDE
par Pierre Pascallon*
I. — La notion de développement culturel
On sait qu'on a eu tendance à parler, jusqu'à ces dernières années,
de la « dimension culturelle du développement »*, ce qui laisse à penser
que le processus de développement est avant tout un processus d'ordre
économique et que la culture n'est qu'un élément surajouté de ce pro
cessus économique central. Cette notion de « dimension culturelle du
développement » déforme encore la signification pleine de la notion de
« culture » et de la notion de « développement ».
La signification pleine de la notion de « culture » ? On ne peut limiter
la notion de culture aux choses de l'esprit, au système des beaux-arts
et des belles-lettres, luxe réservé à un petit nombre de privilégiés. Au-delà
de cette conception étroite et élitiste, plaçant le concept de culture très
au-dessus et très loin des préoccupations de la vie courante, il faut
comprendre que la culture est une interprétation globale de la nature,
une grille de lecture et de transformation du monde : la culture comprend
toutes les manifestations productives de l'homme, tant technologiques
qu'économiques, artistiques ou quotidiennes; la culture implique une
relation systématique entre tous les aspects de la vie telle qu'elle est
vécue2.
— La signification pleine de la notion de « développement » ? On n'a
pas « saisi » le développement aussi longtemps que Ton se borne à
l'envisager sous le seul angle de la croissance, de la croissance écono-
* Professeur de Sciences économiques à l'Université de Clermont.
n° i, 1. 1979. Par ex. Cultures, Les valeurs culturelles : dimension culturelle du développement,
2. Par ex. en ce sens : P. Borel, Les trois révolutions du développement, Ed. Ouvrières, 1968,
p. 18.
Revue Tiers Monde, t. XXIV, n° 95, Juillet-Septembre 1983 498 PIERRE PASCALLON
mique définie comme l'augmentation de la quantité de biens et services
mis à la disposition d'une population durant une période considérée.
Lorsqu'on perce l'intimité de ce phénomène, il est clair que le dévelop
pement — tant dans son essence que dans sa finalité — est un phénomène
humain total, multidimensionnel dont on ne peut isoler aucun aspect3.
Mais si la culture, dans son sens le plus large, est donc bien un procès
d'identification communautaire, une façon caractéristique de vivre et
de produire, d'être et de vouloir, et si le développement n'est autre que la
dynamisation volontaire d'une société, pour son épanouissement intégral
et global, alors on peut dire, on le voit, que la culture, c'est le dévelop
pement et que le développement c'est la culture si bien qu'on pourra
parler, qu'on devra parler de « modèle de développement culturel ». Il ne
suffit pas en effet4 de souligner les relations, les imbrications entre le déve
loppement économique et le développement culturel5.
Mais il ne suffit pas encore de souligner la simultanéité qu'il doit y
avoir « entre le développement économique et social et le développement
culturel »6. En effet, il est nécessaire, plus avant, de reconnaître la consubs-
tantialité du et de la culture qui sont en réalité un seul et
même phénomène participant d'un seul et même projet de civilisation
concernant tous les aspects de la vie humaine. Ce n'est donc pas « une
métaphore de parler du développement culturel » et on pourra à juste
titre défendre la notion de « modèle de développement culturel ». Faud
rait-il des illustrations pour cette notion de « modèle de développement
culturel » ? on ne peut pas ne pas penser au « de
occidentaliste » qui s'installe au xvine siècle dans notre vieille Europe et
qui cherche à se faire accepter comme modèle obligé de
pour tous les pays7.
IL — La prétention universaliste
DU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL OCCIDENTAL
II est certain que le modèle de développement occidental s'est
attaché à apparaître comme de obligé tant — la
3. F. Perroux, Qu'est-ce que le développement?, études, janvier 1961; C. Furtado,
Le développement, Revue internationale des Sciences sociales, n° 4, 1977.
4. M. Piganiol, Culture et développement. Essai d'analyse, Unesco, octobre 1981.
5. Thesaurus international du développement culturel, Unesco, p. 25.
6. Unesco, Réflexions préalables sur la politique culturelle, 1969, p. 8.
7. Cf. E. Sabato, Le développement occidental : ses racines et ses fruits, dans A. Birou
et P. M. Henry, Pour un autre développement, Paris, puf/iedes, 1976, p. 285 et s. LE DÉVELOPPEMENT CULTUREL 499
distinction est de pure commodité d'exposition — sous l'angle écono
mique que sous l'angle culturel.
— Sous l'angle économique ? de nombreux théoriciens se sont efforcés
de présenter en termes déterministes le développement économique
symbolisé par une ligne ascendante et continue, chaque nation pouvant
être située en un point donné, à un moment donné (« degré » ou « niveau »
de développement d'après son produit national), en attendant de s'élever
sur la courbe. C'est, à ce jour, le modèle rostowien, le modèle de « base »
de i9608, qui demeure l'illustration la plus typique des thèses déter
ministes en matière de croissance, toutes les sociétés passant d'après cet
auteur par des étapes d'évolution obligées : société traditionnelle,
conditions préalables au démarrage, démarrage, marche vers la maturité,
ère de la consommation de masse.
En fait, l'analyse détaillée du schéma rostowien montre9 que ce
dernier n'est autre qu'un schéma de croissance capitaliste libérale inspiré
de l'expérience des pays occidentaux actuellement développés. Un schéma
de croissance capitaliste ? le modèle de Rostow est en réalité une théorie
de la par l'accroissement du capital : l'auteur retient en effet
le taux de l'investissement (productif) comme critère fondamental de
passage d'une étape à l'autre. Un schéma de croissance libérale ? pour
Rostow qui s'appuie sur une conception individualiste de la société, la
croissance repose sur « l'aptitude à rechercher les avantages matériels », à
« accepter les innovations » mises en œuvre par l'entrepreneur privé
schumpétérien. Un schéma de croissance capitaliste libérale, inspiré de
Г expérience des pays occidentaux actuellement développés ? Rostow s'est fort
ement inspiré de l'expérience européenne de développement des xixe
et xxe siècles, même si on peut contester la réalité historique concrète
de certaines des étapes que l'auteur a cru possible de « théoriser » à partir
de cet exemple des pays du vieux continent.
— Mais il se trouve également de nombreux auteurs pour présenter
en terme déterministe universel... ce qui n'est en réalité que le modèle
culturel des pays occidentaux. On sait que les partisans d'une conception
évolutionniste de la culture10 — on notera les analogies avec la présen
tation rostowienne précédente — soutiennent la thèse selon laquelle
les diverses cultures doivent, à partir d'une culture initiale : culture tradi
tionnelle ou archaïque, passer par un axe de succession historique linéaire,
unique, déterminé, pour atteindre le stade le plus élevé : celui de la culture
8. Cf. W. W. Rostow, The stages of economic growth, Cambridge, University Press, i960.
9. Cf. J. Austruy, Existe-t-il un mode obligé de croissance économique, Revue d'Economie
politique, 1961.
10. Cf. Spencer, Tylor, etc. JOO PIERRE PASCALLON
moderne industrielle, technicienne et productiviste, rationnelle et eff<

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