Le dynamisme agricole malaysien - article ; n°162 ; vol.41, pg 389-409
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Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 162 - Pages 389-409
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rodolphe de Koninck
Le dynamisme agricole malaysien
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°162. pp. 389-409.
Citer ce document / Cite this document :
de Koninck Rodolphe. Le dynamisme agricole malaysien. In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°162. pp. 389-409.
doi : 10.3406/tiers.2000.1396
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_162_1396LE DYNAMISME AGRICOLE MALAYSIEN
par Rodolphe de Koninck*
Quelquefois les plantations cédaient la place à l'ancienne
forêt, lorsque la route s'engouffrait entre deux grands murs de
jungle épaisse et d'arbres géants.
W. Robert Foran, 1936, p. 74.
Parmi les agricultures sud-est asiatiques, celle de la Malaysia s'est
pendant longtemps distinguée par le dynamisme de son secteur exportat
eur. Qu'il s'agisse des grandes plantations, d'abord d'hévéas puis de
palmiers à huile, ou des petites plantations paysannes, la capacité
d'innovation, d'expansion et de reconversion n'a pratiquement jamais
été démentie. Dans cette affaire, le rôle voire le paternalisme de l'État,
en particulier depuis la fin des années cinquante, s'est avéré crucial.
Même si, aujourd'hui, le poids relatif de l'agriculture dans l'économie
nationale, au plan tant du pib que de l'emploi, est plus faible que dans
tous les pays de la région (hormis, bien sur, à Singapour et à Brunei),
les politiques agricoles demeurent essentielles au développement du
pays. Cela s'avère particulièrement vrai du côté des deux États bor-
néens, Sarawak et Sabah, vers lesquels la poussée expansionniste se
fait sentir, avec des conséquences de plus en plus sévères sur le
domaine forestier.
* Professeur titulaire, département de géographie, Université Laval, Québec. L'auteur tient à remerc
ier Andrée Gauthier, Claire G. Daigle, Stéphane Ogeron, Ludovic Guerpillon et Stéphane Bernard. Il
remercie également le rédacteur de la revue Archipel pour la permission qui lui est accordée de reprendre
ici des passages ainsi que deux tableaux déjà inclus dans un article accepté pour parution. Intitulé « Les
transformations récentes du monde rural malaisien : les enjeux et les défis », cet article, signé par moi-
même et Stéphane Bernard, est destiné à paraître en l'an 2000, dans le n° 60.
Revue Tiers Monde, t. XLI, n° 162, avril-juin 2000 390 Rodolphe de Koninck
I. LA SPÉCIFICITÉ DU CAS MALAYSIEN
Parmi les huit pays encore agricoles que compte le Sud-Est asia
tique, la Malaysia1 se distingue au plan de la structure même de son
agriculture, les cultures vivrières y étant nettement moins importantes
que les cultures commerciales. Cette prédominance accordée à une
production largement destinée à l'exportation résulte de choix établis à
l'époque coloniale, alors que, dans la péninsule malaise, les Britanni
ques avaient tout mis en œuvre pour développer une agriculture de
plantation, centrée sur l'hévéaculture.
Ainsi, en 1960, au terme de l'épisode colonial, alors que dans les
pays de la péninsule indochinoise la riziculture s'avérait largement
prédominante, y occupant partout plus des trois cinquièmes des
superficies agricoles (60 % en Birmanie, près de 80 % en Thaïlande et
plus de 80 % dans l'ancienne Indochine française), dans la péninsule
malaise, elle n'en occupait que 17%, contre 64% pour la seule
hévéaculture2. Certes, à la même époque, ailleurs dans l'archipel, plus
particulièrement aux Philippines et en Indonésie, les cultures commerc
iales étaient assez largement répandues, mais, dans des proportions
bien moindres. Dans chacun de ces deux pays, l'ensemble des cultures
d'exportation n'occupait que quelque 21 % des terres agricoles. Aux
Philippines, il s'agissait surtout du cocotier et de la canne à sucre,
alors qu'en Indonésie, c'est l'hévéaculture qui demeurait la principale
culture commerciale, couvrant environ 1 1 % de l'ensemble des terres
cultivées. En fait, dans ces deux pays aussi, c'est la riziculture qui
occupait, de loin, les plus importantes superficies : aux Philippines,
43 % contre 24 % pour le maïs et en Indonésie près de 48 % contre
quelque 15 % pour le maïs3.
Une autre caractéristique distinguait fortement la Malaisie : les
spécialisations ethniques au sein même de l'agriculture. Certes, presque
partout ailleurs dans la région, la diversité ethnique comptait pour
beaucoup, tout comme existaient des spécialisations régionales et
1. Je réserve le terme de Malaisie pour désigner la seule péninsule malaise, employant celui de
Malaysia pour nommer l'ensemble de la fédération. Formée en 1963, celle-ci rassemble encore
aujourd'hui, d'un côté, les onze états de la péninsule malaise, soit la Malaisie proprement dite, dont
l'indépendance remonte à 1957 et, de l'autre, les états bornéens de Sabah et Sarawak.
2. Ooi, 1963, p. 184.
3. Fisher, 1966 ; l'auteur n'indique pas de pourcentages précis. Mais les tableaux chiffrés qu'il
dresse, aux pages 323 et 333 pour les Philippines et 711 pour l'Indonésie, m'ont permis de faire les calculs
nécessaires. Le dynamisme agricole malaysien 391
même des liens étroits entre certains types de cultures et certaines eth
nies. Mais, dans la péninsule malaise, ces liens revêtaient un caractère
tout à fait particulier. Ainsi, premièrement, les grandes et moyennes
plantations étaient essentiellement entre les mains de sociétés étran
gères ou d'entrepreneurs chinois, la main-d'œuvre y étant presque
exclusivement tamoule ou chinoise ; deuxièmement, parmi les petits
planteurs d'hévéas, surtout ceux exploitant des parcelles dépassant
rarement 5 ha et ne fournissant que de faibles rendements, les Malais
étaient largement majoritaires ; troisièmement, la quasi-totalité des
riziculteurs étaient également des Malais. Enfin, plus des deux tiers de
ces paysans malais, qu'ils soient hévéaculteurs ou riziculteurs, ou
même les deux à la fois, vivaient en deçà du seuil de pauvreté.
D'ailleurs, lorsque la Malaisie obtint son indépendance de
l'Angleterre en 1957, les problèmes les plus urgents auxquels avaient à
faire face les autorités du pays étaient, précisément, la pauvreté rurale,
mais aussi l'unité nationale et un contrôle insuffisant de l'État central
sur le territoire national. La pauvreté se faisait surtout sentir, on l'a
dit, parmi les ruraux malais, principal soutien du parti au pouvoir1.
Quant à l'unité nationale, elle était menacée par la persistance de ten
sions ethniques aiguës, tout particulièrement entre les Malais et les
Chinois, résultant en partie de la période de l'état d'urgence, Y Emer
gency (1948-1960), non encore officiellement levé. Au cours de cette
période, les autorités coloniales, appuyées en cela par la population et
surtout l'élite malaise, avaient eu à mater les maquisards communistes
chinois implantés dans les massifs forestiers du cœur de la péninsule2.
La résolution de cette crise, presque achevée au moment de
l'indépendance, avait largement reposé sur le regroupement forcé,
dans des Nouveaux Villages (New Villages), sortes de hameaux straté
giques, des populations chinoises rurales vivant à proximité desdits
massifs forestiers ou des grandes plantations de l'intérieur du pays.
Enfin, le recours à cette véritable stratégie spatiale avait permis
d'accroître la présence de l'État dans des régions marginales, faisant
par là même ressortir la nécessité d'y consolider son contrôle territo
rial à plus long terme3.
1. En 1957, les Malais comptaient pour tout près 50 % de la population de la péninsule, qui s'élevait
alors à quelque 6,3 millions de personnes, contre quelque 37 % et 1 1 % respectivement pour les Chinois et
les Indiens. Dans les campagnes, dont la population représentait 70 % du total national, la prédominance
démographique des Malais était encore plus marquée, avec les trois quarts des effectifs (Ooi, 1963 ; de
Koninck, 1994).
2. Short, 1977.
3. De Koninck, 1981. 392 Rodolphe de Koninck
II. L'IMPLICATION MASSIVE DE L'ÉTAT
DANS LE SECTEUR AGRICOLE
C'est dans ce contexte que le gouvernement malaisien d'abord
(

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