Le fondement biologique de la psychologie. Notes critiques - article ; n°58 ; vol.15, pg 250-277
29 pages
Français

Le fondement biologique de la psychologie. Notes critiques - article ; n°58 ; vol.15, pg 250-277

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
29 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue néo-scolastique - Année 1908 - Volume 15 - Numéro 58 - Pages 250-277
28 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Fr. Agostino Gemelli
Le fondement biologique de la psychologie. Notes critiques
In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°58, 1908. pp. 250-277.
Citer ce document / Cite this document :
Gemelli Agostino. Le fondement biologique de la psychologie. Notes critiques. In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°58,
1908. pp. 250-277.
doi : 10.3406/phlou.1908.2159
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1908_num_15_58_2159VIII.
LE FONDEMENT BIOLOGIQUE DE LA PSYCHOLOGIE.*)
Notes critiques.
Jamais dans l'histoire des sciences on ne s'est autant
intéressé qu'aujourd'hui à l'étude de la psychologie. En
toute chose on veut considérer le point de vue psycho
logique.
On ne peut pourtant dire qu'à cet intérêt corresponde
une connaissance adéquate de l'objet, de la mission et des
méthodes de la science psychologique. Il règne à ce sujet
les préjugés les plus étranges et, grâce à la forme scienti
fique sous laquelle ils se présentent, ils fascinent les esprits.
On en arrive même à méconnaître la valeur et les limites
de la science psychologique. Ainsi s'expliquent la variété
et la multiplicité des jugements qu'on porte sur elle.
D'une part, écrit De Sarlo 1), on considère la psycho
logie Comme la science philosophique fondamentale, d'autre
part on la regarde comme une science particulière, positive,
exclusivement expérimentale, à mettre à côté de la phy
sique et de la chimie ; d'aucuns lui demandent la solution
des problèmes les plus ardus de la gnoséologie et de la
métaphysique ; pour d'autres, elle doit fournir la synthèse
des phénomènes ; on soulève d'interminables discussions
pour savoir si la psychologie est, oui ou non, une science
naturelle et si,et jusqu'à quel point, sa méthode est différente
*) Traduit de l'italien.
') La psicologia corne scienza empirica (Rivista di fil. e se. af fini,
a. VII, v. 1, n. 5, 6, 1905). LE FONDEMENT BIOLOGIQUE DE LA PSYCHOLOGIE
de celle des sciences exactes, ou si on peut admettre une
science des faits psychiques détachée de la physiologie.
Il est donc utile au moment actuel de fixer clairement
les concepts fondamentaux qui doivent guider les recherches
psychologiques, d'éclairer et de déterminer quelle est la
valeur et quelles sont les limites des conclusions qu'on peut
tirer de cette recherche. C'est ainsi que se dissiperont les
doutes et que s'organiseront systématiquement des matériaux
de la plus grande importance accumulés par quarante
années de recherches.
*
* *
La principale erreur de la psychologie contemporaine,
consiste à vouloir mettre la au même niveau
que les autres sciences naturelles.
Dans cette voie, on est allé jusqu'à assimiler la psycho
logie à la biologie. Alfred Giard l) proclame que la bioet la psychologie sont destinées à se répandre de plus
en plus. Pour Haeckel 2), la psychologie scientifique est
une partie de la physiologie, c'est-à-dire la théorie des
fonctions ou de l'activité vitale des organismes. Sergi 3)
déclare avoir démontré dans son ouvrage sur L'origine des
phénomènes psychiques que les phénomènes psychologiques
sont des phénomènes vitaux semblables à ceux de la nutri
tion et que leur fonction n'est autre que la protection de
l'individu et de la descendance.
- Or, on comprend combien pleine de dangers est cette
assimilation de la psychologie à la biologie. Elle ne peut
que jeter du discrédit sur les recherches psycho-physiques
auxquelles on attribue l'origine de cette erreur.
Il est facile de se rendre compte des causes qui ont accré-
1898. 1) Cfr. Le Dan tec, L'individualité et F erreur individualiste. Paris,
*) Die Weltrâtsel. Gemeinverstândliche Studien Uber monistische
Philosophie. Bonn, 1902.
") Les émotions, Paris, 1901 ; id. L'origine dei fenomeni psichici e la
. loro significazione biologica^ 1895. 252 A. GEMELLI
dite de plus en plus chaque jour cette croyance que les
faits psychiques doivent s'interpréter et s'étudier à l'aide
des méthodes biologiques et être envisagés à un point de
vue biologique. La grande expansion des sciences phy
sico-chimiques et des sciences naturelles a fait naître en
très peu de temps et a bientôt démesurément grandi l'espoir
de rendre réellement positive toute la somme de nos
connaissances ; ce désir ardent d'arriver à donner à tout
notre savoir l'exactitude atteinte par les sciences physiques
et par les sciences naturelles a fini par faire méconnaître
tout ce qui n'est pas matériel, tout ce qui n'est pas
mécanique.
La psychologie elle-même n'a pas su se soustraire à cette
influence et nous avons assisté à la formation d'une psycho
logie positive et d'une psychologie biologique abusant toutes
deux de l'expérience, dépréciant l'introspection, tendant
en fin de compte à rompre tout lien avec la philosophie.
Cette psychologie scientifique est surtout entachée de deux
erreurs fondamentales : d'une part, elle prétend réduire
à des faits d'ordre mécanique tous les faits psychiques ;
d'autre part, elle prétend appliquer à la psychologie les lois
de la biologie. Ainsi il n'y a plus aucune solution de con
tinuité entre la vie inorganique et la vie organique, entre
la vie organique et la vie psychique. La doctrine de l'évolu
tion cosmique est la formule dernière de ce déterminisme
universel qui englobe tous les degrés de la réalité. De là,
dirai-je avec Pétrone ]), la conception qu'on nous offre de
l'ordre génétique des réalités, et l'idée d'une série ascen
dante et progressive de l'existence et des phénomènes du
monde : continuité rigoureuse de l'ordre mécanique dans
l'ordre physique ou réduction du fait physique à l'équi
valent -mécanique ; continuité de l'ordre physico-chimique
dans la biologie actuelle ou réduction de la vie aux éléments
et aux forces de la physique et de la chimie ; continuité de
J) / limiti del detertninismo scientifico, 2a ediz. Napoli, 1903. LE FONDEMENT BIOLOGIQUE DE LA PSYCHOLOGIE 253
l'ordre biologique dans l'ordre psychique ou réduction de
la psychologie à la biologie et des procédés de l'esprit aux
équivalents et aux concomitants organiques et physio
logiques.
Nous comptons nous occuper ici des rapports de la bio
logie et de la psychologie. Y a-t-il des limites au delà
desquelles la biologie doit céder le pas à la psychologie ?
Ou bien la psychologie ne doit-elle pas être plutôt comp
rise parmi les sciences biologiques ?
La première tentative d'assimilation de la psychologie
aux sciences biologiques a été l'œuvre des physiologues.
Nous devons donc demander avant tout s'il y a des limites
qui séparent la psychologie de la physiologie et quelles
elles sont.
La psychologie doit étudier les faits psychiques ; il va
de soi qu'elle n'a cure des faits somatiques et qu'elle en
abandonne l'étude à la physiologie. Mais est-il possible,
demandera-t-on, de faire cette distinction ? L'homme pré
sente évidemment lès deux groupes de phénomènes comme
les manifestations d'un seul individu. Or, d'aucuns disent
qu'on ne peut rendre compte des phénomènes psychiques
sans une exacte connaissance des corporels.
D'autres tentent même de réduire tous les phénomènes
psychiques aux phénomènes corporels. Ces deux tendances
expliquent comment nos traités de psychologie sont encomb
rés d'un énorme bagage de notions physiologiques.
Il faut reconnaître qu'il n'est pas facile de résoudre
ce problème ; il importe cependant d'y insister, parce
que beaucoup d'adversaires de l'expérience en psychologie
combattent en réalité non pas la psychologie expérimentale,
mais bien la tendance absurde qui voudrait faire de la
psychologie un chapitre secondaire de la physiologie.
Cette tendance est l'une des manifestations du courant 254 A. GEMELLI
mécaniciste que les vingt dernières années du siècle passé
ont vu fleurir, et qui est aujourd'hui amené à la banque
route par le progrès des recherches.
Fille du matérialisme grossier du siècle passé, cette
tendance a présenté la pensée comme

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents