Le Mais et le Maguey, chez les anciennes populations du Mexique - article ; n°1 ; vol.7, pg 5-35
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1910 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 5-35
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Léon Diguet
Le Mais et le Maguey, chez les anciennes populations du
Mexique
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 7, 1910. pp. 5-35.
Citer ce document / Cite this document :
Diguet Léon. Le Mais et le Maguey, chez les anciennes populations du Mexique. In: Journal de la Société des Américanistes.
Tome 7, 1910. pp. 5-35.
doi : 10.3406/jsa.1910.3569
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1910_num_7_1_3569LE MAIS ET LE MAGUEY
CHEZ
LES ANCIENNES POPULATIONS DU MEXIQUE
Par M. Léon DIGUET
(Planches I et II)
Généralités. — Terminologie. — Utilités. — Divinités tutélaires du Maïs et du
Maguey. — Conclusions et Bibliographie.
Dans l'ancienne agriculture mexicaine, les deux cultures qui occupèrent
la place la plus importante furent celles du Maïs et du Maguey ou
Agave.
Ces deux plantes, très différentes à tous les points de vue, pouvaient
à elles seules suffire aux besoins des populations du plateau de l'Anahuac ;
aussi dans la culture des hauts plateaux mexicains, ces deux plantes,
qui étaient appelées à fournir dans leurs utilités des produits économiques
journaliers, se cultivaient-elles côte à côte dans le même champ ; le
maïs représentant la plante annuelle qui fournissait sa récolte à époque
fixe de l'année et le maguey, la plante sinon vivace, du moins à longue
évolution dont on pouvait, en cours de développement, bénéficier de cer
taines utilités.
Comme on le sait, te maïs n'était pas exclusivement particulier au
Mexique, sa zone d'extension culturale s'étendait à tous les territoires
occupés par les nations civilisées des deux Amériques; mais ce qu'il y a
de certain, c'est que propre aux nations américaines, cette céréale, dont
on ignore le lieu d'origine, ne paraît être arrivée à fournir une utilisation
si complète et si variée qu'entre les mains des indigènes du plateau de
l'Anahuac,
Quant au Maguey, qui est représenté en Amérique par un grand nombre
d'espèces, il était utilisé, aussi bien à l'état sauvage qu'à l'état cultivé,
par toutes les populations du Mexique même les moins civilisées et les
plus nomades. Sa culture et son exploitation peuvent donc être considé
rées comme exclusivement mexicaines.
L'exploitation et la culture raisonnée de cette plante utile n'avaient
atteint leur importance que sur les hauts plateaux mexicains qui formaient 6 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
ce que Ton est convenu d'appeler V Anahuac proprement dit, c'est-à-dire
dans la contrée située à une altitude variant entre 2.000 et 2.500 mètres
et dont la partie principale comprend les vallées ou plateaux de Toluca,
de Mexico et de Puebla.
Les dénominations de maïs et de maguey, sous lesquelles on désigne
actuellement ces deux végétaux, ne sont* point des noms indigènes du
Mexique ; ils furent importés dans la Nouvelle-Espagne par les conquista
dores qui avaient appris à connaître ces deux plantes aux Antilles.
Le maïs était désigné par les nahuatls sous le nom de Tlaolli ou de
Centli, quoique ces deux termes ne spécifient pas exclusivement la plante ;
tlaolli s'applique surtout au grain et centli à la tige avec l'épi ou encore
à l'épi mûr et sec. Ces deux expressions sont employées au même titre
dans la composition des mots comme par exemple tlaoyoloyan, lieu où
l'on égrène le maïs, tlaocentlayan, grenier ou endroit où l'on emmagas
ine le maïs.
Dans leur langage courant, les Nahuatls se servaient fréquemment
d'expressions figurées, c'est ainsi que le maïs, qui était pour eux l'objet
de la culture par excellence, était désigné métaphoriquement par tona-
cayutl ou tonacayotl, par milpa з et coamil. Le premier nom signifie :
corps, aliment ; les deux derniers peuvent se traduire par culture ou
champ par excellence; ces deux termes, ainsi. que beaucoup d'autres du
reste, comme on le verra dans la suite de ce mémoire, sont passés dans
la langue espagnole et sont très usités» parles populations rurales qui,
aux temps actuels, s'en servent indifféremment pour désigner leur champ,
leur culture, leur. récolte de maïs *.
.' On donnait au Maguey le nom de Metl, et comme ;le Mexique produit
nombre d'espèces de ce genre de plantes, on avait coutume d'ajouter un
affixeà ce terme de metl pour désigner les espèces et même les variétés ;
c'est ainsi - par exemple que Ton trouve mentionnés, dans les anciens
â vient de milli-pa (milli, champ cultivé, terre labourée, biens, fonds, héri
tage, etc. ; pa, suffixe signifiant sur, dans). Coamil de Coa-milli (coa, houe ou
instrument aratoire primitif servant à labourer, à tracer les sillons). De milpa,
on a fait le- verbe espagnol milpear pour signifier moissonner le maïs. Milli entrait
comme racine et d'une façon plus précise pour spécifier le maïs dans certains
mots, ainsi la tige verte du maïs se nommait Milliohuatl ou Milohuatl. Dans la topo
nymie mexicaine, Milli revient fréquemment, c'est ainsi que dans plusieurs provinces
les localités sont désignées sous les noms de Milpa, Milpita, Milpillas, Millengo, Mil-
tepec, etc. Dans les prières et le cérémonial religieux, on employait le terme figuré
pour désigner le maïs, c'est ainsi qu'on l'appelait Chicomecoatl (chicome, sept, coati,
serpent), nom faisant allusion à la forme ou à la coloration de l'épi (Sera," Manual de
Ministros de indios escrito en 1656. Annales del Museo de Mexico, 1892). Ce nom de
Chicomecoatl était parfois donné à la déesse Centeotl, qui était la Cérès mexicaine. LE MAIS ET LE MAG LEY 7
auteurs, les teometl, flacometl, mezcalmetl, nequametl, nexocotl, mczoxoc-
tli, etc. *.
Comme toutes les parties du maïs et des agaves étaient utilisées par
les indiens, chacune des parties constituant la plante, possédait dans la
langue nahuatle une désignation spéciale, ce qui formait une nomenclat
ure assez longue, qu'il est intéressant de mentionner car elle joue un
rôle important dans la technologie botanique des primitifs. habitants du
Mexique ; du reste ces termes, quoique un peu modifiés par leur incor
poration dans la langue castillane, sont encore très couramment employés
par les Mexicains actuels.
TERMINOLOGIE DU MAIS.
En dehors des appellations métaphoriques de tonacayutl, milpa et
coamil, le maïs était, comme on l'a vu, désigné couramment sous le nom
de tlaolli ou de centli ; au maïs en herbe, c'est-à-dire non encore parvenu
à. sa floraison, on donnait le nom de tloctli.
Le Miahuatl était le panache ou panicule de fleurs mâles, qui termine
le sommet de la tige ; ce mot entrait fréquemment comme racine dans
la toponjmie mexicaine et devait sûrement désigner les endroits riches
où l'on voyait de vastes champs plantés de la céréale américaine, c'est
ainsi que dans nombre de provinces l'on trouve pour des villes et villages
jadis célèbres, les noms de Miahuacan, Miahuapan, Miahuatla, Miahua-
tlan. Dans le symbolisme nahuatl, l'épi mâle du maïs ou Miahuatl était
l'emblème de la discrétion ; suivant Olmos, on disait cuix ni miahuatl (ne
suis-je pas mihuatl ?) c'est-à-dire ne suis-je pas discret? est-ce que je
parle ? par opposition au suivant : Xilotl, l'épi femelle non encore à
maturité mais qui s'annonce déjà Cuix ni Xilotl (suis-je parleur ?).
Xiloll, épi de maïs, lorsqu'il commence à apparaître et dont les grains
sont encore laiteux; de ce mot castillanisé en celui de jilote, on a fait
dériver le mot de jilotear, récolter des épis de maïs.
Elotl, épi de maïs complètement forme, mais encore tendre; castillanisé,
il devient elote.
Milcatl ou Camahuac sont les épis de maïs avortés ou en général les
1. Le terme de Metl, d'après ce que l'on peut jug-er par les écrits anciens, ne s'ap
pliquait pas uniquement aux Agaves ; sous cette dénomination générique, étaient comp
rises plusieurs autres plantes qui rappelaient par leur faciès externe la forme des
Agaves, c'est ainsi que sous les noms fournis par Hernandez et, autres auteurs, se
trouvent confondues certaines broméliacées et certaines liliacées, telles que Yucca

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