Le mouvement philosophique en Amérique - article ; n°64 ; vol.16, pg 607-619
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Revue néo-scolastique - Année 1909 - Volume 16 - Numéro 64 - Pages 607-619
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Publié le 01 janvier 1909
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Langue Français

Extrait

J. B. Ceulemans
Le mouvement philosophique en Amérique
In: Revue néo-scolastique. 16° année, N°64, 1909. pp. 607-619.
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Ceulemans J. B. Le mouvement philosophique en Amérique. In: Revue néo-scolastique. 16° année, N°64, 1909. pp. 607-619.
doi : 10.3406/phlou.1909.2723
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1909_num_16_64_2723MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN AMÉRIQUE 607 LE
cilié la liberté de la recherche philosophique avec la religion
imposant une autorité extérieure. Des phrases comme celle-ci
méritent d'être notées : « Le dogme comme tel, avec l'élément
d'autorité qui le constitue, n'a pas d'entrée en philosophie ; mais
les doctrines extraites du dogme considérées comme des hypo
thèses y entrent de plein droit » (pp. 367, 368).
Le lecteur excusera-l-il la longueur Je cet article? Oui sans
doute, s'il veut bien, oubliant celui qui le signe, ne songer qu'à la
valeur de l'ouvrage qui en est l'objet, et à la place très haute
qu'occupe dans l'histoire de la philosophie contemporaine le nom
de M. Ernest Naville. La pénétration de sa pensée, l'abondance et la
variété de son érudition, la noblesse de ses sentiments, l'attrait de
son style, fait de sobre élégance et de chaleur contenue, lui
méritaient cette place et elle ne lui sera pas enlevée.
Peut-être tenterons-nous quelque jour d'étudier ici l'ensemble de
son œuvre et de fixer les traits de sa physionomie. Force nous est de
nous borner aujourd'hui, en terminant cet article, à exprimer d'un
mot l'éniotion respectueuse et sympathique que nous éprouvons
devant celte tombe fraîchement fermée.
Georges Legraind.
XI.
Le mouvement philosophique en Amérique.
L'histoire complète du mouvement philosophique en Amérique
reste à écrire. Il est vrai que les contributions apportées par le
Nouveau Monde à la philosophie, ont été peu marquantes. Son his
toire ne présente aucun de ces génies originaux qui font école, et
dont l'influence est mondiale. H y a eu des écrivains d'import
ance, mais ceux-ci attendent encore un historien.
En 4904, le Rév. P. L. Van Becelaere publiait à New- York un
essai historique sur La Philosophie en Amérique, depuis les ori
gines jusqu'à nos jours. Le professeur Josiah Royce, de Harvard,
qui en écrivit l'introduction, remarquait que c'était la première
esquisse historique qui tachât de donner une vue d'ensemble du
développement de la philosophie en Amérique. Cependant cette
étude du P. Van Becelaere était trop succincte pour permettre un COS J. B. CEULEMANS
exposé complet du mouvement des idées. En 1907, I. Woodbridge
Riley a publié American Philosophy, the Early Schools '). Ce
volume expose plus largement, et avec textes à l'appui, les diffé
rents courants d'idées qui se sont fait jour en Amérique. Il mène
seulement jusqu'à la fin de la première moitié du xixe siècle, mais
il nous donne un tableau très animé du conflit des opinions. —
L'auteur promet de compléter son étude dans un volume ultérieur.
La philosophie en Amérique a toujours eu une tournure pratique,
c'est-à-dire, qu'elle a été étudiée surtout dans ses relations avec la
théologie, la morale et les sciences politiques. Et il n'en pouvait
guère être autrement, pour deux raisons.
Tout d'abord, quand au xvne siècle le blanc apparut au Nouveau
Monde, il avait tout à créer, et en même temps il avait à se défendre
contre les dépradations des Indiens, qui s'opposaient obstinément
à ses progrès. Parmi les premiers colonisateurs de la Nouvelle
Angleterre, il y avait des hommes d'éducation, qui s'étaient inté
ressés, et qui continuaient à s'intéresser, aux mouvements philo
sophiques d'Europe. Mais le milieu dans lequel ils se trouvaient
jetés, n'était guère fa\orable à un développement de la spéculation
philosophique. Pourvoir aux nécessités immédiates était pour eux
le problème devant lequel les autres disparaissaient.
Après la Révolution et tandis que le pays commençait à se
peupler, que les richesses de ses plaines et de ses montagnes com
mençaient à être découvertes, une activité fiévreuse s'emparait de
tous, et dans l'effort pour le développement matériel, on ne
trouvait guère de loisir à consacrer aux choses de l'intelligence.
Les premiers à s'intéresser aux spéculations philosophiques furent
des colonisateurs de la Nouvelle Angleterre, des Anglais émigrés.
Or, l'Angleterre, « bien qu'elle ait donné naissance à des philo
sophes distingués, n'a jamais produit de penseurs à grandes envolées
métaphysiques. Par contre, elle s'est généralement tenue en contact
intime avec la vie pratique ; elle a été plus soucieuse de la recherche
du vrai en vue de l'organisation de la vie réelle, que de l'abstrac
tion cultivée pour elle-même et pour la satisfaction de l'esprit » 2).
Cette caractéristique les colons anglais l'ont transportée avec eux
au delà de l'Océan.
Les premiers à s'occuper de philosophie, furent les pasteurs pro-
1) Dodd, Mead et Co, New-York.
S) Van Becelaere, op cit., p. 3. LE MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN AMÉRIQUE 609
testants émigrés, Puritains fuyant la persécution de l'église établie
pour chercher la liberté de conscience dans le Nouveau Monde.
Pendant la période coloniale de 1607 à 1765, les Puritains sont les
maîtres de l'Amérique. Leur religion et leur philosophie se comp
lètent mutuellement, et ce caractère de leurs spéculations nous
rappelle le moyen age chrétien.
D'après leur calvinisme extrême, Dieu est l'Être suprême, juge
sévère, puissance arbitraire, réglant tout dans l'Univers d'après les
décrets de sa souveraine et immuable volonté. L'homme, de sa
nature, est un être corrompu ; la grâce divine seule peut le régé
nérer, et il n'est jamais parfaitement sûr qu'il sera sauvé ou damné.
Pendant les premières années de ferveur religieuse, cette sévérité
outrée fut acceptée sans murmures ; mais son règne ne pom ait être
de longue durée. Ethan Allen, le vaillant capitaine qui gagna la
bataille de Ticonderoga, philosophait à ses heures ; il fut le premier
à se séparer du calvinisme, el il est ainsi le précurseur du rationa
lisme qui tomba dans l'autre extreme, et aboutit au déisme.
Berkeley, le grand idéaliste irlandais, \isita les Etats-Unis, et y
trouva un disciple enthousiaste dans Samuel Johnson (1696-1772),
le premier président de Columbia Unhersity (alors nommée King's
College) ; et plus tard dans Jonathan Edwards (1703-1758) *). Ce
dernier fut le plus subtil des idéalistes de la Nouvelle Angleterre,
et son nom se répandit même dans la mère-patrie qui honora de
quatre éditions ses volumineux écrits. En psychologie, Edwards fut
un idéaliste convaincu. Son livre sur Le libre arbitre fît surtout
époque. La volonté d'après lui est libre en tant qu'elle n'est pas mue
mécaniquement, et ab extrinseco. C'était la question brûlante des
controverses calvinistes, et Edwards était le premier à la poser et à
la résoudre d'un point de vue purement rationnel. Les spéculations
métaphysiques de ces penseurs les dégagèrent de plus en plus de
toute alliance théologique ; ils aboutirent au scepticisme de Hume,
et ils furent aussi, à leur façon, les précurseurs du rationalisme,
dont Thomas Paine est le principal représentant.
C'est pendant la période coloniale que furent fondés plusieurs des
collèges qui ont plus tard donné naissance aux grandes universités
actuelles. C'est ainsi que Harvard fut fondé en 1636 ; Yale en 1700,
Princeton, sous le nom de Nassau Hall, en 1746 ; Columbia, sous
le nom de King's College, en 1754. Tous ces collèges durent leur
origine au désir des différentes sectes de former leurs propres
ministres. Mais peu à peu tous tombèrent sous l'influence de
1) Cir. Riley, op. cit., Bk. II, p. 63, sqq. 610 3. B. CEULEMANS
l'esprit laïque, et du déisme, rationalisme déguis

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