Le nom égyptien du ministre de I économie - de Saïs à Méroé - - article ; n°1 ; vol.133, pg 73-90
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1989 - Volume 133 - Numéro 1 - Pages 73-90
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Yoyotte
Le nom égyptien du "ministre de I'économie" - de Saïs à Méroé -
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 1, 1989. pp. 73-
90.
Citer ce document / Cite this document :
Yoyotte Jean. Le nom égyptien du "ministre de I'économie" - de Saïs à Méroé -. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 1, 1989. pp. 73-90.
doi : 10.3406/crai.1989.14697
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1989_num_133_1_14697COMMUNICATION
LE NOM ÉGYPTIEN DU « MINISTRE DE L'ÉCONOMIE »
DE SAIS A MÉROÉ
PAR M. JEAN YOYOTTE
On sait ce que furent les compétences techniques et l'importance
personnelle des dioecètes dans l'Egypte lagide, notamment grâce
au célèbre cursus d'Apollonios, quand, sous Ptolémée II, se déve
loppait l'expansion économique et politique du régime alexandrin.
On comprend comment, sous Ptolémée Aulète, l'investiture comme
dioecète du publicain romain Rabirius signale, pour l'Egypte hellé
nistique, le commencement de sa fin. Le dioecète est, en effet, une
sorte de contrôleur général des ressources et de la production, en
matière de prévision comme de réalisation.
Il se trouve qu'un signe démotique (1)* dont la lecture n'est pas
évidente, sert dans le Papyrus Rylands IX (1,1-5,13) à écrire le
titre d'un personnage qui siège à Memphis et qui, sous Darius I, est
saisi en suprême instance d'un contentieux portant sur les biens et
prébendes d'un temple provincial. Ce personnage semble si éminent
que Griffith se demandait s'il ne s'agissait pas du satrape
lui-même1. Grâce aux P. démot. Zenon 1 et 2 et au décret trilingue
Caire CG 31089, Spielgeberg pouvait établir que le mot mystérieux
était employé à l'époque ptolémaïque pour parler du SiooojTyjç2.
En 1977, John W. Tait3 a réuni huit attestations de ce titre démot
ique — que nous appellerons A — auxquelles Edda Bresciani permet
d'en ajouter une neuvième confirmant l'équation A = « dioecète »4.
En revanche, l'exemple que celle-ci pensa découvrir sur l'ostracon
Karnak LS l5 est controuvé : il ne s'agit pas du diocète Phœnix, mais
d'un Peftjaoukhons6, fils de Pah(?)yk — et dont le titre (mr s$w,
* Les chiffres en gras font renvoi aux signes et groupes égyptiens, fig. 1.
1. Catalogue of the Démolie Papy ri in the John Rylands Library III, 1909,
p. 61 et p. 68, n. 1.
2. Die demotischen Urkunden des Zenon- Archivs, Demot. Studien 8, 1929, p. 3,
n. 3.
3. Papyri from Tebtunis in Egyptian and in Greek, Egypt Exploration Society,
Texts from Excavations III, 1977, p. 30-32, note m.
4. L'archivio demotico del tempio di Soknopaiu Nesos, Testi e documenti per lo
studio dell'antichità 49, 1975, p. 12-13 et 112, note à R° 5.
5. La spedizione di Tolomeo II in Siria, dans Das ptolemâische Âgypten,
Akten Symposions Berlin, 1976, p. 31-37, voir p. 31-32. — Registrazione catastale
e ideologia politica nell'Egitto tolemaico, dans Egitto e Vicino Oriente 6, 1983,
p. 51-31, voir p. 18-20.
6. Lecture de K. T. Zauzich, Enchoria 12, 1984, p. 193-194. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 74
« chef des scribes » ?) est différent7. La transcription mr htm, soit
« preposto al sigillo », qu'elle préconise est moins étayée encore que
que les quatre autres qui avaient été antérieurement envisagées8.
Il se trouve aussi que les inscriptions hiéroglyphiques privées font
connaître sept personnages dont les titulatures incluent, comme leur
principale dignité, un titre singulier et mal élucidé (2)9 que nous
appellerons B (on trouvera la bibliographie des sources en appendice,
p. 87) :
A. Horoudja né de Tesnakht, sous Darius I (521-486), titulaire de
fonctions religieuses dans le Delta occidental et à Héracléopolis.
B. Hor fils d'Oudjahorresné, vers la fin du règne du même Darius,
qui appartenait à une famille de comptables disposant de bénéfices
sacerdotaux dans le Saïd, le Delta et surtout dans le nord de la
Moyenne Egypte (Héracléopolis, Cynopolis, Akanthon).
C. Thotirdis, un contemporain de Nectanébo II (360-343), qui fut
inhumé dans le cimetière d'Hermopolis, sa ville d'origine. Ses charges
de prophète et ses titres sacerdotaux spécifiques montrent que ce
« gouverneur du Sud » exerçait son pouvoir de Cusae à Akôris, c'est-
à-dire sur la région qui allait former le vaste nome hermopolite de
l'époque grecque.
D. Tjiharpto qui prospéra également au temps du même pharaon
sébennytique. Originaire du Bas Delta central mais affecté très tôt
en Haute Egypte, il termina sa carrière comme « gouverneur du
Sud », opérant entre Philae et Antaepolis, couvrant ce qui sera la
Thébaïde de l'administration hellénistique, mais il installa sa tombe
à Saqqara, près du Sérapeum de Memphis.
E. Hapimen, originaire de Mefky, sur les confins sud-ouest du
Delta, qui, outre plusieurs fonctions palatines, eut rang de « gouver
neur de la Basse Egypte », très probablement au cours du ive siècle
avant J.-C.
F. Harkhebi surnommé Archibios (Irkbys), connu par une statue
venant de Mendès (Kansas City 47.12), sûrement d'époque ptolé-
maïque. Bienfaiteur du bélier sacré de Mendès, il se dit « directeur
des champs » dans une région (dont le nom semble inscrit Tl-nw) où
il faut reconnaître un surnom de l'Egypte (Tl-mrî).
G. Harpa[-?-] fils de Djeho (?), attesté par une statue d'époque
ptolémaïque (New Haven), titulaire d'une longue série de prêtrises
7. Je remercie Didier Devauchelle de m'avoir communiqué une photographie
du document et ses précieuses observations.
8. J. G. Grifïith, op. cit., p. 430 : p'h qui serait l'araméen phh, « governor ». —
W. Spiegelberg, Recueils de Travaux 33, 1911, p. 179 suggérant t'.ty, « vizir »,
puis Die demotische Urkunden des Zenon- Archivs, 1929, p. 3, n. 3 : sd',wty, « Schatz-
meister ». — E. Bresciani, L'archivio demotico..., 1975, p. 112.
9. Le Wôrterbuch der âgyptische Sprache IV, 1930, p. 30, 17 y voyait un titre
particulier de prêtre hermopolitain. LE NOM ÉGYPTIEN DU MINISTRE DE L'ÉCONOMIE 75
réparties dans toute l'Egypte (notamment dans « la Maison du Roi »,
i.e. à Alexandrie, à Canope et à Héracléion).
Au sujet de ces sept personnes qui portèrent notre étrange titre B
comme ultime distinction, on doit retenir les points suivants :
1. Il s'agit de très hauts dignitaires, à en juger par leurs autres
titres administratifs, principalement celui de « directeur des scribes
du Conseil » (mr ssw dldU, B, C, D, E, G). Ils étaient très riches et
influents, à en juger par la qualité artistique de leurs mémoriaux
(statues, sarcophages, oushebtis) et par leurs collections de bénéf
ices sacerdotaux acquis par tout le pays.
2. Le titre B est associé régulièrement (six de nos cas sur sept,
A, B, C, D, F, G) à celui de mr Iht, « directeur des champs », une
expression qui, depuis l'Ancien Empire, désignait, à divers niveaux,
des agents chargés des informations d'ordre cadastral et de la fisca
lité agraire. Dans deux cas, notre titre B est en connexion étroite
avec un autre titre (3), susceptible d'être lu hry wdb(w) ou hry
îdb(w).
Or, ces deux titres-là sont couramment conférés, dans les tableaux
légendes des temples ptolémaïques et romains, au dieu Shou, orga
nisateur mythique des terroirs10, et au roi qui assume son rôle, prin
cipalement dans le rite « offrir la sekhet », symbole de la campagne
cultivée11. Le second est indifféremment compris par les hiérogram-
mates comme signifiant « le supérieur des rives inondables » (hry
îdbw) ou « le supérieur des terrains riverains » (hry wdbw). Les
contextes montrent à l'envi que mr Iht et hry îdbw /wdbw, pratique
ment synonymes, définissent les activités de celui qui contrôle en
haut lieu les limites des propriétés foncières et qui pourvoit au ser
vice alimentaire des temples12. La fameuse Stèle de la Famine est
explicite13. A Éléphantine, dit-elle, le

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