Le Ouri, un jeu africain à combinaisons mathématiques - article ; n°1 ; vol.9, pg 9-22
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1908 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 9-22
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Avelot
Le Ouri, un jeu africain à combinaisons mathématiques
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 9, 1908. pp. 9-22.
Citer ce document / Cite this document :
Avelot R. Le Ouri, un jeu africain à combinaisons mathématiques. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de
Paris, V° Série, tome 9, 1908. pp. 9-22.
doi : 10.3406/bmsap.1908.7043
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1908_num_9_1_7043H. A.VJ&L0T. LE OUHI *Jt
LE OURI
Un jeu africain à combinaisons mathématiques
Par le capitaine R. Avelot
{& Communication)
Je demande la permission de revenir sur un jeu africain dont je vous ai
entretenu le 21 juin 1906*. Je dois répondre à une critique qui m'a été faite,
et la découverte de nouveaux documents me permet d'aborder la question
des origines, <que j'avais volontairement laissée de côté la dernière fois.
I. — Différentes catégories de jeux de godets
M. Deniker m'a reproché d'avoir dit que le ouri était un jeu exclusive-
ment africain, et il m'a renvoyé à ses Races et peuples*; je n'avais pas
attendu cette invitation ponr consulter son excellent manuel, qui est pour
moi un précieux instrument de travail. J'y avais vu que le ouri était rappro-
ché du tab égyptien, du patchesi hindou, du patoili mexicain. Il m'avait
semblé, et il me semble encore, que c'est une erreur.
M. Tylor, en tête de la savante étude qu'il a consacrée au patoili, étude à
laquelle m'a renvoyé M. Deniker, écrit ce qui suit :
a La famille de jeux à laquelle appartient notre trictrac est répandue dans
tout l'univers depuis une haute antiquité. On y déplace un certain nombre
de pièces sur un diagramme ou tableau (board), non selon le libre choix du
joueur, comme aux dames ou aux échecs, mais d'une quantité déterminée
soit par le sort, soit par les dés*. » Plusieurs trictracs cités par M. Tylor pré^
sentent une grande analogie de formes avec les jeux de godets dont j'ai1
parlé et, de fait, le tab égyptien n'est autre qu'un trictrac, mais il suffit de
se reporter aux règles que j'ai publiées pour se rendre compte que le ouri
sénégalais, Yadjito dahoméen, Vayo des Nago. Vérhérhè des Gabonais sont
de toute autre espèce. On y voit, en effet, trois choses essentielles, qui ne se,
retrouvent pas dans les jeux de la famille trictrac.
1° Le déplacement des"'Jnè,ces dépend du libre choix des joueurs, et cela
dans des conditions absolument originales, et spéciales à ces. jeux africains;
il n'est pas assujetti au hasard des dés ou à tout autre moyen analogue dq
tirer un nombre au sort.
1 Lieutenant R. âvjojdt. Lej&uééS49àéts. Un jeu africain h combinaisons mathé-^
jpfitdptesfihM.nMém. de la 'Soc. d'Awtnr., S' série, t. Vïl;1906, p, 367-271).
» Bulletin bftlîp^çhique de l'Anthropologie, t. XVIiï, 1907, p. 497.
2 £. B. Tylor. On the^ppie of patoili in Ancient Mexico and %ts probably asiaM
Qrigin (The Jaurnal ofjhe AmîhrQpologicM Instiluie of, Gtèkt Britain and Ireland, " vol. Vlh, 1879, p. 116-lïir '^ . fiir<!!r,f .
lÊftifoiTffi 9 JANVIER 1908 10
2° Les graines, pierres, cauries, etc., qui servent de dames, forment une
mise commune alimentée par moitié par chacun des joueurs; ces dames ne
sont différenciées dans chaque camp ni par la forme, ni par la couleur;
une dame qui a été jouée un certain coup par l'un des partenaires pourra
être jouée le coup suivant par son adversaire, si elle a changé de camp;
3° Le gain consiste dans la prise du plus grand nombre possible de dames,
et non dans l'occupation de cases ou trous.
Cependant si, à mon avis, il demeure vrai que le jeu de ouri est exclus
ivement africain, j'ai eu tort de considérer tous les jeux africains à godets
comme se rattachant au ouri; non seulement, en effet, il en est, comme le
tab, qui se rattachent à la famille trictrac, mais il en est encore d'autres, ou
tout au moins un, le tshela, qui n'appartient qu'à la catégorie des jeux
d'adresse, et qui ressemble beaucoup plus à notre vulgaire jeu de tonneau
qu'à tout autre1.
II. — Enumération des peuples africains qui pratiquent
les différents jeux de godets
II y a donc en Afrique trois espèces de jeux de godets : les jeux d'adresse,
que je réunirai sous le nom de groupe tshéla ; les jeux de la famille trictrac,
dont je ferai le groupe tab, et enfin les jeux à combinaisons mathématiques,
que je rangerai dans le groupe ouri.
Pour répartir entre ces trois groupes les différents jeux de godets que nous
connaissons, il est indispensable de revoir la liste des nations, chez le
squelles ce jeu a été rencontré.
J'ai déjà cité dans ma précédente communication : les Fouis, les Ouolofs,
les Mandingues, les Krou, les Agni, les Ashanti, les Akra, les Mina, les
Dahoméens, les Nago, les Mpongwé, les Kadshes2, toutes les peuplades du
Bahr-el-Gazal sauf les Mombouttou, les Kimbounda3, les nègres de l'Ouroua,
]^s Hottentots, If s habilan's dos Comor~s.
1 Règle du tshéla. — Le tshela est un pmmu rectangulaire en bois, percé de
40 petits trous ronds équidistants, disposés sur deux rangées, chaque trou étant remp
li d'objets ronds, habituellement des graines de fruits de la forêt. Chaque joueur
tient dans sa main trois de ces graines, et les jette à la manière de dés sur le bourrel
et qui se trouve au milieu de la planchette, les billes roulent avec une force plus ou
moins grande dans les trous de l'une ou de l'autre rangée. Et de là dépend le gain ou
la perte Si les billes jouées par un joueur tombent dans n'importe quel trou de son
partenaire, toutes celles qui s'y trouvent lui appartiennent (L. Magyar, lieisen in
Sud-Âjnka m die Jahren 1849 bis 1857, aus dem Ungarischen von J. Hunfalvy.
Pest-Leipzig 1859, t. I, p. 314-315
* J'avais cité ce peuple d'api es des renseignements de seconde main, et, sur la foi
de Schvveinfurth, je l'avais placé entre Tchad et Bénoué. Il s'agit des Kadyé du Zeg-
Zeg (Sokoto). Cf. Gerhard Rohlfs' l\ei*e durch Nord Afnka, im Ergaenzungshefte
JSr 34 zu Pttermann's Mill , 1872. p 66.
3 II y a deux ans, j'écrivais que les Kimbonda devaient être les Kimboundos? nom
sous lequel les nègres de Benguela désignent les nègres sauvages de l'intérieur. Ce
n'est pas absolument exact. Kimbounda est un ethnique dû à Ladislas Magyar, et qui,
chez lui, désigne toutes les tribus parlant la langue bounda, bonda ou abounda, à
savoir • les Nano, les Lobale, les Lounda, les Houmbé, les Ovampo (Op. cit.,
p. 440-445). AVELOT. LE OURI fî R.
II faut ajouter à cette liste :
1° Les Berbères du Sud-tunisien qui, comme les Hottentots, jouent avec
des crottes de bique dans des trous faits en terre1 ;
2° Les Maures du Sénégal; il est probable, en effet, que c'est le jeu auquel
Bourrel vit jouer deux griots maures; ils avaient fait des trous dans le sable,
planté des fiches dans les trous, et puis, par une combinaison que Bourrel ne
comprit pas, ils se prenaient des pions jusqu'à ce que l'un des joueurs fût
entré dans le camp de l'autre. Ils prétendaient que ce jeu était très difficile*;
3° Les Neyo du Sassandra (Côte d'Ivoire), qui appellent le jeu wolo ou
dagboprou, et y jouent avec des billes nommées dctgbo3;
4° Les Ewé du Togoland qui l'appellent adi, et y jouent avec des cauries;
à défaut de cauries et de planche de jeu, ils creusent deux rangées de six
trous en terre et jouent avec des cailloux; le jeu n'est pas inconnu non plus
des Haoussa de la colonie*. Il est remarquable que la règle de Y adi, qui a été
publiée au moment où je rédigeais ma précédente communication, et dont
je n'eus connaissance que peu après, diffère assez sensiblement de la règle
dahoméenne due à Foa, se rapproche de la règle nago donnée par l'abbé P.
Bouche et par d'Albéca, et ne diffère que par des points de détail de la règle
gabonaise, telle que je l'ai moi-même publiée5;
1 Ce renseignement précieux et, on va le voir, riche de conséquence*, m'a élë
donné par M. le Dr Hamy. Malheureusement les joueurs se sont enfuis à l'approche
de M. Hamy, de sorte qu'il lui fut impossible de recueillir des in

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