Le passage de l expédition d Oscar Baumann au Burundi (septembre-octobre 1892) - article ; n°29 ; vol.8, pg 48-95
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Le passage de l'expédition d'Oscar Baumann au Burundi (septembre-octobre 1892) - article ; n°29 ; vol.8, pg 48-95

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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1968 - Volume 8 - Numéro 29 - Pages 48-95
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Pierre Chrétien
Le passage de l'expédition d'Oscar Baumann au Burundi
(septembre-octobre 1892)
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 8 N°29. 1968. pp. 48-95.
Citer ce document / Cite this document :
Chrétien Jean-Pierre. Le passage de l'expédition d'Oscar Baumann au Burundi (septembre-octobre 1892). In: Cahiers d'études
africaines. Vol. 8 N°29. 1968. pp. 48-95.
doi : 10.3406/cea.1968.3124
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1968_num_8_29_3124CHR TIEN JEAN-PIERRE
cole Normale Supérieure du Burundi
Le passage de expédition dOscar Baumann
au Burundi
septembre-octobre 1892
Entre le septembre et le octobre 1892 le voyageur autrichien
Oscar Baumann qui arrive des bords du lac Victoria et qui doit se
rendre Tabora fait un détour travers le Burundi la rive
septentrionale du lac Tanganyika Cet aller et retour très rapide lui
permet de découvrir certaines régions du nord et du sud du pays et
il peut se glorifier avoir été le premier Européen avoir pénétré ce
pays événement peut être considéré comme historique au Burundi
et faire partie de la chronique nationale Baumann laissé par ailleurs
un ouvrage relatant son expédition et ses résultats qui fut publié
dès 1894 Berlin sous le titre Durch Massailand zur Nilquelle Les
récits des explorateurs ont souvent un ton quelque peu romanesque
destiné en leur temps piquer la curiosité des lecteurs européens
intéressés par le continent mystérieux et par les réalités coloniales
Mais notre propos est pas non plus de présenter un récit qui fut
connu surtout du public allemand
Cette expédition instar des autres voyages de ce type de la
deuxième moitié du xixe siècle pose en effet une série de problèmes
qui illustrent la nature des premiers rapports noués entre Europe
conquérante et les sociétés africaines Or il agit cette fois une
expédition tardive les grands voyages sont des années 50-70 qui
se déroule au moment où le partage colonial est largement avancé et
dans un pays qui avait gardé malgré tout la réputation une contrée
inabordable et était en effet resté intact cette extrême
fin du siècle Le contraste présente donc dans ce cas un aspect carica
tural ou exemplaire si on veut qui mérite être analysé Nous
envisagerons successivement trois points de vue OSCAR BAUMANN Aü BURUNDI 49
Celui des acteurs de la colonisation la nn du xixe siècle
leurs idées sur Urundi et les mobiles qui ont abouti cette première
traversée de 1892
Celui de Baumann lui-même explorateur une terra incognita
et les le ons il tire de son voyage usage une future colonisation
Celui des Barundi eux-mêmes enfin après ce que nous connais
sons maintenant de leur pays et après les souvenirs que certains ont
pu garder de cette époque Le caractère relativement récent de événe
ment 75 ans permet en effet de recourir la mémoire des anciens
et leurs récits
homme est pour ainsi dire tout entier dans les langes de son
berceau écrit Tocque ville au chapitre il de De la démocratie en
Amérique Certes toute évolution contemporaine de ce pays Afrique
orientale pas dépendu un événement qui finalement laissé
peu de traces Mais le premier contact est très révélateur des ambi
guïtés qui ont marqué la découverte réciproque des représentants
de deux univers celui de la colonisation allemande de Europe
industrielle et ceux des collines du Burundi de Afrique traditionnelle
CE QUE REPR SENTE URUNDI POUR LES MILIEUX COLONIAUX
VERS 1890
actuel Burundi appelé Urundi après le swahili par les explo
rateurs du xixe siècle forme un ensemble homogène sur le plan
naturel et humain il convient de rappeler Il coïncide avec le
massif montagneux qui domine le nord-est du lac Tanganyika Il est
délimité par une série de cours eau qui font figure de frontières
naturelles avec le Congo au nord-ouest la Rusizi) le Rwanda au nord
la Kanyaru) et la Tanzanie est en gros le cours inférieur de la
Ruvubu la Rumpungwe et la Malagarazi Il est formé une série
de quatre régions naturelles définies par leur altitude leur relief et
leur climat successivement ouest en est
La plaine de la Rusizi et des bords du lac Tanganyika une
région basse en dessous de ooo m) chaude et relativement sèche
Imbo
La crête Congo-Nil et les massifs du Sud une région élevée
plus de ooo m) escarpée fraîche et humide couverte de forêts
et de prairies de montagne le Mugamba et au sud le Bututsi
Des plateaux centraux entre 500 et ooo formés un
moutonnement de collines séparées par des vallées la pente irrégulière
et dont les fonds plats sont occupés par des marais de papyrus ou des
méandres le Kirimiro au centre le Buyenzi et le Bweru au nord JEAN-PIERRE CHR TIEN 50
Des régions déprimées est moins de 500 m) plus chaudes
et moins humides que le centre avec des savanes évoquant déjà celles
de actuelle Tanzanie et où les vallées sont occupées par de grands
marécages ou par des lacs le Bugesera au nord-est le Buyogoma et
surtout le Kumoso est1
Ce bassin montagneux débouchant sur une plaine effondrement
qui est plus une impasse une voie de passage se trouve par ailleurs
abriter une population dont les traditions les usages et la langue sont
communs Il une réalité kirundi qui déborde ailleurs sensi
blement vers est les frontières indiquées ci-dessus
Au pays des Monts de la Lune
Le relief du pays et le particularisme farouche de ses habitants
expliquent sans doute auréole légendaire qui entoure aux yeux des
premiers explorateurs venus dans les régions situées entre le lac
Victoria et le lac Tanganyika Il suffit de lire les paragraphes qui lui
sont consacrés par Burton ou par Stanley En 1858 Burton arrivé
avec Speke sur la rive orientale du lac Tanganyika fait une excursion
vers le nord jusque dans la région vira Le Burundi lui apparaît
au loin sous aspect une ligne de montagnes Il en parle en ces
termes
Le royaume Ouroundi situé au nord de lOujiji un développement
de côtes environ cinquante milles est une langue de terre plate une
fertilité excessive dominée peu de distance par une ligne de montagnes
enveloppées de verdure Le sol élève partir de la grève se dirige vers le
nord-est et arrive son point culminant dans le massif equatorial de Highlands
qui sous le nom de Karagouah prolonge ouest les Monts de la Lune La
résidence du mouami chef principal est située près de origine du Kitangouré
Kitangoulé ou rivière du Karagouah dont la source est au nord-est six jours
de marche du Tanganyika environ soixante milles après les Arabes établis
sement de Mouézi le mouami actuel est une grande étendue les cases en
sont construites en rotin et les lions abondent aux alentours
Le gouvernement de Ouroundi est monarchique dans toute acception
du mot particularité qui distingue cette province de toutes celles qui envi
ronnent Son mouami peut dit-on réunir presque immédiatement un nombre
considérable de guerriers qui font la terreur de ses voisins
On notera le caractère flou des indications géographiques concer
nant la région située est de la crête le centre du Burundi étant
Sur la géographie du Burundi cf LARNAUDE Un haut pays Afrique
le Rouanda-Ouroundi Revue de Géographie Alpine 1950 443-473 et
J.-P CHR TIEN et J.-L COIFARD Le Burundi Notes et Etudes Documen
taires 3364 février 1967
BURTON Voyages aux Grands Lacs de Afrique orientale Paris 1862
pp 478-479 OSCAR BAUMANN AU BURUNDI 5l
confondu avec le Karagwè et la résidence du mwami étant située
près de une des sources de la Kagera Kitangoulè On notera aussi
la résistance des indigènes toute pénétration étrangère le respect
ils inspirent alors aux Arabes informateurs de Burton On retrouve
enfin expression Monts de la Lune tirée des affirmations de
Ptolémée sur les sources du Nil et remise au goût du jour par la
découverte de Unyamwezi le terme de mwezi désignant la lune
Les rumeurs selon lesquelles Urundi était gouverné par un roi
nommé Mwezi déplacèrent vers ouest la recherche des Monts de
la Lune autant plus que les découvertes de Speke de Baker et
de Stanley au cours des vingt années suivantes firent la lumière sur le
rôle des Grands Lacs dans alimentation du Nil Blanc mais laissèrent
dans ombre le réseau des cours eau affluents du lac Victoria

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