Le phénomène de désindustrialisation et la Communauté Européenne - article ; n°6 ; vol.30, pg 985-999
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Le phénomène de désindustrialisation et la Communauté Européenne - article ; n°6 ; vol.30, pg 985-999

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Revue économique - Année 1979 - Volume 30 - Numéro 6 - Pages 985-999
Le but de cet article est de présenter une première synthèse des principaux critères de dés-industrialisation et des problématiques qui y correspondent, dans le contexte de la Communauté Européenne. Ce faisant, il est suggéré que les approches macro­économiques ont, en la matière, perdu beaucoup de leur intérêt au profit d'une approche plus désagrégée, allant jusqu'au niveau microéconomique de la firme et du produit.
Trois aspects du phénomène sont analysés : la contraction relative (voire absolue) de l'emploi industriel, une réduction relative de la production industrielle (à prix courant et/ou en termes réels), un déséquilibre plus ou moins persistant des balan­ces commerciales.
Les perspectives et les limites d'une stratégie industrielle commune sont finalement dégagées.
The phenomenon of de-industrialisation and the europe an community
The purpose of this paper is to survey the main arguments which have been put forward to explain the dangers of a European de-industrialisation and to discuss them.
Through this analysis; the limits of a macroeconomic outlook and the necessity of a very disaggregated approach are suggested.
Three dimensions of the phenomenon are analysed : the changes in the proportions of manufacturing employment in total employment for European countries, the movement in the share of manufacturing output in GDP, at current and ut constant prices, the evolution of the shares in the world expotts of manufactures. These aspects are closely connected as the shift away from manufacturing has implications for the balance of payments, and as services may not to he able to earn sufficient foreign currency nor to protide enough job a in the future. H is shown that in order to react positively to such a process of de-industrialisation, it is necessary to develop an indu.ftrial strategy at the product level, taking into account non-price factors as ivell as criterùi based upon price competitiveness.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alexis Jacquemin
Le phénomène de désindustrialisation et la Communauté
Européenne
In: Revue économique. Volume 30, n°6, 1979. pp. 985-999.
Résumé
Le but de cet article est de présenter une première synthèse des principaux critères de dés-industrialisation et des
problématiques qui y correspondent, dans le contexte de la Communauté Européenne. Ce faisant, il est suggéré que les
approches macro-économiques ont, en la matière, perdu beaucoup de leur intérêt au profit d'une approche plus désagrégée,
allant jusqu'au niveau microéconomique de la firme et du produit.
Trois aspects du phénomène sont analysés : la contraction relative (voire absolue) de l'emploi industriel, une réduction relative
de la production industrielle (à prix courant et/ou en termes réels), un déséquilibre plus ou moins persistant des balan-ces
commerciales.
Les perspectives et les limites d'une stratégie industrielle commune sont finalement dégagées.
Abstract
The phenomenon of de-industrialisation and the europe an community
The purpose of this paper is to survey the main arguments which have been put forward to explain the dangers of a European
de-industrialisation and to discuss them.
Through this analysis; the limits of a macroeconomic outlook and the necessity of a very disaggregated approach are suggested.
Three dimensions of the phenomenon are analysed : the changes in the proportions of manufacturing employment in total
employment for European countries, the movement in the share of manufacturing output in GDP, at current and ut constant
prices, the evolution of the shares in the world expotts of manufactures. These aspects are closely connected as the shift away
from manufacturing has implications for the balance of payments, and as services may not to he able to earn sufficient foreign
currency nor to protide enough job a in the future. H is shown that in order to react positively to such a process of de-
industrialisation, it is necessary to develop an indu.ftrial strategy at the product level, taking into account non-price factors as ivell
as criterùi based upon price competitiveness.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquemin Alexis. Le phénomène de désindustrialisation et la Communauté Européenne. In: Revue économique. Volume 30,
n°6, 1979. pp. 985-999.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1979_num_30_6_408498LE PHÉNOMÈNE
DE DÉSINDUSTRIALISATION
ET LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE
LA crise a mis en cause nos -st-r-uGt-ures industrielles et a accéléré
les mutations en cours. Parmi les perspectives se dégageant de
ces mutations, celle d'une « désindustrialisation » des pays de
la Communauté européenne est un thème qui préoccupe de plus en
plus les responsables de la politique économique 1.
L'objet de cet article est de présenter, dans une perspective euro
péenne, une première analyse des critères de désindustrialisation et
des problématiques qui y correspondent. Ce faisant, nous tentons de
montrer que les approches macroéconomiques ont, en la matière, perdu
beaucoup de leur intérêt au profit d'une approche plus désagrégée,
allant jusqu'au niveau -microéconomique de la firme et du produit.
Le concept de désindustrialisation est ambigu car il recouvre au
moins trois phénomènes : une contraction relative (voire absolue) de
l'emploi industriel, une contraction relative de la production indust
rielle (à prix courant et/ ou en termes réels), un déséquilibre persistant
de la balance commerciale exprimant une incapacité de couvrir les
importations par un niveau suffisant d'exportation. En outre, ces trois
dimensions sont susceptibles de se combiner en un processus cumulat
if : un pays, disposant d'une position internationale peu compétitive
est affecté par un déficit endémique de sa balance commerciale, aura
un faible taux de croissance de sa demande effective, un faible taux
d'investissement et de l'emploi et un faible taux de progrès technique
et de croissance de sa productivité. Certains auteurs ont dès lors défini
* L'auteur est professeur à l'Université catholique de Louvain et professeur
visiteur à l'Université de Paris I. Il remercie Ch. Huveneers et V. Leoz. Arguelles
de leurs commentaires. l
1. Plusieurs ouvrages publiés ou en cours de publication y sont d'ailleurs
consacrés. Voir par exemple F. Blackaby (éd.) [1979].
985
Revue économique — N" 6, novembre 1979. .
Revue économique
le phénomène de désindustrialisation comme étant une situation de
déséquilibre où le secteur manufacturier est de moins en moins apte
à réaliser un montant suffisant d'exportation par rapport aux importat
ions obligées, à des niveaux « socialement » acceptables de production,
d'emploi 2 et de taux de change (A. Singh in A. Jacquemin et H. de
Jong [1977], p. 204) 3. Ainsi que nous le verrons, une telle conception
souligne a contrario qu'il n'y aurait pas nécessairement un problème
parce que le poids relatif du secteur manufacturier diminuerait en
termes de production et d'emploi.
1. Les statistiques disponibles au niveau européen indiquent clair
ement que la plupart des pays de la CEE ont connu un déclin considé
rable de la proportion représentée par Yemploi industriel dans l'emploi
total.
Tableau 1. Evolution de l'emploi industriel en % de l'emploi total
«^ Année
1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977
Pays X
48,2 50,3 50,4 49,5 47,6 46,0 45,1 45,3 Allemagne 49,1 50,1
44,7 44,2 43,3 43,3 41,2 39,9 39,0 37,9 Belgique 44,9 44,8
37,2 34,2 33,8 32,3 31,5 31,4 30,4 Danemark 38,4 38,5 38,5
38,5 39,3 39,2 38,6 38,1 37,7 France 40,4 40,6 38,9 38,6
30,3 30,7 31,1 29,8 29,8 30,3 Irlande 28,7 29,7 30,0 30,9
44,3 44,0 44,1 44,1 43,5 38,6 Italie 41,8 43,1 43,7 44,1
48,6 49,2 47,3 46,3 45,1 45,3 45,7 46,5 47,3 47,9 Luxembourg
36,8 36,2 35,5 34,8 33,7 33,2 Pays-Bas 41,3 41,3 41,0 38,0
45,7 42,7 42,3 42,3 40,9 40,0 40,0 Royaume-Uni 46,7 46,8 46,5
Source : l'Observateur de l'OCDE.
2. La notion de niveau d'emploi « socialement acceptable » est complexe.
De ce point de vue, H. Tkzenas du Montcel [1978] estime que les politiques
dites d'emploi sont souvent des politiques de lutte contre la visibilité de l'inemploi :
« gonfler le nombre de fonctionnaires pour réduire celui des chômeurs, c'est échan
ger une inadaptation visible contre une autre qui peut être plus discrète, mais
qui est sûrement plus durable si le besoin collectif correspondant n'existe pas » ,
p. 314.
3. Il est évident qu'à un niveau suffisamment bas du revenu et de l'emploi,
à peu près n'importe quel secteur manufacturier serait capable de satisfaire la
demande domestique, tout en exportant pour payer les importations.
986 .
Alexis Jacquemin
Le tableau 1 donne quelques chiffres illustrant l'évolution pour la
période 1968-1977. La contraction relative de l'emploi est particulièr
ement élevée pour la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Grande-
Bretagne. Pour l'ensemble de la Communauté, le montant absolu de
l'emploi dans le secteur secondaire était de 45 millions de personnes
en 1965, soit 43,6% de l'emploi total, de 44,8 en 1970, soit
43 % et serait de 44 millions en 1980, soit 41 % (Commission des CE.,
[1976]). Il y a donc diminution même en termes absolus. Tout en
sachant que le rôle respectif des aspects structurels et cycliques dans
la réduction d'emplois varie d'un pays à l'autre et que le poids de
l'industrie diffère également 4, l'existence d'un phénomène européen
global paraît difficile à nier, du moins en moyenne période 5.
Mais ce phénomène ne serait pas dangereux s'il traduisait un double
processus : d'une part, un accroissement de la productivité dans le
secteur industriel (notamment lié à un changement de la structure de
production en faveur des branches à forte valeur ajoutée par emploi
ou à forte intensité de capital), favorisant la compétitivité internatio
nale et permettant de gagner des devises utilisables pour promouvoir
des emplois ailleurs ; d'autre part, un effet de l'enrichissement de la
population, l'élasticité de la demande au revenu étant plus forte pour
les services 6 : il devrait naturellement en résulter une réorientation de
4. Ainsi l'importance du secteur industriel en Allemagne suggère que ce pays
pourrait accepter une certaine « désindustrialisation 

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