Le phénomène de normalisation à l intérieur d un groupe social - article ; n°2 ; vol.53, pg 539-551
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Le phénomène de normalisation à l'intérieur d'un groupe social - article ; n°2 ; vol.53, pg 539-551

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Description

L'année psychologique - Année 1953 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 539-551
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 73
Langue Français

Extrait

G. de Montmollin
VI. Le phénomène de normalisation à l'intérieur d'un groupe
social
In: L'année psychologique. 1953 vol. 53, n°2. pp. 539-551.
Citer ce document / Cite this document :
de Montmollin G. VI. Le phénomène de normalisation à l'intérieur d'un groupe social. In: L'année psychologique. 1953 vol. 53,
n°2. pp. 539-551.
doi : 10.3406/psy.1953.30123
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1953_num_53_2_30123VI
LE PHÉNOMÈNE DE NORMALISATION
A L'INTÉRIEUR D'UN GROUPE SOCIAL
par G. DE MoNTMOLLIN
L'étude de l'influence du groupe sur l'individu est d'une incon
testable portée théorique et pratique; lorsque les modalités et les
constantes en auront été mises en évidence, la description et l'expli
cation du comportement et de l'apprentissage social, ainsi que celle
des dynamiques de groupe, seront considérablement en progrès et
l'application de ces lois envisagée avec rigueur et efficacité. Repre
nant les réflexions des philosophes et les intuitions des sociologues,
les psychologues ont cherché à faire apparaître les modifications
que subissaient les perceptions, les jugements, les opinions, les
attitudes, les actions des individus du fait de l'appartenance à un
groupe, à définir les conditions d'un tel phénomène et les relations
qui pouvaient exister entre l'apparition ou l'intensité du phénomène
et certaines variables de la situation expérimentale ou sociale; ce
problème ouvre d'importantes perspectives dans le domaine de la
psychologie sociale, mais aussi dans celui de la connaissance de
l'individu, connaissance plus concrète, plus totale, située dans un
contexte plus réaliste que la position traditionnelle qui étudie des
sujets isolés, séparés artificiellement de leurs milieux sociaux : les
études expérimentales de psychologie sociale viennent ici compléter,
à un niveau supérieur d'analyse, les études de psychologie indivi
duelle.
Le problème n'est pas nouveau 1, mais son étude systéma
tique commence surtout avec Shérif (19), qui, dans une expé
rience bien connue sur le mouvement autocinétique, fait appar
aître l'existence d'une norme sociale d'appréciation, différente des
normes individuelles antérieurement constituées et dont l'i
nfluence se manifeste encore sur les individus lorsqu'on leur demande
1. Cf. J. F. Dashiell. Experimental studies of the influence of social
situations on the behavior of individual human adults (in C. Murchison,
Handbook of social psychology, ch. XXIII, 1097-1158). 540 BEVUES CRITIQUES
d'apprécier individuellement, en une session expérimentale posté
rieure, la grandeur du mouvement... Cette expérience très contrôl
ée, fait intervenir un certain nombre de variables fixes, dont
l'étude a été reprise plus en détail par d'autres psychologues, sans
que les conclusions soient diminuées ou contredites; Shérif rapporte
ce phénomène à un processus individuel de changement de réfé
rence, dont il fait du reste le thème de tout son système d'ex
plication psychologique. Après lui, l'étude expérimentale de la
« pression sociale» a surtout porté sur le phénomène de sug
gestion. On s'est d'abord demandé s'il y avait une liaison entre
l'ambiguïté du stimulus et l'intensité de la suggestion : Schon-
bar (18), reprenant le schéma expérimental de Shérif, mais en
utilisant un stimulus objectif, a montré que là encore intervenait
un phénomène de normalisation sociale, dont les conditions et les
modalités d'apparition confirmaient en tous points les résultats de
Shérif; Coffin (9) a établi de façon ingénieuse et définitive que le
degré de suggestion était proportionnel à l'ambiguïté du stimulus :
ce stimulus peut du reste être sensoriel ou social, comme l'ont
montré les subtiles expériences d'Asch et de ses collaborateurs
(1, 2); et l'ambiguïté peut résulter de la subjectivité du stimulus
(Shérif, 19), de la finesse des différences à percevoir qui se trouvent
plus ou moins proches du seuil différentiel (Asch, 1, 2), de la comp
lexité de la structure objective d'une figure ou d'un dessin
(Luchins, 15), du manque de clarté de la définition du stimulus,
dans le cas d'un classement d'items (Asch, 1, 2) ou encore de l'im
précision des consignes. Bien que le phénomène soit manif
este à des degrés élevés de précision du stimulus, la plupart des
expériences ont surtout utilisé un matériel d'étude moyennement
structuré.
Le phénomène de suggestion qui polarisait l'attention en ce
domaine, et dont Coffin (9) fait la revue historique dans un article
majeur, a peu à peu changé de perspective; la suggestion, mode
spécial de réponse, et la suggestibilité, trait individuel de propen
sion au changement, n'ont plus été considérées comme des phé
nomènes indépendants de la situation sociale; leur étude, surtout
avec Luchins (15), se situe au niveau des interrelations indivi
duelles dans un même groupe. La suggestion sociale est alors
définie comme un processus d'influence et mise en relation avec la
personnalité ou le rôle des individus en présence. La caractéristique
méthodologique de ces expériences consiste en l'utilisation de sujets
de connivence qui donnent du stimulus, avant les sujets expér
imentaux, une estimation ou une interprétation standardisée et
convenue à l'avance.
Le développement expérimental de la psychologie des groupes,
l'intérêt porté au comportement de groupes tels que groupes de
discussion, comités, conférences, etc., ont amené un nouveau chan- DE MONTMOLLIN. LE PHENOMENE DE NORMALISATION 541 G.
gement de perspective dans l'étude de la normalisation interne
d'un groupe. On a davantage considéré le groupe comme une
unité fonctionnelle, résolvant unitairement et coopérativement un
problème; les psychologues ont alors cherché quelles relations appar
aissaient entre l'uniformisation des perceptions, des jugements, des
attitudes et des actions des différents individus et les conditions
propres au groupe, conditions de volume, de durée, de structure :
c'est ainsi qu'à l'heure actuelle, l'étude de la suggestion sociale
cherche principalement à mettre en évidence l'influence de variables
comme les motivations collectives, le climat social, les rapports
interindividuels, les rôles réciproques, et enfin les modes de com
munication dans le groupe.
La « cohésion » est définie par Festinger et ses collabora
teurs (10), comme la résultante des forces qui maintiennent
ensemble les membres du groupe, ou encore comme l'attraction
que le groupe exerce sur ses membres et qui est fonction à la fois
de la motivation qu'ont les à participer au groupe et
de la satisfaction qu'ils en retirent; la cohésion est une condi
tion importante du comportement de groupe; sa définition dyna
mique permet, avec un maximum de vraisemblance et de rigueur
opérationnelle, grâce à son analogie avec les phénomènes phys
iques, de faire varier quantitativement les situations expériment
ales, et, ainsi, de rendre compte d'un grand nombre de proces
sus complexes. Il n'est pas, à l'heure actuelle, de psychologue qui
n'utilise ce concept, dont le caractère de modèle mathématique
n'est pas sans séduction, et auquel Cattell rattache sa théorie de
la « syntalité » spécifique du groupe. C'est en faisant varier les
types et les degrés de cohésion que Back (3), dans une très belle
étude, dont le schéma méthodologique est un modèle du genre,
étudie comment dans un groupe de deux s'établit l'accord après
discussion; l'attraction qu'un groupe exerce sur ses membres peut
être basée sur personnelle des membres les uns pour
les autres, sur la réalisation d'une tâche commune, ou sur le prestige
du groupe; pour chacune de ces motivations, l'auteur établit expé
rimentalement deux degrés de cohésion. On donne à chacun des
partenaires une série de trois photographies représentant trois
phases d'une situation sociale; les deux séries diffèrent l

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