Le poids de l'État en économie post­socialiste : une analyse en terme de dépenses publiques appliquée à la Pologne - article ; n°4 ; vol.28, pg 85-114

Marie-Pierre Philippe-Dussine

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1997 - Volume 28 - Numéro 4 - Pages 85-114
The state's role in the post-Communist economy : An analysis of public expenditures applied to the Polish case.
Through the economic transition, eastern Europe seemed to be heading toward liberalism ; and Western observers feared lest these countries, after having accepted an omnipresent state for so long, be tempted to refuse all government interven- tionism, a refusal that would be just as dangerous. Nowadays however, post-Communist reality proves that the transition does not systematically mean the withdrawal of public authorities from the economy. The state is still very much present. The study of public expenditures can provide a prism for highlighting its new role. Trends, structures and eventual limitations are described ; and the new situation is compared with established models. The Polish case has been selected in order to assess the state's growing role during the transition.
En abordant la transition, les pays de l'Est semblaient s'orienter vers le libéralisme et les observateurs occidentaux craignaient qu'après avoir tant accepté d'un État omniprésent, ils soient désormais tentés par un refus non moins dangereux de tout interventionnisme. Aujourd'hui pourtant, la réalité du post-socialisme nous démontre que la transition ne signifie pas systématiquement un repli de l'action publique. L'État demeure bien présent à l'Est et c'est le poids de cette présence que nous voulons ici aborder. L'étude des dépenses publiques semble alors un prisme intéressant pour saisir le nouveau rôle de l'État. Nous en décrirons le mouvement, la structure et les éventuelles contraintes, puis tenterons de nous rapprocher de quelques modèles consacrés à l'évolution de l'État, en retenant l'exemple polonais pour apprécier concrètement ce que l'on peut déjà pressentir comme une croissance de l'Etat dans la transition.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 15
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Marie-Pierre Philippe-Dussine
Le poids de l'État en économie post­socialiste : une analyse en
terme de dépenses publiques appliquée à la Pologne
In: Revue d’études comparatives Est­Ouest. Volume 28, 1997, N°4. pp. 85­114.
Abstract
The state's role in the post­Communist economy : An analysis of public expenditures applied to the Polish case.
Through the economic transition, eastern Europe seemed to be heading toward liberalism ; and Western observers feared lest
these countries, after having accepted an omnipresent state for so long, be tempted to refuse all government interven­ tionism, a
refusal that would be just as dangerous. Nowadays however, post­Communist reality proves that the transition does not
systematically mean the withdrawal of public authorities from the economy. The state is still very much present. The study of
public expenditures can provide a prism for highlighting its new role. Trends, structures and eventual limitations are described ;
and the new situation is compared with established models. The Polish case has been selected in order to assess the state's
growing role during the transition.
Résumé
En abordant la transition, les pays de l'Est semblaient s'orienter vers le libéralisme et les observateurs occidentaux craignaient
qu'après avoir tant accepté d'un État omniprésent, ils soient désormais tentés par un refus non moins dangereux de tout
interventionnisme. Aujourd'hui pourtant, la réalité du post­socialisme nous démontre que la transition ne signifie pas
systématiquement un repli de l'action publique. L'État demeure bien présent à l'Est et c'est le poids de cette présence que nous
voulons ici aborder. L'étude des dépenses publiques semble alors un prisme intéressant pour saisir le nouveau rôle de l'État.
Nous en décrirons le mouvement, la structure et les éventuelles contraintes, puis tenterons de nous rapprocher de quelques
modèles consacrés à l'évolution de l'État, en retenant l'exemple polonais pour apprécier concrètement ce que l'on peut déjà
pressentir comme une croissance de l'Etat dans la transition.
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Philippe­Dussine Marie­Pierre. Le poids de l'État en économie post­socialiste : une analyse en terme de dépenses publiques
appliquée à la Pologne. In: Revue d’études comparatives Est­Ouest. Volume 28, 1997, N°4. pp. 85­114.
doi : 10.3406/receo.1997.2880
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1997_num_28_4_2880Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1997, 4 (décembre)
pp. 85-1 14 - Marie-Pierre PHILIPPE-DUSSINE
Le poids de l'État en économie
post-socialiste : une analyse en terme
de dépenses publiques appliquée à la Pologne
Marie-Pierre PHILIPPE-DUSSINE
Comme dans chaque région touchée par la crise, l'État est aujourd'hui
l'objet de toutes les attentions en Europe de l'Est l. Après la privatisation, peu
de sujets déchaînent en effet autant de passion en économie. Plus précisément,
c'est le poids de l'État qui pose surtout problème. Le monde communiste pens
ait s'orienter vers le libre-marché ; il pensait substituer une gestion libérale à
plusieurs décennies de planification centralisée. Les observateurs occidentaux
auraient même pu comprendre qu'après avoir tant accepté d'un État omniprés
ent, les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) soient désormais tentés
par un "plus jamais", par un extrême non moins dangereux que serait le refus
catégorique de tout interventionnisme. La réalité des économies post-social
istes nous démontre le contraire.
La transition n'a pas eu raison de l'autorité publique. Au contraire, loin
d'agoniser, l'État redécouvre les vertus d'une fiscalité longtemps écrasée par la
planification socialiste et réinjecte encore volontiers ses ressources dans le sys
tème économique. Pour comprendre aujourd'hui l'importance de ce nouvel
État qui émerge du post-socialisme en Europe de l'Est, nous avons délibéré
ment choisi de fonder cet article sur l'analyse des dépenses publiques, souvent
présentée comme un préalable nécessaire à toute réflexion sur la place et le
poids des pouvoirs publics en économie. Les dépenses publiques peuvent natu
rellement être étudiées sous divers angles. Ainsi peut-on tout d'abord s'atta
cher à décrire leur montant, leur structure et leur rythme d'évolution. Mais on
peut aussi fort bien tenter d'expliquer le pourquoi de ces dépenses et de leur
* C.R.E.D.E.S., Université de Nancy II (Faculté de sciences économiques, 13, place
Carnot 54035 Nancy Cedex). L'auteur tient à remercier, pour leurs remarques construc-
tives, les rapporteurs anonymes de la Revue d'Études Comparatives Est-Ouest qui ont
bien voulu se pencher sur cet article. Il reste bien entendu seul responsable des erreurs
et imprécisions qui subsisteraient.
1. L'État représente ici l'ensemble des administrations publiques mais, dans cet
article, nous nous consacrerons plus particulièrement aux administrations centrales qui
régissent les économies de transition en Europe centrale et orientale.
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évolution. L'analyse se tourne alors vers des schémas de décision publique, qui
révèlent la dépendance des dépenses publiques envers les autres formes
d'intervention étatique et demeurent de fait relativement prudents.
En nous axant tout particulièrement sur l'exemple polonais pour apprécier de
façon concrète l'évolution du poids de l'État dans une économie posts
ocialiste, nous nous proposons ici de dépeindre avant tout les caractéristiques
et les transformations des dépenses publiques ; nous en préciserons également
quelques grands déterminants, pour pouvoir ensuite esquisser les principales
lignes marquant l'évolution de l'État en économie de transition.
1. Caractéristiques et évolution des dépenses publiques en Pologne
On évoque parfois le budget comme le « microcosme des attitudes polit
iques » 2, tant il semble refléter les mutations socio-économiques de l'État. La
part des dépenses publiques dans le produit intérieur brut est d'ailleurs un indi
cateur souvent employé dans les pays capitalistes. Mais qu'en est-il dans les
pays de l'Est ? Si le niveau des dépenses publiques et les structures budgétaires
peuvent être de riches éléments de réflexion pour les économies de marché
occidentales, ce genre d'analyse est-il transposable aux post-social
istes ? Avant d'étudier les données budgétaires des pays de l'Est, on peut
effectivement s'interroger sur la capacité de l'analyse et de ces indicateurs à
être ainsi transposés à de telles économies.
1.1. Un indicateur : le rapport des dépenses publiques au PIB
Pour apprécier l'évolution relative de leurs dépenses publiques, les pays
occidentaux retiennent couramment la notion de Produit Intérieur Brut. Il
s'agit alors de rapporter les dépenses à la valeur de la production de biens et
services réalisée à l'intérieur du pays. Le résultat obtenu est censé illustrer le
poids de l'État dans l'économie. Mais quand il s'agit d'étudier la situation d'un
pays ex-communiste, une première difficulté se présente au niveau du dénomin
ateur. Les pays socialistes ont en effet longtemps préféré se baser sur un Pro
duit Matériel Net (PMN). Or, mis à part le problème d'évaluation qui se pose
en terme de validité des prix utilisés, cet indicateur montre quelques limites.
En particulier et conformément à l'analyse marxiste-léniniste, le PMN ne
recense que les productions physiques et exclut tous les services jugés non pro
ductifs tels que la santé ou l'éducation.
Par ailleurs, même si la plupart des PECO ont désormais intégré les outils
économiques et comptables des pays occidentaux, l'évaluation de leurs résultats et de leurs dépenses publiques reste encore relativement fragile.
2. Breton, 1978, p. 28.
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Naturellement, on discute souvent de la sincérité des statistiques officielles des
pays socialistes. Pourtant l'honnêteté des chiffres officiels ne constitue