Le positionnement commercial et social du Mexique dans l ALENA - article ; n°144 ; vol.36, pg 771-792
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Description

Tiers-Monde - Année 1995 - Volume 36 - Numéro 144 - Pages 771-792
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Ntoko Ngounou
Le positionnement commercial et social du Mexique dans
l'ALENA
In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°144. pp. 771-792.
Citer ce document / Cite this document :
Ntoko Ngounou Pierre. Le positionnement commercial et social du Mexique dans l'ALENA. In: Tiers-Monde. 1995, tome 36
n°144. pp. 771-792.
doi : 10.3406/tiers.1995.5000
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1995_num_36_144_5000LE POSITIONNEMENT COMMERCIAL
ET SOCIAL DU MEXIQUE
DANS L'ALENA
par Pierre Ntoko*
INTRODUCTION
Depuis le début des années 80 on assiste en Amérique latine à une revi
talisation de l'intégration économique régionale qui s'observe par la proli
fération des accords bilatéraux et sous-régionaux. Le programme « Entre
prise pour l'Amérique » de Гех-président Bush (juin 1990) a semblé donner
une cohérence d'objectif à cette multitude d'accords, à savoir préparer les
conditions de la constitution à terme d'une vaste zone de libre-échange
s'étendant d'Anchorage (en Alaska) à la Terre de Feu (au sud de l'Argent
ine et du Chili). Actuellement, deux grands regroupements sous-régio
naux (P Alena et le Mercosur) se démarquent et, bien qu'animés par le des
sein de l'initiative Bush, semblent devoir se cristalliser et se surveiller en
chiens de faïence pendant une longue période du fait de la rivalité entre une
puissance subrégionale (le Brésil) et une puissance hégémonique (les Etats-
Unis).
Autant le Mercosur (Mercado Comun del Sur) autour du Brésil peut
exprimer dans une certaine mesure la volonté des pays d'Amérique latine
de se rassembler pour accroître leur pouvoir de négociation vis-à-vis des
pays du Centre, autant l'adhésion du Mexique à I'alena (Accord de libre-
échange nord-américain) reflète la désolidarisation de ce pays du sud du
continent et son intégration dans le cercle des pays du Centre1.
• Membre du GREITD (Groupe de recherche sur l'Etat, l'internationalisation des techniques et le déve
loppement), Université de Paris XIII.
1. Aujourd'hui le Mexique est le seul pays d'Amérique latine à être devenu membre de l'OCDE depuis
son adhésion en mai 1994, juste après la ratification de I'ALENA par les Etats-Unis. Le programme « Enterp
rise for the Americas » par lequel les Etats-Unis souhaitent créer un vaste marché continental a été annoncé
par le président Bush en 1990 I'ALENA en est la première étape. L'accord a été signé le 17 décembre 1992 par
les présidents et Salinas et par le premier ministre canadien Mulroney. Il a été ratifié le
17 novembre 1993 par le Parlement des Etats-Unis. Le MERCOSUR, quant à lui, est un accord mis sur pied
par le Brésil et l'Argentine, signé entre ces deux pays et le Paraguay et l'Uruguay en 1991 (pour créer un
marché commun devant entrer en vigueur au 1er janvier 1995) dans le but de renforcer leur pouvoir de négoc
iation face aux Etats-Unis, dans le cadre de Г « Enterprise for the Americas ».
Revue Tiers Monde, t. XXXVI, n° 144, octobre-décembre 1995 772 Pierre Ntoko
L'intégration « informelle » du Mexique à l'économie nord-
américaine, qui est un fait constaté depuis longtemps, prend une
dimension sans précédent depuis le milieu des années 80 et une signif
ication nouvelle depuis l'orientation néo-libérale de la politique écono
mique mexicaine ; le Mexique en libéralisant son économie et en fai
sant un hymne aux exportations se positionne dès lors, pour les
investisseurs étrangers, comme le lieu idéal de production pour l'e
xportation vers l'OCDE.
L'objet de cet article est de mettre en évidence le fait que le Mexique
a fondé sa croissance sur un commerce (intrabranche) de biens manufact
urés qui, pour sa pérennité, nécessite des apports importants de capi
taux étrangers. Toutefois, l'attraction des capitaux étrangers tout
comme la compétitivité à l'exportation des produits industriels mexi
cains semblent devoir exiger que la rémunération de la force de travail et
les conditions de travail ne s'améliorent pas substantiellement. Il y a dès
lors le risque que le Mexique se présente dans I'alena comme une
simple plate-forme d'exportation vers l'OCDE.
Cet article comprend deux sections ; la première étudie le com
merce intrabranche du Mexique et montre l'orientation vers l'exporta
tion de biens exigeant un apport significatif de capitaux. La deuxième
étudie les conditions d'attrait de capitaux étrangers et de rémunération
de la force de travail.
I. LA STRUCTURE DES ÉCHANGES INTRA- ET INTERBRANCHE DU MEXIQUE
AVEC LE CENTRE ET LES BESOINS DE CAPITAUX
A. Un commerce avec quels partenaires ?
L'appartenance du Mexique à I'alena est l'aboutissement d'un
processus logique qui doit s'analyser dans une perspective spécifique ;
celle d'un pays de la périphérie qui a opté pour une stratégie d'indus
trialisation rapide : après avoir mis en œuvre une industrialisation par
la substitution des importations qui a vite montré ses limites, le
Mexique s'est orienté vers une stratégie d'industrialisation tirée par les
exportations. Toutefois, la première procédure n'a pas été totalement
abandonnée car elle n'a pas dépassé le stade plus complexe de
remplacement par une production domestique des biens de capital et
intermédiaires importés. Le chevauchement de ces deux stratégies,
dont l'une n'est que partiellement achevée et l'autre à sa phase
d'expansion, engendre deux phénomènes complémentaires, à savoir : Le positionnement du Mexique dans Valena 11Ъ
— des flux substantiels d'exportations dont la continuité exige l'assu
rance de débouchés stables ;
— un commerce intrabranche qui traduit l'effort d'exportation au sein
de branches qui voient leurs importations se maintenir sinon aug
menter parallèlement au dynamisme des expéditions vers l'étranger.
La progression du commerce intrabranche mexicain dans le contexte
économique international actuel suppose que ce pays arrive à différen
cier ses produits1, ce qui exige que l'appareil productif ait atteint un cer
tain niveau de complexité et de sophistication car, rappelons-le, le
Mexique a opté pour l'exportation concurrentielle de biens manufactur
és sur les marchés internationaux et non pour une spécialisation tradi
tionnelle de complémentarité2.
L'alena garantit au Mexique, comme nous le verrons, un cadre
stable pour continuer à satisfaire aux exigences nées de la confluence
des deux stratégies indiquées ci-dessus : Pálena assure au Mexique un
vaste marché stable mais aussi une source de capitaux nécessaires à la
sophistication de son appareil de production. Mais I'alena a une
autre signification : il formalise et renforce une « intégration silen
cieuse » (l'expression est de Clark Reynold3. Cette de facto
à l'économie nord-américaine est un choix, sans doute contraint par la
proximité géographique du marché nord-américain, mais un choix
stratégique d'industrialisation qui privilégie les économies d'échelle
réalisées au Centre et l'induction de l'industrialisation par le capital
provenant des pays avancés.
La stratégie industrielle du Mexique semble devoir renforcer sa
dépendance (au sens de l'école structuraliste)4 et son appartenance à
I'alena pose de manière cruciale la question pour lui du choix de ses
partenaires commerciaux. Cette question a été posée bien avant l'avène
ment de I'alena et une réponse pertinente, mais discutable, apportée
par Aaron Tornell (1986).
Selon cet auteur, la meilleure politique de développement d'un sec
teur manufacturier efficient dans la périphérie est, non pas une ouver-
1 . La différenciation du produit est l'un des principaux déterminants du commerce intrabranche selon
la nouvelle théorie du commerce international. Les auteurs de ce courant sont Krugman, Nor
man, Lancaster, Brander, Kierzkowski, Falvey. Pour une recension des théories émises par ces différents
auteurs voir D. Greenaway et C. Milner, 1986, The Economies of Intra-Industry Trade, Basil Blackwell.
2. Sur ces types d'échanges voir СЕРН, (1983), Ekonomie mondiale : la montée des tensions, Rapport du
CEPU, Econ

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