Le principe de raison suffisante en Logique et en Métaphysique - article ; n°35 ; vol.9, pg 297-325
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Revue néo-scolastique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 35 - Pages 297-325
29 pages

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Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 37
Langue Français
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Extrait

G. Simons
Le principe de raison suffisante en Logique et en Métaphysique
In: Revue néo-scolastique. 9° année, N°35, 1902. pp. 297-325.
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Simons G. Le principe de raison suffisante en Logique et en Métaphysique. In: Revue néo-scolastique. 9° année, N°35, 1902.
pp. 297-325.
doi : 10.3406/phlou.1902.1755
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1902_num_9_35_1755LE PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE
EN LOGIQUE ET EN MÉTAPHYSIQUE.
I.
LES OPINIONS EXTRÊMES.
On a beaucoup discuté sur l'opinion de Leibniz concer
nant la valeur logique ou métaphysique du principe de
raison suffisante. Sans vouloir nous arrêter à cette question
de critique historique, nous tenons à produire quelques
textes de Leibniz ; ils nous mettront en face du débat qui
s'est engagé autour du principe de raison suffisante.
« Nos raisonnements sont fondés sur deux grands prin
cipes, celui de contradiction... et celui de raison suffisante
en vertu duquel nous considérons qu'aucun fait ne saurait.
se trouver vrai ou existant, aucune énonciation véritable
sans qu'il y ait une - raison suffisante pourquoi il en est
ainsi et pas autrement « l).
Cette phrase a fait fortune ; elle pourrait servir d'ép
igraphe à la plupart des études consacrées au célèbre prin
cipe que Leibniz se flatte « d'avoir le premier mis en
lumière ». Fait, réalité ■ d'une part, énonciation, connais
sance d'autre part, sont-ce bien là les objets auxquels
s'applique le principe de raison ? En d'autres mots, d'après
Leibniz, ce serait-il à la fois principe de démon-
l) Monadologie, 31, 32. principe logique, et principe de choses, principe stration,
métaphysique ?
Il y a chez le philosophe de Hanovre des passages qui le
placent nettement en logique : <• Duobus utor in demon-
strando principiis... quorum altcrum est : omnis veritatis
(qure immediata sivo identica non est) reddi posse ratio-
nem, hoc est, notionem prsedicati semper notioni sui
suhjecti vel expresse vcl implicite inesse, idque... non
minus in veritatibus contingentihus quam neccssariis locum
il' lui reconnaît expreshaberc » T). Et par contre, ailleurs
sément une valeur métaphysique. « Jusqu'ici nous n'avons
parlé qu'en simples physiciens ; maintenant, il faut s'élever
à la métaphysique, en nous servant du grand principe qui
porte que rien ne se fait sans raison suffisante « 2). Enfin,
Leibniz condense parfaitement ce double aspect logique et
métaphysique, lorsqu'il écrit :* » Jamais rien n'arrive, sans
qu'il y ait une cause, ou du moins une raison déterminante,
c'est-à-dire quelque chose qui puisse servir à rendre raison
a priori, pourquoi cela est existant plutôt que de toute
autre façon r 3) ou encore : « Rien n'arrive sans qu'il soit
possible à r celui qui connaîtrait* assez bien les choses, de
rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il
en est ainsi et pas autrement » 4).
Pourtant dans la dernière période de sa vie, c'est le
caractère métaphysique du principe qui absorbe l'attention
de Leibniz : dans ses discussions avec Clarke sur l'existence
do Dieu, sur, la connaissance divine, tout l'intérêt de la
dispute porte, non sur le moyen de démonstration, mais
sur la chose à démontrer. - II faut avouer que ce grand
principe, quoiqu'il ait été reconnu, n'a pas été assez
employé, et c'est en bonne partie la raison pourquoi
jusqu'ici. la Philosophie première a été si peu féconde et si
1) De calcula philosoph.
2) Principes de la nature et de la grâce, n. 7.
3) Théodicèe, n. 44.
4)de la nature et de la grâce, n. 7. PRINCIPE DE -RAISON SUFFISANTE 299 LE
peu- démonstrative •> 1). « Ce principe change l'état de la
métaphysique qui devient réelle et démonstrative, au lieu
qu'autrefois elle ne consistait presqu'en termes vides »2).
Encore ne donne-t-il pas à ce principe métaphysique toute
l'ampleur qui lui revient : le de raison est le fo
ndement auquel ne se ramènent que les seules vérités de
faits contingents 3). Mais alors, diffère-t-il de l'acception
moderne du principe de causalité ? 4).
Quant à la signification logique, Leibniz n'est pas par
venu à la dégager de la signification métaphysique. Son
rationalisme le prédisposait à ne connaître que les démons
trations dédnetives/ a priori ; à n'employer, en d'autres
mots, dans ses raisonnements, comme raisons logiques
c'est-à-dire comme preuves des vérités à démontrer, que
des raisons ontologiques, c'est-à-dire les principes réels
des objets à démontrer. Seulement les connaissances induc-
tives, a posteriori, sont aussi sujettes à démonstration ;
mais pour elles, la raison logique, la preuve n'est pas un
■fondement objectif, une raison ontologique, elle n'est que
la raison de la connaissance, sans être en même temps la
raison réelle de la chose représentée par cette connaissance.
Il y a, par conséquent, deux- sortes de- fondements qui
peuvent servir de raisons logiques, démonstratives, et Leib
niz a omis de considérer ceux d'entre eux dont nous nous
servons peut-être le plus fréquemment : les fondements
exclusivement logiques. Faisant donc coïncider toujours
dans les démonstrations les fondements logiques et les fo
ndements ontologiques au risque d'embrouiller logique et
métaphysique, il s'est mis en péril de ne révéler que l'usage
métaphysique du. principe de raison et de s'attirer le
reproche qu'on ne s'est pas fait faute de lui adresser, d'ail
leurs d'une façon un peu excessive. « AVer also als lôgisches
1) Cinquième écrit à Clarke, n. 21.
2) Quatrième à n. 5.
3) Cfr. Windelband, Geschichte der neueren Philosophie, I, p. 463,
4) Sigwart, Logik, I, p. 247. G. SIMONS
Gcsctz aufstellt : Es solle nichts gedacht werden ohnô
Grund, meint jcdcnfalls et was ganz Andercs als Leibniz
gemeint hat » l).
D'ailleurs, l'opposition à ce sujet entre logique et méta
physique ne se dessine nettement que plus tard. En ces
derniers temps, c'est l'examen du côté logique auquel on
s'applique davantage : et combien exclusivement !
Pour Wundt, l'idée de raison n'a sa signification propre
que lorsqu'elle nous sert à déduire logiquement une consé
quence do conditions données, elle. n'a aucun rapport avec
les liaisons empiriques de faits, quels qu'ils soient. Aussi
« pour cela même, était-ce une application erronée et déjà
tout entachée de préjugés métaphysiques que celle qui
devait, d'après Leibniz, restreindre le principe do raison
suffisante aux seules connaissances empiriques». Le prin
cipe do raison est le principe fondamental de la dépendance
de nos actes de pensée, les uns à l'égard des autres2).
Pour Sigwart aussi il n'a de sens que sous le rapport
formel do nos connaissances. A nos actes de connais
sance, c'est-à-dire à nos jugements, il y a un fondement
psychologique : la présence simultanée do deux concepts,
sujet et prédicat ; ce fondement psychologique explique
le fait Ag la connaissance; mais il y a un fondement
logique qui en détermine la , nécessité ; or ce trouve son expression la plus parfaite dans la
dépendance d'une hypothèse par rapport à une autre
hypothèse ; ici en effet on fait abstraction do la vérité des
propositions, puisqu'elles sont hypothétiques, pour n'en con
sidérer que la connexion, la conséquence logique. Sous
cette seule signification le principe de raison peut se
ranger à côté de celui de contradiction3). Ce principe n'a
donc de sens que par rapport à la connaissance et non par
rapport aux choses : ce de fondement à conséquence
1) Sigwart, Logik, I, p. 248.
2) Logik, pp. 569 et 573.
3)p. 253. LE PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE 301
— principe de raison — ne peut à aucun titre être con
fondu avec l'influence causale ; car le principe de causalité
n'a, pas plus qu'un autre principe, de rapport avec la néces
sité logique de nos jugements; à moins de le transformer en
principe de connaissance l).
Voilà donc que pour Leibniz, le principe do raison suff
isante n'est principe fondamental que d

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