Le principe du déterminisme - article ; n°45 ; vol.12, pg 5-26
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Revue néo-scolastique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 45 - Pages 5-26
22 pages

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Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

Léon Noël
Le principe du déterminisme
In: Revue néo-scolastique. 12° année, N°45, 1905. pp. 5-26.
Citer ce document / Cite this document :
Noël Léon. Le principe du déterminisme. In: Revue néo-scolastique. 12° année, N°45, 1905. pp. 5-26.
doi : 10.3406/phlou.1905.1869
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1905_num_12_45_1869,
v ,
I.
LE PRINCIPE DU DÉTERMINISME
Qu'est-ce que le déterminisme ? A prendre le mot au
sens obvie, c'est la doctrine qui tient que certaines choses
ou que toutes choses sont déterminées, c'est-à-dirè que
certains facteurs internes ou externes en fixent d'avance,
de façon précise et exacte, les manières d'être et d'agir.
Une chose déterminée ne saurait être que ce qu'elle est ;
dès que les éléments qui la composent sont posés, plus rien
do ce qu'elle sera n'est laissé au hasard, au caprice, à la
liberté : tout est fixé, arrêté, réduit à des termes entre
lesquels il n'y a place pour aucune oscillai ion, pour aucun-
choix, pour aucune incertitude. Elle est donc soumise
à une inéluctable nécessité.
On a surtout parlé du déterminisme à propos des actes
de l'homme. S'ils sont tous déterminés, si, étant donnés
certains éléments, certaines conditions de milieu, de carac
tère, de circonstances matérielles ou psychiques, un acte,
et un seul, est possible et se réalise, c'en est fait du libre
arbitre. Ce mystérieux pouvoir qu'aurait l'homme de poser
à son gré les manifestations da son vouloir et de son acti*
vite, s'évanouit bientôt si chacune d'elles ne peut être que
ce qu'elle est. Il serait cependant inexact de concevoir le
déterminisme comme la négation du libre arbitre : sa
signification est à la fois plus restreinte et plus large. Il
est un déterminisme qui ne s'oppose pas à la liberté, il est
*) Extrait d'un mémpire cputopné par l'Académie royale de Belgique, et intitulé "
L$ DétmminUme, 6 L. NOËL
aussi une négation du libre arbitre qui ne procède pas du
déterminisme.
Sans doute, le déterminisme conclut à l'existence d'une-
nécessité dans le domaine auquel il s'applique, mais il y a
un déterminisme partiel et un déterminisme universel , et le
premier peut ne point s'étendre à tous les actes de l'homme.
D'autre part, la nécessité que le envisage est
essentiellement une nécessité rationnelle, et rien ne s'y
oppose davantage que la nécessité aveugle et capricieuse,
au nom de laquelle le fatalisme prétend nier la liberté. Le
déterminisme veut que l'acte soit le résultat de ses anté
cédents, qu'il soit rattaché à certaines conditions d'après
des lois invariables, contenu entre des termes fixes. L'homme
n'est pas libre dans son vouloir, précisément parce que
celui-ci dépend de causes qui ne peuvent produire qu'un
seul résultat, et ce résultat, s'il n'est pas toujours prévu,
est du moins prévisible. Le fatalisme, au contraire, soumet
nos actes à une puissance irrésistible, sans doute, mais
capricieuse, sans loi et sans frein, dont on peut tout
attendre et dont aucune science ne saurait jamais prévoir
les effets. ■
Le fatalisme est la forme primitive, grossière, antiscieiïti-
fique de l'idée de dépendance. Placé en face des choses,
l'homme les voit se succéder dans leur variété infinie sans
règle apparente, lui-même s'abandonne au hasard de ses
impulsions.
Lorsque la raison, à peine en éveil, l'entraîne à chercher
aux choses une explication . causale, sa première tendance
sera de les rapporter à quelque force capricieuse et fantas
tique, et, s'il se croit lui-même soumis à une puissance
mystérieuse, il la concevra sur le même modèle. Ce n'est
que plus tard, lorsque la réflexion lui a- montré dans la
nature des enchaînements réguliers, lorsque sa raison s'est
élevée à la notion abstraite d'une nécessité universelle,
(d'une loi invariable, que surgit l'idée du déterminisme.
A mesure qu'elle s'étend, le fatalisme recule ; partout où LE PRINCIPE DU DÉTERMINISME 7
la science a établi des lois certaines et fixes, le hasard et
l'imprévisible n'ont que faire.
Claude Bernard note très bien cette opposition.
« Le mot déterminisme, dit- il, a une signification diffé
rente de celle du mot fatalisme. Le fatalisme suppose la
manifestation nécessaire d'un phénomène indépendant de
ses conditions, tandis que le déterminisme n'est qu'une
condition nécessaire d'un phénomène dont la manifestation
n'est pas forcée *l).
Aux yeux du savant, le déterminisme, c'est la relation
nécessaire d'un phénomène avec ses antécédents, c'est la
base de la loi naturelle. Lo mot peut avoir une portée plus,
étendue, mais toujours il suppose une nécessité soumise
à. quelque règle rationnelle, accessible à l'intelligence. Dans
l'ordre logique, on dit qu'une conclusion est déterminée par
ses prémisses, on dit que la solution d'un problème est
déterminée par ses données. Les adversaires les plus
acharnés du déterminisme s'en prennent aussi à ce déte
rminisme logique. Ce n'est point là, cependant, l'aspect
principal du problème, et lorsqu'on parle du déterminisme,
on entend surtout parler du déterminisme de l'ordre réel,
de celui qui prétend soumottre à des lois rationnelles le
monde des existences.
Signalons quelques-unes des formules déterministes qui
ont cours dans la philosophie contemporaine. Mais, afin
d'en mieux saisir la portée et de définir les tendances
auxquelles elles se rattachent, il nous faut en rechercher
les origines et tâcher de découvrir les courants d'idées qui
leur ont donné naissance; pour être complets, nous devrons
remonter un peu haut : nous serons brefs.
Au moment de la Renaissance, une même préoccupation
tourmentait les penseurs. Délaissée, presque ignorée souvent,-
à l'époque de la décadence scolastique, la nature avait
p. l) U*. Introduction à l'étude de la, mïdecine expérimentale. Paris, Baillière, 1865, V-~ -'>'»'<?£■*■*.
$ L. NOEL
Soudain attiré l'attention d'un âge épris de renouveau.
L'art y puisait, à la suite de l'antiquité, des inspirations
vigoureuses et pleines de vie, la science cherchait à en
déchiffrer le mystère.
Dans cette étude, les premiers pas sont mal assurés : ce
sont des généralisations hâtives et imprudentes de données"
incomplètes. Elles portent l'empreinte d'esprits dont la
curiosité impatiente veut arriver au but en brûlant les
étapes. Mais bientôt les chercheurs s'assagissent, ils
s'astreignent à des procédés plus méthodiques, et les
résultats s'en montrent magnifiques : Copernic et Galilée
renouvellent l'astronomie, et les représentants de l'aristoté-
lisme, en s'opposant ridiculement à une théorie appuyée
sur l'évidence des faits, ne réussissent qu'à accentuer le
discrédit d'une philosophie dont leurs vaines subtilités
avaient depuis longtemps ruiné la prépondérance. Puis,
à côté de ces retentissantes conquêtes, se groupent nomb
reuses les découvertes et les inventions. Et les esprits,
constatant la banqueroute de la scolastique, en quête de
synthèses nouvelles, songent bien naturellement à employer,
pour les édifier, les méthodes qui viennent de conduire à de
si brillants résultats.
Quelle doit être la méthode du savoir, comment renou
veler les connaissances humaines, c'est le grand problème
qui se dresse à l'aurore de la philosophie moderne et qui
donne l'impulsion première à son développement.
La méthode nouvelle, on la demande aux sciences de la
nature. Or, celles-ci devaient leurs progrès à une expéri
mentation patiente et en même temps à l'application heu
reuse des mathématiques. Chacun de ces procédés va
f

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