Le Revizor dans la critique et la mise en scène soviétiques de 1967 à 1974 - article ; n°1 ; vol.50, pg 55-71
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Le Revizor dans la critique et la mise en scène soviétiques de 1967 à 1974 - article ; n°1 ; vol.50, pg 55-71

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Description

Revue des études slaves - Année 1977 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 55-71
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Claude Gorokhoff
Le Revizor dans la critique et la mise en scène soviétiques de
1967 à 1974
In: Revue des études slaves, Tome 50, fascicule 1, 1977. pp. 55-71.
Citer ce document / Cite this document :
Gorokhoff Claude. Le Revizor dans la critique et la mise en scène soviétiques de 1967 à 1974. In: Revue des études slaves,
Tome 50, fascicule 1, 1977. pp. 55-71.
doi : 10.3406/slave.1977.2043
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1977_num_50_1_2043REVIZOR DANS LA CRITIQUE ET LA MISE EN SCENE LE
SOVIETIQUES DE 1967 A 1974
PAR
CLAUDE GOROKHOFF
Depuis sa première représentation, le 19 avril 1836 à Petersbourg, le Revizor de
Gogoľ n'a cessé d'être ľépicentre constant de querelles sinon idéologico-littéraires,
du moins littéraires et dramaturgiques1 , et cela jusqu'à nos jours où, tout au moins
dans son pays d'origine, il « vit » plus que jamais, comme en témoigne le titre même
d'un article récent de Sovetskaja kultura : « Revizor živét »2 où l'auteur, A. Entin,
après avoir retracé l'histoire scénique du Revizor, rappelle au lecteur de l'hebdo
madaire que, pour son jubilé, le Malyj teatr (Petit théâtre) de Moscou reprendra
« comme avant » un spectacle « lié à son nom » . Au même moment, en septembre-
octobre 1974, les représentations au Revizor au Théâtre d'Art accueillent un public
où les enfants des écoles et des lycées le disputent en nombre aux adultes. Malgré le
réalisme un peu désuet qui marque le décor du spectacle, la pièce s'impose, inter
prétée avec la verve peut-être outrée d'un jeu où le langage devient parfois ivre de
lui-même. Mais la Russie de Nicolas Ier, le réfèrent, porte encore ici le poids clas
sique qui leste l'ivresse. Ces représentations du Revizor s'inscrivent dans le courant
continu et paisible de l'inteprétation scénique et littéraire de Gogoľ, agitée cepen
dant ces dernières années par des sursauts inhabituels comme la mise en scène de
Pluček, au Théâtre de la Satire, dont les Moscovites, cet automne 1974, attendaient
impatiemment la reprise, annoncée et vantée tant par les hebdomadaires littéraires
que par les agences de location des hôtels. L'existence même et le succès de cette
interprétation, dans tous les sens du terme, du Revizor témoignent de la recherche,
de la réflexion et de la passion qu'a pu susciter une œuvre dramatique ces dernières
années en Union soviétique.
1. SUCCES PERMANENT DU REVIZOR
a) La scène
Dès 1967, dans la revue Teatr, V. I. Kulešov3 , professeur à l'Université de Mos
cou, et le critique littéraire E. Poljakova4 font état d'une nouvelle mise en scène
1. Voir S. Maânskij, Xudoïestvennyj mir Gogolja, M., « Prosveščenie », 1971, 486 p.
2. Sovetskaja kul'tura, 18 octobre 1974, p. 3 (Le Revizor vit !).
3. « Tôt grotesk i ètot » (Ce grotesque-ci et celui-là).
4. « Tretij Revizor » (Le troisième Revizor ).
Revue des études slaves, Paris, L/l , 1977, pp. 55-71 . C.GOROKHOFF 56
du Revizor au Théâtre d'Art par Kovšov, d'après le réalisateur Kedrov, le premier la
saluant pour la nouveauté des effets de fantastique et de grotesque qu'elle crée, la s
econde déplorant en elle une virtuosité enclose dans la littéralité du texte qui, alors,
ne laisse aucune activité créatrice au spectateur, selon elle, la plus haute instance de
l'art. Mais, à la faveur de leur polémique, les deux critiques mettent déjà en év
idence un besoin nouveau, celui de « nouvelles lectures de classiques »! , de la réno
vation des formes scéniques, du droit à la recherche, de l'introduction du symbole
dans l'interprétation de l'œuvre, même si l'un recommande la prudence et l'autre un
peu plus d'audace et de créativité.
En 1969, c'est dans d'autres républiques de l'U. R. S. S. qu'apparaissent de nouv
elles initiatives. Au Théâtre Gorkij de Tachkent, Strigov, selon la revue Teatr, enri
chit la pièce « de nuances inhabituelles »2, en y insérant de discrêtes échappées vers
d'autres œuvres de Gogoľ, donc vers l'œuvre dans sa totalité : ainsi Xlestakov n'est
pas sans rappeler dans sa détresse d'affamé le Popriščin du Journal d'un fou. La
même revue signale, sans la dater, une représentation également neuve, et probable
ment contemporaine, eu égard au rapprochement fait avec la précédente, au Théâtre
de Sébastopol : l'utilisation de la pantomime paraît en être l'élément le plus original.
1972 vit la naissance de deux mises en scène qui firent grand bruit et qui jouis
sent encore, surtout la première, de la plus grande faveur. L'une est précisément
celle de Pluček, au Théâtre de la Satire, donnée pour la première fois le S mai 1972,
l'autre celle de Tovstonogov, au Grand théâtre dramatique Gorkij de Leningrad, le
18 mai 1972.
C'est Mme Vyšnevskaja qui, dans le quotidien Večernjaja Moskva3 , ouvre le feu
dans la série souvent enthousiaste, réprobatrice des comptes rendus sur le spectacle
de Pluček. Son compte rendu, dans le prolongement d'un long article qu'elle avait
publié sur les mutilations faites à la pièce dans ses représentations scéniques4 , loue
le Revizor de Pluček comme une rénovation à la fois originale et profondément
fidèle à l'esprit gogolien par le mélange de satire redoutable, de vaudeville, de gro
tesque fantastique et de fantaisie qu'a risqué le metteur en scène.
Dès le 6 mai, la Pravda elle-même consacre un article signé par G. Kaprálov au
nouveau Revizor moscovite : l'originalité du spectacle y est une fois de plus mise en
évidence et son intérêt auprès du public attesté avec un enthousiasme certain. Kap
rálov conclut, en effet, à propos de ce Revizor : « Живый а не академический, он
развивается как живый организм. Он растёт »5 .
Par ailleurs, le succès des deux nouvelles représentations du Revizor offre l'intérêt
essentiel de permettre mises au point et réflexions théoriques des metteurs en
scène eux-mêmes, des commentateurs et des critiques, non seulement sur la pièce
même, mais sur toute l'esthétique de Gogol. Considérons, dès à présent, quelques
traces de ces réflexions6 .
1 . V. I . KuleSov, art. cit., p. 1 3 .
2. « E tôt sčastlivyj Ivan Aleksandrovih », Teatr, 1970, 2.
3. 5 mai 1972, Revizor, p. 3.
4. « Čto eäče skryto v Revizore ? », Teatr, 1971, 2.
5. « Vivant et non académique, il (le Revizor) se développe comme un organisme vivant.
Il croît ».
6. Ces réflexions seront analysées lorsque sera envisagé le problème de l'interprétation
proprement dite. RE VIZOR DANS LA CRITIQUE ET LA MISE EN SCÈNE SOVIÉTIQUES 57 LE
Le 23 mai 1972, Sovetskaja kul'tura invite le lecteur à saisir l'importance du
problème de l'interprétation scénique des classiques en confrontant les réponses
des deux nouveaux metteurs en scène du Revizor, Pluček et Tovstonogov à trois
grandes séries de questions :
1 . Pourquoi, parmi toutes les pièces russes classiques, avez-vous choisi le Revi
zori
2. Comment définissez-vous, pour vous-même et pour les exécutants, l'esprit
essentiel du spectacle, le but de la nouvelle représentation ?
3. Gogoľ disait que le personnage principal de la pièce était le rire. Comment
cette remarque de l'auteur trouve-t-elle son expression dans votre spectacle ?
V. Pluček1 explique son choix par l'influence de son maître Meyerhold, metteur
en scène du Revizor en 1926, et par la signification à la fois historique et mondiale
d'une pièce dont l'absence au répertoire du Théâtre de la Satire ne pouvait durer.
Tovstonogov3 serait, lui, venu à Gogoľ par le biais de Dostoevskij et par la consta
tation d'un fait étrange : l'application de l'expression pouchkinienne « réalisme fan
tastique » à toute l'oeuvre de Gogoľ, sauf au Revizor. Les deux metteurs en scène
font ensuite pénétrer le lecteur dans la pièce elle-même pour en expliquer l'interpré
tation par leurs acteurs et ... par eux-mêmes. Nous aurons l'occasion de voir plus
loin les problèmes critiques qu'ils soulèvent à cet égard.

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