Le sanctuaire de Brauron et la religion grecque - article ; n°4 ; vol.132, pg 799-813
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1988 - Volume 132 - Numéro 4 - Pages 799-813
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Lilly Kahil
Le sanctuaire de Brauron et la religion grecque
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 4, 1988. pp. 799-
813.
Citer ce document / Cite this document :
Kahil Lilly. Le sanctuaire de Brauron et la religion grecque. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 132e année, N. 4, 1988. pp. 799-813.
doi : 10.3406/crai.1988.14678
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_4_14678COMMUNICATION
LE SANCTUAIRE DE BRAURON ET LA RELIGION GRECQUE
PAR Mme LILLY KAHIL
II y a une douzaine d'années environ, j'ai eu l'honneur de présenter
ici certains documents de la céramique du sanctuaire de Brauron,
fouillé par J. Papadimitriou de 1948 à 1963, documents qui m'ont
fourni des indications précieuses sur les rites pratiqués pour Artémis
dans son sanctuaire, sur leur signification et sur le rapport avec le
mythe. Depuis, j'ai pu entreprendre, grâce à l'autorisation libérale
de la Société Archéologique d'Athènes et de l'Éphorie de l'Attique,
une étude systématique de cette céramique, dont je pense qu'elle
apporte aujourd'hui d'autres précisions à nos connaissances1.
Situé sur la côte est de l'Attique à l'embouchure du petit fleuve
Erasinos, le sanctuaire de Brauron a en effet donné une documentat
ion d'une richesse et d'une variété telle qu'elle nous permet de
mieux comprendre la diversité du personnage de la déesse. Déjà,
l'étude de la topographie brauronienne, mais surtout celle des
documents iconographiques qui ont été retrouvés sur le site ou qui y
afférent, nous aident à reconstituer, au moins partiellement, rites,
culte et mystère de cette « religion artémisiaque », à élucider
les légendes souvent incomprises, et peut-être à retrouver le sens
de la mythologie primitive qui s'est développée autour de cette
divinité.
Mais considérons d'abord le sanctuaire lui-même : à Brauron,
comme si souvent ailleurs, la déesse s'est installée dans son paysage
favori, celui où l'eau est en abondance, une eau qui n'est pas néces
sairement celle de la mer, ni même une eau particulièrement douce
— à Brauron, en effet, l'eau est saumâtre, même celle de la source — ,
mais c'est l'eau qui favorise une végétation luxuriante, c'est celle
que l'on retrouve à Sparte et dans bien d'autres sanctuaires de la
1. Je tiens à exprimer, une fois encore, toute la reconnaissance que je dois
au regretté Jean Papadimitriou, ancien directeur général du Service Archéolo
gique grec pour m'avoir associée à la fouille de Brauron et confié la publication
de la céramique du sanctuaire, ainsi qu'aux différents éphores du Service des
Antiquités qui ont rendu cette étude possible. Parmi eux, ma gratitude toute
particulière s'adresse au Dr. V. Petrakos, Éphore de l'Attique et Secrétaire
général de la Société Archéologique d'Athènes qui, au cours de ces dernières
années, m'a constamment accordé les facilités nécessaires pour poursuivre ma
recherche. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 800
déesse, où la présence d'une source est si fréquente et où une forêt
avoisinante convient au caractère de la divinité2.
La partie archaïque du sanctuaire, en quelque sorte « le saint des
saints », est située non loin de la source, au pied de l'Acropole mycén
ienne, à l'emplacement d'une ancienne caverne où était installé
le petit « hérôon » d'Iphigénie, prêtresse d'Artémis, proche d'un
bothros d'époque géométrique, qui date le début de son culte dans la
première moitié du vme siècle3, lui-même situé entre l'héroôn et le
temple de la déesse.
Seule une partie du sanctuaire a pu être fouillée avant la mort de
Papadimitriou en 1963, mais grâce à une inscription du 111e siècle
avant J.-C, encore en partie inédite, mentionnée une première fois
dans un article de J. Papadimitriou, puis dans une étude de
Mme D. Peppas-Delmouzou, nous connaissons les noms d'autres
édifices, entre autres le Parthénon, Y amphipoleion, le gymnase, la
palestre4. Dans ce même article, deux inscriptions sont citées qui
mentionnent l'argent qui devait être versé à Apollon : on y lit
« l'argent sacré d'Apollon »5. Ceci soulève un problème que je me suis
souvent posé sur la présence du dieu dans le sanctuaire même.
Apollon, dont les représentations figurées trouvées jusqu'à ce jour à
Brauron sont relativement rares, — et le plus souvent le dieu est
figuré dans la Triade avec Artémis et Létô — , pouvait y être honoré,
mais pouvait aussi n'avoir un temple que dans les environs (on sait
en effet qu'un temple d'Apollon existe la voisine Prasiai6).
La reprise des fouilles de Brauron et la publication des inscriptions
permettront éventuellement de résoudre ce problème.
Il est vraisemblable d'autre part que le premier temple d'Artémis,
celui dont les traces demeurent à peine inscrites dans le sol rocheux,
date de l'époque de Pisistrate et des Pisistratides. On connaît d'ail
leurs la dévotion du tyran pour cette déesse honorée près de son
2. Cf. I. Kontis, « Artemis Brauronia », Arch. Deltion 22, 1967, p. 165 et n. 34.
3. La partie du plan concernant les édifices archaïques découverts à Brauron
au cours de la fouille est reproduite chez D. Peppas-Delmouzou, « Autour des
inventaires de Brauron », dans Comptes et Inventaires dans la cité grecque, Genève
1988, p. 326, fig. 1 ; le plan du sanctuaire tel qu'il a été relevé à la fin de la
fouille de J. Papadimitriou a été reproduit dans Ch. Bouras, 'H âvaOTrjAcooiç
rrjç aroâç rfjç BgavQœvoç, Athènes 1967, fig. 1. Sur le temple d'Artémis, très
probablement un temple à adyton, cf. J. Travlos, « Tpeïç vaot ttjç 'ApxéfxtSoç :
AôXiSfocç, Taupo7r6Xou xai BpaupcovÊaç », Neue Forschungen in griechischen
Heiligtûmern, Symposium Olympia 1974, p. 197-205 et fig. 7 (p. 203), et aussi
E. L. Schwandner, Der altère Porostempel der Aphaia auf Aegina, Denkmàler
antiker Architektur 16, Berlin 1985, p. 108-111, fig. 71.
4. J. Papadimitriou, « The Sanctuary of Artemis at Brauron », dans Scientific
American 1963, vol. 208, n° 6, p. 118 ; D. Peppas-Delmouzou, ibid., p. 336-
337.
5. D. Peppas-Delmouzou, ibid., p. 330-332.
6. Pausanias I, 31, 2. LE SANCTUAIRE DE BRAURON ET LA RELIGION GRECQUE 801
dème, celui des Philaïdes7. Je crois avoir démontré que la découverte,
sur l'Acropole d'Athènes, de quelques vases rituels, ces cratérisques
dont je parlerai plus loin, est une indication sûre de ce que certains
avaient parfois supposé, à savoir qu'à l'emplacement du Brauronion
de l'époque classique, il devait exister un sanctuaire plus ancien, lui
aussi dédié à Artémis, datant de l'époque de Pisistrate ou de
ses fils8.
Dans l'Antiquité grecque, le sanctuaire de Brauron était d'ailleurs
très célèbre : c'est lui qu'évoque Euripide dans son Iphigénie en
Tauride, et il semble même en connaître la topographie. Aux
vers 1446-1467, Brauron y est mentionné avec un autre sanctuaire
d' Artémis, tout proche au nord, celui de Halai Araphénidès, domaine
de l'Artémis Tauropole. Les vers du poète sont également impor
tants pour le mythe sous sa forme brauronienne : Athéna s'adressant
à Oreste, sur le point de quitter la Tauride avec sa sœur, lui dit :
« Vas donc... pars, emportant ta sœur et la statue. Mais quand tu
toucheras à la divine Athènes, sache qu'il est un lieu près des confins
extrêmes de l' Attique, voisin des rocs de Carystos, lieu sacré que mon
peuple appelle Halai. Là-bas, élève un temple, érige en ce temple
l'image dont le surnom rappellera et la Tauride... (v. 1448-1454) :
désormais les mortels connaîtront la déesse sous l'invocation
d'Artémis Tauropole. Et institue ce rite : aux fêtes de ce temple,
que le prêtre, en rachat

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