Le Socialisme scientifique d après le Manifeste Communiste (suite et fin) - article ; n°14 ; vol.4, pg 144-181
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Revue néo-scolastique - Année 1897 - Volume 4 - Numéro 14 - Pages 144-181
38 pages

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Publié le 01 janvier 1897
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Langue Français
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Extrait

Cyrille Van Overbergh
Le Socialisme scientifique d'après le Manifeste Communiste
(suite et fin)
In: Revue néo-scolastique. 4° année, N°14, 1897. pp. 144-181.
Citer ce document / Cite this document :
Van Overbergh Cyrille. Le Socialisme scientifique d'après le Manifeste Communiste (suite et fin). In: Revue néo-scolastique. 4°
année, N°14, 1897. pp. 144-181.
doi : 10.3406/phlou.1897.1549
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1897_num_4_14_1549VIII.
Le socialisme scientifique d'après le Manifeste Communiste
(suite et fin)
CHAPITRE IV.
TROISIÈME CARACTÈRE LA LUTTE DES CLASSES.
Nous avons mis en lumière les deux premiers caractères
généraux du Marxisme ; il reste à dégager le troisième.
Le matérialisme historique affirme que le seul facteur
décisif de l'histoire est, en dernière instance, le facteur éco
nomique. L'évolution professe que cette économie, base de la
superstructure civilisatrice, obéit aux lois du mouvement, tel
que la dialectique néo-hégélienne l'explique et l'applique.
Surgit maintenant la troisième question fondamentale :
quel est le moteur de ce mouvement dans l'histoire des sociétés
humaines ?
Le Manifeste répond nettement : c'est la lutte des classes,
résultant des intérêts économiques en conflit.
Ainsi sont écartées, du premier coup, les multiples solu
tions, imaginées dans le courant des siècles. Ainsi est notam
ment répudiée la théorie des grands hommes, des héros, de
cette élite de l'humanité qui mènerait les foules et les peuples
dans la voie du progrès humain.
Dans le système du Manifeste, les fondateurs de dynasties
*) Voir les deux premiers articles dans la Bévue Néo-Scolastique du
1er août 1896, pp. 272 et suivantes, et du 1er novembre 1896, pp. 398 et sui
vantes. ' SOCIALISME SCIENTIFIQUE. 145 LE
et les grands capitaines, les législateurs antiques et les bâtis
seurs d'empires ne jouent dans l'histoire d'autre rôle que celui
de servir d'étiquettes à de vastes mouvements anonymes,
nationaux ou internationaux, œuvres des classes fondées sur
l'économie sociale. Le nom fameux des Pharaon et des
César, des Charlemagne et des Napoléon n'apparaissent aux
yeux des socialistes scientifiques que comme des synonymes
de périodes sociales, fécondes en réformes et en institutions
nouvelles, produites non par le génie de ces hommes, mais
par la force des classes qu'ils représentaient. Si ces prétendus
« héros r. s'étaient avisos d'aller à rencontre des intérêts de
la classe sociale dominante, c'est-à-dire du « moment écono
mique nécessaire », ils auraient été brisés comme verre ;
de leur action vaine, l'histoire n'aurait retenu qu'un misé
rable avortement. S'ils ont réussi, c'est que à l'heure voulue,
ils ont été les exécuteurs des hautes et basses œuvres de la
classe régnante, les agents plus ou moins conscients de l'évo
lution économique.
Qu'on ne parle plus, dans ce système, des puissants mou
vements religieux, des enthousiastes courants vers l'Idéal,
créés par des hommes de génie, par des philosophes de car
rière, ou par des prophètes de Dieu : si ces agitations ne cor
respondent pas aux exigences économiques du moment, l'effet
produit peut être comparé à celui de la brise ridant un instant
la surface du fleuve au lit profond dont les lourdes eaux conti
nuent de rouler dans la direction fatale de son cours. Vaines
sont toutes les institutions, toutes les idéologies qui ne
reposent pas sur le granit de la classe dominante, de l'intérêt
économique.
De ces hauteurs du Marxisme, l'histoire de l'humanité
apparaît comme une lutte continue entre d'immenses masses
d'hommes, couches sociales différentes, opposées par leurs inté
rêts matériels. Les individus ne comptent pas ; à peine sont-
ils des poussières de l'un des tourbillons gigantesques en
lutte. 146 C. VAN OVERBERGH.
Ces masses dominent les générations et les races ; une
individualité, si puissante soit-elle, est entraînée comme un
fétu de paille par l'irrésistible courant des choses. C'est de
ces masses, de ces ensembles, de ces couches sociales seules
qu'il faut se préoccuper pour comprendre le mouvement de
l'histoire des sociétés humâmes.
« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, dit le Manif
este, n'a été que l'histoire des luttes de classes. » l)
Et aussitôt, il ajoute, pour expliquer cette thèse fonda
mentale :
« Hommes libres et esclaves, patriciens et plébéiens, barons
et serfs, maîtres de jurandes et compagnons, en un mot,
oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené
une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée ;
une qui finissait toujours ou par une transformation
révolutionnaire de la société toute entière, ou par la destruc
tion des deux classes en lutte.
» Dans les premières époques historiques, nous constatons
presque partout une division hiérarchique de la société, une
échelle graduée de positions sociales. Dans la Rome antique,
nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens et
des esclaves ; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des
maîtres, des compagnons, des serfs ; et dans chacune de ces
classes, des gradations spéciales.
» La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la
société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle
n'a fait que substituer aux anciennes de nouvelles classes, de
nouvelles conditions d'oppression, de formes de
lutte. Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de
l'ère de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes
de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes
camps opposés, en deux classes ennemies : la bourgeoisie et
le prolétariat » . 2)
1 ) Manifeste Communiste, p. 6.
2) Manifeste, l. c. p. 7. LE SOCIALISME SCIENTIFIQUE. 147
Telle est la thèse fondamentale.
Elle est énoncée avec clarté et précision. Le moteur essent
iel de l'histoire des sociétés est la lutte des classes.
Il n'est aucun point de la théorie socialiste, sur lequel le
Manifeste et ses auteurs aient insisté davantage. On n'en
trouve pas qu'ils aient développé avec plus de détails. Il n'en
est pas qui ait été plus universellement admis par les tenants
du socialisme contemporain. Si une certaine opposition s'est
manifestée sur la théorie de l'évolution néo-hégélienne, si de
nombreuses dissidences ont éclaté, surtout de nos jours, sur le
matérialisme historique, il semble que la lutte des classes ait
vaincu dès l'abord, et depuis, toute espèce de résistance.
Regardez autour de vous : en vain vous chercherez un pr
ogramme de parti ouvrier qui ne repose pas sur la lutte des
classes comme sur sa pierre angulaire ; et tel est le fondement
non seulement de l'actuelle Internationale, mais des deux
premières associations universelles de travailleurs, que Marx
a fondées et dirigées. Au frontispice de toutes les écoles,
au drapeau de tous les partis socialistes, est inscrit, comme
synthèse de leur action, ce principe essentiel : lutte des classes.
Comment se révèle la lutte des classes dans le passé ? se déroule-t-elle dans le présent ? Quel rôle jouera-
t-elle dans l'avenir \ Telle est la triple question que nous
allons chercher à résoudre, en nous éclairant des solutions
préconisées par le Manifeste, par ses auteurs, et par ses com
mentateurs autorisés. Des faits se dégageront ainsi peu à
peu les caractères fondamentaux d'une définition que nous
formulerons à la fin de notre travail.
La lutte des classes dans le passé.
« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, n'a été que
l'histoire des luttes de classes. » C'est l'énoncé formel de la
thèse, inscrite en tête du Manifeste Communiste.
REVUE NÉO-SCOLASTIQUE. 11 148 C. VAN OVERBERGH
Beaucoup d'écrivains ont compris cette phrase dans son
acception générale et normale. A leur avis, la thèse des
auteurs du

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