Le surpeuplement des campagnes chinoises, l exemple de la commune populaire de  Wantou - article ; n°80 ; vol.20, pg 833-848
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Le surpeuplement des campagnes chinoises, l'exemple de la commune populaire de Wantou - article ; n°80 ; vol.20, pg 833-848

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Description

Tiers-Monde - Année 1979 - Volume 20 - Numéro 80 - Pages 833-848
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Guichaoua
Le surpeuplement des campagnes chinoises, l'exemple de la
commune populaire de Wantou
In: Tiers-Monde. 1979, tome 20 n°80. pp. 833-848.
Citer ce document / Cite this document :
Guichaoua André. Le surpeuplement des campagnes chinoises, l'exemple de la commune populaire de Wantou. In: Tiers-
Monde. 1979, tome 20 n°80. pp. 833-848.
doi : 10.3406/tiers.1979.2906
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1979_num_20_80_2906SURPEUPLEMENT LE
DES CAMPAGNES CHINOISES
L'EXEMPLE DE LA COMMUNE POPULAIRE
DE WANTOU
par André Guichaoua*
Les voyages ď « amitié et d'étude » en Chine sont organisés selon des
règles codifiées et contraignantes. Les visites de communes populaires, so
igneusement choisies et très systématiquement parcourues, sont toujours édi
fiantes. De même le discours sur l'agriculture, repris à chaque étape avec ses
principes, ses mots d'ordre et ses objectifs, est hautement structuré économi
quement et politiquement.
Cependant, pour peu que certaines conditions soient réunies (autorités
compréhensives, interprètes de bonne volonté, état d'esprit positif de la part
des visiteurs), des renseignements précis et chiffrés peuvent être obtenus et
permettent de mieux appréhender le fonctionnement interne de ces communes.
Et ce d'autant plus que les données recueillies s'avèrent, pour autant que l'on
puisse en juger, relativement crédibles et cohérentes dans le cadre des modes de
calcul en vigueur dans les communes (i).
La situation locale apparaît alors immanquablement plus complexe et
nuancée qu'exposés et visites ne le laissaient penser même si ces quelques
informations, essentiellement agronomiques et économiques, demeurent très
fragmentaires pour répondre à de nombreuses questions pourtant essentielles
sur l'emploi, l'investissement, la politique économique concrète de la commune
dans son contexte régional et surtout sur la réalité des rapports sociaux au sein
de la paysannerie.
La visite de la commune populaire de Wantou doit, aux yeux des visiteurs,
illustrer et prouver de manière exemplaire que la « politique agricole » chinoise
a permis de vaincre, « malgré des insuffisances », le problème du surpeuplement
des campagnes. La démonstration proposée est intéressante et argumentée mais
il faut, avant de présenter ses résultats, essayer d'en situer la valeur et la portée.
Les réalisations de cette commune « avancée » sont bien entendu, comme
* Ancien maître assistant de Sociologie à l'Université d'Oran ; assistant de Sociologie
de l'Université de Brest.
(i) L'ensemble de ces données, dont le traitement doit beaucoup aux conseils et apports
de Claude Aubert (inra), figure dans le texte Aperçus agro-économiques sur la Chine
rurale développée (Centre des Publications, Université d'Oran, octobre 1978, 184 p. et
annexes). L'essentiel est en cours de publication, en anglais, dans la revue Michigan Papers
(Center for Chinese Studies, The University of Michigan).
Revue Tien Monde, t. XX, n« 80, Octobre-Décembre 1979 8 34 ANDRÉ GUICHAOUA
chacun peut s'y attendre, exemplaires et exceptionnelles à beaucoup d'égards.
Mais un tel constat ne suffit pas pour affirmer, naïvement, que toutes les
communes de la région « prennent exemple » sur celle de Wantou, ou, à
l'opposé, pour dénoncer Г « intoxication » de visiteurs dupés par une mise en
scène mystifiante.
Pour être convaincante, une démonstration doit définir son champ d'appli
cation. Les quelques points de repère suivants voudraient permettre de situer,
grossièrement mais de manière significative, la situation de cette commune
« pilote ».
WANTOU, UNE COMMUNE POPULAIRE D « AVANT-GARDE »
Le premier élément d'appréciation réside dans les observations fragment
aires que les déplacements rendent possibles. En cette période de pointe du
calendrier agricole (récolte du riz et semis du blé d'hiver), les scènes sont
étonnamment semblables dans toute la région, mais les contrastes entre la
situation commune et le « terrain » qui nous a été proposé n'en prennent que
plus de relief. Le riz est partout coupé à la faucille et transporté à la palanche
sur les étroits talus qui séparent les parcelles. Déposées au bord des routes ou
chemins, les bottes sont réceptionnées sur des charrettes surchargées à l'extrême,
les remorques des motoculteurs ont quasiment disparu. De même sur les
aires de battage, les batteuses et égreneuses utilisées à Wantou cèdent très
souvent la place au mulet tournant avec son rouleau sur les épis et le van
en osier remplace presque partout les tarares équipés d'un gros ventilateur
aperçus dans notre commune.
Le caractère a-typique de Wantou est beaucoup plus profond encore que
ces indications ne le laissent présager si l'on compare ses principales carac
téristiques à la moyenne chinoise. Dans tous les domaines les écarts sont
impressionnants : ioo % des surfaces cultivées y sont irrigués contre 40 %
en moyenne dans les provinces, 190 kg d'azote à l'hectare pour les seuls engrais
chimiques mais seulement 40 kg en moyenne pour l'ensemble du pays, les
rendements quant à eux sont, avec 140,5 q de grains par hectare cultivé,
supérieurs de 275 % à l'objectif du Programme national pour le développement
agricole de 1956-1967 et dont le chiffre moyen de 37,5 q/ha pour la région
centrale n'est pas encore atteint ! Comparons encore nos 30 % d'emplois
industriels à l'évaluation optimiste de Sigurdson proposant 5 % de la popul
ation active totale concernés par l'industrialisation rurale. Où faudrait-il
enfin situer les revenus de Wantou, supérieurs de 3 5 % à ceux de la commune
« pauvre » que nous avons visitée, celle-ci étant déjà implantée sur les piémonts
bien arrosés des monts Taihang et bénéficiant de son rattachement à Linxian,
chef-lieu du district, exemplaire s'il en est, du canal Drapeau rouge... Si l'on
précise que les potentialités hydrauliques ne sont guère extensibles du fait des
contraintes naturelles et technologiques, que les engrais sont chers et rationnés,
que les semences améliorées sont exigeantes et en cours de diffusion et que les
crédits de l'Etat ont du mal à s'éloigner des zones « développées », on peut
mesurer à quel point la démonstration est circonscrite et peu gênêralisable. De
telles communes, loin d'être les « modèles du développement chinois », repré
sentent plus modestement le potentiel des %pnes riches de la Chine, et c'est à ce titre
que leur étude est intéressante. LES CAMPAGNES CHINOISES 835
PRÉSENTATION DE LA COMMUNE
La commune de Wantou (district de Hanjiang, province du Jiangsu), se
situe près de Yangzhou, la capitale régionale du cours inférieur du Huaihe,
à une centaine de kilomètres environ au nord-est de Nankin.
La région a subi de profondes transformations au cours des dernières
années, particulièrement depuis l'achèvement des importants travaux d'amé
nagement hydraulique de Lixiahe : « Avant la Révolution, nous racontent les
président et vice-président du Comité révolutionnaire (cr), inondations et
sécheresses alternaient et les récoltes, bonnes ou mauvaises, ne profitaient
qu'aux riches (les rendements moyens sur deux récoltes atteignaient 250 jin/mou
[18,75 q/ha]) et ne modifiaient guère l'état de misère de la paysannerie. Depuis
la Libération, le mot d'ordre : « Indépendance, autonomie, comptons sur nos
propres forces et luttons âprement » a été mis systématiquement en œuvre. »
Les plans d'aménagement successifs de la commune en témoignent.
Depuis 1958, 11,7 millions de mètres cubes de terre ont été « remués » (c'est-à-
dire totalement épier rés, aplanis et aménagés) et 75 écluses et ponts ont été
construits grâce à la mobilisation de toutes les forces productives disponibles.
La commune est irriguée par 100 km de canaux d'irrigation et de drainage,
et 12 km de canaux souterrains sont déjà installés.
Ces nouvelles transformations, ainsi que la refonte de l'habitat qu'elles

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