Le système familial songhai-zarma - article ; n°2 ; vol.62, pg 161-181
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Description

Journal des africanistes - Année 1992 - Volume 62 - Numéro 2 - Pages 161-181
L'étude du système familial songhay-zarma (Niger), donnée ici, décrit les statuts et les attitudes observés dans les différentes relations des membres de la famille entre eux. Cette description a pour but de donner un caractère vécu à l'aspect toujours un peu normatif de la terminologie et fait intervenir le champ de l'affectivité.
This study of the Songhai-Zarma family system (Niger) describes the statuses and attitudes observed in relations between various family members. The intention is to provide a living description, grounded in experience and feelings, of what is usually presented with rather normative terminology.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jeanne Bisilliat
Diouldé Laya
Le système familial songhai-zarma
In: Journal des africanistes. 1992, tome 62 fascicule 2. pp. 161-181.
Résumé
L'étude du système familial songhay-zarma (Niger), donnée ici, décrit les statuts et les attitudes observés dans les différentes
relations des membres de la famille entre eux. Cette description a pour but de donner un caractère vécu à l'aspect toujours un
peu normatif de la terminologie et fait intervenir le champ de l'affectivité.
Abstract
This study of the Songhai-Zarma family system (Niger) describes the statuses and attitudes observed in relations between
various family members. The intention is to provide a living description, grounded in experience and feelings, of what is usually
presented with rather normative terminology.
Citer ce document / Cite this document :
Bisilliat Jeanne, Laya Diouldé. Le système familial songhai-zarma. In: Journal des africanistes. 1992, tome 62 fascicule 2. pp.
161-181.
doi : 10.3406/jafr.1992.2361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1992_num_62_2_2361JEANNE BISILLIAT, DIOULDÉ LAYA
Le système familial songhay-zarma
Une enquête sur le système d'éducation traditionnelle et le désir de véri
fier certaines théories sur la parenté nous ont amenés, tout naturellement, à
étudier la famille songhay-zarma. Le travail sur le terrain a fait apparaître un
certain nombre de signes révélateurs de pressions socio-économiques qui font
éclater l'actuel système familial.
La migration joue un rôle, souvent sous-estimé, de déstructuration famil
iale et sociale. En effet, les jeunes gens rapportent en milieu rural, en même
temps que la plus grande partie du revenu monétaire, de nouveaux modèles
empruntés aux grandes villes. La contradiction entre un statut social figé et
un nouveau rôle incite les jeunes, tout en le leur permettant, à refuser l'autor
ité gérontocratique et ses valeurs.
D'autre part, la réelle distorsion économique entre milieu rural et milieu
urbain et la représentation imaginaire chez les ruraux font peser sur les cita
dins, au nom des rapports de parenté, des pressions de plus en plus irrecevables.
Enfin le mariage, qui implique toute la parenté, est l'occasion de suren
chères aux proportions inquiétantes, en brousse comme en ville ; à Niamey par
exemple, un homme gagnant 50 000 francs CFA dépensera facilement 400 000
francs CFA au moment de son mariage : même s'il est aidé, et c'est toujours
le cas, il ne peut réunir cette somme sans s'endetter de manière grave.
Malgré l'intérêt théorique et pratique de l'étude de cette évolution, nous
avons préféré entreprendre une description du système familial et de son fonc
tionnement actuel.
A cette fin, la documentation importante que l'ethnologue a réunie dans
le village de Sarando a été dépouillée et analysée par l'ethnologue et le
sociologue.
Des lacunes et des discordances sont apparues dans la compréhension que
nous avions l'un et l'autre de ce système. Chacun de nous est retourné auprès
de ses propres informateurs, afin de combler les lacunes, et surtout de suppri
mer les discordances et cela, non pas d'un point de vue théorique, mais en accord
avec les faits vécus quotidiennement.
Nous avons décidé de travailler ensemble sur le système familial car il nous
apparaît de plus en plus qu'une véritable recherche scientifique pour être rece-
vable de part et d'autre doit se faire de manière complémentaire avec des afri
canistes non africains, qu'ils appartiennent ou non à la même discipline.
Nous tenons à exprimer ici notre reconnaissance à tous ceux qui, de près
ou de loin, nous ont aidés dans travail. En premier lieu, nous devons
citer Ziguiligna, mère de famille du village de Sarando et Halimatou Sibiři,
Jnurnal ilfs. atruantstes. 62 Cl 1'Л2 : 1611*1. 162 JEANNE BISILLIAT, DIOULDÉ LAYA
la jeune fille qui nous servit d'interprète, sans lesquelles nous n'aurions pu accé
der au monde secret des femmes : leur intelligence et leur sensibilité nous ont
permis de recueillir le matériau qui a donné naissance à ce travail.
Hammadou Hassan et Moussa Hamidou ont assuré la plus grande partie
du travail de vérification, tandis que Hassane Maïga, dit Alfa Mossi, a permis
de préciser de nombreux points relatifs à la religion musulmane. L'expérience
de Jean Rouch et l'intérêt de nombreux amis nigériens, nous ont obligés à plus
de modestie, à plus de rigueur, même si nous n'y sommes pas toujours parve
nus. Nous remercions tout particulièrement le président Boubou Hama qui a
bien voulu nous faire bénéficier de ses connaissances.
Les remarques déjà recueillies sont trop importantes pour que nous échap
pions à la tentation de revenir un jour sur le sujet.
En effet, notre but n'était pas d'élaborer un système abstrait de lois et de
relations, mais de mettre en évidence les aspects concrets et pertinents du système
familial et même, en travaillant dans cet esprit, nous n'avons pas réussi à voir
clair dans certains problèmes, entre autres ceux qui se rapportent aux notions
de lignage, de clan et de tribu. Or, il est indispensable qu'ils soient élucidés,
si l'on veut cerner d'une manière précise la délimitation des groupes et des sous-
groupes ethniques, par exemple dans la savane de l'Afrique de l'Ouest.
STATUTS
Nous ne retiendrons que les relations entraînant des systèmes de droits et
devoirs représentatifs de la dynamique sociale : époux-épouse ; parent-enfant ;
frère-sœur ; oncle paternel-neveu consanguin ; tante paternelle-neveu consan
guin ; oncle utérin-neveu ; parent de conjoint-gendre ou bru. Ces relations seront
envisagées sous l'angle des statuts qui les engendrent et des attitudes qui leur
correspondent.
Époux, épouse
La résidence chez les Songhay-Zarma est virilocale : la femme mariée est
obligée d'aller habiter au lieu choisi par son mari, donc, généralement, dans
la concession du père de son mari. A partir du mariage, « la femme n'a de
père et mère que son mari ».
Pour l'homme, cela implique une prise en charge complète des besoins matér
iels de sa femme et d'ailleurs la famille de la femme subordonne son accord
à l'aptitude du prétendant à assumer ces obligations. En effet, il doit l'habiller
tout au long de l'année et lui offrir des vêtements au moment des deux fêtes
du Ramadan et de la Tabaski1. D'autre part, il doit la nourrir, c'est-à-dire
fournir en quantité suffisante, mil, riz, ingrédients pour la sauce. En règle génér
ale, ce n'est pas à l'homme d'offrir des bijoux à ses femmes. Si l'homme a
plusieurs épouses, il doit leur donner, en quantité égale, les mêmes vêtements.
1. Il s'agit des fêtes musulmanes Aïd el Fitr et Aid el Kabir. LE SYSTÈME FAMILIAL SONGHAY-ZARMA 163
Si le principe de la résidence virilocale est rigoureux, la femme a cepen
dant le droit de retourner dans sa propre famille : visites périodiques, visites
d'occasion (mariage, baptême, deuil).
La femme doit aussi retourner dans sa famille pour son premier accou
chement ; elle y séjournera cinq ou six mois (deux avant, et trois ou quatre
après selon qu'elle a eu un garçon ou une fille). Malgré cela, c'est le mari qui
continue à subvenir à sa nourriture.
Ces droits de visite sont donc bien réglementés, mais dans les faits, la femme
trouve toujours mille prétextes pour repartir chez sa mère. Un texte de la tra
dition orale stigmatise avec humour ce type de comportement en classant les
épouses en quatre catégories (Boubou Hama- ; 1971 : 109) :
Wande : « L'épouse parfaite », qui ne vit que pour son mari.
Wanda : « Que Dieu m'en préserve », est la femme faiseuse d'histoires.
Koyra Wande : « L'épouse du village », a épousé son mari parce qu'il habitait
le même village qu'elle ; elle préfère divorcer plutôt que de le suivre autre part.
Man di ay se ay wande ?. : « N'as-tu pas vu ma femme ? » ; c'est justement celle
qui est toujours partie.
Le mari est aussi obligé de prévenir sa femme qu'il veut prendre une
deuxième épouse, mais la consultation n'influe en rien sur sa décision. Il doit
finir de payer la dot de sa première ép

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