Les blocages du développement au Japon - article ; n°30 ; vol.8, pg 371-384
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Description

Tiers-Monde - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 371-384
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Marie Hortkawa
Pierre Hortkawa
Les blocages du développement au Japon
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 371-384.
Citer ce document / Cite this document :
Hortkawa Marie, Hortkawa Pierre. Les blocages du développement au Japon. In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 371-384.
doi : 10.3406/tiers.1967.2358
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1967_num_8_30_2358LES BLOCAGES
DU DÉVELOPPEMENT
AU JAPON
par Marie et Pierre Horikawa*
Au début de cet article, il nous semble opportun de présenter au
lecteur français l'aspect suivant de l'économie japonaise en comparaison
avec l'économie française.
Revenu national Nombre Produit national brut par habitant des travailleurs (i) (en millions de dollars) Illustration non autorisée à la diffusion (en dollars)
Japon 46 730 000 69 080 569
France 19 080 000 88 120 1 360
Source : Les statistiques des Nations Unies.
D'après le tableau ci-dessus qui montre la situation en 1964, on
peut remarquer que le nombre des travailleurs japonais comprend
plus du double de celui des travailleurs de France, alors que le produit
national du Japon est nettement inférieur à celui de la France.
Quant au revenu national par habitant, la disparité entre les deux
pays apparaît de façon plus nette encore, si l'on considère le nombre total
de la population japonaise, de beaucoup supérieur à celui de la popul
ation française. Ainsi peut-on affirmer que les conditions matérielles
dans lesquelles se trouve le peuple nippon sont inférieures à celles du
peuple de France.
* Professeurs à l'Université Chuo et à l'Université Nihon (Tokyo).
(1) Personnes ayant un emploi, y compris dans la profession libre. MARIE ET PIERRE HORIKAWA
Mais quelle est la raison d'un tel état de choses ? Dans le passé,
le Japon aurait-il négligé ses efforts en vue d'une expansion économique
plus efficace ? A cette question, nous pouvons sans doute répondre par
le fait que les taux de croissance étaient très élevés au cours des 20 der
nières années d'après-guerre. A titre d'exemple, de 1957 à 1965, le taux
d'accroissement annuel moyen du produit national global en terme
réel a augmenté de plus de 10 %. En outre à la même époque, les taux moyens annuels de certains facteurs d'expansion
accusaient également une croissance économique très forte. Par exemple :
— investissement pour l'équipement (de 1955 ai 96 5) 18 %
— exportation (1) 16,4 -
— productivité du travail (dans les industries manufact
urières) 9,4 —
— — salaires réels (dans les industries manufacturières) 9,5
C'est ainsi qu'en fait le produit national s'est multiplié par 2,4 de juil
let 1958 à juin 1964.
Il est vrai que la croissance économique dans le Japon d'après-
guerre était remarquable non seulement dans les chiffres qui viennent
d'être cités, mais encore dans l'expérience réelle de chacun des Japonais
connaissant leur pays dont les ressources matérielles avaient été pres
que entièrement détruites par suite des bombardements de la seconde
guerre mondiale.
Cependant, derrière cette forte croissance, se dissimulaient des
déséquilibres et des désordres qui n'ont pas été perçus, du moins ju
squ'aux environs de i960, par la majorité de la population, certains experts
mis à part. Du reste, l'économie japonaise, depuis vingt ans, pour ainsi
dire à la remorque de américaine, a poursuivi sa politique
de redressement et d'expansion en s'appuyant principalement sur les
économies de marché, et n'avait pas pour but de réaliser les réformes de
structures fondamentales à longue échéance, ni d'éliminer le dualisme
structurel, ni de réduire la disparité des salaires dans les entreprises de
différentes tailles, ni de rétablir l'autofinancement dans l'entreprise (2).
Il n'est pas exagéré de dire que la croissance économique au Japon
(1) Le taux d'accroissement moyen annuel de l'exportation mondiale était de 6,6 % à
la même époque.
(2) A propos du dualisme structurel de l'économie nationale et de l'inexistence de l'aut
ofinancement dans l'entreprise dans le Japon d'après-guerre, voir notre article dans Tiers
Monde, juillet-septembre 1961.
372 BLOCAGES DU DÉVELOPPEMENT AU JAPON LES
d'après-guerre s'est réalisée grâce aux activités des entreprises privées et
à la propension à travailler très intense dans tous les secteurs. Il nous
faut, en même temps, insister sur le fait qu'en dépit de la propension
intense à travailler, le niveau de vie ne s'est pas autant élevé que le taux
de la croissance, et que les améliorations des conditions matérielles de
base pour développer les activités économiques du pays et maintenir la
paix sociale, ont progressé moins rapidement que la croissance. Pour ce
qui concerne les améliorations des conditions matérielles, nous pouvons
souligner les deux phénomènes suivants :
tfJLe taux d'accroissement annuel moyen de l'infrastructure a toujours
été moins élevé que le taux de la croissance économique.
Ce phénomène provient de l'absence d'une perspective à long terme
dans la politique économique et aura probablement pour conséquences
de nuire à l'expansion dans les années à venir.
b) Bien qu'au Japon la sécurité sociale soit officiellement organisée
sous diverses formes, ses montants de prestation sont minimes par
rapport à ceux des pays occidentaux. D'après The Cost of Social Security,
publié en 1961 par l'International Labour Organisation, le montant de
prestation par habitant n'était au Japon que de 13 dollars en 1957 pour
159 dollars en Suède et 152 dollars en France. Présentement, au Japon
les prestations de la Sécurité sociale sont à peu près de 6 % du revenu
national.
Il est donc permis d'affirmer que le manque d'unité dans les efforts
fournis par les micro-unités et les agents économiques nuit au dévelop
pement de la société entière, et qu'un pays industrialisé, comme le Japon,
devrait absolument élaborer des plans nationaux de développement
possédant l'efficacité désirable, quant à leurs pouvoirs et leurs moyens
de réalisation ; sinon ces plans ne dépasseraient pas le niveau de la
recherche des bureaux administratifs.
L'incohérence de la politique économique au Japon n'a pu éviter
ni certains abus ni des faiblesses structurelles qui sont demeurés cachés
par une forte croissance, mais qui sont apparus au grand jour, à partir
de i960, lorsque l'économie japonaise a dû faire face à la libération des
échanges. Alors sont apparus les phénomènes de la faillite de nombreuses
petites et moyennes entreprises et de la hausse des prix à la consomm
ation.
A titre de documentation, 1 738 petites et moyennes entreprises ont
fait faillite en 1963, 4 212 en 1964 et 6 142 en 1965 !
373
24 MARIE ET PIERRE HORIKAWA
Quant à la hausse des prix à la consommation, le taux annuel de la
hausse était de 3,6 % en i960, 5,3 % en 1961, 6,8 % en 1962 et 7,6 %
en 1963 (1). Prenant l'année 1959 comme année de base, l'indice des
prix à la consommation s'élevait à 123,3 à la fin de l'année 1963. En 1965,
le taux de la hausse a également atteint 7,4 % et les salaires réels des
travailleurs urbains plafonnaient à peu près aux mêmes niveaux que ceux
de l'année précédente.
1. L'inflation structurelle
II existe trois éléments qui ont joué un rôle particulièrement import
ant dans la hausse des prix à la consommation : il s'agit de la hausse
des prix dans les domaines suivants :
a) Secteur primaire (légumes, céréales, lait, poisson) ;
b) Produits de l'industrie de transformation (produits fabriqués par
les petites et moyennes entreprises);
c) Secteur tertiaire (services tant privés que publics).
a) Secteur primaire. — En 1965, le nombre total des travailleurs
agricoles était encore de 11,51 millions malgré une diminution de
6,6 millions depuis 1955.
Les paysans, étant de nature plutôt conservateur, constituent un
des plus solides soutiens du parti conservateur libéral, au pouvoir
depuis 20 ans environ. On comprend ainsi aisément que la politique
économique du gouvernemen

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