Les calculateurs prodiges et leurs expédients - article ; n°5 ; vol.7, pg 245-268
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1916 - Volume 7 - Numéro 5 - Pages 245-268
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1916
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Brandebourg
Les calculateurs prodiges et leurs expédients
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 7 fascicule 5-6, 1916. pp. 245-268.
Citer ce document / Cite this document :
Brandebourg Victor. Les calculateurs prodiges et leurs expédients. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de
Paris, VI° Série, tome 7 fascicule 5-6, 1916. pp. 245-268.
doi : 10.3406/bmsap.1916.8809
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1916_num_7_5_8809— LES CALCULATEURS PRODIGES ET LEURS EXPÉDIENTS 245 BRANDEBODRG.
1147* SÉANCE. — 7 Décembre 1916.
Présidence de M. Siffre
Lettre de M. L. Coutil, remerciant de sa nomination comme membre corres
pondant.
LES CALCULATEURS PRODIGES ET LEURS EXPÉDIENTS
par Victor Brandebourg.
Mesdames, Messieurs,
Je vais avoir l'honneur de traiter devant vous la question des calculateurs
prodiges et des expédients qu'ils emploient, soit dans leurs représentations
publiques, soit, ce qui est plus important, à l'égard des savants —
psychologues et mathématiciens — appelés à les examiner.
Je pense êlresufïïsammentqualifiépour entreprendre une pareille tâche,
étant moi-même un calculateur ne manquant pas de rapidité, comme vous
allez le constater.
Mes déductions présenteront, je le présume, un sérieux intérêt scienti
fique en rapport avec les travaux de la Société d'Anthropologie; aussi, ne
m'appuierai-je que sur des faits nettement établis, sur des documents
certains, et tout particulièrement sur un ouvrage extrêmement intéressant
de M. Binet, édité par Hachette en 1894 et intitulé : « Psychologie des
grands calculateurs ».
Cet ouvrage, le plus complet de ceux qui ont traité l'ensemble de la
question, se réfère lui-même à quantité de documents et d'auteurs, en
sorte qu'il se trouve tout indiqué pour servir de base à ma discussion.
J'aurai à parler d'un certain nombre de calculateurs prodiges, mais
surtout du célèbre calculateur Inaudi, qui me paraît d'ailleurs de beaucoup
le plus habile de tous, et qui a été examiné d'une manière toute spéciale
par M. Binet, au laboratoire de psychologie physiologique, à la Sorbonne.
Ilm'arrivera, au cours de mes explications, de donner une grande impor
tance aux « temps » mis par les calculateurs pour effectuer leurs opérations,
et comme nous aurons assez fréquemment à nous reporter à ces « temps »
je les ai indiqués au tableau noir : DÉCEMBRE 1946 * 7
MULTIPLICATION
3 chif. 4 chif. 5 chif. 6 chif. 8 chif. 10 chif. 15 chif.
OPÉRATEURS
X3ch. X4ch. X5ch. X8ch.;X10ch X 6ch. X15ch.
6 sec. 21 sec. 40 sec. 240 sec. Inaudi
56 - 127 — 275 — Diamandi
1er Caissier .... 4 — 13 —
(cité par M. Binet)
2e Caissier 12 —
Brandebourg1 :
3 sec. i sec. 11 sec. 17 sec. 30 sec. a) Calcul écrit . . . 48 sec. 110 sec.
3 8 - 13 — 20 — 36 — 135 — 58 - b)mental . .
DIVISION
10 chif. 12 chif. 16 chif. 20 chif. 30 chif.
OPÉRATEURS
:5ch. :6ch. : 8ch. : 10 ch. : 15 ch.
Diamandi
1er Caissier »
(cité par M. Binet)
B »
Brandebourg :
a) Calcul écrit 12 sec. 19 sec. 33 sec. 53 sec. 125 sec.
t b) mental
Je dois faire remarquer qu'il s'agit, dans ces tableaux :
pour Inaudi, de calculs faits absolument mentalement ; Diamandi, de calculs effectués semi-mentalement, puisqu'il inscrit,
à mesure, chaque chiffre du re'sultat ;
1 La plupart des records notés dans ce tableau et celui de la division ont été établis en
présence de M. Quinton, membre de la commission spéciale désignée en 1913 par la
Société d'Anthropologie, pour étudier la question des calculateurs prodiges. — LES CALCULATEURS PRODIGES ET LEURS EXPÉDIENTS 247 BRANDEBOURG.
et, pour ce qui me concerne : en premier lieu, de calculs faits par écrit ;
en second lieu, démultiplications effectuées mentalement, les deux facteurs
(multiplicande et multiplicateur) restant seuls sous les yeux, de l'opérateur.
Voici quelques exemples de ma rapidité :
(Calculs au tableau par le conférencier : 1° Addition instantanée de six
nombres de six chiffres ;
2° 3 multiplications de nombres de deux chiffres dont les produits
sont totalisés d'emblée ;
3° 1 multiplication de deux nombres de six chiffres).
J'entre, à présent, dans le vif de la question.
I. — Ue fait peut-être le plus caractéristique qui ressort de la minutieuse
étude de M. Binet, c'est que les calculateurs prodiges ne sont pas, pour
une partie importante des opérations, des calculateurs rapides.
Cela résulte nettement du tableau des temps qui précède et c'est, au
surplus, expressément mentionné par l'auteur :
Une première fois à la page 109 : « Comme calculateur, M. Inaudi
« n'est pas plus rapide que beaucoup de chiffreurs de profession. »
Une seconde fois à la page 194 : « Beaucoup de personnes savent
« calculer très vite avec le crayon et du papier, et beaucoup de prodiges
a ne vont guère plus vite qu'un calculateur exercé qui écrit les chiffres. Il
« en est ainsi notamment pour Inaudi quand il fait des multiplications,
« ou même des additions simples. Nous savons que si on le compare
« comme calculateur à des caissiers de magasin, il ne leur est pas toujours
« supérieur. »
Et ces conclusions sont amplement justifiées par les expériences faites
puisque, pour multiplier :
deux nombres de quatre chiffres, Inaudi a mis. . . . 21 secondes
— — cinq — — — 40 —
— — six — — — 4 minutes
Or, pour la multiplication de deux nombres de quatre chiffres, un
caissier de magasin a employé 13 secondes, au lieu de 21.
Quant à la de deux nombres de cinq chiffres, il est peu
de comptables qui mettraient plus des quarante secondes d'Inaudi.
Enfin, en ce qui touche la multiplication de deux nombres de six chiffres,
il n'est pas un écolier de douze ans qui prendrait plus de 80 secondes
pour l'exécuter, alors qu'elle a demandé 240 secondes à Inaudi.
Quant au calculateur « prodige » Diamandi, son peu de célérité est
vraiment remarquable.
Il met :
56 secondes pour la multiplication de deux nombres de trois chiffres;
127 pour une par 4 chiffres qu'un caissier de
magasin effectue en 13 secondes ; 7 DÉCEMBRE 1916 248
273 secondes pour une multiplication par 5 chiffres qu'un enfant ferait
en cinq fois moins de temps.
II. — Mon intention n'est nullement de critiquer systématiquement les
calculateurs que j'ai à citer et qui n'en sont pas moins extrêmement curieux
et intéressants comme opérateurs mentaux et comme reteneurs de chiffres.
Et s'il m'arrive de les mettre en cause et d'insister sur quelques points
faibles, c'est uniquement parce qu'un intérêt scientifique est enjeu.
Loin de moi également la pensée de prétendre que les calculateurs
prodiges ne méritent pas d'être étudiés, mais j'estime que s'ils sont
intéressants pour le psychologue, c'est surtout sous le rapport de la
mémoire, en ce qui concerne spécialement l'enregistrement des nombres.
Inaudi, en particulier, est un véritable phénomène, puisqu'il arrive à
retenir plus de cent chiffres, qu'il n'a pas vus un seul instant, et qu'il
a enregistrés dans son cerveau par la seule audition.
Donc, étudier les calculateurs au point de vue psychologique, c'est
parfait, mais vouloir, comme on l'a tenté, tirer de leurs procédés des
déductions en vue d'améliorer ou d'étendre l'enseignement du calcul, c'est
absolument illusoire, et c'est ce que je crois utile de démontrer en premier
lieu :
III. — Les savants qui ont examiné les calculateurs prodiges ont été
fréquemment victimes de bluff, de trompe-l'œil.
Il faut reconnaître, tout d'abord, que l'intérèl primordial de ces pro
fessionnels est de laisser errer le plus possible leurs examinateurs. Faire
connaître leurs petits secrets, leurs ficelles, serait évidemment les exposer
à perdre leurs moyens d'existence : on ne peut pourtant pas leur demander
de porter atteinte eux-mêmes a leur propre réputation !
Prenons par exemple le cas d'Inaudi.
Il est démontré, surtout depuis les expériences de M. Binet, qu'en ce qui
concerne notamment la multiplication, sa puissance de calcul mental est
très limitée puisque

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