Les conditions géographiques d une union européenne. Fédération européenne ou ententes régionales ? - article ; n°17 ; vol.4, pg 433-451
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Description

Annales d'histoire économique et sociale - Année 1932 - Volume 4 - Numéro 17 - Pages 433-451
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Albert Demangeon
Les conditions géographiques d'une union européenne.
Fédération européenne ou ententes régionales ?
In: Annales d'histoire économique et sociale. 4e année, N. 17, 1932. pp. 433-451.
Citer ce document / Cite this document :
Demangeon Albert. Les conditions géographiques d'une union européenne. Fédération européenne ou ententes régionales ?.
In: Annales d'histoire économique et sociale. 4e année, N. 17, 1932. pp. 433-451.
doi : 10.3406/ahess.1932.1330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1932_num_4_17_133017. 30 Septembre 1932 №
ANNALES
D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE
ET SOCIALE
LES D'UNE CONDITIONS UNION GÉOGRAPHIQUES EUROPÉENNE
FÉDÉRATION EUROPÉENNE OU ENTENTES RÉGIONALES ?
L'idée d'une union européenne est déjà ancienne ; elle naquit
des maux de la guerre, au début du xixe siècle. C'est en octobre
1814 que Henri de Saint-Simon écrivit, en collaboration avec August
in Thierry, son livre : De la réorganisation de la Société européenne ;
il envisageait essentiellement une union politique qui devait rendre
la guerre impossible. « L'Europe, disait-il, aurait la meilleure orga
nisation possible si toutes les nations qu'elle renferme, étant gou
vernées chacune par un parlement, reconnaissaient la suprématie
d'un parlement général placé au-dessus de tous les gouvernements
nationaux et investi du pouvoir de juger leurs différends.» Cette
utopie politique, et d'autres issues du cerveau d'hommes généreux
et enthousiastes1, s'évanouit, durant le xixe siècle, au rude contact
des guerres nationales.
L'idée d'une union reprit corps, au lendemain de la Grande
Guerre, suggérée par le spectacle des malheurs de l'humanité euro
péenne, mais plutôt orientée vers une entente économique. Ce rap
prochement des intérêts matériels avait été préparé par le progrès
des rapports internationaux, par le développement de l'économie
universelle, par l'alliance des entreprises capitalistes à travers le
monde et par la montée d'un sentiment de solidarité à les
masses ouvrières. On estima qu'il serait plus facile d'unir les peuples
sur le terrain économique que sur le terrain politique ; on espérait
1. Voir P. Renoutin. Les idées et les projets ďunion européenne au XIXй siècle.
Publications de la Conciliation internationale (Dotation Carnegie). Bulletin n° 6,
1931, p. 463-483.
ANN. D'HISTOIRE. IVe ANNÉE. 28 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 434
aussi que l'union économique acheminerait les peuples vers l'union
politique. Voyons d'abord à quels besoins répondent les projets
d'une union européenne ; nous verrons ensuite quels sont, parmi ces
projets, ceux qui paraissent doués de la plus grande vertu pratique.
I. — Les avantages et les possibilités d'une union européenne
Quand on rêve d'une union européenne, on pense d'abord aux
inconvénients économiques qui résultent du morcellement politique
du continent. Mais il existe un autre danger, plus grave et inéluc
table, contre lequel on ne sera fort que si l'on s'unit : c'est le détrô-
nement de l'Europe par les pays jeunes d'outre-mer; le monde com
mence à se détacher d'elle ; pour assurer son salut, elle devra regar
der davantage vers elle-même et chercher à mieux exploiter ses
ressources ; c'est en solidarisant les structures économiques de tous
ses peuples qu'elle pourra se défendre, vivre et travailler.
L'Europe compte aujourd'hui vingt-six États, au lieu des vingt-
deux d'avant-guerre. Les traités de paix ont accru de onze mille
kilomètres la longueur des frontières. Elle se décompose en une série
de marchés nationaux dont le plus grand, le marché allemand, con
tient une population de moitié moins nombreuse que celle des États-
Unis. On a souvent déjà démontré les inconvénients de ce morcelle
ment : isolement des pays arriérés qui, par leur inertie, retardent
les progrès des autres ; impossibilité d'une division du travail indust
riel puisque chaque État veut posséder ses propres industries ;
multiplication des industries nationales incapables de produire en
masse pour un vaste débouché et de réduire leurs frais généraux ;
impossibilité de constituer des marchés assez larges, ayant des be
soins uniformes et des habitudes commerciales homogènes. Ce sys
tème, qui vise à faire travailler et à desservir un grand nombre de
petites nations, entraîne un grand gaspillage de temps et de force»
II rend difficiles et compliquées les relations commerciales de l'Eu
rope avec un continent aussi vaste que le territoire des États-Unis.
« Selon les États-Unis, la politique économique de l'Amérique ne
peut être réglée sur la base d'une Europe déchirée en une trentaine
d'États. L'union de cette Europe constituerait pour un
marché tellement plus grand et une sécurité de paiement tellement
plus considérable que cela permettrait de faire les sacrifices néces
saires. Il est impossible à l'Amérique, avec son système économique
rationalisé, de se conformer aux besoins individuels d'un aussi grand
nombre d'États1.»
Il importe donc à l'Europe actuelle « d'atténuer la notion de
1. Premier Congrès d'Union douanière européenne. Le problème douanier
européen, publié par L'Europe de demain, 1930, 64 p. GÉOGRAPHIQUES D'UNE UNION EUROPÉENNE 435 CONDITIONS
frontière par la notion de fédération1 ». Si l'on triomphe du morcel
lement politique par des ententes économiques, on créera de plus
grands marchés à l'intérieur desquels il n'existera plus de cloisons
douanières ; on réduira les autarchies nationales ; on ruinera les entre
prises mal placées et peu viables ; on concentrera davantage la
production ; on échangera plus facilement les denrées ainsi pro
duites. Voilà les espérances et les vœux de ceux qui veulent, ayant
supprimé les barrières douanières, créer une communauté européenne
ou, à son défaut, quelques grandes unités économiques.
L'Europe doit faire d'autant plus d'efforts pour s'organiser qu'elle
peut moins compter sur le reste du monde. Elle voit tarir les sources
de richesse qu'elle exploitait jadis un peu partout dans l'univers ;
il est temps mette en pleine valeur son propre territoire.
Dans la production agricole du monde, sa place se réduit ; de
1913 à 1928, sa part de la production totale a baissé de 30,8 p. 100
à 26,7 pour les céréales et les autres denrées végétales ; dé 35,1 à
34,3 pour la viande ; de 18,3 à 15,7 pour les matières oléagineuses.
On remarque au cours des mêmes années que, pour la production
des matières premières (peaux, bois, ciment, combustibles, métaux),
elle perd aussi des rangs ; il n'y a d'exception que pour les textiles
à cause de la soie artificielle et pour les engrais chimiques à cause
de l'énergie électrique. Ses relations commerciales se contractent.
De 1913 à 1927, sa part dans le mouvement mondial des importat
ions tombe de 57,9 p. 100 à 53,5 ; pour les exportations, elle tombe
de 50,9 p. 100 à 44,8. Et même certains symptômes laissent des
craintes pour l'avenir. En effet, parmi les débouchés de l'Europe
industrielle, ses empires coloniaux comptent pour 38 p. 100, les
pays exotiques pour 33, l'Europe agricole pour 28 2. Or les deux
premiers groupes de marchés s'ouvrent beaucoup moins largement
aux articles européens depuis qu'ils s'industrialisent. Les tarifs pro
hibitifs des États-Unis sont une menace fatale pour les usines euro
péennes. L'Europe industrielle vit de ses exportations : elle achète
ses vivres et ses matières premières avec ses articles manufacturés.
Mais il n'y a pas équilibre entre ces deux courants de marchandises.
La balance commerciale des pays européens se soldait en 1928 par
un déficit de 14 milliards de francs, alors que celle des pays extra-
européens révélait un excédent créditeur de 65, dont 27 pour les
États-Unis. Certes, l'équilibre se rétablit grâce à certains comptes :
frets maritimes, services commerciaux, int&#

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