Les effets du travail intellectuel sur la circulation capillaire - article ; n°1 ; vol.3, pg 42-64
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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 42-64
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
J. Courtier
Les effets du travail intellectuel sur la circulation capillaire
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 42-64.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Courtier J. Les effets du travail intellectuel sur la circulation capillaire. In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp.
42-64.
doi : 10.3406/psy.1896.1828
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1828IV
EFFETS DU TRAVAIL INTELLECTUEL SUR
LA CIRCULATION CAPILLAIRE
On a étudié cette question : 1° en examinant, dans des cas
de traumatisme crânien mettant à nu les méninges ou le cer
veau, ce qui ce passe dans le cerveau d'un individu qui tra
vaille ; 2° en enregistrant le pouls carotidien, ou le pouls radial,
ou le pouls capillaire de la main ou du pied.
CERVEAU
A l'étude de la circulation du sang dans le cerveau pendant
le travail intellectuel se rattache le nom de Mosso 1 , le célèbre
physiologiste de Turin, qui, le premier, a vu clair dans cette
question compliquée ; avec une grande sûreté et une belle
richesse de méthode (pléthysmographes de divers ordres,
balances, etc.), Mosso a étudiél es changements de volume du
cerveau chez les individus qui présentaient par accident des
pertes considérables des os crâniens. Il a constaté que, pen
dant l'activité intellectuelle dépensée à faire un calcul mental^
ou sous l'influence des émotions, le volume du cerveau aug
mente. Gley par de nombreuses expériences faites sur lui-
même, en enregistrant le pouls carotidien pendant la lecture,
a confirmé et précisé cette observation 3 ; il a montré que
l'augmentation d'afflux de sang dans le cerveau ne tient pas
à une suractivité du cœur, mais bien à une influence vaso-
1 La circolazione del sangue nel cervello..., etc. (Alti délia R. Accad.
die Lincei, 1880).
2 Étude expérimentale sur l'état du pouls carotidien pendant le travail
intellectuel, Paris, 1881 . ET COURTIER. TRAVAIL INTELLECTUEL 43 BINET
motrice, à une vaso- dilatation active des carotides. Des
recherches ultérieures de Mosso lui-même ', de Morselli et
Bordoni-Uffreduzzi 2, de Fr. Franck 3, de Sarlo, de Binet et
Sollier k et, enfin, les recherches toutes récentes de Patrizi 5
semblent avoir mis hors de doute ce premier fait, d'une
importance capitale, que le cerveau augmente de volume pen
dant son état d'activité. C'est une notion qui ne sera plus
ébranlée.
Un second fait a été bien étudié par Mosso et revu, sous des
formes diverses, par ses successeurs : c'est que les perceptions
inconscientes peuvent, comme les perceptions conscientes, pro
voquer un afflux de sang au cerveau. Mosso inscrivait le pouls
cérébral d'un sujet endormi et constatait que toutes les fois
qu'un bruit inopiné, bruit de parole, de porte, etc., se faisait
entendre dans le laboratoire silencieux, le pouls s'élevait en
dilatation sur le tracé, bien que le sujet ne se fût pas réveillé.
Tamburini et Seppili c ont fait des observations analogues sur
le pouls de l'avant-bras chez une femme hystérique, qu'ils
avaient endormie en léthargie, et qui semblait être séparée
complètement du monde extérieur ; une piqûre d'épingle, l'a
rticulation du nom de la malade, impressionnaient son pouls.
Enfin, Hallion et Comte, tout dernièrement 7, ont répété, con
firmé et étendu cette expérience, qu'ils ignoraient d'ailleurs,
sur des hystériques de la Salpétrière, mises en état de léthargie,
et sur des anesthésiques totales ; la piqûre non vue
et non sentie provoque une vaso-constriction, et une parole qui
ne paraît pas entendue amène le même effet.
Il ne résulte pas rigoureusement de ces expériences, cela va
sans dire, que les impressions produites sur les hystériques ont
été inconscientes au moment de leur production ; peut-être
dans certains cas y a-t-il eu conscience fugitive, suivie d'oubli.
Mais ce qu'on doit considérer comme prouvé, c'est que chez
1 La temperatura del cervello ; le chapitre xii contient plusieurs expé
riences pléthysmographiques.
2 Sui cangiameriti délia circolazione cérébrale prodotti dalle diverse per-
cezioni simplici (A?'ch. di psychiatria, 1884).
3 Article Cerveau, du Dictionnaire encyclopédique des Sciences médic
ales.
4 Arch, de Physiologie, 1895.
5 Rivista musicale ilaliana, III, 2, 1896.
6 Tamburini e Seppili, Ricerce sui fenomeni di moto..., etc. {Rive speri-
ment. d. fren., Reggio-Emilia, 1882).
f Arch, de Physiologie, 1895, p. 90. MÉMOIRES ORIGINAUX 44
certains malades l'activité cérébrale peut continuer son office
sans que leur conscience actuelle en donne le témoignage. Le
témoignage de la est moins sûr dans ce cas que
celui du tracé.
Nous trouvons encore, dans cet ensemble de recherches, à
citer un troisième fait bien intéressant pour la psychologie,
c'est que lé changement de volume du cerveau qui a lieu par
excitation psychique ou travail intellectuel est lent à se pro
duire ; le temps nécessaire à sa production dépasse de beau
coup le physiologique de perception. Aussi a-t-on été
forcé d'admettre — et Morselli (cité plus haut) a insisté un des
premiers sur ce point important, — que l'hypérémie du cer
veau n'est pas une cause, une condition de l'activité psychique,
elle en est bien plutôt un effet, puisqu'elle suit la mise en jeu de
cette activité.
Mosso partage vraisemblablement cette opinion. Dans son
ouvrage populaire sur la Fatigue (p. 112 de la traduction fran
çaise), Mosso admet que les phénomènes circulatoires n'ont
pas, dans le travail intellectuel, l'importance qu'on leur a
attribuée : « La cellule nerveuse, dit-il, a assez de matériaux
de réserve pour subvenir aux actes de concience sans avoir
besoin d'une modification correspondante dans l'afflux du sang.
On a vu, chez les personnes qui ont une lacune dans l'étendue
des parois osseuses du crâne, le phénomène de l'attention
commencer avant qu'il y eût le moindre changement dans la
circulation cérébrale. »
C'est à cette conclusion que nous arrivons nous-mêmes
d'une manière indépendante, en étudiant l'effet de la surprise
sur le pouls de l'avant-bras ; ce n'est que deux secondes après
qu'on a ressenti le choc de surprise que le pouls de l'avant-bras
se modifie ; et, par conséquent, on ne saurait considérer avec
Lange et James l'état de comme ayant pour base la
perception d'une modification vaso-motrice. Nous reviendrons
sur ce point tout à l'heure.
Telles sont à peu près, si nous ne nous trompons, les notions
acquises aujourd'hui sur les changements de volume du cer
veau pendant l'activité intellectuelle ; nous laissons de côté,
bien entendu, beaucoup de recherches connexes, et notamment
tout ce qui concerne réchauffement de la masse cérébrale pen
dant le travail psychique, parce que l'étude de la température
n'est pas notre sujet. Il reste à dire quelles sont les questions
qui sont encore discutées. La principale est celle du méca- ET COURTIER. TRAVAIL INTELLECTUEL 45 B1NET
nisme par lequel se fait l'afflux du sang au cerveau. Mosso,
dans ses premières recherches, avait constaté une constriction
de l'avant -bras correspondant à la dilatation cérébrale pendant
que son sujet exécutait un calcul mental, et il en avait conclu
l'existence d'un antagonisme entre le cerveau et le reste du
corps. Ses expériences avec la balance, quoique moins pro
bantes, parlaient dans le même sens. Puis d'autres auteurs ont
discuté et expérimenté pour savoir si le cerveau est hyperémié
par une dilatation active de ses vaisseaux, ou s'il se conges
tionne passivement par suite d'un afflux de sang chassé vers la
tête par les autres organes du corps ' . Aucune preuve péremp-
toire n'est venue trancher le débat. Mais ce qui paraît assez-
bien établi, c'est qu'on ne peut plus croire à un antagonisme
entre la circulation du cerveau et celle des membres. Une foule
d'épreuves sont en contradiction avec cette conception simpliste.
Mosso lui-même l'abandonne aujourd'hui.
Dans son ouvrage récent sur la Température du cerveau 2, il
a repris l'étude volumétrique du cerveau sur un individu dont
les mé

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