Les élites du Parti communiste vietnamien face à la doi moi - article ; n°3 ; vol.28, pg 119-130
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1997 - Volume 28 - Numéro 3 - Pages 119-130
The Vietnamese Communist Party's elite and the doimoi.
For ten years now, the reform policy launched by the sixth congress of the Vietnamese Communist Party (VCP) has consisted of a series of procrastinations. Even though, since the country's reunification in April 1975, the doctrine underlying economic policy has been continually adapted, the rules for politics seem to have frozen despite the many changes made in Party, state and government's orientations during the past ten years. Daily adjustments in economic policy have defined a new form of praxis for a Communist state through socialist market mechanisms ; but these reformulations do not yet suffice to guarantee that economic growth will be sustained. The reforms coming out of the VCP's eight congress must respond to social as well as macroeconomic requirements. Hence, debates in Ba Dinh Square have heated up and might lay the grounds for a new legitimacy for those who will fill the places left vacant by the generation of leaders who arose out of the three paroxysmal Cold War conflicts.
Depuis dix ans, la politique de réforme initiée par le VIe Congrès du Parti communiste (PCV) consiste en une série d'ajustements de procrastination. Si depuis la réunification du pays en avril 1975, le corps doctrinal de la politique économique n'a jamais cessé d'évoluer et de s'adapter, les règles d'ordonnancement du jeu politique apparaissent, elles, figées alors même que le Parti, l'État et le gouvernement ne cessent de changer de direction ces dix dernières années. Les ajustements quotidiens de l'encadrement de la politique économique ont défini une nouvelle forme de praxis d'un État socialiste, au travers des mécanismes socialistes de marché, mais ces reformulations sont encore insuffisantes pour garantir la pérennité de la croissance économique. Déstabilisatrices par nature, les réformes qui s'engagent à l'issue du VIIIe Congrès doivent répondre non seulement à des impératifs macro-économiques, mais également sociaux. Dès lors, les débats au sein de la place Ba Dinh reprennent de la vigueur et pourraient bien se révéler fondateurs de nouvelles légitimités pour ceux qui vont succéder à la génération des dirigeants issus des trois conflits paroxysmiques de la Guerre froide.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lechervy
Les élites du Parti communiste vietnamien face à la doi moi
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°3. pp. 119-130.
Citer ce document / Cite this document :
Lechervy. Les élites du Parti communiste vietnamien face à la doi moi. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28,
1997, N°3. pp. 119-130.
doi : 10.3406/receo.1997.2870
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1997_num_28_3_2870Abstract
The Vietnamese Communist Party's elite and the doimoi.
For ten years now, the reform policy launched by the sixth congress of the Vietnamese Communist
Party (VCP) has consisted of a series of procrastinations. Even though, since the country's reunification
in April 1975, the doctrine underlying economic policy has been continually adapted, the rules for
politics seem to have frozen despite the many changes made in Party, state and government's
orientations during the past ten years. Daily adjustments in economic policy have defined a new form of
praxis for a Communist state through socialist market mechanisms ; but these reformulations do not yet
suffice to guarantee that economic growth will be sustained. The reforms coming out of the VCP's eight
congress must respond to social as well as macroeconomic requirements. Hence, debates in Ba Dinh
Square have heated up and might lay the grounds for a new legitimacy for those who will fill the places
left vacant by the generation of leaders who arose out of the three paroxysmal Cold War conflicts.
Résumé
Depuis dix ans, la politique de réforme initiée par le VIe Congrès du Parti communiste (PCV) consiste
en une série d'ajustements de procrastination. Si depuis la réunification du pays en avril 1975, le corps
doctrinal de la politique économique n'a jamais cessé d'évoluer et de s'adapter, les règles
d'ordonnancement du jeu politique apparaissent, elles, figées alors même que le Parti, l'État et le
gouvernement ne cessent de changer de direction ces dix dernières années. Les ajustements
quotidiens de l'encadrement de la politique économique ont défini une nouvelle forme de praxis d'un
État socialiste, au travers des mécanismes socialistes de marché, mais ces reformulations sont encore
insuffisantes pour garantir la pérennité de la croissance économique. Déstabilisatrices par nature, les
réformes qui s'engagent à l'issue du VIIIe Congrès doivent répondre non seulement à des impératifs
macro-économiques, mais également sociaux. Dès lors, les débats au sein de la place Ba Dinh
reprennent de la vigueur et pourraient bien se révéler fondateurs de nouvelles légitimités pour ceux qui
vont succéder à la génération des dirigeants issus des trois conflits paroxysmiques de la Guerre froide.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1997, 3 (septembre)
pp. 1 19-130 - Christian LECHERVY
Les élites du Parti communiste vietnamien
face à la doi moi
Christian LECHERVY *
Depuis une décennie, la politique de doi moi n'est ni la traduction des nou
velles thèses économiques développementalistes des dirigeants de la place Ba
Dinh ni même la mise en oeuvre d'une interprétation exotique de la glasnost et
de la perestroïka soviétiques. Les concepts fondateurs de la Voie nouvelle ont
révélé, avant tout, les choix d'une politique de procrastination puisqu'il s'agit
de mettre en œuvre les réformes indispensables dès aujourd'hui sans les report
er à un lendemain incertain. Dans le même temps, celles-ci ont borné strict
ement les limites doctrinales des corrections à apporter aux erreurs de la
construction du socialisme plutôt que les axes d'une nouvelle politique macro
économique. Les préceptes de la doi moi sont, de jure, les limites pratiques de
ce que pouvaient concevoir, au milieu des années quatre-vingt, les dirigeants
vietnamiens du message de réforme et de transparence formulé pour les écono
mies planifiées.
Cette nouvelle dynamique verbale n'a pas été davantage le signe d'un renou
veau profond des élites politiques vietnamiennes, voire la traduction de nou
veaux équilibres partisans au sein de l'équipe dirigeante. Ainsi, le VIe Congrès
du Parti communiste vietnamien (PCV), en décembre 1986, ne fut pas, contra
irement à ce que l'on croit trop souvent, celui de l'émergence d'une nouvelle
direction pour une politique économique rénovée. Les résultats de ce Congrès,
comme ceux qui suivront, furent la traduction de durs compromis. Certes,
Pham Van Dong, Truong Chinh et Le Duc Tho sont devenus à cette occasion
des conseillers spéciaux du Comité central, tandis que Pham Hung devenait
Premier ministre, Vo Chi Công prenait la présidence du Conseil d'État et
Nguyên Van Linh le secrétariat-général du Parti, mais cette direction n'était
pas idéologiquement différente de ses prédécesseurs par son passé ou même
ses ambitions pour le pays. Il en fut de même lors du VIIe Congrès du PCV, en
juin 1991. Une équipe renouvelée se vit charger de gérer la réintégration de la
République socialiste au sein de la communauté internationale des nations,
* Chargé de cours à l'INALCO et chercheur à l'Institut de relations internationales et
stratégiques (Université Paris-Nord, avenue Jean-Baptiste Clément, 93430 Villeta-
neuse).
119 Christian Lechervy
mais son accession aux fonctions suprêmes ne fut pas le résultat d'un boule
versement des hiérarchies antérieures. Toutefois, le changement est apparu
d'autant plus significatif aux observateurs qu'il touchait simultanément les
trois fonctions suprêmes du Parti, de l'État et du gouvernement. En effet, Dô
Muoi fut ainsi propulsé à la tête du Parti communiste, Vo Van Kiet à la direc
tion du gouvernement et le général Le Duc Anh à la tête de l'État. Mais, la
mort en 1988 de Pham Hung comme celle de Le Duc Tho en 1990 ont rappelé
que la règle générale des promotions se fait toujours selon la règle du plus
ancien dans le rang le plus élevé. Dès lors, des changements politiques les
récents, on ne peut pas affirmer qu'ils se sont succédé depuis dix ans pour
appliquer le "renouveau". A contrario, il appert que ce furent autant d'équipes
de transition qui se sont adaptées aux événements plus qu'elles ne les ont pré
cédés. Seules les manœuvres et les prises de position du général Giap et de
Trân Xuân Bach, qui estimaient que les réformes politiques et économiques
devaient se poursuivre de manière "homogène", ont pu laisser penser que le
consensus des dirigeants n'était que pure façade. Depuis la marginalisation du
premier et la mise à l'écart du second et sa réduction au silence, le Parti com
muniste s'est soumis à la règle d'or qui veut que, publiquement, tout le monde
s'aligne sur la ligne adoptée par le Congrès, ajustée de plénum en plénum. Elle
n'en demeure pas moins fondée sur la trilogie de la poursuite des réformes, la
régénération des instances centrales et intermédiaires et le monopartisme. En
enfermant les réformes dans ce corpus politique rigide, le Parti communiste a
réduit les réformes économiques à une succession d'ajustements de la praxis,
sans logique d'ensemble.
I. La doi moi comme processus visant à adapter le cadre institutionnel
de l'activité économique
Faute d'avoir bouleversé l'ordonnancement des élites du pays et du Parti, la
doi moi a néanmoins forgé un nouveau modus vivendi des pratiques écono
miques, du droit de la propriété à la politique monétaire. Les changements éco
nomiques ont d'autant moins nécessité une adaptation des structures politiques
centrales que l'économie vietnamienne a, en définitive, très vite réagi favora
blement aux réformes centrées sur la libéralisation rapide et radicale des prix.
La plus large part laissée à l'initiative individuelle des paysans a, il est vrai,
entraîné une progression soutenue de la production agricole. De leur côté, les
services marchands se sont également développés rapidement, tandis que la
restructuration de l'appareil industriel fut d'autant moins douloureuse que
l'industrie lourde était embryonnaire. Dans tous les secteurs, le très bas niveau
de la productivité et des salaires a rendu possibles des gains rapides, croissants
et

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