Les enfants et les grands espaces - article ; n°2 ; vol.80, pg 567-597
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Description

L'année psychologique - Année 1980 - Volume 80 - Numéro 2 - Pages 567-597
Summary
The paper summarizes recent american work on the development of spatial representations of large-scale environments. The experimental psychological approach of this problem rests on questions considered by geographers, urbanists and architects, and studies mainly how cognitive maps are elaborated. From a developmental point of view, the way landmarks, routes and maps are used by children may be interpreted in a piagetian perspective, considering egocentrism in the young child and priority of topological relations. While the development of cognitive maps may follow the maturation of the central nervous system, the role of the familiarity of the environment and the activity of the child has to be underlined.
Résumé
La manière dont les enfants, en fonction de leur niveau de développement, se représentent les relations spatiales à grande échelle a fait récemment l'objet d'un assez grand nombre de recherches, principalement américaines. Nées de problèmes posés par des géographes, des urbanistes et des architectes, ces recherches se sont centrées sur les mécanismes d'élaboration des cartes cognitives, en reprenant souvent les notions piagétiennes d'égocentrisme et de hiérarchie des géométries. On a ainsi montré que les représentations de grands espaces s'organisent autour de repères identifiant des points singuliers, de chemins menant d'un repère à un autre, et de cartes qui peuvent être des réseaux de chemins ou des représentations continues. Les facteurs qui rendent comptent de l'évolution avec l'âge sont non seulement la maturation mais également la fréquence des contacts avec ces grands espaces et la possibilité d'organiser soi-même son activité d'exploration.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie-Germaine Pêcheux
Les enfants et les grands espaces
In: L'année psychologique. 1980 vol. 80, n°2. pp. 567-597.
Abstract
Summary
The paper summarizes recent american work on the development of spatial representations of large-scale environments. The
experimental psychological approach of this problem rests on questions considered by geographers, urbanists and architects,
and studies mainly how cognitive maps are elaborated. From a developmental point of view, the way landmarks, routes and
maps are used by children may be interpreted in a piagetian perspective, considering egocentrism in the young child and priority
of topological relations. While the development of cognitive maps may follow the maturation of the central nervous system, the
role of the familiarity of the environment and the activity of the child has to be underlined.
Résumé
La manière dont les enfants, en fonction de leur niveau de développement, se représentent les relations spatiales à grande
échelle a fait récemment l'objet d'un assez grand nombre de recherches, principalement américaines. Nées de problèmes posés
par des géographes, des urbanistes et des architectes, ces recherches se sont centrées sur les mécanismes d'élaboration des
cartes cognitives, en reprenant souvent les notions piagétiennes d'égocentrisme et de hiérarchie des géométries. On a ainsi
montré que les représentations de grands espaces s'organisent autour de repères identifiant des points singuliers, de chemins
menant d'un repère à un autre, et de cartes qui peuvent être des réseaux de chemins ou des représentations continues. Les
facteurs qui rendent comptent de l'évolution avec l'âge sont non seulement la maturation mais également la fréquence des
contacts avec ces grands espaces et la possibilité d'organiser soi-même son activité d'exploration.
Citer ce document / Cite this document :
Pêcheux Marie-Germaine. Les enfants et les grands espaces. In: L'année psychologique. 1980 vol. 80, n°2. pp. 567-597.
doi : 10.3406/psy.1980.28340
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1980_num_80_2_28340L'Année Psychologique, 1980, 80, 567-597
Laboratoire de Psychologie Expérimentale1
Université René-Descartes (Paris V),
et EPHE 3" Section, associé au cnrs
LES ENFANTS ET LES GRANDS ESPACES
par Marie-Germaine Pêcheux
SUMMARY
The paper summarizes recent american work on the development
of spatial representations of large-scale environments. The experimental
psychological approach of this problem rests on questions considered
by geographers, urbanists and architects, and studies mainly how
cognitive maps are elaborated. From a developmental point of view,
the way landmarks, routes and maps are used by children may be
interpreted in a piagetian perspective, considering egocentrism in the
young child and priority of topological relations. While the development
of cognitive maps may follow the maturation of the central nervous
system, the role of the familiarity of the environment and the
activity of the child has to be underlined.
INTRODUCTION
Ce titre n'est pas, du moins dans son intention première, un
hommage aux pionniers du Far-West : il vise à souligner deux faits qui
nous semblent mériter d'être étudiés de plus près. D'une part, si de
nombreux travaux ont considéré comment les enfants, au cours de
leur développement, en viennent à utiliser des relations spatiales
dans un espace restreint, le plus souvent celui d'une feuille de papier,
les travaux sont comparativement beaucoup plus rares qui traitent
des espaces étendus ; on peut alors se demander pourquoi ce domaine
n'a fait que récemment l'objet de recherches systématiques, et
principalement hors de France. D'autre part, le terme même de
« grands espaces » est ambigu : à partir de quelle dimension peut-on
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris. 568 M.-G. Pêcheux
parler de « grands espaces », et s'agit-il bien d'un domaine de recherche
homogène ?
Pour tenter de répondre à ces deux questions, on peut se demander
sur quoi se fonde la distinction entre espace restreint et espace
étendu, et avec quelles autres oppositions de termes elle est en
relation. En parlant de feuille de papier, on se réfère à l'espace où
se déroulent les activités visuo-manuelles : comparer l'orientation
de deux figures, reproduire un dessin ou une construction, localiser
à l'intérieur d'un cadre de référence, etc. On pourrait dire que dans
les études de l'espace restreint le sujet est assis à une table,
cependant que pour étudier l'espace étendu il doit y avoir déambu-
lation, parcours de l'espace à connaître. On voit que la distinction
espace restreint/espace étendu ne recouvre pas la distinction faite
par Paillard (1971) entre espace des lieux et espace des formes, puisque
la capture peut aussi bien concerner un objet situé à portée de la main
qu'une proie éloignée, et que la forme, désignant l'organisation et
la structure spatiale propre d'un objet (ibid, p. 268) peut concerner
un objet étendu, problème sur lequel nous reviendrons à propos des
cartes cognitives. Qu'un déplacement du sujet soit ou non nécessaire
n'est pas sans conséquences : lorsqu'on est immobile la référence à
soi-même, selon un système de coordonnées polaires, est une
fiable car fixe ; lorsqu'on se déplace, la référence à soi-même n'est
utilisable qu'associée à un système de externe. L'importance
de la référence à soi-même, non plus comme origine de coordonnées
mais comme unité de mesure, apparaît dans le terme utilisé par les
Anglo-Saxons pour désigner ce que nous avons appelé les grands
espaces : en parlant de large-scale space, on souligne que c'est bien
d'échelle qu'il s'agit ; si, dans l'espace proche, le sujet peut manipuler
les objets, se considérer comme le seul pôle actif, dans les espaces
étendus il n'est plus qu'une fourmi parmi d'autres.
On ne peut pas pour autant identifier les espaces étendus à
l'environnement. La psychologie de l'environnement (traduction
inexacte du terme environmental psychology, où l'adjectivation indique
que c'est des relations entre environnement et processus psycholo
giques qu'il est question) est un domaine assez nouveau, né de
questions posées aux psychologues par d'autres disciplines comme
la géographie, l'urbanisme et l'architecture (Lévy-Leboyer, 1980). Les
composantes spatiales ont, à l'évidence, une grande importance dans
la définition de l'environnement, mais elle ne sont pas pour autant
les seules. Pour Ittelson (1973) « l'homme et son environnement sont
inséparables, et sont tous deux définis en fonction de leur partici
pation au processus total. Dans toute situation concrète, 1'« environne
ment » n'a aucune frontière fixe dans le temps ou l'espace » (p. 18).
L'organisation d'espaces étendus peut être décrite en soi, et limitée
à une portion déterminée de l'espace infini. Ce qui n'empêche Les enfants et les grands espaces 569
évidemment pas, et nous en verrons des exemples, que des caracté
ristiques non-spatiales d'un environnement interviennent dans la
représentation de sa structure spatiale.
C'est pourtant à partir de problèmes concernant l'environnement
qu'on en est venu à parler de micro-espaces et de macro-espaces, et
à se demander si les processus selon lesquels les micro-espaces sont
connus sont les mêmes que ceux concernant les macro-espaces.
Question dont Downs et Stea soulignaient en 1977 qu'elle n'avait
encore reçu que peu de réponses : les théories concernant l'acquisition
des connaissances spatiales sont étayées par des données expérimentales
portant sur les espaces « à l'échelle de la perception » (Downs et Stea,
1977, p. 197) et non pas à une échelle « transperceptuelle » ; il resterait
donc à examiner en quoi elles sont transposables aux macro-espaces.
Notons que ce terme, transperceptual, est assez ambigu : une ville
ne peut certes être saisie d'un seul coup d'œil, mais une vaste salle
de classe peut être explorée d'un regard circulaire... On observe
effectivement qu'un certain nombre de travaux, souvent menés par
des géographes, comme Lynch (1960), concernent la représentation
de pays ou de villes, cependant que

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