Les établissements scolaires doivent-ils être des lieux protégés et neutres devant les débats

Informations

• Publié par: Udde
• Nombre de lectures: 16
• Langue: Français

Extrait

Les établissements scolaires doivent-ils être des lieux protégés et neutres devant les

débats qui ont cours dans leur environnement ou doivent-ils donner des outils

critiques pour permettre aux élèves de mieux comprendre ces débats de société ?

L'Ecole, particulièrement le collège et le lycée, est un lieu d'apprentissage de la démocratie, un

espace laïque de savoir et de citoyenneté. Elle n'est pas pour autant « un sanctuaire » protégé de

son environnement social.

Si elle ne peut être neutre, elle n'est pour autant ni un forum où l'on s'affronte, ni une caserne où l'on

est « formaté ». Son espace doit être clairement identifié, symboliquement séparé, sans être coupé

de son environnement. Emettrice vers le quartier où elle est située autant que réceptrice des

initiatives qui s'y mènent, des problèmes qui s'y déroulent, consciente qu'en tout état de cause, elle a

sa marge de manoeuvre propre par rapport à son environnement économique, social et culturel,

l'école doit refuser aussi bien le fatalisme que le fanatisme.

La laïcité doit beaucoup à l'école qui est invitée à en être le cadre de développement dans le même

temps qu'elle la caractérise comme institution de service public.

L'Ecole est laïque, parce qu'elle est ouverte à tous les jeunes, quelles que soient leurs origines

religieuses et qu'en son sein, aucune référence religieuse ne doit s'imposer. L'école refuse toutes les

doctrines d'exclusion et a la volonté et l'ambition de faire réussir tous les élèves d'où qu'ils viennent.

La diversité des expressions suppose le respect des autres. L'Ecole est un lieu d'acquisition des

savoirs parce qu'elle sait qu'aujourd'hui encore plus qu'hier, la poursuite d'études est un élément clé

de l'insertion sociale, parce qu'elle prête à s'adapter aux divers publics tout en maintenant les

mêmes objectifs pour tous.

Respectueuse de la liberté de conscience, elle a le devoir d'apprendre à penser librement, ce qui

suppose de faire de l'éducation contre tous les préjugés une ligne de force commune à tous. Pour

cela, elle ne doit pas s'en tenir à l'apparence de valeurs partagées, à l'uniformisation médiatique des

goûts et des comportements qui masquent de profondes disparités entre les croyances et les

mentalités.

Elle doit faire émerger dans les cultures particulières la part d'universel qui permet à chaque individu

de se relier et de se confronter à l'autre dans des rapports de compréhension mutuelle, de

© La laïcité à l’usage des éducateurs - La Ligue de l'enseignement - Les Ceméa - Les Francas

Page 1/2

coopération en s'inscrivant dans une histoire et un projet pour éviter les enfermements

communautaires. Elle ne doit rien s'interdire - ou alors les réponses essentielles : le sens de la vie, la

mort, l'amour, la sexualité ... seront laissées aux Religions, voire aux médias ou pourquoi pas aux

supermarchés.

L'école ne se contente pas d'apprendre l'éducation civique.

Elle développe des pratiques et des initiatives de citoyenneté. Elle crée des espaces de médiation,

d'écoute et de dialogue, parce qu'elle a compris que le lien social, déchiré par les inégalités et la

crise, se reconstitue aussi dans la solidarité et par l'engagement, que le civisme n'est pas une règle

froide et abstraite, mais un apprentissage collectif permanent.

Dans cette logique, le socle commun de connaissances et de compétences arrêté par décret le 11

juillet 2006 indique dans sa partie 6

« Les compétences sociales et civiques » : « Il s'agit de mettre

en place un véritable parcours civique de l'élève, constitué de valeurs, de savoirs, de pratiques et de

comportements dont le but est de favoriser une participation efficace et constructive à la vie sociale

et professionnelle, d'exercer sa liberté en pleine conscience des droits d'autrui, de refuser la

violence. »

L'Ecole doit explorer tous les aspects de la culture indispensable à l'éducation d'une citoyenneté

démocratique qui suppose de la considérer comme un lieu de pratique de la démocratie, c'est-à-dire,

à partir de la reconnaissance de la personne de l'élève, de droits et obligations réciproques, de

construction de la parole et de l'argumentation. Au-delà de l'enseignement, les Foyers Socio-

Educatifs, les Maisons de Lycéens sont des lieux essentiels pouvant concourir à ces apprentissages

si l'ensemble de la communauté éducative en a les moyens et surtout la volonté.

© La laïcité à l’usage des éducateurs - La Ligue de l'enseignement - Les Ceméa - Les Francas

Page 2/2