Les facteurs structurels et conjoncturels de la mobilité résidentielle depuis 20 ans
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Les cinq dernières enquêtes Logement (1984-2002) confirment le rôle des facteurs qui expliquent habituellement la mobilité résidentielle (âge, revenu, niveau de formation, structure familiale et caractéristiques du logement). Elles permettent également de préciser certaines analyses ou de corriger certaines idées reçues. Parmi les caractéristiques du ménage et du logement, l'importance de l'âge et du statut d'occupation se confirment. Les événements familiaux s'avèrent des facteurs de mobilité résidentielle plus déterminants que ceux liés à l'emploi. Ces derniers ne jouent le rôle principal que dans le cas de la mobilité de longue distance, aux côtés du diplôme, de l'âge, du revenu et de la taille du ménage. La mobilité de courte distance, bien qu'en recul relatif, reste majoritaire. Les facteurs explicatifs de la mobilité ont pour la plupart peu changé en vingt ans. Cependant, toutes choses égales par ailleurs, en 1984, les locataires HLM étaient plus mobiles que ceux du secteur privé, alors qu'en 2002, c'est la situation inverse. Enfin, la conjoncture économique d'ensemble et l'état du marché de l'emploi, en particulier, influencent fortement la mobilité résidentielle, plus particulièrement celle des locataires. En 2002, enfin, les modifications de la composition du ménage et des conditions d'emploi qui influent le plus sur la mobilité sont également les moins fréquentes : formation et séparation des couples, changement d'établissement et, en dernier lieu, naissance.

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Langue Français

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DÉMOGRAPHIE
Les facteurs structurels et conjoncturels
de la mobilité résidentielle depuis 20 ans
Thierry Debrand et Claude Taffin*
Les cinq dernières enquêtes Logement (1984-2002) confirment le rôle des facteurs qui
expliquent habituellement la mobilité résidentielle (âge, revenu, niveau de formation,
structure familiale et caractéristiques du logement). Elles permettent également de
préciser certaines analyses ou de corriger certaines idées reçues. Parmi les
caractéristiques du ménage et du logement, l’importance de l’âge et du statut
d’occupation se confirment.
Les événements familiaux s’avèrent des facteurs de mobilité résidentielle plus
déterminants que ceux liés à l’emploi. Ces derniers ne jouent le rôle principal que dans
le cas de la mobilité de longue distance, aux côtés du diplôme, de l’âge, du revenu et de
la taille du ménage. La mobilité de courte distance, bien qu’en recul relatif, reste
majoritaire.
Les facteurs explicatifs de la mobilité ont pour la plupart peu changé en vingt ans. En
1984, cependant, toutes choses égales par ailleurs, les locataires HLM étaient plus
mobiles que ceux du secteur privé, alors qu’en 2002, c’est la situation inverse. Enfin, la
conjoncture économique d’ensemble et notamment l’état du marché de l’emploi
influencent fortement la mobilité résidentielle, plus particulièrement celle des locataires.
En 2002, enfin, les événements qui influent le plus sur la mobilité sont également les
moins fréquents : formation et séparation des couples, changement d’établissement et,
en dernier lieu, naissance.
* Thierry Debrand, économiste à l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), était
chargé d’études à l’Union sociale pour l’habitat au moment de la rédaction de cet article. Claude Taffin est directeur des
études économiques et financières de l’Union sociale pour l’habitat.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 381-382, 2005 125a mobilité résidentielle est un sujet com- importante. Dès lors, le niveau d’information et
plexe et vaste. Il est complexe car il ne con- la capacité à l’acquérir deviennent des élémentsL
siste pas à étudier les trajectoires géographiques de la mobilité (Wasmer et Zenou, 2002). Le
des individus ou les mutations du parc de loge- niveau d’instruction joue donc sur la probabilité
ments, mais l’évolution du couple ménage-loge- de changement. Cette influence revêt deux
ment. Ce couple est défini de façon simple (1), aspects : premièrement, plus le diplôme est
mais il est le lieu d’interactions complexes. Le élevé, plus les revenus sont élevés, donc plus
logement n’est pas seulement l’actif dominant l’ensemble des choix possibles en termes de
du patrimoine des ménages et leur premier poste logement est grand. Deuxièmement, plus l’indi-
de consommation, il fait aussi l’objet d’un vidu est diplômé, plus son aptitude à la recher-
investissement affectif particulier. De surcroît, che d’informations est grande et donc accroît sa
il reflète leur position sociale, aussi bien au sein mobilité spatiale. Les études empiriques mon-
d’un groupe socio-économique restreint ou d’un trent que plus le niveau de formation est élevé
quartier (2) que dans un environnement plus plus la propension à la mobilité est grande,
large. Les possibilités de transformation d’un quelle que soit la distance de celle-ci (Böheim et
logement existant sont limitées et coûteuses. Taylor, 1999 ; Gobillon, 2001). (1) (2)
L’adéquation des caractéristiques du logement
aux besoins et aux souhaits du ménage passe Dès les années 1950, les démographes ont cher-
donc, le plus souvent, par un changement de ché à montrer les liens existant entre la mobilité
résidence principale. résidentielle et les caractéristiques des ménages
(Rossi, 1955). Ces études se concentrent essen-
Le sujet est vaste et, lorsque les économistes se tiellement sur l’âge des membres du ménage, le
penchent sur la question de la mobilité des
nombre d’enfants et le statut marital (3). Par
ménages, ils privilégient des angles de recher-
exemple, Long (1972) montre que la position
che qui peuvent être très différents. Ils s’intéres-
des ménages dans le cycle de vie a un fort
sent essentiellement à trois associations : mobi-
impact sur la mobilité et que l’insertion dans un
lité et travail (taux de chômage, proximité du
groupe social tend à la réduire. Ce que confirme
lieu de travail, etc.) ; mobilité et famille (déco-
Speare (1970) : selon cet auteur, « la présence
habitation, nombre d’enfants, etc.) et mobilité et
d’enfants scolarisés accroît l’un des liens avec
marché du logement (rôle de la construction
un voisinage particulier et par conséquentneuve, des aides publiques au logement, etc.).
réduit la mobilité ». Fabre et Taffin (1981)
montrent, sur données françaises, que la mobi-Les études sur le lien entre marché du travail et
lité est fortement liée à l’âge de la personne demobilité résidentielle sont, sans doute, les plus
référence, au statut marital, et au nombreanciennes puisqu’elles font référence aux
d’enfants. La situation des deux membres dudébats classiques sur la différenciation de la
couple par rapport à l’emploi modifie aussi larente foncière et sur l’aliénation des travailleurs
mobilité. Le développement de l’emploi fémi-à leur outil de production (Engels, 1897).
nin dans les couples a pu induire un changementD’ailleurs, historiquement, en France, la créa-
du comportement des ménages par rapport à lation du logement social est consécutive à l’essor
mobilité résidentielle dû aux modifications duindustriel, sous la double pression, d’un côté des
monde du travail : le comportement rationnelhygiénistes et des moralistes, de l’autre, de
des couples consiste à choisir leur lieu de rési-grands industriels soucieux de « l’employabi-
dence en fonction de la localisation de l’emploilité » d’un de leurs facteurs de production. Plus
de chacun de ses membres. La perte de l’emploirécemment, un certain nombre de modèles qui
ou encore le changement d’emploi de l’un d’euxétudient les migrations de population ont mon-
ne sera donc pas forcément accompagné par unetré l’importance des taux de chômage régionaux
mobilité résidentielle. Aujourd’hui enfin, dansdans l’explication de la mobilité. Ils mettent en
les projections démographiques, les deux évolu-évidence l’impact simultané des caractéristi-
tions les plus notables sont le vieillissement etques individuelles des ménages et des niveaux
de chômage (Hughes et McCormick, 1985 ; Pis-
sarides et Wadsworth, 1989 ; Henley, 1998).
1. La définition adoptée ici correspond au concept de « ménage-
Schématiquement, ces études établissent que les logement ». On appelle ménage l’ensemble des occupants d’une
même résidence principale, quels que soient les liens qui lesménages partent des régions où les salaires sont
unissent. Il peut se réduire à une seule personne.faibles et le taux de chômage élevé vers des 2. Par rapport au voisinage immédiat, la position sociale peut
être affichée par des attributs du logement tels que : la pelouse,régions de caractéristiques opposées ; il en res-
le portail, etc. À une plus large échelle, le prestige du quartier ousort, de surcroît, que plus les écarts entre les
du statut d’occupation sont censés exprimer cette appartenance.
régions sont importants, plus la mobilité est 3. Voir aussi Mincer (1978) et Graves (1979).
126 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 381-382, 2005les phénomènes de décohabitation (Jacquot, tes la tendance générale et l’évolution des cau-
ses de la mobilité résidentielle au cours des2003). Ces deux phénomènes modifient la
vingt dernières années. Il s’agit d’évaluer lesmobilité résidentielle des ménages.
effets respectifs de la conjoncture (en particulier

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