Les flux de réfugiés en Inde - article ; n°2 ; vol.15, pg 289-300
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Description

Espace, populations, sociétés - Année 1997 - Volume 15 - Numéro 2 - Pages 289-300
L'Inde depuis cinquante ans a eu à de multiples reprises l'occasion d'accueillir sur son sol des réfugiés. La position gouvernementale à leur égard a évolué au fil du temps. Au lendemain de la Partition, l'accueil des populations hindoues et sikhs venant du Pakistan fut d'autant moins contesté que l'exode semblait stigmatiser les débordements auxquels conduisait inévitablement un Etat religieux par opposition au modèle laïc indien. A la fin des années cinquante les Tibétains réfugiés personnifiaient la perfidie de la Chine communiste dont les Indiens se sentaient également victimes. Par contre, c'est presque à contrecoeur que l'Inde accueillit les membres de la communauté indienne de Birmanie et du Sri Lanka. A partir du début des années soixante-dix, les réfugiés vont davantage être considérés comme un facteur potentiel de déstabilisation, que ce soit en aiguisant les tensions ethniques, en entrant en concurrence avec les populations locales pour l'accès à des produits de première nécessité ou à des infrastructures publiques, voire même en faisant peser des menaces sur le maintien de l'ordre public. Dès lors la politique gouvernementale, une fois les objectifs stratégiques imbriqués remplis, fut surtout d'oeuvrer au retour de ces réfugiés dans leur pays d'origine.
The Flows of Refugees in India.
During the last fifty years, India has on several occasions greeted refugees on its soil. The official stand with regard to these refugees has evolved with the passing years. After the Partition, displaced Hindu and Sikh populations from Pakistan welcomed since their exile seemed to emphasize the excesses inherent to a religious State in opposition to the Indian secular polity. At the end of the fifties, Tibetan refugees were the embodiment of Chinese perfidy of which India was also victim. On the other hand, India reluctantly rapatriated members of Indian communities in Burma and Sri Lanka. From the early seventies, refugees are more and more perceived as a destabilizing factor, with a potential for exacerbating internal ethnic conflicts, competing with indigeneous people for scarce resources, or even threatening the law and order. Consequently, the policy of the Indian government, once its strategic objectives have been fulfilled, is to work towards a satisfactory repatriation of the displaced populations in their native lands.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 536
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gilles Boquérat
Les flux de réfugiés en Inde
In: Espace, populations, sociétés, 1997-2-3. Les populations du monde indien - Populations of the Indian Countries.
pp. 289-300.
Citer ce document / Cite this document :
Boquérat Gilles. Les flux de réfugiés en Inde. In: Espace, populations, sociétés, 1997-2-3. Les populations du monde indien -
Populations of the Indian Countries. pp. 289-300.
doi : 10.3406/espos.1997.1812
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1997_num_15_2_1812Résumé
L'Inde depuis cinquante ans a eu à de multiples reprises l'occasion d'accueillir sur son sol des réfugiés.
La position gouvernementale à leur égard a évolué au fil du temps. Au lendemain de la Partition,
l'accueil des populations hindoues et sikhs venant du Pakistan fut d'autant moins contesté que l'exode
semblait stigmatiser les débordements auxquels conduisait inévitablement un Etat religieux par
opposition au modèle laïc indien. A la fin des années cinquante les Tibétains réfugiés personnifiaient la
perfidie de la Chine communiste dont les Indiens se sentaient également victimes. Par contre, c'est
presque à contrecoeur que l'Inde accueillit les membres de la communauté indienne de Birmanie et du
Sri Lanka. A partir du début des années soixante-dix, les réfugiés vont davantage être considérés
comme un facteur potentiel de déstabilisation, que ce soit en aiguisant les tensions ethniques, en
entrant en concurrence avec les populations locales pour l'accès à des produits de première nécessité
ou à des infrastructures publiques, voire même en faisant peser des menaces sur le maintien de l'ordre
public. Dès lors la politique gouvernementale, une fois les objectifs stratégiques imbriqués remplis, fut
surtout d'oeuvrer au retour de ces réfugiés dans leur pays d'origine.
Abstract
The Flows of Refugees in India.
During the last fifty years, India has on several occasions greeted refugees on its soil. The official stand
with regard to these refugees has evolved with the passing years. After the Partition, displaced Hindu
and Sikh populations from Pakistan welcomed since their exile seemed to emphasize the excesses
inherent to a religious State in opposition to the Indian secular polity. At the end of the fifties, Tibetan
refugees were the embodiment of Chinese perfidy of which India was also victim. On the other hand,
India reluctantly rapatriated members of Indian communities in Burma and Sri Lanka. From the early
seventies, refugees are more and more perceived as a destabilizing factor, with a potential for
exacerbating internal ethnic conflicts, competing with indigeneous people for scarce resources, or even
threatening the law and order. Consequently, the policy of the Indian government, once its strategic
objectives have been fulfilled, is to work towards a satisfactory repatriation of the displaced populations
in their native lands.BOCQUERAT 48, avenue de la Division Leclerc Gilles
92320 Châtillon
Les flux de réfugiés en Inde
forme d'un exode massif lorque des mil
lions d'individus pénétrèrent sur le territoire Les du existé sous-continent mouvements et ont même de indien laissé populations une ont profonde de à tout l'intérieur temps mar
indien dans les mois qui suivirent l'ind
que sur l'histoire de la région. En cinquante épendance ou au moment de la guerre de l
ans d'existence, l'Inde indépendante a eu à ibération du Bangladesh. Il y avait autour de
de multiples reprises l'occasion d'accueillir 300 000 réfugiés en Inde à la fin 1994 (2).
sur son sol des populations déplacées, qu'il Ces déplacements de population ont été fa
s'agisse de personnes d'origine indienne de cilités par l'existence de frontières relativ
venues indésirables dans leur pays d'adopt ement poreuses, de similitudes socio-cultur
ion ou bien de communautés étrangères vic elles facilitant l'adaptation au nouvel envi
times d'un traitement discriminatoire répres ronnement ou encore de l'existence en Inde
sif ou fuyant une situation mettant en dan d'institutions démocratiques protégeant les
ger la vie de ses membres. (1). L'afflux de droits des minorités ethniques ou confessionn
réfugiés s'est rarement tari et prit même la elles.
(1) La notion de réfugié fait référence, selon le droit nement indien. Comptabiliser le nombre de réfugiés est
international, à toute personne fuyant son pays du fait une entreprise d'autant plus délicate que les personnes
de persécutions par les autorités en place en raison de exilées ne trouvent pas forcément refuge dans des
sa personnalité (race, nationalité, appartenance à un camps administrés par le pays d'accueil.
groupe social particulier) ou de ses convictions (rel (2) Le rapport du Haut-Commissariat des Nations-Unies
igion ou opinions politiques), ou bien lorsque sa sécur pour les Réfugiés (HCR) pour 1995 fait état de
ité devient aléatoire du fait d'événements rendant dif 258 300 réfugiés venus d'Afghanistan, du Bangladesh,
ficile le maintien de l'ordre public. Le droit d'asile est du Sri Lanka et du Tibet (UNHCR, The State of the
régi par la convention de Genève de juillet 1951 qui World's Refugees, 1995 : In Search of Solutions, Ox
s'attache essentiellement à la notion de persécutions ford University Press, New York, 1995, p. 249). A ce
par les autorités en place. L'Inde n'y a pas adhéré, pas chiffre, il faut ajouter environ 20 à 30 000 Bhoutanais
plus qu'au protocole de 1967 qui étend dans le temps d'origine népalaise qui, fuyant la politique répressive à
et dans l'espace le champ d'application de la convent leur encontre du régime monarchique bhoutanais, ont
ion de 1951. En l'absence par ailleurs de dispositions préféré s'installer dans le nord-est de l'Inde plutôt que
constitutionnelles ou législatives particulières, l'attribu de prendre le chemin des camps de réfugiés situés dans
tion du statut de réfugié est à la discrétion du l'est du Népal. 290
Carte des lieux de peuplement tibétain en Inde et au Népal
Source : Bureau du Tibet, Paris. Les nombres entre parenthèses font référence aux lieux où il y a plusieurs
campements tibétains. 291
LES CORTÈGES DE LA PARTITION
L'évocation des flux de réfugiés en Inde teurs se virent toutefois octroyer une terre à
conduit inévitablement à revenir sur la Par mettre en valeur, notamment au Punjab où
tition de l'ancien empire des Indes à la mi- près de 500 000 exploitants agricoles arr
août 1947 et donc sur la division des pro ivés du Pakistan occidental bénéficièrent
vinces du Penjab, du Bengale et de l'Assam d'un vaste mouvement de redistribution et
qui se traduisit par un vaste et tragique de rationalisation de la propriété foncière, il
échange de communautés sur une base con fallut encore accueillir en zone urbaine près
fessionnelle. Si ce phénomène migratoire de 2,5 millions de réfugiés, que ce soit dans
avait débuté avant l'indépendance - un an des habitations abandonnées par des musul
plus tôt au Bengale et depuis mars 1947 au mans ou dans le cadre d'un important pr
Punjab -, c'est surtout après celle-ci qu'il ogramme gouvernemental de construction de
prit des proportions énormes. Le recense logements (4).
ment de 1951 chiffrait à près de 7,5 mil Le reclassement des réfugiés du Pakistan
lions le nombre de non-musulmans qui dé occidental, qui était largement achevé au
sertèrent le Pakistan pour trouver refuge en milieu des années cinquante, avait été faci
Inde. Dans l'autre sens, ce furent 6 à 7 mil lité par l'énormité et la promptitude du
lions de musulmans qui choisirent de s'ins transfert de population de part et d'autre des
taller dans le nouvel Etat pakistanais. Quel deux Punjab qui appelaient à un traitement
que 4,7 millions d'hindous et de sikhs quit rapide du problème par le gouvernement in
tèrent le Pakistan occidental dans les mois dien, notamment pour désengorger les
qui suivirent la Partition en août 1947 alors camps. En 1951, un tiers de la population
que par ailleurs plus de 2,5 millions d'hin du Punjab oriental était constitué de réfu
dous migrèrent du Pakistan oriental vers les giés. Ces conditions ne furent pas réunies
provinces indiennes voisines du Bengale dans le cas de la division des provinces du
occidental, de l'Assam et du Tripura . Bengale et de l'

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