Les formes nominales en slave - article ; n°3 ; vol.3, pg 193-204
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Description

Revue des études slaves - Année 1923 - Volume 3 - Numéro 3 - Pages 193-204
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Antoine Meillet
Les formes nominales en slave
In: Revue des études slaves, Tome 3, fascicule 3-4, 1923. pp. 193-204.
Citer ce document / Cite this document :
Meillet Antoine. Les formes nominales en slave. In: Revue des études slaves, Tome 3, fascicule 3-4, 1923. pp. 193-204.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1923_num_3_3_7284LES FORMES NOMINALES
EN SLAVE,
PAR
A. MEILLET.
La structure ancienne de la phrase s'est maintenue dans les
diverses langues indo-européennes à proportion du maintien de la
flexion casuelle des noms.
Ce qui donne à la phrase indo-européenne son aspect spécial,
c'est que chaque mot porte en lui-même la marque de son rôle
dans la phrase. A la seule vue d'un nom indo-européen, on re
connaît du premier coup s'il est sujet ou complément et quelle sorte
de complément il est. Une notion n'a pas un nom fixé une
fois pour toutes : le « loup » est en latin lupus s'il est le sujet,
lupum s'il est le complément direct, lupï s'il est le complément d'un
nom, lupô s'il y a lieu d'indiquer que quelque chose est destinée au
loup, etc.
Les langues indo-européennes modernes très évoluées, comme
l'anglais et les langues romanes, ont tout perdu de ce système
ancien. Le nom y a une forme fixe, arrêtée une fois pour toutes,
et qui serl à tous les usages. La rôle du nom dans la phrase est
indiqué soit par la place qu'il occupe [le hup est venu, f ai vu le
loup), soit par des particules (la gueule du hup, je l'ai jeté au
hup, etc.). Entre le type indo-européen, dont le latin conserve
l'essentiel, et le type moderne j que représentent les langues
romanes, il y a une différence totale de structure.
A cet égard, le slave est encore tout indo-européen à la date
des premiers monuments écrits, au ix* siècle après J.-C, et la plu
part des langues slaves modernes sont restées fidèles, en gros, à ce
type ancien. Les langues slaves et les langues baltiques sont même
Revue de» Etudes »lave», t. III, 1933, fasc. 3-6, A. MEILLET. 194
les seules langues qui aient ainsi conserve*, avec son rôle et son am
pleur, la flexion casuelle indo-européenne. Car, si l'arménien
moderne a une flexion casuelle encore riche, le rôle et la structure
des cas y sont si nouveaux que l'arménien moderne est, à beaucoup
d'égards, l'une des langues indo-européennes les plus éloignées du
type ancien.
Mais, pas plus pour les formes nominales que pour les formes
verbales ou le phonétisme, il ne faut être dupe de cette apparence
de conservation. Tout en maintenant certains traits de type indo
européen, le slave a largement innové. Le système du nom slave
est nouveau presque à tous points de vue.
La flexion nominale indo-européenne servait à exprimer trois
catégories : le nombre (en commun avec le verbe), le genre et le
cas. Le slave a conservé les trois types, mais avec une lendance à
les beaucoup altérer tous les trois. Et il a introduit plusieurs nou
veautés notables.
L'indo-européen avait, dans le nom comme dans le verbe, des
formes distinctes pour trois nombres : le singulier, le duel et le
pluriel. Les cas des noms comme les personnes des verbes avaient
des caractéristiques différentes pour chaque nombre, ce qui
entraînait une extréme diversité de formes, caractéristique de
ľindo-européen.
A la date où il apparaît, le slave offre encore la distinction des
trois nombres poursuivie d'un bout à l'autre à l'aide de désinences
propres à chacun, et ce n'est qu'au cours du développement propre
des parlers slaves que le duel a perdu, sinon ses caractéristiques,
du moins sa valeur. Plusieurs parlers slaves l'ont conservé jusqu'à
présent; on peut observer dans des parlers slovènes le nombre
duel encore couramment employé. Avec quelques parlers litua
niens, ces parlers slaves sont presque les seuls de tout l'indo-
européen à garder pareille survivance. Quand, au ixe siècle
après J.-C, les traducteurs slaves employaient rigoureusement
le duel, il y avait de longs siècles que, ni dans l'Inde, ni dans
l'Iran, ni en Grèce, ni en Italie, ni en Arménie, le duel n'était
plus en usage; le gotique du ive siècle après J.-G. ne l'avait déjà
plus que dans les pronoms personnels et les formes verbales per
sonnelles.
Dans les parlers où la catégorie du duel a disparu, au cours
du Moyen Age, il est intervenu des innovations d'un caractère sin- LES FORMES NOMINALES EN SLAVE. 195
gulier. Les formes du duel n'ont disparu que partiellement. Plusieurs
se sont maintenues avec des valeurs nouvelles.
Dans certaines langues — c'est le cas de groupes aussi import
ants que le russe et le serbo-croate — la forme de nominatif-
accusatif duel en -a , qu'on a dans dïtva naroda, s'est maintenue
près du nom de nombre « deux ». Or, près de « deux », « trois » et
« quatre », le substantif était au même cas que le nom de nombre;
au contraire, à partir de « cinq », le nom de nombre était en slave
un abstrait signifiant «groupe de ... », soit pçtî « groupe de
cinq», et par suite, le substantif était au génitif pluriel, soit pe_íí
narodu « cinq peuples », littéralement « une cinquaine de peuples ».
Quand la catégorie du duel a disparu, Y-a du type dtiva naroda a été
senti comme identique à celui du génitif singulier naroda, et
les deux noms de nombre qui, pas plus que «deux», n'étaient
suivis de la forme du génitif pluriel ont été conformés au type de
dva naroda, si bien que la forme naroda a servi après « trois » et
« quatre » comme après « deux ». Dire, comme. on le fait souvent,
que le duel s'emploie avec «deux», «trois» et «quatre», c'est
s'exprimer d'une manière impropre : ce qui explique l'emploi du
type naroda après « trois » ou « quatre », c'est qu'une forme isolée de
duel a survécu à la catégorie du duel, par suite d'un accident de
structure de la langue. Mais d'avoir introduit cette complication
vaine de la flexion est un fait qui caractérise le développement
slave.
Un autre trait montre la longue survivance du duel : pour
échapper à des difficultés que faisaient des formes de pluriel,
certaines langues slaves ont généralisé la désinence -ma du dalif-
instruroental duel. Le serbo-croate ne connaît plus que -ma pour
trois cas de son pluriel : datif, instrumental, locatif, où les
anciennes désinences du pluriel ont été éliminées. En tchèque, la
langue littéraire a conservé les désinences du pluriel; mais la langue
courante tend à les éliminer et à généraliser -ma, comme le serbo-
croate (voir M. Vey, Bulletin de la Société de linguistique, XXIV,
pp. lu 2 et suiv.).
Même quand il n'y a pas de conservation systématique de ce
genre, il subsiste souvent des formes particulières a certains mots :
le slave ne répugne pas à conserver des formes isolées de cette
sorte. Le polonais a ainsi, pour les noms d'organes pairs, des
formes qui jouent le rôle de pluriel, mais dont la forme est celle
du duel, ainsi oczy « yeux », avec un génitif oczu et un instrumental
oczyma, et race « mains », avec un instrumental rękoma. 196 A. MEILLET.
Ce maintien de formes du duel avec valeur de pluriel est un trait
qui se trouve rarement hors du slave.
La catégorie du genre n'était pas chose simple en indo-euro
péen. C'est en donner une idée fausse que de dire, comme on le
fait d'habitude , qu'il y avait trois genres : le masculin, le féminin
et le neutre.
En réalité, l'indo-européen distinguait par la flexion un genre
«animé», comprenant le masculin et le féminin, et un
«inanimé», le neutre. Cette distinction nese faisait
qu'au nominatif et à l'accusatif, c'est-à-dire là où il y a lieu de
distinguer l'agent du patient : lat. Petrus Paulům caedit ou Paulům
Pelrus caedit. A tous les autres cas, le genre «animé» ne se dis
tinguait pas de ľ« inanimé ».
A l'intérieur du genre « animé », l'indo-européen distinguait le
féminin du masculin à l'aide d'un suffixe de dérivation figurant,

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