Les Grecs égyptologues - article ; n°5 ; vol.41, pg 953-967
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1986 - Volume 41 - Numéro 5 - Pages 953-967
The Greek Egyptologists. F. Hartog.
Egypt, that ancient land with a faultless memory in which the first relations between men and the gods developed, always interested and even fascinated the Greeks. We will discuss here certain Greeks' views ofthis strange country, from Herodotus to Porphyry, taking up Plato and Diodorus along the way. Our concern will not be to measure their accuracy but rather to relate them to the logic—working within Greek culture and leading the Greeks to scrutinize themselves on numerous occasions—which underlies them and accounts for their meaning. The Greek Egyptologists will thus be considered on the basis of the shifts in their discourse about the other over a long period of time.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur François Hartog
Les Grecs égyptologues
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 5, 1986. pp. 953-967.
Abstract
The Greek Egyptologists. F. Hartog.
Egypt, that ancient land with a faultless memory in which the first relations between men and the gods developed, always
interested and even fascinated the Greeks. We will discuss here certain Greeks' views ofthis strange country, from Herodotus to
Porphyry, taking up Plato and Diodorus along the way. Our concern will not be to measure their accuracy but rather to relate
them to the logic—working within Greek culture and leading the Greeks to scrutinize themselves on numerous occasions—which
underlies them and accounts for their meaning. The Greek Egyptologists will thus be considered on the basis of the shifts in their
discourse about "the other" over a long period of time.
Citer ce document / Cite this document :
Hartog François. Les Grecs égyptologues. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 5, 1986. pp. 953-967.
doi : 10.3406/ahess.1986.283326
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1986_num_41_5_283326DE AUTRE IDENTIT
FRAN OIS RTOG
LES GRECS EGYPTOLOGUES
Pour Jean-Pierre Vernant
ôüä ïôù ïôï
Jamais Egypte connue des Grecs époque mycénienne déjà avec
laquelle ils ont entretenu au cours des siècles des relations tout fait effec
tives avant de installer en maîtres avec les Lagides ne les laissés indiffé
rents Il agit ici non de faire histoire de ces rapports mais uniquement
esquisser celle des visions grecques de Egypte qui Homère aux néo-plato
niciens du vine siècle avant J.-C au me après vont se construisant et se
modifiant de marquer quelques moments où se forment et se transforment les
regards portés sur cet étrange pays en se pla ant non du point de vue de leur
degré de réalité ou de véracité mais de celui des logiques qui intérieur même
de la culture grecque les organisent et leur donnent sens ou comment un
même thème transmis et repris importance du religieux par exemple massi
vement souligné Hérodote Porphyre voit en fait sa portée changer dans une
culture grecque qui elle-même se transforme très profondément
Les logoi grecs sur Egypte sont multiples et il eu une égyptologie
grecque sinon une égyptomanie mais la différence de leurs manifestations
modernes elles ne organisent ni autour du mystère des hiéroglyphes et des
passions voire des délires ils ont suscités ni autour du paradigme de leur
déchiffrement Même si la science grecque est-à-dire abord ionienne dans
Annales ESC septembre-octobre 1986 pp 953-967
953 IDENTIT DE AUTRE
ses rapports sur cette terre lointaine toujours fait une place écriture elle
est non pas mystérieuse mais simplement une technique invention très
ancienne et un instrument accumulation du savoir1
est Egypte
Egypte Homère pays des lointains des simples et des médecins des
magiciens aussi où esbaudissent Protee et ses phoques où Hélène rapporte
la drogue qui fait oublier aux mortels leurs soucis2 vont succéder une Egypte
objet enquête celle de la science ionienne mais aussi une autre différente et
toute de convention celle du pharaon Busiris par exemple hôte peu amène
qui se livre au coupable exercice de sacrifier les étrangers de passage voire
une Egypte la mode si on en rapporte plusieurs allusions du théâtre
Aristophane
Au cours du vie siècle les savants ioniens avec leur méthode enquête his
torié vont en effet élaborer une représentation du monde où Egypte
autant plus sa place que le Nil retient leur attention et stimule leur sagacité
Tout enquêteur il en va de sa crédibilité scientifique se doit de proposer une
théorie originale de ce fleuve exceptionnel Dans ses Histoires Hérodote les
récapitule et en gausse avant de proposer bien sûr sa théorie propre
Signe de son importance Hérodote consacre tout un livre Egypte3 Puis
elle est le pays qui présente aux yeux du voyageur le plus de merveilles elle
est aussi celui qui génère le récit le plus long Mais sitôt que posée et même si
on va répétant que le homa merveille excède toujours le dire altérité des
lieux et des hommes se trouve appréhendée domestiquée par une série de
procédures que tel un chasseur lan ant son filet déploie le narrateur inver
sion tout abord figure bien commode qui mue le réel de autre en simple
inverse du même ou du nôtre ensuite le constant souci arpenter de mesurer
de dénombrer de quantifier
Plus largement espace égyptien trouve sa place dans la représentation
hérodotéenne du monde et obéit donc aux schemes qui la produisent la symé
trie et inversion entre le nord et le sud de part et autre un équateur
traversant la Méditerranée les avancées extrêmes du soleil ou tropiques
matérialisés par les cours supérieurs du Danube Istros au Nord du Nil au
Sud Sur ce canevas le géographe fait jouer la figure de analogie qui lui
permet par exemple la découverte par le raisonnement des sources du Nil
33 Egypte est mise en place et en carte
Espace étrange la fois complètement artificiel créé par le fleuve
modelé par les hommes et très ancien Egypte est plus remarquable encore
par son rapport au temps elle est un très vieux pays et une terre sans change
ment 142) sans rupture où le temps des hommes le temps purement
humain séparé des dieux est bien plus vieux que ne le pensent les Grecs qui
en matière de chronologie divine et humaine se font bien des illusions tel
Hécatée de Milet un savant pourtant qui épelant sa généalogie devant les prê
tres de Thèbes imagine rencontrer un dieu la 16e génération 143
Cette ancienneté par la pratique réglée de écriture fait des gyptiens des
hommes de mémoire et donc de savoir Elle explique aussi ils aient été dans
954 RTOG LES GRECS GYPTOLOGUES
le domaine religieux des inventeurs les premiers régler les rapports entre les
hommes et les dieux fixer les règles de la piété et organiser les cultes Aussi
Hérodote ne doute-t-il pas que pour essentiel la religion des Grecs soit ori
gine égyptienne Diffusionniste il repère les itinéraires et pointe les relais Non
seulement Dionysos les cultes orphiques la croyance en la métemsomatose la
mantique et même les Thesmophories viennent Egypte mais plus originaire
ment encore les ounomata les noms des dieux alors il avait bien
des dieux theoi mais indifférenciés que les Pélasges les premiers habitants de
la Grèce honoraient en tant qu ordonnateurs de univers kosmôi
thentes Hérodote recourt étymologie pour expliquer cette religion primi
tive où la divinité puissance sans visage est appréhendée que comme prin
cipe ordre theos étant rapproché de tithêmi je place debout)4 Mais après
avoir entendu akoiiein les noms venus des Barbares et avoir obtenu
accord de oracle de Dodone pour en faire usage commence pour les
Pélasges puis pour les Grecs qui les recevront eux un autre temps on sait
désormais prononcer les noms et découper comme il convient la substance
divine5 bref le polythéisme est né et organise Avec Homère et Hésiode
viendra bien plus tard une nouvelle étape organisation du panthéon par la
fixation des généalogies des compétences et des honneurs 53 Mais était
hier ou presque il peine quatre cents ans
Telle apparaît cette Egypte aux longues échasses de temps et par diffé
rents truchements terre emprunt pour les Grecs Mais emprunt ne signifie
pour Hérodote ni simple imitation ni dépendance égard des gyptiens
moins encore supériorité de ces derniers Existe au contraire une nette distance
culturelle que révèlent plusieurs indices travers notamment le traitement de
information Hérodote peut dans le même mouvement démontrer origine
égyptienne de la religion grecque et marquer écart de certaines pratiques égyp
tiennes par une comparaison souvent implicite avec ce qui se fait dans le
monde grec Ainsi le partage hommes/animaux tel il est fixé par Hésiode
dans le mythe de Prométhee et réactivé dans la cité chaque sacrifice6 joue
différemment attestent les écarts du rituel sacrificiel égyptien 39) exis
tence animaux sacrés voire extraordinaires et sacrés comme le crocodile Ce
même cadre de référence empêche Hérodote de décrypter et de condamner
comme on le fera plus tard le rapport que les gyptiens

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