Les immigrés de la deuxième génération. Quelle(s) langue(s) ? Quelle(s) culture(s) ? - article ; n°1 ; vol.22, pg 3-14
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Les immigrés de la deuxième génération. Quelle(s) langue(s) ? Quelle(s) culture(s) ? - article ; n°1 ; vol.22, pg 3-14

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Description

Langage et société - Année 1982 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 3-14
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Yannick Lefranc
Kamila Sefta
Les immigrés de la "deuxième génération". Quelle(s) langue(s) ?
Quelle(s) culture(s) ?
In: Langage et société, n°22, 1982. pp. 3-14.
Citer ce document / Cite this document :
Lefranc Yannick, Sefta Kamila. Les immigrés de la "deuxième génération". Quelle(s) langue(s) ? Quelle(s) culture(s) ?. In:
Langage et société, n°22, 1982. pp. 3-14.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1982_num_22_1_1922IMMIGRES DE LA "DEUXIEME GENERATION" LES
QUELLE(S) LANGUE(S) ? CULTURE(S) ?
YANNICK LEFRANC
KAMILA SEFTA
PROLOGUE
En 1979, paraissait un article dans "Champs Educatifs" n°^
consacré aux productions des immigrés de "la seconde générât i on •(*)
On y défend un point de vue qui rompt avec des idées reçues autour
de la problématique de l'interférence, liées aux questions du
handicap linguistique.
L'auteur, José Delofeu, se place dans une optique qui se
veut essentiellement linguistique alors que ses conséquences so
ciales et institutionnelles sont immédiates«
A. L'ARTICLE DE DELOFEU
I PROBLEMATIQUE
a - HYPOTHESES
"II n'existe pas de différences notables entre la langue
de migrants et celle des petits français de souche qu'ils ont
comme camarades de classe".
C'est ainsi que J. Delofeu explicite son hypothèse de
travail concernant la langue des jeunes immigrés de la "deuxième
génération". Précisons que la recherche du groupe d'Aix s'inscrit
dans une étude sur : "les performances comparées des enfants de
migrants et des enfants français". - - 4
Cette hypothèse veut se situer à contre courant des idées
reçues chez les instituteurs, pour ces derniers en effet :
"le manque de maîtrise de la langue est une cause majeure de l'é
chec et du retard scolaire de ces enfants".
Delofeu s'oppose ainsi aux conceptions affirmant que le
manque de maîtrise est "plus prononcé que chez les enfants fran
çais de même milieu social" et à l'induction qui rattache ce
handicap à des "interférences avec la langue parlée en famille".
A l'apDui de ces hypothèses linguistiques Delofeu avance
l'idée selon laquelle "les enfants jouant régulièrement avec des
petits Français, scolarisés en France, ne pouvaient être que de
langue maternelle française et ne pouvaient avoir un système lin
guistique notablement different de celui de leur compagnon de
jeu".
Ceuendant il reste à résoudre la contradiction entre d'une
part l'intuition des maîtres qui perçoivent une différence glo
bale entre les productions d'immigrés et celles de leurs camara
des français, et d'autre part l'expérience des linguistes qui
l'annulent dans l'examen de retail.
b - CONCEPTS
Dans sa problématique sur la langue Delofeu distingue
trois concepts centraux : le système, la norme et l'usage indi
viduel.
• -ke système apparaît comme la somme des potentialités d'une
langue .
• Les limitations opérées par une sous communauté forment la
norme qui n'exploite jamais toutes les constructions conformes
au système.
. Enfin, les sujets parlants réalisent des formes possibles dans
le système, c'est l'usage individuel.
II OBSERVATIONS ET RESULTATS
1. ORAL
a - Delofeu procède \ un certain nombre d'observations qui le
conduisent à renforcer ses hypothèses : "des écarts" que l'on
croyait propres aux enfants de migrants sont CD "attestés" chez
d'autres types de "locuteurs" (régionaux notamment) ou bien Œ)
peuvent être ramenés "à des mécanismes présents chez les autres
locuteurs", ils sont ainsi par extension considérés comme attes-
tables •
Pour CD on a la phrase : Je suis parti à ma mère.
Pour GD : Notre température elle n'est pas comme leur autre. - - 5
b - Cependant Delofeu ne condamne pas dans l'absolu la possibi
lité de formes spécifiques aux enfants de migrants.
"Si l'on (en) trouvait, il s'agirait simplement (de)' processus
de régulation normative différents" dans le même système. Ce qui
"relève de l'étude du comportement des sujets devant les normes".
c - Plus encore, une analyse poussée dans le cas des repères tem
porels pourrait nous révéler des différences de système, et pas
seulement de norme, du côté du lexique jmême si cette etude exhaus
tive ne nous ferait sans doute pas véritablement rompre avec le
système français. "Les termes du relatifs à la naissance
et à la mort entraînent des variations importantes dans les cons
tructions où ils figurent, ces ne touchent pas que
les usages des migrants".
Ici Delofeu rencontre -quelque part- le sociolinguiste qui dirait
la dépendance contextuelle entre le sujet de la conversation (son
thème; et la nature du code employé (1). Cependant, Delofeu dis
tingue linguistique et sociolinguistique , et il se limite à une
analyse interne, formelle, systémique, des productions langa
gières (2).
En définitive, en ce qui concerne l'oral, la contradiction demeure
entre l'intuition de la spéficité et la difficile démonstration
scientifique de son existence.
Jusqu'à présent la seule voie offerte serait celle de l'étude des
comportements normatifs, "problème qui dépasse les compétences
du linguiste".
2. ECRIT
L'écrit pose des problèmes d'une autre nature pour Delofeu.
L'image plus consciente de la langue étrangère chez le locuteur,
des "types d'écrits élaborés" d'une culture différente, font que
les performances écrites, du fait de l'élaboration stylistique
qui s'y révèlent, offrent des différences beaucoup plus frappantes.
Elle l'on met provient'^' au point une avec confrontation ceux que fournissent permanente les des modèles procédés scolaires. que n
Dans 1 ' exemple :
"nous te changerons dans une autre chambre".
Delofeu voit un procédé de densif ication bien attesté
en rhétorique classique. On reste dans le système français.
Quoi qu'il en soit, la "connaissance du système de la
langue est largement la même chez les enfants de migrants que
chez les locuteurs de souche française. Si statistiquement les
écarts "étaient plus nombreux chez les de cela
ne révélerait qu'une différence de comportement à l'égard des
sollicitations de la norme". Comme pour l'oral, c'est un problème
sociolinguistique et non plus linguistique.
Contre l'idéologie d'un handicap dû à la pluralité des - - 6
codes qui générerait des interférences gênantes, Delofeu et
son équipe cherchent à donner une image "d'élèves, non plus en
position de victimes du plurilinguisme" mais de locuteurs actifs
qui créent à l'intérieur du système français, et plus encore,
en réactivent les virtualités,
PREMIERE CRITIQUE
Cependant il faut bien reconnaître qu'il s'agit d'un
évitement du problème et non d'une réponse frontale à l'amalgame
différence=inégalité, plurilinguisme =handicap : d'abord pour
Delofeu les jeunes immigrés de la seconde génération ne sont
plus plurilinguesj il ne parle pas de la culture immigrée maghré
bine, cette dernière ne Jouerait donc aucun rôle dans les pro
ductions langagières des jeunes en français.
Mais si c'était le contraire, les immigrés de la deuxième
génération se retrouveraient-ils handicapés à cause de leur dif
férence ?
B. ANALYSE CRITIQUE
I L'HYPOTHESE ET L'EXPERIMENTATION
Le cadre de l'expérimentation lui-même c'est à dire la
comparaison suivie des performances "migrantes" et "françaises"
contient au départ le Système unique, que Delofeu a par ailleurs
posé en hypothèse.
Autrement dit c'est le système lui-même qui se trouve
incorporé dans la mise en place d'une expérimentation qui ne voit
que lui. Il constitue en effet la référence unique :
- théoriquement : en tant qu'hypothèse.
- pratiquement : sous la forme des performances des loc

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