Les jeux économiques et les enjeux des politiques orthodoxes en Afrique : le cas de Madagascar et du Nigeria - article ; n°109 ; vol.28, pg 95-121
28 pages
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Les jeux économiques et les enjeux des politiques orthodoxes en Afrique : le cas de Madagascar et du Nigeria - article ; n°109 ; vol.28, pg 95-121

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Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 109 - Pages 95-121
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Hugon
Les jeux économiques et les enjeux des politiques orthodoxes
en Afrique : le cas de Madagascar et du Nigeria
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 95-121.
Citer ce document / Cite this document :
Hugon Philippe. Les jeux économiques et les enjeux des politiques orthodoxes en Afrique : le cas de Madagascar et du Nigeria.
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 95-121.
doi : 10.3406/tiers.1987.4486
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_109_4486ORTHODOXIE
LES JEUX ÉCONOMIQUES ET LES ENJEUX
DES POLITIQUES ORTHODOXES
EN AFRIQUE :
LE CAS DE MADAGASCAR ET DU NIGERIA
par Philippe Hugon*
La quasi-totalité des pays africains, pris dans l'engrenage de l'endet
tement extérieur, ont depuis le début des années 80 signé des accords
avec le fmi et appliqué un certain nombre de médications que le médecin
imposait au malade \ le plus souvent la rencontre du patient et du docteur
s'est passée avec difficultés; parfois, elle a tourné au psychodrame.
Le médecin est venu avec sa science et la certitude de son diagnostic
et de sa thérapeutique. Le malade, quant à lui, a eu du mal à reconnaître
qu'il avait peut-être fait des excès; il a mal accepté des remèdes doulou
reux et s'est interrogé sur la possibilité de changer de médecin ou d'ab
sorber des médications moins désagréables.
Cet apologue, vulgarisé dans la presse, entre le malade et son médecin
ne rend pas compte des enjeux stratégiques qui se jouent entre les acteurs
sur la scène internationale à propos de la gestion de la crise financière
nationale et internationale; il ne permet pas de rendre compte de la
diversité des négociations qui ont concerné chacun des Etats avec les
institutions de Washington.
Si l'on prend le cas des pays africains, les mesures préconisées dans
les pays de la Zone franc diffèrent de celles qui sont proposées dans les
pays n'appartenant pas à une 2one monétaire; les armes dont disposent
les pays rentiers pétroliers, tels que le Nigeria, ne sont pas les mêmes
que celles de pays exportateurs de cultures de rente tels que Madagascar.
Au-delà de modèles macro-éconómiques standards, qui fondent un
ensemble de mesures orthodoxes de libéralisation des économies et de
♦ Professeur de Sciences économiques à l'Université de Paris X; cernea.
Revue Tiers Monde, t. XXVIII, n° 109, Janvier-Mars 1987 96 PHILIPPE HUGON
priorité données aux équilibres financiers, on observe une relative
diversité des négociations et des enjeux politiques.
L'essentiel est peut-être moins celui de la réussite ou non des critères
de performance, ou de Fefficience comparée d'une gestion libérale et
d'une économie administrée, que la normalisation d'économies accep
tant les règles du jeu d'un système international en crise.
Nous illustrerons ces Jeux économiques et ces enjeux politiques en Afrique
en prenant le cas de Madagascar et du Nigeria1.
I. — La crise financière de l'Afrique
ET LES POLITIQUES D' A JUSTEMENT
ha crise financiere
L'Afrique subsaharienne est le sous-continent qui a subi le plus
profondément les effets de la crise internationale. Aux facteurs séculaires
de blocage de l'accumulation, se sont ajoutés des internes tels
que la sécheresse ou les conflits et des facteurs internationaux accrois
sant la vulnérabilité et l'instabilité des économies. Sa dette est supé
rieure à 80 milliards de dollars et le ratio de son service de la dette
par rapport aux exportations dépasse 30 %.
Compte tenu d'une très faible croissance de la production et d'une
expansion démographique de l'ordre de 3 % par an, le revenu par tête
moyen était en 1986 inférieur à son montant de 1970. Le continent
africain connaît non seulement une relative stagnation de son agriculture,
mais également un processus de désindustrialisation. Alors que tous les
autres continents sont en voie d'intégration, l'Afrique, selon les stati
stiques officielles, voit ses échanges infra-africains se réduire (moins
de 3 % de son commerce extérieur) et sa place se marginaliser dans la
division internationale du travail. Autant d'indicateurs globaux qui
traduisent une profonde crise structurelle...
Comparée aux autres sous-continents, l'Afrique subsaharienne (ass)
a un poids élevé de l'encours de la dette (par tête et surtout par rapport
au pib) mais par contre la charge de la dette est relativement plus faible.
1. Nous avons traité de l'endettement des pays africains et de ses origines in Hugon (1985)
ainsi que des fondements théoriques des modèles macro-économiques du fmi in Cahiers du
CERNE A (n° 13, 1984). ÉCONOMIQUES ET ENJEUX DES POLITIQUES ORTHODOXES 97 JEUX
Le service de la dette publique et avalisée à moyen et à long terme,
de 4,1 milliards de dollars en 1981 et de 5 milliards de dollars en 1982,
atteignait 9,9 milliards de dollars en 1984 et se situe en moyenne annuelle
à 11,6 milliards en 198 5-1987.
Les problèmes de l'endettement se posent toutefois de manière
différente selon les pays; ceux-ci sont hétérogènes par leurs ressources
naturelles, la structure de leur balance des paiements, leur politique
intérieure, leur régime d'accumulation, leur population... Les difficultés
des pays pétroliers qui ont contracté des emprunts auprès des banques
commerciales diffèrent de celles des pays les moins avancés dont la
dette est essentiellement constituée de prêts publics à taux d'intérêts
bonifiés (exemple aid ou premier guichet cce).
— Dans les pays à faible revenu, l'essentiel de l'endettement provient
de sources publiques (76,5 %). L'aide finance ainsi jusqu'à 80 % des
investissements pour les pays pauvres de la zone semi-aride. L'endet
tement de ces pays s'est d'autre part accéléré à la fin de la décennie 70.
— Dans les pays à revenu intermédiaire, les sources privées représentent
40 % de l'encours; l'endettement s'est fortement accru durant la
décennie 70 pour financer les projets de développement alors que les
pays avaient dans l'ensemble bien réagi au premier choc pétrolier.
— Dans les pays exportateurs de pétrole, l'endettement provient essen
tiellement de sources privées (70 % de l'encours total). Ces pays ont
fortement emprunté sur les marchés financiers à partir de 1980. En 1981,
quatre pays (Angola, Congo, Gabon et Nigeria) ont représenté 58 %
des emprunts contractés par Fass sur l'euro-marché et deux pays nou
vellement exportateurs de pétrole (Cameroun et Côte-d'Ivoire) ont
représenté 18 % du total. Les pays pétroliers — exception faite du
Cameroun, dont la gestion de la rente a été prudente — ont lancé
d'importants projets et contracté des emprunts élevés auprès des banques
en raison de leur solvabilité. Le renversement du marché pétrolier
en 1982 a conduit, sauf au Cameroun, à une crise financière.
Les pays de la Zone franc ont des traits spécifiques par rapport aux
autres pays africains2. La fixité et la convertibilité du fcfa par rapport
au franc, le compte d'opérations ou l'application de règles monétaires
strictes constituent des facteurs de moindre vulnérabilité par rapport
à l'environnement international. Ainsi le taux de liquidité s'est fortement
accru au cours de la décennie 70, mais essentiellement du fait des
crédits intérieurs à l'économie, alors que les avances de la Banque
centrale étaient limitées. Au contraire, dans des pays hors Zone franc,
2. Cf. Guillaumont (1984).
TM — 4 98 PHILIPPE HUGON
la vulnérabilité externe s'est conjuguée à un déficit interne résultant
pour l'essentiel du déficit budgétaire.
Les taux d'endettement relativement plus élevés dans la Zone
franc que dans les autres pays peuvent s'expliquer en partie par la libre
transférabilité des capitaux. On peut prendre pour hypothèse que les
pays de la Zone franc n'ont pas la contrainte de l'équilibre de la balance
des paiements (grâce au compte d'opérations) mais que par contre
ils sont soumis à des politiques monétaires et budgétaires rigoureuses,
le Trésor français jouant à certains égards le rôle de prêteur en dernier
ressort. Les limites du crédit intérieur

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