Les kodro de Bangui : un espace urbain « oublié ». - article ; n°81 ; vol.21, pg 93-110
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1981 - Volume 21 - Numéro 81 - Pages 93-110
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Marie-France Adrien-
Rongier
Les kodro de Bangui : un espace urbain « oublié ».
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 21 N°81-83. 1981. pp. 93-110.
Abstract
M.-F. Adrien-Rongier—Bangui's ' Kodro' : A Forgotten Urban Space.
In Bangui three specifie modes of urban adaptation are to be observed not so much in the city's centre and allotted wards (as is
usually the case with officiai enquiries and declarations) as in the kodro, which occupy some 75 % of the built up area. For the
last fifteen years the town has grown rapidly without the benefit of a consistent employment and education policy. Hence the
nature of the kodro's social and economie practices, as exemplified by the Gbaya of the Gbafio ward: persistence of a family-
based habitat, co-existence of agriculture, trade and wage-earning activities with a sexual division of labour, economie survival
organized on kinship terms. While the administrators' and technicians' studies ignore or deplore this state of afiairs, the
governement has chosen to control it by delegating a part of its authority to the ward chiefships while 'forgetting' this urban space,
which remains, for this reason, underequipped.
Citer ce document / Cite this document :
Adrien-Rongier Marie-France. Les kodro de Bangui : un espace urbain « oublié ». In: Cahiers d'études africaines. Vol. 21 N°81-
83. 1981. pp. 93-110.
doi : 10.3406/cea.1981.2303
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1981_num_21_81_2303MARIE-FRANCE
Les kodro de Bangui un espace urbain oublié
Une identité urbaine spécifique
Les discours tenus propos de Bangui sont contrastés et se juxta
posent autant plus mal ils sont origines très diverses Celui des
habitants il faut aller le saisir au sein des kodro1 si on veut entendre
celui des responsables de administration on en trouve écho dans les
études que cette capitale africaine suscitées Les documents écrits
portent principalement sur les secteurs dits modernes ceux qui sont
intégrés aux organismes politiques administratifs et privés nés pendant
la période coloniale ou post-coloniale opposition entre les données qui
sont présentées et les réalités socio-économiques des espaces habités2
est pas sans rappeler la dichotomie qui existe dans la ville même
cf carte Celle-ci est constituée une part une cité administrative
commerciale et résidentielle établie emplacement de ancien poste
colonial entourée de quartiers lotis et autre part des kodro quartiers
qualifiés de spontanés par le système administratif éloignés parfois
de plusieurs kilomètres du centre où vit et travaille la plus grande partie
de la population banguissoise
La même discordance se lit dans les modes de construction les types
habitat et aménagement public Le centre et les quartiers lotis sont
desservis par de larges artères voies de communication délimitant un
parcellaire régulier les logements bâtis avec des matériaux impor
tation sont occupés par des familles relativement atomisées qui ont
pas participé édification initiale de la maison même si elles ont ulté
rieurement transformée Dans les kodro en revanche autoconstruction
familiale domine et la plupart des matériaux utilisés sont origine locale
Les habitations sont disposées selon un schéma qui ne relève nullement
du plan cadastral mais de organisation sociale propre chaque groupe
ethnique Il pas électricité excepté le long des axes principaux
et dans quelques établissements publics et approvisionnement en eau
Kodro mot sango désignant la fois espace lignager le village et le quartier
où on réside
Estimée 19 ooo habitants en 1934 30 ooo en 1945 plus de 100 ooo en
1960 la population de Bangui compte de nos jours 250 ooo habitants
Cahiers tudes africaines 81-83 XXI i-3 pp 93-110 MARIE-FRANCE ADRIEN-RONGIER 94
se fait au moyen de quelques rares bornes-fontaines de sources et de
marigots
On trouvera illustration la plus claire enfin de cette double urbani
sation dans observation des deux pôles caractéristiques de la vie cita
dine que on oppose généralement3 le premier se situe autour du marché
central où se presse le matin une population appartenant principalement
aux couches économiques les plus favorisées en fin après-midi cet
endroit se vide ainsi que ensemble du centre et on rencontre plus
que de rares passants européens pour la plupart Le second autour du
Kilomètre cinq connaît une activité économique et sociale si intense
il est en fait et bien il en porte pas le nom le ur de espace
urbain banguissois Son marché de Mamadou-Mbaïki est de très loin le
plus important de agglomération5 et se tient toute la journée le long
de avenue Koudoukou sont établis les principaux magasins des commer
ants libanais portugais et hausa et la musique des nombreux bars
résonne tard dans la nuit Les commentateurs de la radio centrafricaine
ne se privent pas évoquer ce Kilomètre cinq sur un ton séduisant qui
renforce certainement attraction exercée par Bangui sur ceux qui
vivent pas
Or il semble bien que le discours officiel il prend en considération
ces deux éléments constitutifs de la ville le fait moins pour montrer leur
clivage effectif que pour opposer leur degré intégration urbaine Pour
les responsables des services urbanisme notamment le centre est
urbain tandis que les kodro ne le sont pas mais sont inévitablement appe
lés le devenir est intervention de administration qui leur fera
perdre les principaux aspects qui en font encore des villages africains
ou des zones périphériques voire des bidonvilles comme les quali
fient certains experts et leur donnera les caractères sans lesquels il ne
peut être question de cité urbanisée
Textes et études reprennent leur compte ce type antagonisme
ils appliquent en fait la plupart des villes mais ce mode de des
cription en termes de double réalité conflictuelle une produite par
une volonté politique et autre émanant de la population aide que
trop partiellement la compréhension du cas de Bangui et occulte une
grande partie de sa spécificité En effet si cette problématique permet
analyse de situations urbaines du type Abidjan ou de Dakar6 consti-
BINET 1972 montre en décodant des rédactions et des dessins faits par de
jeunes enfants combien sont fortes les représentations de ce type de contraste
Bangui les lieux fréquemment identifiés par la distance kilométrique
qui les sépare du centre de la ville
Parmi les dix-sept marchés recensés dans agglomération celui de Mamadou-
Mbaïki vient en tête avec une surface évaluée par les services de urbanisme
14 650 m* le marché central couvrirait ooo m2 Lakouanga 575 Gobongo
375 etc
Marc VERNIERE 1977 194 décrit Dagoudane Pikine comme un espace
conflictuel entre deux forces antagonistes le spontanéisme populaire et la volonté
étatique Il montre que affrontent en permanence deux conceptions mais militaires camps
quartiers lotis
quartiers spontanés
zones résidentielle administrative
et industrielle
principaux axes goudronnés
Bangui plan urbanisme MARIE-FRANCE ADRIEN-RONGIER
tués grâce importants moyens matériels et politiques elle est pas
suffisante pour Bangui qui jamais fait objet que efforts limités
Ce qui était vrai pour la période coloniale et les premières années indé
pendance est encore accentué pendant les quatorze années du régime
Bokassa part les édifices théâtralisant son pouvoir Balandier 1980)
les nouveaux éléments urbanisme concernent essentiellement les
200 villas appelées communément Soweto cadeau du régime sud-
africain empereur de Centrafrique Il agit de constructions préfa
briquées et pourvues de tout le confort moderne utilisées comme rési
dences de fonction par de hauts cadres de administration ou de la
coopération internationale
Le développement du Kilomètre cinq et des quartiers avoisinants
tient un relatif laissez-faire de la politique urbaine devant augmen
tation de la population fuyant les difficultés du monde rural et attirée par
les lumières de la ville abondamment décrites par les médias et les
visiteurs architecte centrafricain Lemotomo 1977) analysant les
trois principaux plans urbanisme de 1946 1967 et 1971 note cette
prépondérance des quartiers spontanés dans la naissance de la ville
Selon les quelques données chiffrées de la direction de urbanisme concer
nant les différents régimes fonciers on observe que le mode occupa
tion par immatriculation habitat loti représenterait moins d

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