Les magistrats et la loi pénale - article ; n°4 ; vol.25, pg 658-683

Patrick Jakubowicz, Claude Faugeron

Description

Revue française de sociologie - Année 1984 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 658-683
Claude Faugeron y Patrick Jakubowicz : Los magistrados y la ley penal.
¿ Соmо se reflejan en los magistrados los debates públicos en la justicia penal, cuando la ideología jurídica supone un acuerdo relativo entre la norma jurídica y las « normas » en vigor en nuestra sociedad ? Conciernen esos debates más el modo de empleo de las instituciones que la reprobation aplicada a ciertos comportamientos; eso fué ocultado por métodos de análisis que utilizaban indices de tendencia central y no la dispersion de las respuestas. La investigation que se hizo en una fraction representativa y estratificada de magistrados franceses enseña que dos grandes partes, que se acondicionan una a otra separan el cuerpo : disentimientos en la represión de la delincuencia económica y financiera. Esos disentimientos dependen de un efecto de generation tan como de una penetration diferenciál del discurso del sindicato de la magistratura y atafien de hecho un conflicto en materia de indemnizaciones de recursos.
Claude Faugeron und Patrick Jakubowicz : Justizbeamte und Strafgesetz.
Wie werden die öffentlichen Diskussionen zum Strafgesetz bei den Justizbeamten aufgenommen, da die juristische Ideologie ein relatives Einvernehmen zwischen den juristischen Normen und den Normen unserer Gesellschaft voraussetzen ? Diese Diskussionen betreffen mehr die Anwendung der Institutionen als die Missbilligung bestimmter Verhaltensweisen. Dieser Punkt wurde verdeckt von Analysenmethoden, die Indizien für zentrale Tendenz verwendeten anstelle von der Antwortenstreuung. Die Untersuchung, die bei einer geschichteten Auswahl französischer Justizbeamten durchgefuhrt wurde, zeigt dass zwei sich einander bestimmende grosse Spaltungen den Beamtenkörper teilen : Meinungsverschiedenheit zur Repression der Gesetzesverletzungen, die mit den Lebensweisen und dem Selbstbestimmungsrecht zusammenhängen, und zur Repression der wirtschaftlichen und finanziellen Gesetzesiiberschreitungen. Diese Meinungsverschiedenheiten stehen in Zusammenhang mit einem Generationseffekt, sowie einer differentiellen Penetration des Diskurses des Syndicat de la Magistrature (Justizbeamtergewerkschaft). Es handelt sich in Wirklichkeit um einen Konflikt in Bezug auf die Ressourcenverteilung.
Claude Faugeron and Patrick Jakubowicz : Magistrates and penal law.
How are public debates on penal justice reflected among magistrates when the legal ideology supposes a relative harmony between legal norms and those in effect in our society ? These debates focus more on the use of penal institutions than on the blame attached to certain types of behavior, but this fact has been obscured by methods of analysis which use indications of major trends rather than the diversification of answers. The survey carried out among a stratified sample of French magistrates shows that this corps is divided on two major issues (which condition each other) : repression of offences related to life styles and the right to dispose of oneself, and repression of economic and financial delinquency. These divergences are related to differences between the generations as well as to the differential impact of the thinking of the magistrates' union; in actual fact they revolve around a conflict over the distribution of resources.
Claude Faugeron et Patrick Jakubowicz : Les magistrats et la loi pénale.
Comment les débats publics sur la justice pénale se réfractent-ils chez les magistrats, alors que l'idéologie juridique suppose un accord relatif entre la norme juridique et les « normes » en vigueur dans notre société ? Ces débats concernent davantage le mode d'emploi des institutions que la réprobation attachée à certains comportements; cela a été masqué par des méthodes d'analyse utilisant des indices de tendance centrale et non pas la dispersion des réponses. L'enquête menée auprès d'un échantillon stratifié de magistrats français montre que deux grands clivages, se conditionnant l'un l'autre, partagent le corps : désaccords sur la répression des infractions liées aux modes de vie et au droit de disposer de soi et sur la répression de la délinquance économique et financière. Ces désaccords sont liés à un effet de génération ainsi qu'à une pénétration différentielle du discours du Syndicat de la magistrature, et portent en fait sur un conflit en matière d'allocations de ressources.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE
• Publié le: 01 janvier 1984
• Nombre de lectures: 16
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Claude Faugeron
Patrick Jakubowicz
Les magistrats et la loi pénale
In: Revue française de sociologie. 1984, 25-4. pp. 658-683.
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Faugeron Claude, Jakubowicz Patrick. Les magistrats et la loi pénale. In: Revue française de sociologie. 1984, 25-4. pp. 658-
683.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1984_num_25_4_3851Resumen
Claude Faugeron y Patrick Jakubowicz : Los magistrados y la ley penal.
¿ Соmо se reflejan en los magistrados los debates públicos en la justicia penal, cuando la ideología
jurídica supone un acuerdo relativo entre la norma jurídica y las « normas » en vigor en nuestra
sociedad ? Conciernen esos debates más el modo de empleo de las instituciones que la reprobation
aplicada a ciertos comportamientos; eso fué ocultado por métodos de análisis que utilizaban indices de
tendencia central y no la dispersion de las respuestas. La investigation que se hizo en una fraction
representativa y estratificada de magistrados franceses enseña que dos grandes partes, que se
acondicionan una a otra separan el cuerpo : disentimientos en la represión de la delincuencia
económica y financiera. Esos disentimientos dependen de un efecto de generation tan como de una
penetration diferenciál del discurso del sindicato de la magistratura y atafien de hecho un conflicto en
materia de indemnizaciones de recursos.
Zusammenfassung
Claude Faugeron und Patrick Jakubowicz : Justizbeamte und Strafgesetz.
Wie werden die öffentlichen Diskussionen zum Strafgesetz bei den Justizbeamten aufgenommen, da
die juristische Ideologie ein relatives Einvernehmen zwischen den juristischen Normen und den
"Normen" unserer Gesellschaft voraussetzen ? Diese Diskussionen betreffen mehr die Anwendung der
Institutionen als die Missbilligung bestimmter Verhaltensweisen. Dieser Punkt wurde verdeckt von
Analysenmethoden, die Indizien für zentrale Tendenz verwendeten anstelle von der Antwortenstreuung.
Die Untersuchung, die bei einer geschichteten Auswahl französischer Justizbeamten durchgefuhrt
wurde, zeigt dass zwei sich einander bestimmende grosse Spaltungen den Beamtenkörper teilen :
Meinungsverschiedenheit zur Repression der Gesetzesverletzungen, die mit den Lebensweisen und
dem Selbstbestimmungsrecht zusammenhängen, und zur Repression der wirtschaftlichen und
finanziellen Gesetzesiiberschreitungen. Diese Meinungsverschiedenheiten stehen in Zusammenhang
mit einem Generationseffekt, sowie einer differentiellen Penetration des Diskurses des Syndicat de la
Magistrature (Justizbeamtergewerkschaft). Es handelt sich in Wirklichkeit um einen Konflikt in Bezug
auf die Ressourcenverteilung.
Abstract
Claude Faugeron and Patrick Jakubowicz : Magistrates and penal law.
How are public debates on penal justice reflected among magistrates when the legal ideology supposes
a relative harmony between legal norms and those in effect in our society ? These debates focus more
on the use of penal institutions than on the blame attached to certain types of behavior, but this fact has
been obscured by methods of analysis which use indications of major trends rather than the
diversification of answers. The survey carried out among a stratified sample of French magistrates
shows that this corps is divided on two major issues (which condition each other) : repression of
offences related to life styles and the right to dispose of oneself, and repression of economic and
financial delinquency. These divergences are related to differences between the generations as well as
to the differential impact of the thinking of the magistrates' union; in actual fact they revolve around a
conflict over the distribution of resources.
Résumé
Claude Faugeron et Patrick Jakubowicz : Les magistrats et la loi pénale.
Comment les débats publics sur la justice pénale se réfractent-ils chez les magistrats, alors que
l'idéologie juridique suppose un accord relatif entre la norme juridique et les « normes » en vigueur dans
notre société ? Ces débats concernent davantage le mode d'emploi des institutions que la réprobation
attachée à certains comportements; cela a été masqué par des méthodes d'analyse utilisant des indices
de tendance centrale et non pas la dispersion des réponses. L'enquête menée auprès d'un échantillon
stratifié de magistrats français montre que deux grands clivages, se conditionnant l'un l'autre, partagentle corps : désaccords sur la répression des infractions liées aux modes de vie et au droit de disposer de
soi et sur la répression de la délinquance économique et financière. Ces désaccords sont liés à un effet
de génération ainsi qu'à une pénétration différentielle du discours du Syndicat de la magistrature, et
portent en fait sur un conflit en matière d'allocations de ressources.R. franc, sociol., XXV, 1984, 658-683
Claude FAUGERON et Patrick JAKUBOWICZ
Les magistrats et la loi pénale
De façon récurrente, mais plus encore depuis les années 70, la fonction
pénale occupe une place « sensible » dans le débat public, sous différents
aspects : la prison, l'efficacité de la répression vs la prévention, l'inégalité
devant la loi, le laxisme des juges... Ces discussions ont aussi porté sur
l'adaptation de la loi pénale à l'évolution des mœurs, l'idéologie juridique
supposant que la norme légale est la traduction, plus ou moins fidèle, d'une
norme majoritaire dans la société. L'idée est alors de changer la loi en fonction
des modifications supposées de la norme commune majoritaire.
Nombre de travaux se sont attachés à observer la façon dont la norme
commune évoluait, et comment ceci pouvait se traduire dans les façons de
juger (Faugeron, 1979) (1). Toutefois, dès les années 1960, l'émergence dans
le champ scientifique d'un débat portant, d'une part, sur la problématisation
de la notion de crime (Pires, 1979) et, d'autre part, sur la critique de l'idée de
consensus (Robert, 1978, 1981) a conduit à s'interroger sur la pertinence de
telles approches.
Résumons brièvement les termes du débat, en reprenant les formulations
de Me Donald (1976). Les tenants de l'école du consensus attribuent un rôle
central non au pouvoir et à la loi pénale mais aux conditions socio-écono
miques comme facteurs du comportement criminel et de l'application différent
ielle des sanctions; la loi ne fait que refléter les valeurs dominantes dans une
société même si, étant donné la relative inertie des supports, elle peut se
trouver en décalage par rapport à l'évolution des mœurs et des normes. L'école
du conflit met, au contraire, au centre de son modèle, la notion de répartition
inégale du pouvoir qui conditionne les inégalités socio-économiques responsab
les des comportements criminels et la loi qui les sanctionne; elle reproche
à l'école du consensus, en l'absence d'une analyse socio-politique, d'occulter conditions de production et d'application de la loi pénale et de ne pas
rendre compte d'une réalité sociale faite de luttes pour l'appropriation des
moyens économiques et juridiques. Cette lutte se traduit par une répression
des comportements des groupes dominés au nom des normes et des intérêts
des groupes dominants.
Il ne vaudrait pas la peine d'évoquer ce débat, d'ailleurs souvent repris par
la suite dans des contextes différents, si les protagonistes ne l'avaient rendu
interminable, surtout pour deux raisons : soit qu'ils ne problématisent pas
suffisamment la notion de norme, soit qu'ils ne prêtent pas assez attention aux
artefacts produits par leurs instruments de mesure.
Nombres d'études empiriques ont reposé sur l'idée qu'il suffisait, pour
(1) Les références bibliographiques se trouvent en fin d'article.
658 Claude Faugeron et Patrick Jakubowicz
évaluer la prégnance de la norme, de mesurer le degré de réprobation-
approbation d'un comportement (par ex. Kwasniewski et Kojder, 1977). L'on
a eu ainsi beau jeu de montrer que des normes « morales » correspondant à
certaines normes « légales » sont les mieux partagées du monde, y compris par
ceux qui les ont violées (ou du moins qui se font fait prendre).
Des auteurs comme Newman (1976) ont pensé sortir de la difficulté en
distinguant une catégorie de déviances mala in se, inscrite en quelque sorte
dans la nature humaine, opposée à une catégorie mala prohibita, fruit de la
conjoncture socio-économique — et de l'évolution culturelle — et objet de
débat.
D'autres auteurs ont tenté