Les modèles de développement - article ; n°46 ; vol.12, pg 279-301
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Description

Tiers-Monde - Année 1971 - Volume 12 - Numéro 46 - Pages 279-301
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Dumas
Les modèles de développement
In: Tiers-Monde. 1971, tome 12 n°46. pp. 279-301.
Citer ce document / Cite this document :
Dumas André. Les modèles de développement. In: Tiers-Monde. 1971, tome 12 n°46. pp. 279-301.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1971_num_12_46_1770LES MODÈLES
DE DÉVELOPPEMENT (I)
par André Dumas*
L'objet de cette analyse concerne l'étude de la relation entre les
modèles économétriques, considérés comme des instruments de la
politique de développement, et le développement lui-même, en tant
qu'il implique non seulement un simple accroissement des quantités
globales, mais aussi une transformation de l'économie et de la société
en général à tous les niveaux, et notamment au niveau des comportements.
Il s'agit donc de déterminer, d'une part, si les modèles peuvent
prendre en considération les facteurs les plus significatifs qui condi
tionnent l'organisation du développement et, d'autre part, dans quelle
mesure ces modèles, dont la nature sera évidemment différente selon la
nature des objectifs qu'ils déterminent, des instruments qu'ils utilisent
et des contraintes subissent, peuvent permettre de choisir les
mesures qu'H faut prendre pour atteindre les objectifs du développement.
En d'autres termes, la question à laquelle nous tentons de répondre
est la suivante : Les modèles de développement peuvent-ils résoudre,
à travers les décisions qu'ils permettent de prendre dans le cadre d'une
stratégie de développement, les problèmes posés par le sous-dévelop
pement ? Peuvent-ils favoriser le passage pour une économie donnée
de l'état sous-développé à l'état développé ?
L'intérêt d'un tel sujet est évident : il y a trente ans, depuis que l'on
a pris conscience du « scandale » qu'il constituait, que l'on tente de porter
remède au sous-développement; et depuis trente ans, toutes les théra-
(i) Cf. A. Dumas, Les modèles de développement, thèse, Montpellier, 1970.
* Assistant à la Faculté de Droit et Sciences économiques de Montpellier.
279 ANDRÉ DUMAS
peutiques utilisées n'ont donné que des résultats partiels. Les plans de
développement, les projets d'industrialisation, les tentatives de modern
isation agricole, les réformes économiques ou les révolutions politiques
se sont soldés par des échecs ou des semi-échecs, puisque les deux tiers
de l'humanité continuent toujours de percevoir 15 % seulement du
revenu mondial. Quant aux perspectives d'avenir, elles ne sont pas plus
favorables au Tiers Monde : H. Khan (1) pense qu'en l'an 2000 ce seront
les trois quarts, et non plus les deux tiers, de l'humanité qui appartien
dront au monde du retard économique, et que le « fossé » qui sépare
aujourd'hui les pays riches des pays sous-développés sera devenu un
« précipice ».
Il nous paraît de plus en plus urgent de trouver des solutions au
problème du sous-développement. C'est pourquoi toutes les tentatives
— et les modèles de développement en sont une — susceptibles d'y
porter remède ont à nos yeux une importance capitale.
I. — Méthode
a) Hypothèses de base
Deux hypothèses de base constituent les prémisses de cette analyse.
La première est la suivante : II est possible de construire des modèles à partir
des éléments fournis par l'activité économique des pays sous-développés.
Cette hypothèse est importante, car elle contredit implicitement la
thèse selon laquelle l'économie des pays sous-développés est désarticulée.
On a pu dire en effet que le contact de la civilisation industrielle
avec les sociétés traditionnelles, en bouleversant l'équilibre ancien, a
complètement désarticulé l'économie des pays sous-développés sur le
plan des mécanismes comme sur celui des comportements. Celle-ci
serait donc caractérisée par l'absence de marché, l'inexistence de flux
intersectoriels ou interrégionaux et par une compartimentation étroite
des différentes activités. C'est ainsi que M. Byé (2) traitant du rôle du
capital dans le développement économique et se plaçant au niveau des
flux Epargne-Investissement, pense que l'économie sous-développée
est non intégrée puisque les secteurs de financement des investissements
(1) H. Khan, L'an 2000, New York, Hudson Institute, 1968.
(2) M. Byé, Le tôle du capital dans le développement économique, Economie appliquée,
1958.
280 LES MODÈLES DE DÉVELOPPEMENT
sont autonomes et fermés, l'épargne d'un secteur ne finançant que
l'investissement de ce secteur.
Dans ces conditions, il est difficile de concevoir que des modèles,
qui d'une façon générale constituent une traduction schématique de la
structure, du fonctionnement et de l'évolution d'un ensemble écono
mique sous-développé, traduction présentée sous la forme d'un système
d'équations reliant entre elles certaines grandeurs significatives de l'e
nsemble considéré, puissent être élaborés dans les pays sous-développés.
En effet, dire que leur économie est désarticulée, c'est dire qu'H n'est pas
possible de mettre en évidence et de dégager des articulations et des
relations entre les grandeurs économiques ou les secteurs d'activité.
Or le modèle est constitué, par définition même, par une succession de
relations. Il est évident que si ces relations ne peuvent être établies, on ne
peut pas construire des modèles de développement. Supposer que l'on les construire, c'est donc supposer que l'économie des pays sous-
développés n'est pas désarticulée.
En fait, cela ne signifie pas que la thèse selon laquelle l'économie
des pays sous-développés est désarticulée soit fausse. Cette économie est
en effet désarticulée si on la compare à celle des pays industrialisés,
autrement dit, si on prend comme termes de référence les articulations
qui existent dans les pays développés. Il est bien certain que « les trans
missions par les flux, les prix et les anticipations », pour reprendre l'expres
sion de F. Perroux, telles qu'elles existent dans les pays industrialisés,
ne se retrouvent pas avec la même intensité dans les pays sous-développés.
Ces transmissions s'y font à travers d'autres éléments, les articulations
sont à un autre niveau et ne se perçoivent pas avec les instruments
construits pour étudier les mécanismes des économies modernes.
On a dit par exemple qu'H n'existait ni marché ni relations intérieures
dans les pays sous-développés. Certes, il est sûr que les relations éco
nomiques internationales et locales sont plus denses que les relations
économiques au niveau national ou régional. Mais cela ne signifie pas
que ces dernières soient totalement absentes; les sphères d'échange
locales ne sont pas rigoureusement hermétiques et on peut trouver des
interférences d'une sphère à l'autre, et donc, sinon un réseau de liaisons
aussi complexe que dans les économies développées, du moins l'ébauche
d'une économie nationale suffisante pour permettre d'établir des relations
quantifiables. Il en est de même en ce qui concerne les secteurs qui ne
sont pas totalement clos ; il existe toujours des passages, au moins sous
281
т. m. 46 19 ANDRÉ DUMAS
forme de fuites, entre les différents secteurs. Le problème est évidem
ment de percevoir et de dégager toutes ces relations ; il n'est pas sûr que
l'on puisse le faire avec les mêmes instruments et les mêmes concepts
que ceux qui sont utilisés dans les pays développés.
C'est là en fait le danger des analyses économiques en matière de
développement, d'être des analyses réalisées à partir d'instruments et de
concepts testés sur des économies évoluées, avec en filigrane une cons
tante référence, consciente ou inconsciente, aux économies développées.
De même les comportements dans les pays sous-développés sont
irrationnels si

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