Les Noces à Pouri (Pélion) - article ; n°2 ; vol.16, pg 41-67
28 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Noces à Pouri (Pélion) - article ; n°2 ; vol.16, pg 41-67

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
28 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L'Homme - Année 1976 - Volume 16 - Numéro 2 - Pages 41-67
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie-Elisabeth Handman
Les Noces à Pouri (Pélion)
In: L'Homme, 1976, tome 16 n°2-3. pp. 41-67.
Citer ce document / Cite this document :
Handman Marie-Elisabeth. Les Noces à Pouri (Pélion). In: L'Homme, 1976, tome 16 n°2-3. pp. 41-67.
doi : 10.3406/hom.1976.367647
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1976_num_16_2_367647LES NOCES A POURI (PÉLION)
par
MARIE-ELISABETH HANDMAN-XIFARAS
Le Pélion est l'arête montagneuse qui domine sur une cinquantaine de
kilomètres le golfe de Volos en Thessalie. C'est sur ses flancs que, selon les
Anciens, résidaient les Centaures et à son sommet (i 552 m d'altitude) que se
tinrent les noces de Thétis et Pelée.
* Cet article présente quelques résultats provenant d'une recherche d'ensemble sur le
village de Pouri (Thessalie).
Je tiens à remercier ici M. Stephanos Imellos, directeur du Centre de Recherches sur le
Folklore grec de l'Académie d'Athènes, ainsi que le personnel du Centre, pour l'aide qu'ils
m'ont apportée au cours de mon investigation.
Effectuée en vue d'une thèse de 3e cycle sous la direction de M. Paul Henri Stahl,
l'enquête, conduite dans le cadre du Laboratoire d'Anthropologie sociale, a donné lieu à trois
séjours sur le terrain entre 1973 et 1975 (huit mois au total), grâce au concours financier du
CNRS. Il va de soi qu'un séjour aussi court ne m'a pas permis d'analyser tous les aspects de
la vie sociale de cette communauté. Pour pouvoir tirer pleinement parti des matériaux que
j'ai recueillis sur le mariage, il faudrait en effet pouvoir les rattacher à l'ensemble des cou
tumes et des mœurs non seulement du village, mais aussi de toute la péninsule balkanique.
Toutefois le rituel des noces est si riche qu'il m'a paru utile de le décrire avec minutie pour le
porter à la connaissance des chercheurs.
Transcription : comme il n'existe pas de norme internationale pour la translitteration du
grec moderne, j'ai pris le parti d'écrire les noms géographiques et d'auteurs selon l'usage
français, mais d'utiliser, pour les termes vernaculaires, une transcription qui se rapproche
le plus possible de la prononciation locale.
orthographe alphabet phonétique transcription
international grecque
S Ô dh
0 0 th
gh r ■j y
iX X ch ( ç
L 'Homme, avr.-sept. 1976, XVI (2-3), pp. 41-6J. MARIE-ELISABETH HANDMAN-XIFARAS
Mer Egée
Makryrachi yv,
5 km
Croquis de situation
De l'habitat antique, il ne reste que des traces écrites1 ; du Moyen Age,
quelques monastères. C'est des xvme et xixe siècles, époque où le Pélion va
connaître un grand essor économique et culturel, que nous parviennent les sou
venirs les plus riches. Essor d'abord avec la construction de caïques,
la manufacture de la soie, le commerce avec l'Egypte et l'Asie mineure. Culturel
i. Cf. Hérodote (VII : 183), cité par Iannis Kordatos, 'IaxoQia xf\q stkiqxîclç BoXov
xal 'Ayviàç [Histoire de la région de Volos et d'Ayia], Athènes, Éditions du xxe Siècle, i960,
1043 p. LES NOCES A POURI 43
ensuite avec les centres de l'hellénisme militant contre l'influence turque que
furent Zagora et Miliès qui possèdent encore aujourd'hui des bibliothèques du
plus haut intérêt historique.
Vers la fin du xvme siècle, à sept kilomètres de Zagora, commence à se
construire un hameau qui sert de refuge à ceux qui refusent de payer l'impôt turc,
à divers meurtriers objets de poursuite, à des klephtes, puis aux rescapés des
massacres de Chio (1822) ou de Mitzéla, village limitrophe (1828). Ce hameau,
Pouri, prendra son autonomie administrative en 1912 mais n'en restera pas moins,
tant que durera la manufacture de la soie (jusqu'en 1920-22), un réservoir de
main-d'œuvre pour Zagora. En même temps, il est un lieu d'accueil pour les jeunes
gens pauvres du Pélion. Jusqu'en 1930, le défrichement n'y est pas limité et ceux
qui viennent y chercher un travail salarié dans la fabrication du charbon de bois
(pour le compte d'un commerçant de Volos ou d'un riche propriétaire de Zagora)
s'y fixent bien souvent après avoir épousé une Pouriani dont la dot (un champ,
une maison, une somme d'argent) leur permet de « commencer dans la vie ».
Hormis les travaux salariés et l'engagement dans la marine marchande
(traditionnel dans le Pélion), les Pouriani vivent en économie presque fermée
jusqu'à la fin de la guerre civile (1949) ; ils sont en effet isolés de tous les autres
villages : il faut une heure et demie pour se rendre à Zagora à dos de mulet et plus
de trois heures vers le nord-ouest pour aller à Vénéto, village auquel n'aboutit
aucune route. Pouri fournit à peu près tous les produits végétaux et animaux
nécessaires à l'alimentation de ses habitants qui, entre 1920 et 1950, ne vendront
sur le marché que leur surplus de pommes de terre. A partir des années cinquante,
la mévente de ces dernières les pousse à se reconvertir : ils se font arboriculteurs
(pommes, poires, noisettes, châtaignes, noix). Ils continuent d'exploiter la forêt,
placée sous le double contrôle de la communauté et de l'administration préfec
torale, pour le bois de construction et le charbon. Des troupeaux d'antan chaque
famille n'a gardé que trois chèvres au plus pour le lait et, dans le meilleur des cas,
cinq mulets pour les transports. A partir de 1961, une route est ouverte entre
Zagora et Pouri. Elle ne sera goudronnée qu'en 1973 — elle demeure donc très peu
praticable durant douze ans. Le village est électrifié en 1970 et avec l'électricité
s'introduisent très vite la radio puis la télévision qui apportent aux Pouriani une
vision plus citadine du monde.
Dès le début du xxe siècle, Pouri connaît une émigration permanente, d'abord
vers les États-Unis — comme d'ailleurs la plupart des villages de Grèce à cette
époque — , vers Volos et Athènes ensuite, émigration qui n'altère cependant pas
son équilibre démographique, puisque jusqu'à la Seconde Guerre mondiale les
départs sont compensés par l'immigration. Depuis 1920, en effet, la population
de Pouri est pratiquement stabilisée autour de 700 habitants malgré le départ de
la moitié des jeunes filles et de presque autant de jeunes gens.
Actuellement, un plus grand nombre d'adolescentes quittent le village (elles MARIE-ÉLISABETH HANDMAN-XIFARAS 44
« ne veulent plus travailler aux champs »), mais à leur place viennent se marier
à Pouri des jeunes filles de villages très pauvres, en voie d'abandon, de la région
de Trikala essentiellement : 23 depuis 1961. Le nombre des mariages entre Pou-
riani et Zagoriani a toujours été modéré : 38 depuis 18802. Ils sont cependant plus
nombreux que ceux qui lient un Pourianos à un habitant d'un autre village du
Pélion : 24 depuis 1880. Et pourtant mes informateurs affirment avec véhémence
qu'il ne se fait que très peu de mariages avec Zagora, village abhorré entre tous.
En réalité, les mariages exogamiques les plus nombreux sont ceux qui découlent
du choix délibéré d'épouser un(e) citadin (e) pour quitter la vie rurale ; c'est le cas
de 59 garçons et 85 filles depuis 1880. On compte environ trois à cinq mariages
par an à Pouri : proportion importante, qui se traduit dans l'habitat par le fait
que sur les deux cents maisons du village, une sur quatre a été construite dans la
dernière décennie.
Depuis le début du siècle, les modalités de choix du conjoint ainsi que les
obligations des futurs époux à l'égard l'un de l'autre et de leur belle-famille ont
beaucoup changé, alors que le rituel du mariage, semblable presque en tous points
à celui de Zagora — et que l'on retrouve à quelques variantes près dans l'ensemble
du Pélion — n'a pratiquement pas connu d'altération jusque dans les années
soixante. Depuis dix ans, une partie du cérémonial a été abandonnée, mais
l'essentiel se maintient.
La mise en condition de l'enfant et de la jeune fille
De tout temps et aujourd'hui encore à Pouri, le mariage est parmi les rites
de passage le plus important, le plus longuement préparé, le plus fastueusement
célébré. Les parents, dès la naissance de leurs enfants, ont pour principale pré
occupatio

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents