Les pierres gravées de la Nouvelle-Calédonie - article ; n°1 ; vol.6, pg 63-72
11 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les pierres gravées de la Nouvelle-Calédonie - article ; n°1 ; vol.6, pg 63-72

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
11 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1895 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 63-72
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1895
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Lionel Bonnemère
Les pierres gravées de la Nouvelle-Calédonie
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 6, 1895. pp. 63-72.
Citer ce document / Cite this document :
Bonnemère Lionel. Les pierres gravées de la Nouvelle-Calédonie. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série,
tome 6, 1895. pp. 63-72.
doi : 10.3406/bmsap.1895.5571
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1895_num_6_1_5571BONNEMÈRE. — LES PIERRES DE LA NOUVELLG-CALEDONrE 63 L.
Les pierres gravées de la I\oiivelle-Calédouie.
Par M. L. Bonnemère.
J'ai l'honneur d'offrir h la Société, au nom de M. Glaumont,
percepteur à Coron, une suite de dessins et de gravures exé
cutés par lui et représentant quelques-uns des objets si remar
quables rapportés par lui de notre colonie i.
Dans aucun pays du midi, paraît-il, les armes et les outils
en pierre taillée, et même polie, n'abondent autant qu'en
Nouvelle-Calédonie.
Sans doute leur intérêt est très grand et ce n'est point
cependant sur eux que je vous prierai de porter votre bien
veillante attention, mais sur une série de dessins représentant
des signes relevés par M. Glaumont sur des blocs parfois
énormes qu'il a pu examiner en place pendant le séjour de
quelques années qu'il a fait en Océanie.
C'est ainsi que nous étudierons successivement les pierres
de Pa-oro, de Moïnevra, de Nézadiou et du Diahot.
Pà-Oro.
Après avoir fait une abondante récolte d'armes et d'outils
dans les plaines qui avoisinent Bourail, M. Glaumont voulut
aussi explorer les cavernes si nombreuses en Nouvelle-Calé
donie, et c'est non loin de l'une d'elles, appelée Pa-Oro qu'il
découvrit une énorme pierre plate de trois mètres de hauteur
sur deux mètres de largeur.
Elle était recouverte de dessins obtenus au moyen d'enco
ches, et ces encoches ont été faites par des grattages avec un
éclat de silex comme burin ou une coquille pointue 1;
i Tous les dessins accompagnant cette communication ont été
déposés aux Archives de la Société. SÉANCE DU 17 JANVIER 1895 64
La pierre de Pa-Oro est donc le produit d'un art tout à fait
primitif.
Ne pouvant pas s'expliquer la signification de toutes ces
figures, notre compatriote eut l'excellente idée de questionner
à leur égard un chef du pays, nommé Massavero, dont à plu
sieurs reprises il avait remarqué l'intelligence.
M. Glaumont eut la satisfaction de voir qu'il donnait un
sens très plausible à la presque totalité de ces gravures.
Suivant Massavero, les lignes horizontales I et II réprésen
teraient des sagaies ordinaires groupées en paquets de cinq.
De toutes les armes des Néo-Calédoniens, la sagaie est la
plus simple. C'est donc celle qui a dû être le plus ancienne
ment usitée.
La croix entourée ou non d'un cercle (fig. 2, 4, 5, 7, 10,
15, 16), représenterait deux sortes d'oursins très communs
en Nouvelle-Calédonie. Celui indiqué par une croix simple
serait le Cydaris clavigera. En langue canaque^ ces deux
espèces sont désignées par un même mot qui est : « mien ».
L'interprétation des signes 6, 9, 13 est moins certaine.
Le chef Massavero dit à M. Glaumont que c'était là « ga-oua-
oué », et il lui avoua qu'il ne pouvait pas traduire exactement
cette expression en français.
Le Canaque pensait que la figure sur laquelle M. Glaumont
attirait son attention devait être le signe du tatouage. Le
tatouage, en langue néo-calédonnienne, s'appelle «ga-oua-oué».
Il est évident que les naturels de cette île se font des marques
semblables sur la poitrine au moment des pilous.
Autant Massavero avait été affirmatif pour les premiers
signes, autant il se montrait prudent à l'égard de ceux que
nous étudions en ce moment.
Il est certain que les signes qui nous occupent en ce mo
ment, peuvent également bien, sinon mieux, représenter des
astéries.
Les figures 3, 8, 12, sont des duru-ané, ou marteaux à lus
trer les étoffes faites en écorces d'arbre. Jadis ces marteaux
se fabriquaient en pierres sillonnées de lignes se coupant à BONNEMÈRE. — LES PIERRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 65 L.
angle droit. Notre compatriote en a trouvé un tout près du
bloc dont j'analyse les particularités.
Les sauvages actuels, se servent maintenant de « duru-
ané » en bois, fabriqués sur le même principe.
La figure 14 est un corps limité, régulièremeut ovale. L'art
iste, toujours d'après Massavero, a eu l'intention de repré
senter un crabe ou « boss ». Les quatre lignes parallèles
indiquent les huit pattes de l'animal au repos. C'est, on le
voit, l'enfance de l'art.
Pour corroborer l'opinion du chef sauvage, il convient
d'ajouter que la pierre fétiche du crabe est semblable à la
figure que je viens de décrire.
Les Canaques, disons-le en passant, ont des fétiches pour
toutes choses. Les uns leur assurent de bonnes pêches et dif
fèrent suivant les espèces de poissons qui abondent sur les
côtes de leur île. Grâce à d'autres, ils se croient certains
d'avoir toujours d'abondantes récoltes d'ignames et de tarots.
Tous ces objets amulettiques sont en pierre.
Enfin, la figure 17, beaucoup plus compliquée, représent
erait un animal quelconque.
Massavero ne put rien préciser à notre compatriote au sujet
de ce dernier dessin. Il n'est pas douteux que la pierre de
Pa-Oro a dû être chargée de gravures à une époque très
éloignée, à celle peut-être où les Canaques habitaient dans
des cavernes. Elle nous renseigne sur leur alimentation, sur
leurs industries. Ils avaient déjà des sagaies et ils savaient
fabriquer des étoffes en écorces d'arbres.
MoÏNEVRA.
Non loin de Pa-Oro, M. Glaumont découvrit sur la colline
de Moïnevra, un autre bloc couvert également de gravures.
Son volume est de quatre à cinq mètres cubes.
L'examen de ces dessins prouve qu'ils sont l'œuvre d'un
même peuple, mais ils doivent remonter à une époque moins
reculée,
T, VJ (4° SÉRIE)., 5 SÉANCE DU 17 JANVIER 1895 66
Us sont, en effet, beaucoup mieux exécutés. M. Glaumont
inclinerait à croire qu'elle daterait du temps où les naturels,
sortant de leurs cavernes, se fixaient volontiers sur les col
lines.
Comme nous allons le voir, leur intelligence a progressé et
leur genre de vie est devenu plus heureux. Ils ne se conten
tent plus de ramasser des" oursins sur les plages ou dans les
trous de rocher. Ils font des filets pour la pêche des pois
sons qu'ils capturent aussi avec des sortes de tridents. Ils font
enfin des plantations de palmiers.
Sur la pierre de Moïnevra, le crabe est encore gravé (fig. 1),
mais, cette fois, il est bien plus reconnaissable. Ses huit pattes
sont détachées, et ses pinces, très visibles, sont largement
ouvertes, presque menaçantes. Il n'est pas pour ainsi dire,,
besoin des explications du chef des Oua-oué pour donner un
nom à l'animal que le sculpteur canaque a voulu repré
senter.
L'oursin est aussi gravé (fig. 5 et 6).
J'en dirai autant de l'astérie (fig. 2) et de la méduse (fig. 3).
J'arrive aux dessins les plus curieux, après avoir dit que
ceux qui sont désignés par les chiffres 9, 10 et 11 sont inex
plicables ou, pour parler plus exactement, demeurent inexpli
qués pour l'instant.
Un autre sauvage que le chef des Oua-oué en pourra peut-
être un jour en donner le sens exact. Je veux parler de celui
qui représente une croix à trois bras et trois lignes divers
ement ondulées.
Le quatrième nous donne le dessin très exact d'une navette
a faire le filet.
Le septième met sous nos yeux l'image d'une arme à quat
re dents servant à la pêche et toujours en usage dans notre
colonie.
Le huitième est le plus intéressant de tous. Au dire de Mas-
savero, il représente un alignement de cocotiers disposés
en deux groupes.
A l'époque où cette pierre fut gravée, les Canaques culti- BONNEMÈRE. — LES PIERRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 67 L.
vaient donc déjà cet arbre si précieux ; ils savaient l'utiliser
et c'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents