Les plantes génétiquement modifiées peuvent-elles nourrir le Tiers Monde? - article ; n°188 ; vol.47, pg 739-754
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Tiers-Monde - Année 2006 - Volume 47 - Numéro 188 - Pages 739-754
Sur les 6,5 milliards d’humains qui peuplent notre planète, 852 millions souffrent encore de la faim et plus de deux milliards sont victimes de carences nutritionnelles, en protéines, acides gras essentiels, vitamines ou minéraux. Il s’agit pour l’essentiel de familles d’agriculteurs du Tiers Monde qui n’ont plus guère aujourd’hui les moyens de produire de quoi s’alimenter correctement par elles-mêmes ou de dégager les revenus monétaires nécessaires pour acquérir suffisamment de nourriture sur les marchés. Ces familles pauvres ne disposent généralement que de petites surfaces et d’un outillage manuel. Elles n’ont déjà pas pu mettre à profit les variétés à haut potentiel de rendement qui leur étaient autrefois proposées dans le cadre de la classique «révolution verte», du fait notamment de leur exigence en engrais chimiques et produits phytosanitaires onéreux. En permettant de réduire les coûts en intrants manufacturés, les plantes génétiquement modifiées (PGM) ne pourraient-elles donc pas les aider à accroître leurs revenus? Rien n’est moins sûr. Outre la difficulté de maîtriser les risques environnementaux induits par l’utilisation de ces PGM, les agriculteurs doivent aussi faire face au surcoût résultant de l’emploi de ces variétés pour lesquelles les grandes compagnies semencières ont déposé des brevets. La mise au point des PGM a souvent exigé des investissements considérables et les sociétés multinationales qui en sont à l’origine s’efforcent logiquement d’en tirer quelques bénéfices, quitte à vendre les semences à un prix très élevé. Les PGM
n’ont pas vraiment été conçues pour les paysans non solvables du Tiers Monde et ne semblent donc pas être en mesure d’y résoudre le problème de la faim.
Out of the 6,5 billion inhabitants of our planet, some 852 million still suffer from hunger and more than two billions are victims of malnourishment in proteins, vital fatty acids, vitamins or minerals. This principally concerns the agricultural families of the Third World, who have hardly any means of producing their food requirements to feed correctly, by themselves, or to earn the monetary income sufficient for purchasing enough food from markets. These poor families, who have generally no more than tiny plots and hand tools, are the same that have already proven incapable of drawing gains from high yield varieties which had been proposed to them in the past, within the framework of the classic “green revolution”, due to the notable requirements of chemical fertilizers and expensive phytosanitary products. By enabling the reduction of costs in these manufactured inputs, could genetically modified plants therefore not help them to increase their yields? Nothing is that simple. Besides the difficulty of dealing with environmental risks induced by the use of these GMPs, farmers must also face the overhead costs resulting from the use of the plants for which the large firms hold patents. The development of GMPs has often demanded considerable investments and the multinational companies which are at it’s basis logically try to draw some profits even if these involve selling seeds at high prices and disabling farmers from replanting seeds of their own harvests. The GMPs were not really conceived for insolvent Third World peasants and do not therefore appear to solve the problem of hunger and malnutrition in the Third World.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

LES PLANTES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉES PEUVENT-ELLES NOURRIR LE TIERS MONDE ?
Valentin B EAUVAL * et Marc D UFUMIER **
Sur les 6,5 milliards d’humains qui peuplent notre planète, 852 millions souffrent encore de la faim et plus de deux milliards sont victimes de carences nutritionnelles, en protéi-nes, acides gras essentiels, vitamines ou minéraux. Il s’agit pour l’essentiel de familles d’agriculteurs du Tiers Monde qui n’ont plus guère aujourd’hui les moyens de produire de quoi s’alimenter correctement par elles-mêmes ou de dégager les revenus monétaires nécessaires pour acquérir suffisamment de nourriture sur les marchés. Ces familles pauvres ne dispo-sent généralement que de petites surfaces et d’un outillage manuel. Elles n’ont déjà pas pu mettre à profit les variétés à haut potentiel de rendement qui leur étaient autrefois propo-sées dans le cadre de la classique « révolution verte », du fait notamment de leur exigence en engrais chimiques et produits phytosanitaires onéreux. En permettant de réduire les coûts en intrants manufacturés, les plantes génétiquement modi-fiées ( PGM ) ne pourraient-elles donc pas les aider à accroître leurs revenus ? Rien n’est moins sûr. Outre la difficulté de maîtriser les risques environnementaux induits par l’utilisa-tion de ces PGM , les agriculteurs doivent aussi faire face au surcoût résultant de l’emploi de ces variétés pour lesquelles les grandes compagnies semencières ont déposé des brevets. La mise au point des PGM a souvent exigé des investissements considérables et les sociétés multinationales qui en sont à l’origine s’efforcent logiquement d’en tirer quelques bénéfi-ces, quitte à vendre les semences à un prix très élevé. Les PGM n’ont pas vraiment été conçues pour les paysans non solva-bles du Tiers Monde et ne semblent donc pas être en mesure d’y résoudre le problème de la faim.
* Ingénieur agronome, agriculteur, membre d’ AVSF , de l’ IRAM , de l’ AFDI et de la Confédération Paysanne. ** Professeur à l’Institut national agronomique Paris-Grignon ( INAPG ).
N o 188 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2006 - p. 739-754 - REVUE TIERS MONDE 739
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