Les principes de la critique littéraire chez Tynjanov - article ; n°3 ; vol.55, pg 437-449
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Description

Revue des études slaves - Année 1983 - Volume 55 - Numéro 3 - Pages 437-449
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur le Professeur Jean-
Claude Lanne
Les principes de la critique littéraire chez Tynjanov
In: Revue des études slaves, Tome 55, fascicule 3, 1983. Ju. N. Tynjanov. pp. 437-449.
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Lanne Jean-Claude. Les principes de la critique littéraire chez Tynjanov. In: Revue des études slaves, Tome 55, fascicule 3,
1983. Ju. N. Tynjanov. pp. 437-449.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1983_num_55_3_5351LES PRINCIPES DE LA CRITIQUE LITTERAIRE
CHEZ TYNJANOV
PAR
JEAN-CLAUDE LANNE
J'ai parlé d'un événement poétique. Mais un autre mot ne serait pas
moins exact. Que si l'expérience (avec le mystère qu'elle comprend) peut
être à volonté recommencée, l'on voit bien qu'elle est propre à transformer
la nature même d'une Rhétorique — qui se fonde désormais, non plus sur des
astuces extérieures, mais sur une persuasion qui vienne d'un déclenche
ment intérieur, d'une Critique qui parle à l'avenir, non plus de règles et de
mesures, mais exacte participation, et, si l'on aime mieux, d'un partage
secret de la poésie : bref une critique en connaissance de cause.
Jean PAULHAN, Clef de la poésie.
- Il y a trois arts qui répondent à chaque objet, l'art qui s'en sert, celui
qui le fabrique, celui qui l'imite.
- Oui.
- Or, à quoi tendent les propriétés, la beauté, la perfection d'un meuble,
d'un animal, d'une action, sinon à l'usage en vue duquel chaque chose est
faite, soit par l'homme, soit par la nature ?
- A aucune autre chose.
- C'est donc une nécessité absolue que celui qui se sert d'une chose soit
le plus expérimenté et qu'il vienne dire au fabricant quels effets, bons ou
mauvais, produit, à l'usage, l'instrument dont il se sert.
PLATON, la République, X, 60 ld.
Критик - судры-мудры
XLEBNIKOV, Lettre à A.E. Krucenyx du 19.8.1913.
Критик - обсуздаль вымысла Lettre à A.E. Krufënyx du 22.8.1913.
Dans le domaine des activités intellectuelles, la critique littéraire est une région
frontière et, comme telle, incertaine et périlleuse : elle est l'expérience où se manif
este la nécessaire connexion du sujet et de l'objet. En même temps que l'opération
critique constitue la valeur esthétique de l'objet qu'elle examine, elle découvre les
principes mêmes du fonctionnement critique chez le sujet, la structure du modèle
interprétatif qu'il met en œuvre dans l'appréhension du phénomène artistique. La
critique est ainsi le lieu double où se constitue la valeur esthétique et où s'éprouve
simultanément la valeur méthodologique des catégories critiques. Opération spécu-
laire donc, où les principes théoriques s'élaborent dans l'exercice de la critique, mais
Rev. Etud. slaves, Paris, LV/3, 1983, p. 437-449. J.-C. LANNE 438
où également cet exercice présuppose l'existence de ces mêmes principes ! Si la cri
tique littéraire discerne des valeurs esthétiques dans l'objet, elle valide et, à l'occa
sion, transforme mpme l'appareil des catégories critiques chez le sujet.
Ju. Tynjanov offre l'exemple d'une critique littéraire cohérente, structurée par
une théorie de la littérature ; souple et modifiable par l'expérience, elle ressemble
à une hypothèse scientifique, surgie des faits mais retournant aux faits eux-mêmes
pour éprouver sa propre validité. Articulée sur quelques principes théoriques,
la critique tynianovienne se présente non comme une doctrine, mais comme une
discipline critique, véritable méthode d'investigation capable de discerner, établir
et évaluer le fait littéraire. Intrinsèquement liée à une théorie de la littérature, la
critique, chez Tynjanov, ne se contente pas du simple constat, de la seule descrip
tion ; elle n'est pas non plus normative ou prescriptive. Toutefois elle ne renonce
pas à une prise directe sur le procès littéraire, bien au contraire. Orientée vers la
création, elle coopère immédiatement au mouvement même de l'œuvre et, plus
généralement, de l'évolution créatrice dans l'ordre littéraire. C'est dire assez l'indis-
sociabilité, chez Tynjanov, de ces trois modes d'activité que sont la théorie, la
critique et la création littéraires, engagés dans un constant procès d'échanges
réciproques. Aussi serai-je amené, au cours de cet exposé consacré aux principes
de la critique littéraire tynianovienne, à faire de nombreuses références à sa théorie
de la littérature et du langage poétique.
Située au centre d'une activité intellectuelle profondément unitaire, la critique
participe à la fois de la théorie et de la pratique littéraires. Il faut donc distinguer,
dès le départ, deux types de productions critiques : d'une part, les feuilletons et
les recensions qui répondent à des besoins précis, à des sollicitations immédiates
et s'intègrent dans une stratégie polémique qu'expliquent les rivalités et les disputes
entre les différentes écoles artistiques et philologiques de l'époque ; d'autre part,
les articles qui jugent de l'œuvre d'un écrivain contemporain ou de l'ensemble
des œuvres d'un moment qui est, pour le critique, l'actualité même de la vie
littéraire.
Une étude exhaustive des principes qui constituent le système complet de la
critique littéraire devrait examiner concurremment ces deux aspects, ces deux
« sous-genres » critiques. Le premier, malgré le caractère ponctuel et momentané
de ses motivations, ne saurait être minimisé : c'est en effet en lui et par lui que se
pose le problème du statut de la critique et de la légitimité de sa prétention à se
constituer en genre littéraire autonome. Cette double exigence implique donc
une appréciation de la fonction de la critique dans le système de la littérature et
l'invention d'une écriture capable d'ironiser celle des autres et elle-même, le cas
échéant. Nous entendons ici le terme dans son sens fondamental de disquisition
sur les principes qui règlent le savoir, la conduite ou l'œuvre d 'autrui, ou de
soi-même, en tant qu'autre. Ainsi se justifie le style très singulier de ces articles
qui, tels les 200 000 mètres d'I. Èrenburg, Notes sur la littérature occidentale
et surtout la Revue, le Critique, le Lecteur et l'Écrivain, situent la critique tout
à la fois dans le champ littéraire contemporain et dans une certaine tradition de
la critique littéraire russe, et tentent d'inventer une parole critique autonome
adéquate à cette finalité très particulière qu'est le questionnement d'un discours
littéraire par un autre discours littéraire. La prise en charge de ces feuilletons
par le pseudonyme « Ju. Van -Vezen1 » indique assez le conventionalisme du genre
1. Ju. Van -Vezen, sur la valeur littéraire du pseudonyme hollandais, cf. Ju. Tynjanov,
« Литературный факт », Архаисты и Новаторы, rééd. Miinchen, Wilhelm Fink, 1967, p. 27-
28. Abréviation utilisée АиН. Cf. également ПИЛК, notes, p. 442. PRINCIPES DE LA CRITIQUE LITTÉRAIRE 439
et la distance que Tynjanov entendait maintenir d'une part entre lui-même et ce
type de discours, d'autre part entre ce dernier et l'autre sous-genre critique beau
coup plus proche de la théorie et de l'histoire littéraire pures. Enfin, dans cette
même série d'articles, Tynjanov souligne avec force l'originalité de cette critique
qui rompt avec le style des jugements subjectifs fondés sur l'impression et celui des
condamnations prononcées au nom d'un dogme philosophique, politique ou moral.
C'est le double refus de la critique comme propos mondains — ou propos d'écrivain -
sur la littérature et de la critique conçue comme leçon magistrale, édification,
sermon pédagogique destiné à un lecteur réputé ignorant. Tynjanov dit, en conclu
sion de son article Žurnal, kritik, čitateľ i pisateľ:
Критика должна ориентироваться на себя как на литературу. Она должна кроме
воспоминания о Шелгунове и Айхенвалвде подумать о других, более веселых (и новых)
жанрах. Эта критика завязывалась в какие-то узлы в начале столетия - критика Вязем
ского и Бестужева 20-х годов, полемика Феофилакта Косичкина - и в 20-е и 30-е годы
шла вырабо

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