Les problèmes de la perception et la psychophysiologie - article ; n°1 ; vol.27, pg 1-22
23 pages
Français

Les problèmes de la perception et la psychophysiologie - article ; n°1 ; vol.27, pg 1-22

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
23 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1926 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 1-22
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1926
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Piéron
I. Les problèmes de la perception et la psychophysiologie
In: L'année psychologique. 1926 vol. 27. pp. 1-22.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. I. Les problèmes de la perception et la psychophysiologie. In: L'année psychologique. 1926 vol. 27. pp. 1-22.
doi : 10.3406/psy.1926.6310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1926_num_27_1_6310PSYCHOLOGIQUE L'ANNÉE
TOME XXVII
MÉMOIRES ORIGINAUX
LES PROBLÊMES DE LA PERCEPTION
ET LA PSYCHOPHYSIOLOGIE
Par Henri Piéron
INTRODUCTION
Dans les conceptions traditionnelles, la sensation est le pro
cessus élémentaire, primitif, dont la synthèse progressive,
logiquement organisée, constitue les perceptions, construit les
représentations d'objets comme des édifices de plus en plus
complexes. Et, tandis que l'étude des matériaux et de leurs
propriétés, l'investigation portant sur les éléments les plus
simples, les sensations, relèvent de la psycho-physiologie, les
recherches portant sur les lois de la synthèse et de l'organi
sation, sur la constitution des perceptions, appartiennent à la
psychologie proprement dite.
Mais voilà que ces conceptions traditionnelles doivent être
abandonnées, car elles sont en désaccord trop certain avec Ja
réalité. L'étude des animaux et des enfants montre avec évi
dence que la perception est le phénomène primitif, que la sen
sation ne s'en dégage que grâce à une éducation systématique
et prolongée, et que les états, considérés comme élémentaires,
que l'on se représentait à l'origine de l'évolution psychologique,
l'année psychologique, xxvii. 1 2 MEMOIRES ORIGINAUX
constituent au contraire le terme d'un progrès analytique qu
est conditionné par l'esprit abstrait de notre civilisation.
Les rapports de la sensation et de la perception se présentent
donc tout autrement que dans la maison à l'envers de la psy
chologie traditionnelle.
Et la psychophysiologie, s'adressant aux réactions sensor
ielles primitives, aussi bien chez l'animal que chez l'homme,
se trouve placée en face des problèmes de la perception, et doit
d'abord les résoudre, avant de continuer ses investigations sur
les mécanismes profonds de la sensation.
Quand on étudie le réflexe conditionnel, on a affaire à des
réactions spécifiquement adaptées, qui se superposent exacte
ment aux réactions perceptives, au point que les lois déter
minées sont les mêmes, bien que généralement exprimées en
des termes différents. C'est là un point qui mérite examen.
Quand on étudie les qualités des sensations, comme dans
l'ancienne psychophysique, on doit utiliser certaines catégories
de réactions perceptives, dont il ne faudrait pas croire qu'elles
soient primitives et naturelles : les réactions se font naturell
ement à des complexes syncrétiques où interviennent, avec
une prédominance variable, ces qualités « élémentaires » ; il
faut un dressage, plus ou moins difficile et prolongé, pour don
ner à un élément des complexes une prédominance suffisa
mment marquée, et surtout il faut rendre constants tous les
autres facteurs du complexe, afin de laisser au seul élément
étudié la variabilité systématique, comme Pawlow a dû le faire
dans sa détermination des lois du réflexe conditionnel, ou
comme le photométriste qui veut apprécier l'intensité d'une
source lumineuse y est contraint.
Quand on parle de «stimulus-error» dans des comparaisons
d'intensité sensorielle, c'est qu'on n'a pas encore compris le
caractère primitif de la perception : si l'on demande, après
avoir fait soupeser deux poids, d'en indiquer un troisième
engendrant une impression intermédiaire, il est normal de
rechercher le poids que la balance révélera intermédiaire.
Stumpf {Tonpsychologie I, p. 22) a noté qu'on ne juge pas
plus haute une sensation de son, plus intense une sensation
musculaire, plus brillante une qualité chromatique : mais une
corde est désaccordée, un objet est plus lourd, une flamme est
plus brillante. Le but ordinaire, pour l'homme, en dehors d'une
abstraction scientifique, dit-il, n'est pas de connaître de»
sensations, mais le monde. ' PIRRON. — PROBLEMES DR LA PERCEPTION ET PSYCHOPHYSIOLOGIE 3 H.
W. James a fait aussi remarquer que le langage comportait
un vocabulaire de signification objective, ayant trait, non pas
aux impressions éprouvées, mais aux réalités extérieures ;
l'introspection résulte d'un dressage tardif, et elle manque
de vocabulaire. James plaçait dans le domaine du subjectif les
qualités élémentaires des sensations ; en réalité, quand on
obtient des réactions à ces qualités isolées, grâce à une éduca
tion analytique, on a en quelque sorte fait de ces éléments
des objets, on a créé des réactions perceptives à des complexes
plus étroits auxquels on a réussi, par un procédé ou un autre,
à donner un intérêt qui faisait initialement défaut-, l'intérêt
socialisé étant créateur de la réalité objective.
Ainsi les problèmes de la perception se posent avec une
grande acuité au psycho-physiologiste, et c'est de ce point de
vue que j'examine ici quelques aspects de ces problèmes, avec
les conséquences qui en découlent 1.
I. — PERCEPTION ET RÉFLEXE CONDITIONNEL
En étudiant l'acquisition des habitudes chez le Poulpe, en
1913 (An. Ps. t. XX, p. 182-185), j'avais constaté qu'après
dressage l'animal allait régulièrement chercher sa nourriture
dans le plus grand de deux récipients placés auprès de lui,
quelle que fût la position de ceux-ci, mais que, si le petit réci
pient était mis seul, il était toujours exploré : l'expérience
négative acquise vis-à-vis du plus petit dans le complexe per
ceptif des deux récipients, et> capable d'inhiber la visite à ce
plus petit alors même que le plus grand était vide, cette réac
tion perceptive d'indifférence ne se produisait plus quand
l'animal n'était plus en présence du complexe habituel.
De même, une poule dressée à picorer des grains sur la plus
claire ou la plus sombre de deux surfaces, dans un complexe
perceptif donné (Kœhler, 1919 ; Jaensch, 1920, Riekel, 1922), ne
picorera plus électivement sur la même surface, éclairée de
façon identique, si l'on change le complexe en mettant à côté
une autre surface, ou plus claire quand elle est dressée à la plus
1. Le problème, dans son ensemble, a été l'objet de mon cours du Collège
de France pendant l'année 1926-1927. 4 MEMOIRES ORIGINAUX
claire, ou plus sombre quand, elle est dressée à la plus sombre.
Dans le nouveau complexe formé, elle continuera à réagir pos
itivement à la plus claire ou à la plus sombre des deux surfaces,
c'est-à-dire dans ce cas à la nouvelle surface.
Un singe de Thorndike apprend à manœuvrer un levier hori
zontal qui ouvre une boîte ; si l'on modifie le complexe percept
if en sorte que le même levier soit simplement vertical, la
réaction ne se produit plus ; l'animal, dérouté, ne reconnaît
plus le levier ; la réaction perceptive à ce levier libérateur ne
se fait plus.
Si l'on apprend à un singe à choisir une forme entre plusieurs
autres, et que la même forme lui soit ensuite présentée avec
de nouvelles figures avoisinantes, dans ce nouveau complexe,
la perception correcte de la forme apprise ne se fait plus régu
lièrement. Si l'on a obtenu d'une façon constante le choix
d'un triangle vert, au milieu d'autres formes différemment
colorées, et qu'ensuite on offre un triangle rouge et un cercle
vert entre autres formes, il y aura des choix dispersés, avec une
certaine proportion pour le cercle vert et pour le triangle rouge
(Révèsz, 1925). Mais l'animal, si l'on continue le dressage
assez longtemps en assurant les déceptions ou les punitions
en cas de choix incorrect, les récompenses en cas de choix cor
rect, apprendra à choisir le triangle indépendamment de la
couleur, ou la couleur, indépendamment de la forme.
Si l'on e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents