Les Problèmes psycho-physiologiques de la perception du temps - article ; n°1 ; vol.24, pg 1-25
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Description

L'année psychologique - Année 1923 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 1-25
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 11
Langue Français
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Extrait

Henri Piéron
I. Les Problèmes psycho-physiologiques de la perception du
temps
In: L'année psychologique. 1923 vol. 24. pp. 1-25.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. I. Les Problèmes psycho-physiologiques de la perception du temps. In: L'année psychologique. 1923 vol. 24. pp.
1-25.
doi : 10.3406/psy.1923.4475
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1923_num_24_1_4475L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XXIV
MÉMOIRES ORIGINAUX
LES PROBLÈMES DELA PERCEPTION PSYGHOPHYSIOLOGIQUES DU TEMPS 1
Par Henri Piéron.
INTRODUCTION
# Au moment où les théories relativistes remettent en ques
boration lesquelles tion de reprendre notre collective s concept est la fondé question dans traditionnel ce nos concept, des civilisations du perceptions au temps, cours méditerranéennes il d'une élémentaires n'est longue pas inutile éla sur
# Cette question, ce n'est pas sur le terrain de l'analyse sub
jective, analyse fluence même de étant l'intuition des d'ailleurs concepts. bergsonienne très C'est difficilement uniquement que je l'envisage, soustraite sur le une terrain à telle l'in
la scientifique, de conduite 1 homme humaine aux c est-à-dire modalités vis-à-vis sur des le du terrain temps, phénomènes des objectif réactions physiques de l'analyse spécifiques appar de
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verbales, qui « n'expriment » pas plus les impressions subject
ives, que le chant du coq n'exprime le lever du soleil, mais
internatio^ de Psychologie, Oxfo
l'année psychologique, xxiv. /
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qui sont en relation avec des processus non strictement acces
sibles et permettent d'établir les relations constantes, les lois,
dont s'enrichit l'expérience collective ; tandis que le subjectif
est incommunicable.
Toute psychologie expérimentale est, et ne peut être, qu'une
psychologie du comportement, plus ou moins sagace, même
quand l'expérimentateur opère sur lui, du moment qu'il aboutit
à une formule verbale et communicable de son expérience {.
Nous devons donc nous demander quelles sont les données
spécifiques qui peuvent être rangées dans la rubrique « temps »
et tâcher de poser les problèmes essentiels à résoudre, sans
nous préoccuper d'un historique pour lequel on peut consulter
les traités.
Au point de vue de l'espace, les données fondamentales
sont celles de distance et de position (avec construction du
concept des trois dimensions, procédé le plus économique de
schématisation, nécessaire et suffisant pour exprimer et com
muniquer à autrui une expérience spatiale quelconque) ; au
point de vue du temps, la donnée de distance, d'intervalle,
paraît la véritable donnée essentielle ; toutefois, la donnée de
position persiste sous une forme simplifiée, qui est celle de
l'ordre, les intervalles étant polarisés dans un sens.
Une expérience de temps comporte nécessairement cet ordre,
mais le schéma linéaire irréversible n'est pas de nature percep
tive ; impliquant des évocations mnémoniques avec attribution
des événements évoqués à des points de la ligne du temps, il
relève de l'élaboration conceptuelle.
Toutefois, l'ordre s'impose à la perception, et l'on n'a pas
le sentiment d'en être maître. Dans l'exploration qui nous
donne les relations spatiales au moyen de mouvements et, tout
d'abcrd, de réflexes préétablis 2, un élément d'ordre est apporté,
un élément de temps, mais cet est dissocié
des données spatiales, du l'ait que son accolement à ces données
peut être modifié, renversé, réglé à volonté.
L'impression de distance dans un ordre défini s'imposant à
l'expérience est à la base de la notion spécifique du temps.
1 Ci. H. Piéron, Lo dom.iine psychologique, Année Psychologique, XIX,
1913. p. 1-2Ö.— L'attilu.jo objective dans <a psychologie moderne. Scienlia.
XVil (1), 1915. p. 119-lo3.
". Cf. H. Piéron, Da i'ô ij des réflexes localisateurs dans les perceptions
spalic.les. Le nalivismc réncxe. Journal de Psycholagie. XVIII (10), 1921.
p. fc01-sl7. PIERO.N. PROBLEMES DE LA PERCEPTION DU TEMPS 3 H.
Mais la donnée essentielle de l'intervalle peut être subdi
visée ; en première analyse, déjà, elle comporte des impressions
spécifiquement distinguâmes.
1° La simultanéité, lorsque deux processus comportent un
intervalle psychologiquement nul, lorsqu'il n'y a pas de dis
tance ordonnée perceptible entre ces processus, — soit que
l'impression d'intervalle nul soit précise, soit qu'il y ait simple
ment absence d'une impression d'intervalle, ce qui donne une
simultanéité positive ou négative.
2° La succession, lorsque, entre deux processus, il y a une
distance ordonnée nettement perçue et plus ou moins exacte
ment appréciée, un intervalle de discontinuité, avec une limite
supérieure de durée au-delà de laquelle la perception de l'i
ntervalle devient impossible.
La répétition d'intervalles de succession engendre l'impres
sion de fréquence qui synthétise une pluralité d'intervalles en
une donnée résultante unifiable.
Quand des retours successifs se répètent avec régularité et
à intervalles nettement perceptibles, ils peuvent revêtir la
forme spéciale dite du rythme.
3° La durée, lorsqu'un processus comporte un début et une
fin séparés par une distance ordonnée, par un intervalle per
ceptible, avec un seuil inférieur (au-dessous duquel les « in
stantanés » sont indistinguables, quelle que soit leur durée phy
sique réelle), et un seuil supérieur (au-dessus duquel, comme
pour les successions, il n'y a plus de perception directe). Entre
ces deux limites, s'étend le « présent psychologique », au cours
duquel une appréhension perceptive, un acte mental unifié est
possible.
4° Entre l'intervalle de durée uniforme et l'intervalle de
succession disparate, il y a des intervalles de discontinuité
relative, donnant les impressions de changement, dont le mou
vement est un cas particulier, lorsque le changement concerne
les perceptions de relations spatiales.
Des changements répétés peuvent, comme des processus
discontinus, engendrer l'impression de fréquence. Il y a une
limite supérieure de fréquence telle que la perception, à me
sure qu'elle s'en rapproche devient de moins en moins dis
tincte (seuils différentiels de plus en plus grossiers, pour les
impressions de vibration tactile, de papillotement visuel, de
battements auditifs), au delà de Jaqujlle est rendue impercept
ible toute fréquence d'impressions discrètes, tout changement 4 MEMOIRES ORIGINAUX
disparaît, avec continuité apparente du processus oscillant.
Le changement peut être continu, mais, donnant naissance
à desperceptions successives différentes, engendrant dès lors des
impressions discontinues, il est susceptible de fournir la notion
de vitesse (d'après la fréquence de ces perceptions discon
tinues).
Les multiples aspects de la perception du temps comportent
des problèmes relatifs aux faits, aux lois et aux interprétations, dont certains paraissent actuellement solubles, dont
d'autres permettent d'envisager des solutions probables,
quelques-uns enfin appellent tout particulièrement l'effort
des chercheurs.
Mais il ne faut pas oublier que, à la base des données de la
psychologie objective, il y des mécanismes physiologiques,
et que la connaissance de certains de ceux-ci peut apporter, en
bien des cas, à l'heure actuelle, une explication décisive de
certains faits, permet une déduction de certaines lois.
Aussi, avant d'envisager point par point les problèmes de la
perception du temps, je crois utile de rappeler quelques données
sur les lois du temps des sensations, dont nous verrons ensuite
la portée explicative.
A. — LES LOIS DU TEMPS DES SENSATIONS
Lorsqu'une excitation d'une intensité donnée aborde l'orga
nisme, le processus physiologique qu'elle engendre s'accroît
au fur et à mesure de

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