Les progrès des concepts économiques conditionnent les progrès de la mesure. Sur un nouveau livre de François Perroux - article ; n°26 ; vol.7, pg 395-408
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Les progrès des concepts économiques conditionnent les progrès de la mesure. Sur un nouveau livre de François Perroux - article ; n°26 ; vol.7, pg 395-408

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Description

Tiers-Monde - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 26 - Pages 395-408
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Destanne de Bernis
Les progrès des concepts économiques conditionnent les
progrès de la mesure. Sur un nouveau livre de François Perroux
In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°26. pp. 395-408.
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Destanne de Bernis Gérard. Les progrès des concepts économiques conditionnent les progrès de la mesure. Sur un nouveau
livre de François Perroux. In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°26. pp. 395-408.
doi : 10.3406/tiers.1966.2212
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1966_num_7_26_2212LES PROGRÈS DES CONCEPTS ÉCONOMIQUES
CONDITIONNENT LES PROGRÈS
DE LA MESURE.
SUR UN NOUVEAU LIVRE
DE FRANÇOIS PERROUX{I)
par Gérard Destanne de Bernis*
Avec l'analyse systématique des effets d'entraînement, « réalité consciem
ment privilégiée » (2) de son dernier ouvrage, François Perroux approfondit
un des éléments déjà en germe dans toute son œuvre, renforce sa critique
de l'analyse « conventionnelle » et des pratiques courantes, nous pose
à nouveau des questions qui nous stimulent en nous traçant des voies de
recherche.
Les effets d'entraînement constituent en effet l'un des thèmes majeurs par
lesquels François Perroux, dans la ligne de Schumpeter, revivifiée au contact
des connaissances historiques et des expériences concrètes de notre temps,
s'oppose radicalement à l'école classique ou néo-classique, pré- ou post-
keynésienne. Si l'on admet que celle-ci repose sur trois postulats indisso
ciables :
— les firmes sont interdépendantes par le jeu de la fixation des prix sur des
marchés qui ne sont pas trop différents de celui de la concurrence pure et
parfaite ;
— les calculs économiques fondamentaux sont individuels, en termes de
comptabilités qui ne peuvent prendre en compte que les aspects monétaires
ressentis par le chef de firme ; il est essentiel de distinguer l'économique,
mesurable et rationnel, du social qui n'a aucune de ces qualités ;
* Professeur à la Faculté de Droit et Sciences économiques de Grenoble, Directeur
de l'Institut économique et juridique de l'Energie de l'Université de Grenoble.
(1) Les techniques quantitatives de la planification, Paris, Presses Universitaires de France,
1965» 34 p-
(2) Souligné pat l'auteur, p. 1.
395 MONDE TIERS
— la mathématique des modèles micro- ou macro-économiques est une de l'égalité ; les comparaisons interunitaires d'utilité ne
peuvent se faire ; on glisse insensiblement de la loi du non-gaspillage à
l'idée d'un optimum économique ;
Les effets d'entraînement marquent une rupture brutale.
Ces trois postulats autorisent des certitudes tranquilles et de très beaux
raffinements théoriques. La littérature économique récente en témoigne.
L'appréhension des effets d'entraînement vient introduire quelque trouble
dans ce bel édifice aux lignes rigoureuses. L'interdépendance des firmes se
réalise par des voies entièrement nouvelles ; le calcul économique ne peut
plus se réaliser au seul niveau de la firme, il devient collectif par nécessité ;
la logique même de l'optimation doit prendre une dimension nouvelle.
Tout cela était déjà présent dans les travaux précédents de François Perroux.
La logique de l'inégalité s'exprime essentiellement par la domination, celle-ci
pouvant signifier le blocage aussi bien que la croissance induite de l'unité
dominée. Les pôles de développement en dérivent soit comme outil d'analyse
de la réalité, soit comme norme d'une planification à condition d'être étroit
ement liés à l'analyse de la propagation de leurs effets. Les industries motrices,
la dialectique des secteurs actifs et des secteurs passifs permettent d'approfondir
la théorie de la croissance, du développement, du et des progrès où, on le sait,
les phénomènes réels, population, institutions, innovations jouent un rôle
majeur, tant il est vrai que l'on ne saurait analyser les pôles de développement
ou les industries motrices hors du milieu de la propagation de leurs effets.
Même si ces travaux sont souvent cités dans la littérature économique
contemporaine, théorique ou pratique, la plus grande partie de celle-ci feint
ou décide de ne pas en comprendre la signification réelle. On conçoit que des
concepts qui ont vocation à démystifier le fonctionnement du capitalisme
contemporain et à introduire au calcul économique collectif ne sauraient
plaire à tout le monde.
Les modèles post-keynésiens de croissance — surtout lorsqu'ils ignorent
que le coefficient d'efficacité de l'investissement de Domar est, potentiellement,
bien différent du coefficient de capital et beaucoup plus que son inverse —
raisonnent sur des quantités archiglobales. Ils sont donc incapables par défi
nition de saisir les relations entre les divers secteurs. Il est inutile au demeurant
de se préoccuper des intersectorielles puisque les adaptations se font
spontanément soit sous l'influence de la concurrence pure et parfaite, soit sous
celle d'un planificateur omniscient et omnipotent, encore que cette hypothèse,
la seule susceptible de donner signification au modèle, ne soit pas envisagée.
Dans ce cadre, la croissance est équilibrée en ce sens que, de période en période,
l'offre est construite pour être égale à la demande anticipée.
396 DOCUMENTATION
Les modèles de la croissance équilibrée de la ligne de von Neumann,
c'est-à-dire dans lesquels le sentier optimum de croissance (the von Neumann
path of growth) se réalise dans le maintien indéfini des proportions entre les
différents secteurs, s'élaborent dans le cadre de la problématique où tous les
secteurs sont également soumis à la loi du marché : sur le sentier optimum de
croissance les prix sont égaux à ceux de la concurrence pure et parfaite et le
taux d'intérêt au taux de croissance. Les techniques sont données et constantes
et donc parfaitement indépendantes d'un secteur à l'autre. Aucune industrie
ne peut, par définition, croître plus vite qu'une autre. Les raffinements ulté
rieurs apportés par exemple par Snell, Thomson et Morgenstern ou ceux des
multiples turnpike theorems (de Morishima à Kurihara) ne changent rien au
problème puisque l'idéal, même en situation initiale déséquilibrée, est de se
rapprocher au plus vite du von Neumann path of growth.
Les modèles néo-classiques ne diffèrent pas fondamentalement des précé
dents du point de vue qui nous occupe. Certes, admettant l'adaptation par la
variation du rapport capital-travail, ils permettent d'envisager l'évolution des
techniques. Mais les calculs s'y font exclusivement dans l'optique conventionn
elle de firmes qui ne se déterminent que par considération des prix sur les
marchés.
On aurait pu s'attendre à ce que les modèles plurisectoriels à la Leontief,
surtout lorsqu'ils s'appuient sur des matrices préalablement triangulées
(Aujac), permettent de poser des problèmes nouveaux. Mais l'efficacité de
l'industrie n'y est encore mesurée que par son produit. Les seules relations qui
existent entre elles se réalisent par le marché. Les matrices permettent bien de
lire des résultats qui sont pour partie dus aux relations de puissance et d'iné
galité, mais elles ne peuvent les isoler c'est-à-dire les traduire, ni directement,
ni facilement ; elles ne peuvent donc les utiliser pour la définition d'une
politique.
Les techniques de l'efficience, de l'optimation et de la programmation
linéaire ou dynamique ont fait faire des progrès considérables à la formulation
des problèmes. Elles n'ont pas cependant vocation à modifier la logique des
concepts auxquels elles se réfèrent implicitement. Certes, on admet bien que
les marchés concrets ne fonctionnent pas parfaitement et on cherche à calculer
des prix théoriques (shadow prices, accounting prices). Mais, outre que ceux-ci
ne redeviennent jamais de vraies valeurs (ils sont en particulier faussés puisque
les prix internes s'appuient sur les prix extérieurs considérés comme
donnés et que ceux-ci ne reflètent finalement que les positions de puissance
sur les marchés internationaux), ces techniques ne nous permettent ni de

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