Les rapports entre l art, la religion et la magie chez les Indiens Cuna et Choco - article ; n°1 ; vol.21, pg 141-158
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Les rapports entre l'art, la religion et la magie'chez les Indiens Cuna et Choco - article ; n°1 ; vol.21, pg 141-158

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1929 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 141-158
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Erland Nordenskiöld
Les rapports entre l'art, la religion et la magie'chez les Indiens
Cuna et Choco
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 21 n°1, 1929. pp. 141-158.
Citer ce document / Cite this document :
Nordenskiöld Erland. Les rapports entre l'art, la religion et la magie'chez les Indiens Cuna et Choco. In: Journal de la Société
des Américanistes. Tome 21 n°1, 1929. pp. 141-158.
doi : 10.3406/jsa.1929.3663
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1929_num_21_1_3663■

LES RAPPORTS
x ENTRE
LA RELIGION ET LA MAGIE L'ART,
CHEZ LES INDIENS CUNA ET CHOCÓ1,
Par Erland NORDENSKIÓLD.
Les Indiens Cuna et Chocó vivent dans l'isthme de Panama et sur la
partie la [pliis septentrionale du continent sudaméricain. Je les ai
visités en 1927 en compagnie de ma femme, de M. Linné et de mon fils.
Nous avions à notre disposition pour voyager un bateau à moteur
avec lequel nous navigâmes d'abord le long de la côte du Pacifique de
l'isthme de Panama et ensuite le long de celle de l'Atlantique. Nous fîmes
d'abord connaissance avec les Indiens Chocó qui habitent sur les rivières
Sambu, Báudó et Docamparó, que nous remontâmes en canot. Quant
aux Guna, nous les avons rencontrés surtout dans les îles sur la côte de
San Bias.
Les Indiens que l'on trouve dans l'isthme [de Panama ne sont pas
sans avoir subi l'influence des Blancs. Cependant ils ont conservé dans
une très large mesure une civilisation originale digne d'être étudiée.
Je parlerai d'abord des Chocó. Ces Indiens, comme je viens de le dire,
vivent principalement sur le versant du Pacifique de l'isthme de Pana
ma. En règle générale ils n'habitent pas sur la côte. La plus grande part
ie des informations que j'ai pu recueillir sur leurs représentations, je
les dois au vieux magicien Selimo Huacoriso qui nous a accompagnés
pendant quatre mois principalement au cours de nos visites à ses frères
de race.
Dans les mythes des Indiens de Chocó on parle de Dieu, dont le nom
indigène est Acolé, comme du créateur des hommes et on le représente
aussi comme un héros civilisateur. C'est lui par exemple qui sous la
forme d'un poisson déroba le feu du caïman et c'est lui qui trouva l'eau
dans l'arbre de vie. Dieu ne joue aucun rôle dans la vie journalière des
#
d. Conférence faite au Musée des Arts décoratifs de Paris. ,
.
'
.
. SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES DE PARIS
Indiens. Pour autant que je le sache, les Ghočó ne lui
demandent jamais rien et ne lui font aucune offrande, i
Ils ne parlent d'un châtiment envoyé par Dieu, à
l'exception toutefois de la loi rigoureuse qui interdit
toute union entre parents du côté paternel. Dieu est
offensé de ce qu'il se produit des alliances entre Nègres
et Indiennes, bien qu'elles soient défendues. Dieu pense
même détruire ce monde et en construire un nouveau,-
à ce que [prétendait le magicien Selimo. Les anciens
Chocó ne. disent jamais qu'à l'époque actuelle quel
qu'un ait vu Dieu ou lui ait parlé. Ils ne s'en font aucune
image. .
Selon Selimo, l'homme a deux âmes. L'une monte au
ciel après la mort et l'autre, « hauré », reste sur la terre.
C'est lorsque cette dernière quitte le corps que l'homme
meurt. Les Chocó croient aussi à un autre monde. Ce un' n'est pas enfer pour les méchants, mais c'est là que
vivent d'autres êtres immortels que Dieu a formés
avec du bois avant qu'il créât les Chocó. Ils ne jouent
aucun rôle dans la vie de ces Indiens et ne. présentent
pour ainsi dire qu'un intérêt historique puisque c'est
d'eux que les Chocó ont recule maïs.
Les âmes des hommes qui ont été bons pendant leur
vie ne sont pas dangereuses et ne font guère qu'effrayer
ceux qui les rencontrent la nuit. Par contre, celles des
méchants se changent après la mort en mauvais esprits,
« animára ».-Je ne sais si pour les Chocó tous les
« » ont été autrefois des hommes ; une chose
est certaine c'est qu'il existe beaucoup ďanimára. Ce
sont eux qui causent les maladies, du moins les maladies
du pays.
A part les esprits inoffensifs qui ne font qu'effrayer
la nuit et ceux qui répandent les maladies et la mort, il
existe de bons esprits qui aident les hommes à combattre
les mauvais, mais je ne saurais dire si ces derniers ont
été à l'origine des hommes.
La.lutte contre les mauvais esprits joue un rôle consi
dérable dans la vie des Chocó. Si, parmi mes collections
ethnographiques, je voulais choisir teut ce qui a rapport
avec l'influence des « animára » sur ces Indiens, il me
faudrait prendre presque tous les objets qui présentent
une ornementation ou une valeur artistique quelconque. v
l'aut, la religion et la magie chez les cuna et les ciioco 143
L'existence de l'art et celle des mauvais esprits sont inséparables Tune
de l'autre et ici c'est vraiment des conjurations contre les démons qu'est
née l'œuvre d'art.
Les Chocó ont la conviction curieuse qu'on peut guérir un malade, ou
plus exactement quelqu'un qui est possédé par un « animera », en peignant
pour ainsi dire l'image du diable sur le mur. Par exemple, un Indien que
Selimo voulait guérir par des chants et des incantations s'était peint sur
Fig. 2. — Hutte où rhomme-médecine soigne les malades, Chocó, río Sambu (1/8).
le dos des démons à deux têtes. A cette même occasion, non seulement
le malade, mais aussi la plupart de ceux qui assistaient à la cérémonie
étaient couverts de peintures réellement assez artistiques.
On décore également un grand nombre d'objets qui, pendant la con
juration, sont suspendus dans là hutte de l'homme-médecine. On retrouve
aussi ces ornements à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des parois de la
hutte en miniature où repose le malade pendant qu'on le guérit. Cette
petite hutte qui. se dresse à l'intérieur de la hutte sur pilotis est décorée 1
'
'
i
- SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS 144
de fleurs et de feuilles de palmier et tout autour sont suspendues des
planchettes de bois dont les unes sont ovales, les autres en forme de croix,
' d'autres encore affectant la forme d'un visage humain souvent extrême-
' ment stylisé. Tantôt ce n'est que la bouche, tantôt seulement le nez et
la bouche qui sont indiqués. Quant à l'œil, il n'est guère représenté que
par l'ombre qui tombe du front fortement proéminent. Il est curieux qu'on
,. n'ait jamais songé à peindre les yeux tandis que toutes les peintures du
i • ' corps et du visage sont reproduites avec soin. Quelquefois ce sont des
,/ démons qui sont peints sur ces poteaux dont les plus grandes sont fixées
aux piliers de la hutte. La fig. 1 représente un « aňimára » à deux têtes
qui tire une grande langue rouge et sur lequel sont peints d'autres
« animára ». En plusieurs cas, les deux têtes sont à la même extrémité,
mais regardant dans des directions opposées.
La hutte où l'homme-médecine soigne les adultes ou les enfants d'un
certain âge (iîg. 2) est peinte d'ornements qui ressemblent à des fleurs,
mais je crois que cette ressemblance n'est qu'accidentelle.
, k Lorsque c'est un enfant en bas âge qu'il s'agit de guérir, on dresse
! une hutte conique qui est construite de telle manière que l'enfant ne puisse
* i . pas se sauver pendant la cérémonie. C'est cette même petite cage que
! l'on emploie le jour du baptême, c'est-à-dire lorsque l'homme-médecine,
j par des chants et des incantations, procure à l'enfant un protecteur contre
, les animára et lui remet une poupée de bois dans laquelle habite cet
\ esprit bienveillant. Du reste le petit Indien traite dans ses jeux cette
\\ , poupée, qui est pourtant décorée de la même manière que les objets ser-
' vant aux cérémonies religieuses, sans plus de respect que nos enfants les j
| leurs. -•'.-.■-.
' Dans toutes les incantations, la bière de maïs joue un grand rôle. Lors- ]
j: qu'on broie le maïs pou

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