Les simplistes. Enfants d école et adultes - article ; n°1 ; vol.9, pg 129-168
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Description

L'année psychologique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 129-168
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alfred Binet
Les simplistes. Enfants d'école et adultes
In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 129-168.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Les simplistes. Enfants d'école et adultes. In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 129-168.
doi : 10.3406/psy.1902.3429
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1902_num_9_1_3429XES SIMPLISTES ; ENFANTS D'ECOLE ET ADULTES
I
11 y a 3 ans, je faisais une assez longue série de recherches
•dans une école primaire élémentaire de Paris. Ces
■étaient une première application, fort restreinte, d'un plan
plus général ; je me proposais d'étudier l'effort d'attention
volontaire chez de jeunes enfants, afin de savoir si cet effort
d'attention est plus intense et aboutit à des perceptions plus
•exactes chez l'enfant intelligent que chez son camarade moins
intelligent. Les- expériences que j'avais imaginées intéressaient
un grand nombre de facultés mentales, la perception, la mé
moire, le mouvement; mais elles avaient toutes pour caractère
commun d'exiger un sérieux travail de l'attention volontaire ; du
reste, pour peu qu'on y réfléchisse, on remarquera que presque
toutes les expériences de laboratoire que nous imaginons et
que nous pratiquons sur des sujets normaux portent principa
lement — et souvent même : uniquement, sur l'attention volon
taire : de là de bien singulières erreurs : on croit faire l'analyse
de la mémoire, de l'imagination, on croit saisir une forme
spéciale d'émotivité, on croit enregistrer la vitesse d'un mou
vement, l'acuité d'une perception, et en réalité on se trouve
aux prises, bien souvent, avec une seule des multiples facultés
du sujet, son pouvoir d'attention volontaire.
Parmi les tests volontaire que j'avais choisis pour
mes recherches, j'avais inscrit la mesure de la sensibilité tactile.
Mon intention était d'employer la méthode de Weber; et mon
but était de savoir si les résultats fournis par cette méthode
permettraient d'établir une différenciation entre les enfants les
plus intelligents et les moins intelligents de l'école. J'examinai
un petit nombre d'enfants, 11 seulement. Ces 11 élèves furent
choisis sur ma demande par le professeur de la deuxième
classe (cours moyen), qui, en se concertant avec le directeur
de l'école, s'efforça de déterminer les 5 élèves les plus intelli-
L1 ANNÉE PSYCHOLOGIQUE. IX. 9 MÉMOIRES ORIGINAUX 130
gents et les 5 élèves les moins intelligents d'une classe de
32 enfants.
J'ai réuni ces élèves en deux groupes que j'ai sans cesse
opposés l'un à l'autre, cherchant pour chaque épreuve d'attention
volontaire dans quelle mesure elle permettait de distinguer
les deux groupes ; quand les résultats étaient équivalents pour
les groupes, je rejetais l'épreuve comme mauvaise; lors
que le groupe des intelligents donnait les meilleurs résultats,
je considérais l'épreuve comme satisfaisante.
Je prévois une objection. Elle m'a été faite souvent. On me
dira que j'ai eu trop dé confiance dans le jugement de l'inst
ituteur. Un instituteur, si habile qu'il soit, ne peut faire une
appréciation exacte de l'intelligence des élèves, et cela pour
plusieurs raisons : 1° l'instituteur ne juge que d'après une
impression personnelle; 2° il ne peut trouver une commune
mesure entre des aptitudes qui sont souvent bien différentes ;
3° on n'apprécie en classe qu'une espèce toute particulière
d'intelligence, l'intelligence scolaire, dans laquelle la mémoire,
l'assiduité au travail et un corps tranquille tiennent une place
importante ; 4° les enfants, à l'école primaire, sont loin d'avoir
termine leur développement intellectuel, et quelques-uns ne
font même pas pressentir ce qu'ils seront plus tard, etc., etc.
Toutes ces objections sont justes, et ce ne sont pas les seules
qu'on pourrait me faire. Mais elles ne m'arrêteront pas. Je
répondrai par l'argument suivant :
Oui, il est extrêmement difficile de juger qu'une personne
est intelligente ou non ; mais la principale source d'erreur que
présente l'examen intellectuel d'un individu est celle qui pro
vient de ce fait que le jugement est porté sur un individu par
ticulier par un autre individu particulier.
D'une part, il est bien certain que le classement intellectuel
des élèves d'une école sera beaucoup plus exactement fait, s'il
résulte des appréciations non concertées de plusieurs profes
seurs, que s'il est produit par l'appréciation isolée d'un seul;
une appréciation qui est une moyenne offre incontestablement
plus de garanties, toutes choses égales d'ailleurs, qu'une individuelle. D'autre part, il nous semble qu'il
est plus facile de déterminer le niveau intellectuel moyen de
deux groupes d'élèves que le de deux
élèves. Ainsi, pour prendre un exemple, un professeur nous
désigne les 5 élèves les plus intelligents de sa classe et les
5 élèves les moins intelligents; les chances d'erreurs ne sont A. BINET. — LES SIMPLISTES 131
pas écartées par ce groupement, et elles résultent de causes
qui, pour la plupart, nous échappent; mais nous pouvons
admettre que la différence de valeur intellectuelle des deux
groupes présente plus de chance d'exactitude que la différence
entre tel élève particulier du premier groupe et tel élève parti
culier du second groupe.
Pour tout dire en une phrase qui nous servira de conclusion,
les renseignements de ce genre ont une valeur individuelle
faible et une valeur moyenne beaucoup plus forte. Cette conclu
sion doit nous servir de règle, et nous devons appliquer cette
règle toutes les fois que nous sommes obligés d'utiliser des
renseignements recueillis de seconde main.
Je remarque encore que l'expérience a depuis longtemps
démontré l'exactitude de ces vues théoriques. Il y a une dizaine
d'années que je fais de la psychologie dans les écoles primaires :
toutes les fois que j'ai comparé les résultats psychologiques que
j'obtenais d'un groupe d'élèves, choisis parmi les intelligents
par les maîtres, à ceux d'un groupe d'élèves choisis parmi les
inintelligents, j'ai constaté une supériorité des premiers. Les
psychologues anglais et américains, qui font des recherches
analogues, me paraissent avoir presque constamment abouti à
la même conclusion.
Il reste à dire un mot de la sévérité de la sélection. Dans
notre cas particulier, elle n'a pas été très grande ; 5 enfants
des plus inintelligents ayant été désignés dans une classe de
32 élèves, on peut dire que la sélection a été de \ -^
II me paraît incontestable qu'en moyenne, et toutes choses
égales d'ailleurs, l'intelligence et l'inintelligence des enfants
sont en relation avec la sévérité de la sélection ; un enfant qu'on
choisit parce qu'il est le plus intelligent d'un groupe de 100
élèves de même âge, a des chances pour être plus intelligent que
Télève choisi sur un groupe de 10 élèves seulement. Je viens
d'avoir, tout récemment, la démonstration de ce fait. Je mesur
ais avec le système de Broca les principaux diamètres du
crâne et de la face, pour savoir si le développement de la tête
ou sa forme sont en relation quelconque avec le degré d'intell
igence ; je fis ces mensurations en partie dans les écoles pri
maires, sur des enfants que les maîtres choisissaient parmi les
plus intelligents et aussi parmi les moins intelligents ; il appa
rut nettement que les différences de mesure céphalique variaient
avec l'étendue de la sélection ; lorsque la sélection était peu 132 MÉMOIRES ORIGINAUX .
1
sévère, de - > les différences de mesure étaient de Tordre du milli-
5
1
mètre ; ayant élevé la sélection à -- je trouvai des différences de
3, de 4 millimètres, et même davantage.
Dans ces premières expériences sur la sensibilité tactile, je
me suis servi, comme instrument, d'aiguilles fixées dans des
lames de carton dur. J'ai déjà dit que la substitution de ces
eartons au compas dont

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