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Publié par | REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE |
Publié le | 01 janvier 1979 |
Nombre de lectures | 124 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Extrait
Luc Boltanski
Les systèmes de représentation d'un groupe social : les «
cadres »
In: Revue française de sociologie. 1979, 20-4. pp. 631-667.
Citer ce document / Cite this document :
Boltanski Luc. Les systèmes de représentation d'un groupe social : les « cadres ». In: Revue française de sociologie. 1979, 20-
4. pp. 631-667.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1979_num_20_4_6726Zusammenfassung
Luc Boltanski : Die VorsteHungssysteme einer Gesellschaftegruppe : die « Kader ».
Die Debatten, die, besonders mit den sechsziger Jahren anfangend, sich mit den Mittelklassen
bescháftigen, vor allem mit den « Kadern », werfen zwei immer wiederkehrende Fragen auf : die Frage
der Gruppenzugehorigkeitskriterien und die Frage der Gruppengrenzen. Zweck der scheinbar
weitauseinander- gehenden Thesen ist offenbar immer, eine vorausgehende substantielle Definition der
Gruppe aufzustellen (statt diese Gruppe als ein sozialgefiigtes und -definiertes Objekt zu untersuchen) .
Um die formalen Eigenschaften der Problematik der Mittelklassen und Kader zu verstehen und die
gemeinsamen Gedankenschemata zu sehen, die den scheinbar widersprüchlichen Ausserungen
zugrundeliegen, muss das Produktionsfeld der Vorstellungen zur sozialen Welt untersucht werden. Die
aus diesen Vorstellungen hervorgegangenen Ausserungen zeichnen sich durch die Doppelabhängigkeit
aus, die sie mit dem intellektuellen und dem politischen Feld verbindet.
Abstract
Luc Boltanski : The representation system of a social group : the "executives".
Mostly from the sixties, the debates on the middle classes, and especially on the executives, dealt with
two recurrent questions: the question of the criteria proving group membership and that of the fontiers of
the group. The subject-matter of the apparently most divergent theories thus always seems to be the
establishing of an a priori substantial definition of the group (instead of analysing it as a socially built
and defined object). The factors should be analysed that preside over the social world representations
which are characterised by their double dépendance on the intellectual and political fields, so as to
understand the formal characteristics of the middle classes and executives problematic, and so as to
scketch the common thinking schemes that underlye apparently inconsistent dicourses.
Resumen
Luc Boltanski : Los sistemas de representation de un grupo social : los "cuadros".
Los debates que, sobre todo desde el ano 1960, tiene como objeto las clases medias y peculiarmente
los "cuadros" se organizan alrededor de dos temas que vuelven de modo obsesional : el problema de
los criterios de pertenencia al grupo, y el de las fronteras del grupo. El objeto de las "tesis"
aparentemente más divergentes parece asi establecer siempre una definition previa y substancial del
grupo (en vez de analizarlo como objeto socialmente construido y socialmente definido). Para
comprender las propiedades formales de la problemática en las clases médias y en los cuadros y para
ver los esquemas de pensamiento comunes que sobreentienden discursos de apariencia contradictoria,
hay que analizar el campo de producción de las representaciones del mundo social que tienen esos
discursos como resultado caracterizado por la doble dependencia que lo une a lo intelectual y a lo
politico.
Résumé
Luc Boltanski : Les systèmes de représentation d'un groupe social : les « cadres ».
Les débats qui, surtout à partir des années soixante, ont pour objet les classes moyennes et,
particulièrement, les « cadres », s'organisent autour de deux questions qui reviennent de façon
obsessionnelle : la question des critères d'appartenance au groupe, et celle des frontières du groupe.
L'objet des « thèses » en apparence les plus divergentes semble être ainsi toujours d'établir une
définition préalable et substantielle du groupe (au lieu de l'analyser comme un objet socialement
construit et socialement défini). Pour comprendre les propriétés formelles de la problématique sur les
classes moyennes et sur les cadres, et pour voir les schemes de pensée communs qui sous-tendent
des discours en apparence contradictoires, il faut analyser le champ de production des représentations
du monde social, dont ces discours sont le produit, lui- même caractérisé par la double dépendance qui
le lie au champ intellectuel et au champ politique.R. iranç. sociol., XX, 1979, 631-667
Luc BOLTANSKI
Les systèmes de représentation
d'un groupe social : les " cadres
L'analyse, dont on trouvera ici une première ébauche, vise à ressaisir
certaines des propriétés de la problématique sociale qui, surtout à partir
des années soixante, se constitue autour des « classes moyennes » et,
particulièrement, des « cadres ». Comment et selon quelle logique se sont
opérées la production et la diffusion de la masse considérable de discours
dont les « cadres » ont été l'objet ? Où situer le champ de production de
ces discours qui, pour la plupart, renferment indissociablement des énoncés
constatatifs à prétention « scientifique » et des prises de position politique
(voire éthiques) ? Comment rendre compte des propriétés que ces discours
ont en commun, même et surtout lorsqu'ils se contredisent, l'accord sur
les questions étant peut-être ici plus important que le désaccord sur les
réponses ?
Mais pour pouvoir questionner cette problématique, l'interroger de
l'extérieur, sur sa genèse, sur ses fonctions et sur la logique qui l'habite
(ce qui est différent de l'opération consistant à discuter la pertinence des
différentes thèses qui s'y opposent), il faut rompre avec la conception
substantialiste des groupes sociaux qui lui est sous-jacente et qui, en
nombre de cas, sous-tend peut-être aussi (au moins implicitement) la
« sociologie du travail ». Pour se donner des objets délimités et palpables,
la des groupes professionnels balance souvent entre deux
procédés qui ne sont d'ailleurs pas exclusifs l'un de l'autre : définir le
groupe sur lequel porte l'étude par référence à une typologie formelle
construite pour les besoins de la « recherche » ou prendre l'objet tel qu'il
se donne avec son nom commun et ses représentations communes et le
rationaliser en cherchant au groupe un fondement ailleurs que dans lui-
même, dans les choses, c'est-à-dire, le plus souvent, dans l'évolution
technique et dans la division technique du travail, de façon à lui donner
une unité substantielle et des contours objectifs et précis (ce qui revient,
comme dit Wittgenstein (1) , à « essayer, derrière le substantif, de trouver
la substance ») . Cela un peu à la façon dont l'ancienne philosophie du
(1) L. Wittgenstein, Le cahier bleu et le cahier brun, Paris, Gallimard, 1965, p. 25.
631 française de sociologie Revue
droit ambitionnait de fonder en nature l'unité d'une nation et de démont
rer le caractère naturel des frontières que l'histoire lui avait tracées. Or,
de même que dans le domaine du corps la logique naturaliste des
« besoins » oublie (lorsqu'elle « explique », par exemple, les consommations
alimentaires par les besoins énergétiques et par eux seuls) que les besoins
les plus liés en apparence à la nature physique de l'homme n'accèdent
à l'existence sociale que retraduits dans l'ordre de la culture (sous forme
de goûts et de dégoûts) (2), de même les conceptions naturalistes de la
relation entre le monde technique et le monde social oublient peut-être
que la division du travail potentiellement inscrite dans l'univers objectivé
de la technique ne se réalise dans l'ordre proprement social, sous forme
de divisions explicites entre groupes et, indissociablement, dans l'ordre
du langage en l'espèce de mots, de représentations, de taxinomies, etc.,
que médiatisée par les conflits qui opposent les agents dotés de propriétés
objectives partiellement différentes (ce qui veut dire aussi, de
partiellement communes), par les stratégies que, dans ces conflits, les
agents déploient et par la conscience qu'ils prennent de ces luttes et des
intérêts qui s'y jouent. Il ne s'agit pas de nier, ce qui serait absurde, la
relation entre les divisions techniques et les divisions sociales. Mais
seulement de rappeler, d'une part, que la technique ne jouit pas d'un
statut d'extériorité par rapport au social et, d'autre part, qu'entre les
contraintes techniques et les assemblages sociaux, il y a plac